- 𝙵𝙴𝚅𝚁𝙸𝙴𝚁 2086 -
✎✐✎✐✎ Bonne Lecture ✐✎✐✎✐
Yamada semblait de bonne humeur. Un joyeux sifflotement traversait ses lèvres pendant qu'il marchait d'un pas engagé sur l'allée de béton. Les fils d'or qui composaient sa chevelure volaient librement sous l'impulsion de ses mouvements. Pas même le souffle de vent ne parvenait à perturber sa marche gracieuse.
Les passantes le suivaient des yeux, mais il ne donna pas l'impression de le remarquer. C'était un bel homme, tout en lui attirait les regards. Que ce soient ses vêtements de marques qui soulignaient parfaitement son allure de mannequin ou les lunettes transparentes qui faisaient briller ses iris couleur jade. Il était magnifique et semblait le savoir ; en tout cas c'était l'aura qu'il dégageait.
Lorsqu'il tourna au coin de la rue, sa main plongea dans sa poche pour en sortir un amas métallique. Sans s'arrêter, sans même ralentir, il jeta le trousseau de clé en l'air et le rattrapa en gardant le regard fixé sur le chemin qu'il empruntait. Il réitéra l'acte de manière insouciante jusqu'à ce qu'il s'arrête face un immeuble de huit étages. L'objet qu'il tenait lui permit d'ouvrir la porte, ou plutôt les deux portes qui menaient aux escaliers ascendants. Il passa devant sa boite aux lettres sans sourciller et escalada les nombreuses marches qui menaient au dernier palier du bâtiment.
Arrivé là, il haussa un sourcil en signe de surprise. Un natif japonais à l'apparence cauchemardesque s'était assoupi devant l'unique porte. Ses cheveux noirs cachaient son visage mais ses vêtements sales et son odeur marquante portait à croire qu'il était un sans-abris. Qui sait comment cet individu était entré dans cet immeuble normalement sécurisé ?
Pourtant, le blond ne sembla pas se poser la question. Il s'avança vers l'homme et l'écarta d'un geste du pied afin de pouvoir glisser sa clé dans la serrure. L'ouverture de la porte provoqua la chute de l'intrus à l'intérieur du spacieux appartement. Le propriétaire de l'endroit l'enjamba et retira ses chaussures.
- Réveille-toi Shota ou je ferme la porte sur ta tête.
L'ébène grommela et ouvrit les yeux. La douleur de la chute l'avait tiré de son sommeil –à moins que ça ne soit la menace ? Toujours était-il qu'il avait fini par se redresser, sa main droite frottant l'arrière de son crâne.
- MOVE !
- Gueule pas Hizashi putain.
- T'es bourré ou quoi ?
- Pas mon genre.
- Ouais ton genre c'est plutôt de comater devant les maisons des gens, isn't it ?
Shota ne répondit pas à la provocation. Il se leva et entra à la suite de son interlocuteur, prenant soin de fermer la porte derrière lui. Il retira ses chaussures et rejoignit son hôte dans le grand salon. Trop grand pour la seule personne qui vivait ici.
- Café ? proposa l'anglophone.
- S'il te plaît.
Hizashi mit de l'eau à chauffer et ouvrit ses placards à la recherche de mugs. Il n'était pas plus surpris que ça par rapport à la visite imprévue de son ami. A croire que ces rencontres inopinées avaient lieu tous les jours.
- Au fait, évite de refaire ça, je vais finir par avoir des problèmes.
Ou peut-être que si, ça le dérangeait plus qu'il n'y semblait.
Le brun ôta son manteau noir et s'affala sur le canapé beige qui trônait au milieu de la pièce. Il semblait prêt à se rendormir à tout instant.
- Pourquoi ? T'as peur que le gardien te fasse une scène parce que t'invites un clochard chez toi ? Faut pas t'inquiéter pour ça. De un, il est jamais là alors pas de problème ; de deux, t'es proprio de l'appart donc tu fais ce que tu veux ; et de trois j'suis pas SDF.
Yamada leva les yeux au ciel tout en secouant négativement la tête.
- Non, parce que j'ai un petit-ami maintenant et que s'il tombe sur toi endormi devant ma porte un jour où je veux le ramener à la maison, il va se poser des questions.
Le noiraud fit une moue étrange, pensant à l'individu aux muscles saillants et à la personnalité exécrable qu'il avait croisé il y a un moment déjà. Leur relation n'avait pas duré plus d'un mois, et l'anglophone avait rapidement repris ses habitudes de fêtard frivole après ça. Mais Aizawa ne s'attendait pas à ce qu'il se lance à nouveau dans ces engagements irrationnels de couple.
- T'auras qu'à lui expliquer, grogna-t-il en se passant une main fainéante dans sa crinière ébène.
- Expliquer que mon meilleur pote passe son temps à squatter mon appart parce que je le fournis en nourriture et en café ? Pas sûr qu'il comprenne. D'ailleurs, il est même fort probable qu'il tourne les talons à l'instant même où il te voit.
- Je suis si repoussant que ça ?
- Pour les autres, oui.
- Dommage que tu ne sois pas les autres.
- Heureusement, tu veux dire.
- Pas vraiment, mais ça revient au même, non ?
- Not really.
Shota haussa les épaules et laissa son regard dériver dans la pièce. Les murs étaient décorés de tableaux, d'instruments de musique et de cadres photos. Une basse pendait entre une fenêtre et une citation peinte à même le mur. Il grimaça à la lecture de cette phrase qu'il trouvait bateau.
