Chapitre 12 - Niall

Une porte claque, me provoquant un sursaut. J'émerge avec difficulté, frotte mon front dans l'espoir d'estomper la brume de mes songes. Des éclats de voix me parviennent du couloir et se rapprochent de ma chambre. Quelqu'un y pénètre, la lumière s'allume et Aïdan vocifère :

— Ciara ! Sors de là !

Je cligne des yeux, aveuglé. Mon inspiration profonde m'évite de me jeter sur cet enfoiré.

— Où elle est ? reprend-il.

— T'as pété un câble ! Tire-toi ! m'emporté-je.

— Pas sans elle.

— T'es con ou quoi ? Elle est pas là.

Sa stupéfaction me fait jubiler. Histoire de l'emmerder, je m'extirpe du lit et m'affiche nu devant lui, mon érection matinale au garde-à-vous.

— T'as aucune pudeur. Je te rappelle que tu es chez moi.

— C'est toi qui entres sans frapper et qui me réveilles, j'te signale.

Il bougonne, l'air dégoûté. Je me retiens de rire tant la situation est ridicule, il pourrait se froisser davantage. Aucun de nous ne rompt le contact visuel, jusqu'à ce que Skye débarque à son tour.

— Aïdan, tu aurais pu... Oh ! Niall ! Je...

Mon amie fait volte-face. Aïdan ramasse mon pantalon, abandonné sur une chaise, et me le jette à la figure.

— Habille-toi, pauvre type ! lance-t-il en bousculant Skye pour sortir.

Mes sourcils se froncent. J'attrape un boxer dans mon sac et enfile mon jean.

— Tu peux te retourner, je suis présentable.

— Niall, t'exagères.

— Hé ! C'est pas ma faute si ton mec ne peut pas me blairer parce qu'il est jaloux.

— Tu sais très bien que c'est pas ça.

— J'y peux rien si la vue de mon matériel lui donne un complexe d'infériorité, me moqué-je en désignant mon entrejambe.

Elle attrape le coussin de la chaise et me le balance. Je ris en l'évitant.

— T'aurais pu enfiler un t-shirt.

— Vous faites un concours ? Je dormais ! Seul.

Elle s'approche pour me faire un câlin rapide.

— J'aimerais sincèrement que vous arriviez à vous entendre. Vous êtes les deux hommes de ma vie.

— Il est fâché parce que tu lui avais caché que j'allais voir sa sœur ?

— Et toi, t'es fâché parce que j'ai vendu la mèche ?

Un soupir m'échappe. J'ai conscience que ma querelle avec Aïdan l'attriste. S'il la rend heureuse, je l'accepte. Toutefois, son antipathie pour moi m'épuise, son agressivité perpétuelle me fatigue. Il sait pourtant que je ne suis pas contagieux. Il me tolère par amour pour Skye. Après tout, je reste le meilleur ami de sa chérie, et le moindre ultimatum de sa part lui serait fatal. Tant que je refoulais mes sentiments pour sa sœur, ça ne pouvait pas empirer. Cependant, ce que j'éprouve désormais pour elle va encore compliquer ma relation avec lui.

— Vu la tournure que ça prend entre Ciara et moi, il aurait fini par être au courant.

— D'ailleurs, ça s'est passé comment hier soir ? me demande-t-elle, espiègle.

— On a beaucoup discuté, je la trouve très sympa.

— Niall...

— Tu me laisses finir de m'habiller ?

— OK, mais je veux tout savoir, me menace-t-elle du doigt en s'éclipsant.

Quand j'entre dans le salon, ma rouquine m'accueille avec un café. Je m'installe en face d'elle sur le tabouret de l'îlot.

— Mon futur époux étant enfermé dans son bureau, raconte !

— Ben, on a échangé des souvenirs toute la soirée. C'est tout.

Son poing me frappe l'épaule, son regard se durcit.

— OK ! J'avoue, il était si tard que je lui ai proposé de venir manger ici.

— Pitié, dis-moi que vous vous êtes encore embrassés.

