Malheureusement, ce ne fut pas la seule mauvaise nouvelle qui vint à lui. Son père ne lui avait rien dit, préférant garder le secret pour lui. Car oui, l'ancien roi avait longuement été malade et là, son état ne faisait qu'empirer de jour en jour. L'humeur du présent roi était au plus bas, alors il ne sortait plus et ne parlait même plus à la reine. Il restait au chevet de son père, chaque matin, chaque soir, voulant lui dire des dernières paroles, avant qu'il ne le quitte pour de bon.

— Fils, qu'as-tu à me dire ?

— Père, je regrette tellement de ne pas avoir été le fils dont tu rêvais.

— Mais que dis-tu ?

— Je t'ai déçu bien des fois et de bien des façons et aujourd'hui, je le fais encore.

— J'ai juste voulu te rendre heureux.

— Je le sais, mais je ne le suis pas.

— Comment ça ?

— Tu pensais qu'en faisant ces choix à ma place, que mes sentiments seraient inchangés. Mais si tu savais à quel point je t'ai haïs ! À quel point je t'en ai voulu !

— San-

— Non, tu dois m'écouter. Je suis désolé de te dire tout cela maintenant, mais... Mais avant que tu ne me quittes définitivement, je veux te dire ces choses. Ces choses que je t'ai cachés, que j'ai gardé en moi pendant des années. Je n'ai jamais réussi à réellement aimer Yemin et je ne l'aimerai jamais. Je n'ai jamais voulu être roi non plus.

— Mais tu es fils de roi, alors tu te dois de l'être.

— Sais-tu au moins pourquoi, je ne voulais pas l'être. Parce que j'aime quelqu'un d'autre. Cette personne a volé mon cœur père. Cette personne a rendu ma vie lumineuse, magnifique. Mais notre amour est si particulier, qu'il m'empêchait d'être roi. Et je préférais quitter le royaume, que de quitter cette personne. Mais malheureusement, je n'ai pas eu le choix. Tes décisions pour mon avenir, ont brisé notre amour.

— Je suis désolé mon enfant.

— Je devrais certainement te haïr, mais non, parce que malgré tout je t'aime. Malgré tes décisions, tu as toujours été là pour moi après la mort de mère.

— San, tu es mon fils. Je t'aime, retiens-le. Je suis terriblement désolé, lui dit-il la voix faible. Mais s'il te plait, ne me déçois pas. Fais-en sorte d'être un bon roi, avec les valeurs que je t'ai inculquées. Fais de moi, un père fier de son fils.

— Je ne sais pas si j'en serais capable. J'ai le cœur brisé et il ne pourra aimer personne à part lui.

— Lui ?

— Oui. Cette personne est un homme. Voilà pourquoi je ne l'ai jamais dit.

— San, tu-

— Oui je sais, ce n'est pas quelque chose de normal pour vous. Mais je ne peux pas décider pour qui mon cœur a décidé de battre. C'est ainsi qu'est fait l'amour.

— T'ai-je rendu la vie si compliquée ?

— Ne t'en fait pas père, je ne te reproche plus rien.

— Je t'aime mon fils.

— Je t'aime père.

Et c'est là, que le roi ferma ses yeux et ce pour toujours, dans un dernier souffle.