L'homme aux yeux émeraude posa devant lui une tasse de café noir fumante, et en tenait une autre au contenu moins amer dans sa main. Il vira les jambes de son invité pour pouvoir s'installer lui aussi sur le sofa. Il porta la boisson à ses lèvres, ignorant la buée qui se formait sur ses lunettes.
- Depuis quand t'as un copain ?
L'ébène saisit le mug qui lui avait été donné et fixa son contenu. Le liquide était aussi noir que son regard.
- Yesterday. He's nice, I like him.
Shota fronça les sourcils, perturbé par l'utilisation de l'anglais. Il commença à boire tranquillement pour se donner le temps de comprendre la phrase.
- Fini les aventures nocturnes alors ?
- Probably.
- J'aurais plus à t'accompagner ou venir te chercher dans ces bars stupides parce que t'as trop bu ?
Le bilingue sourit. Il posa son regard amusé sur l'expression fatiguée de son ami.
- That's it. Je suis en couple donc je vais bien me tenir pendant quelques temps.
- Parfait, souffla le brun.
Aizawa avait l'air satisfait. Visiblement, être le chaperon de cette boule d'énergie dorée était loin d'être agréable. Yamada s'amusa de la réaction du noiraud. Il n'avait pas perdu sa bonne humeur. Il reposa sa tasse à moitié vide et s'étira, donnant sciemment un coup à son invité, qui ne manqua pas de se plaindre. Son regard mécontent ne fit qu'agrandir le sourire de l'anglophone.
- Bref, la prochaine fois que tu veux passer, envoie-moi un SMS, que je ne tombe pas sur de mauvaises surprises.
- C'est moi la mauvaise surprise ?
- Yes you are !
Celui à l'apparence de sans-abris fit claquer sa langue contre son palais en signe d'agacement. Il se mit ensuite à ignorer ostensiblement son camarade et finit sa boisson amère d'une traite. Il se dirigea ensuite vers la cuisine ouverte pour se servir à nouveau. Supporter Hizashi Yamada nécessitait une forte dose de caféine.
Le blond se contenta de rire avant d'allumer la télé à écran plasma qui trônait contre le mur. Il zappa les chaînes d'informations et tomba sur une série bollywoodienne qui sembla l'intéresser, car il reposa la télécommande. Les acteurs à l'écran se disputaient pour une raison incompréhensible, tandis que des bruitages bien trop exagérés mettaient en valeur la tension entre eux. L'ébène resta silencieux le temps d'avaler son second café, le regard posé sur son ami bien trop concentré sur cette émission idiote. Lorsqu'il eut une nouvelle fois vidé sa tasse, il la posa dans l'évier et retourna aux côtés du bilingue.
- Tu suis vraiment ce genre de chose ?
L'homme aux yeux trop verts ne tourna même pas la tête vers lui.
- C'est divertissant.
- Abrutissant, oui. C'est le comble du ridicule !
- Shut up, I'm listening !
Shota grogna, appréciant assez peu la réplique de son hôte. Il attrapa la télécommande et changea de chaîne.
- Hé, protesta Hizashi, what are you doing ?!
- Je sauve tes quelques neurones restantes.
Le blond croisa les bras sur sa poitrine en lançant un regard désapprobateur à son vis-à-vis, qui se contenta d'hausser un sourcil en réponse.
- T'es vraiment venu juste pour me faire chier ?
- Non, je suis là pour autre chose.
- Oh, eh bien ce serait un grand honneur pour l'humble personne que je suis si Monsieur Aizawa daignait me faire part de la raison de sa présence dans mon appartement ! s'exclama-t-il en exagérant trop fortement le «monsieur»
La phrase de l'anglophone puait tant le sarcasme que son interlocuteur en grimaça de dégoût. Il poussa un soupir exaspéré, se détourna de son ami et éteignit le téléviseur. Il passa une main dans ses cheveux sous le regard inquisiteur de celui aux lunettes.
- . . . T'as mangé aujourd'hui ?
Yamada fut surpris par cette soudaine interrogation. Il ne répondit pas et le dévisagea, perturbé.
- Il y a un resto qui a ouvert, pas loin. Nemuri dit qu'il est sympa, je voulais savoir si tu avais envie d'y aller avec moi.
L'étonnement du bilingue augmenta à chaque mot du noiraud. C'était pour cette raison que Shota l'attendait devant sa porte ? L'ébène avait l'air un peu hésitant. Hizashi se mordit la lèvre avant de prendre la parole.
- Tu m'invites au resto ?
- Je... Je te propose un repas.
- C'est la même chose.
- Si tu veux. Bref, ta réponse ?
Il ne se le fit pas demander une autre fois. Un large sourire égaya son visage.
- Bien sûr que je veux ! Une occasion pareille ça se refuse pas !
- Ne crie pas.
- On y va maintenant ?
Il s'était déjà levé du canapé, prêt à prendre ses affaires et sortir. Aizawa le suivit du regard, la fatigue lisible sur son visage.
- Ouais, si t'as faim...
Le blond saisit son portefeuille ainsi que son téléphone.
- Let's go !
Les deux amis enfilèrent leurs vestes et quittèrent l'appartement, avec pour projet de manger un bon déjeuner.
。+゚☆゚+。★。+゚☆゚+。★。+゚☆゚+。★。+゚☆゚+。
24.09.2021 — [1640 mots ]
Chapitre pas très long, je sais, mais ça me fait une transition retour vers l'axe principal de cette histoire !
Vous inquiétez pas, le sujet du possible mutisme-surdité d'Hizashi reviendra (je sais que certains d'entre vous trouvent cette intrigue très intéressante).
Allez, je vous dis à la semaine prochaine !
Votez, Commentez, Partagez ~
Cho.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top