— Tu penses sérieusement que je risquerais ma vie, alors que je dors sous votre toit ? Imagine si vous étiez rentrés à ce moment-là. Aïdan m'aurait tué.

— Pff... Donc, vous vous êtes quittés après avoir vidé mon frigo.

Sa mine déçue m'attendrit. Elle désire tellement que je sois heureux et trouve une personne pour me reconstruire.

— Avant qu'elle parte, je l'ai embrassée.

— Oui ! crie-t-elle en applaudissant. C'était comment ? Vous avez réussi à vous retenir cette fois encore ou...

— T'emballe pas, louloute. C'était juste un baiser.

Délicat, léger, presque timide, exempt d'arrière-pensées, il m'a remué bien plus que le premier. Ses lèvres, si douces, ont laissé un goût sucré sur les miennes. Son visage entre mes mains, ma bouche contre la sienne, son parfum enivrant... J'avais besoin de l'embrasser. Ce n'est pas mon corps qui la réclame, mais mon cœur.

— Je lui ai pas évoqué ma situation. J'ai trop peur, mais il faudra si je veux poursuivre avec elle.

— T'es un mec génial. Elle va pas s'enfuir. Fais-lui confiance.

— Et si elle me parle plus après ? Si elle m'évite chaque fois que je la croise, comme si un simple regard de ma part pouvait la tuer ?

— Tu tiens à elle, pas vrai ?

— Ça se pourrait qu'elle me fasse de l'effet.

— Elle sera probablement surprise par ton annonce et aura des questions, mais je sais que ça l'arrêtera pas. Vous avez prévu de vous revoir ?

— Pas encore, en tout cas pas avant votre enterrement de vie de célibataires.

— C'est pas gagné, cette affaire.

Elle souffle fort, pose les coudes sur la table et affale sa tête dans ses mains, désabusée.

— Quelle affaire ?

Aïdan s'avance vers nous pour se servir un café.

— Un nouveau contrat que je pourrais dégoter à Niall, ment Skye avec une facilité déconcertante.

— OK. Tu pars quand ? s'enquiert-il auprès de moi.

— Dis-le clairement si tu veux que j'me casse.

— On a encore des choses à voir pour la cérémonie, ça va pas t'intéresser.

— T'inquiète, mon vol est dans trois heures. Je vais pas tarder.

— Vous savez ce qui me ferait plaisir ? nous interrompt Skye. Que vous arrêtiez de vous embrouiller ! Ce serait le plus merveilleux des cadeaux de mariage. Vous pourriez faire ça pour moi ?

Nous grognons tous les deux un « oui oui », l'air penaud, puis je fonce regrouper mon barda.

Au moment de m'en aller, Skye me glisse un mot à l'oreille en m'embrassant sur la joue.

— Écris-lui, ne la laisse pas filer.

— Je vais essayer.

J'admire les graffitis impressionnants qui ornent les rues de Brick Lane à travers la fenêtre du taxi. Les paysages et décors hauts en couleur sont peints avec talent sur les briques, comme les visages incroyables et les personnages loufoques exubérants. Le dessin d'une femme aux cheveux bleus m'interpelle. Je déverrouille mon téléphone et fixe la photo de Ciara, prise au loch Ness, que j'ai insérée sur sa fiche contact.

[Salut, j'espère que t'es bien rentrée. J'ai passé une excellente soirée en ta compagnie et |]

Le curseur en suspens, je ne sais encore pas comment terminer. J'ai envie de la revoir. Vraiment envie. Je laisse mon écran s'éteindre.

À l'aéroport, je me secoue et achève mon message pendant que je fais la queue pour embarquer.

[Salut, j'espère que t'es bien rentrée. J'attends mon avion, je repense à notre soirée. J'ai passé un super moment. J'ai aussi aimé la fin... À très bientôt, je t'embrasse]

Je valide le texte pour éviter de le réécrire indéfiniment. Juste avant de couper mon portable pour le vol, ce dernier vibre. Un grand sourire s'étire sur mon visage.

[Coucou ! J'ai rêvé de toi, c'était torride. Vivement qu'on se revoie ! Préviens-moi quand tu atterris. Bisous, monsieur l'ours !]

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top