Sujet d'imagination.

Thème: "Il vous est sans doute arrivé de vous sentir seul et incompris dans vos attentes: racontez dans quelles circonstances, analysez les sentiments que vous avez éprouvés et dites comment l'épisode s'est achevé."

Celle-ci a été rédigée en classe pour l'épreuve du brevet blanc le 5 février 2019 en 1h30. Je la mets exactement comme elle est sur ma copie (sans les fautes d'orthographe).

Bonne lecture !

Mon réveil sonne. 6h00 du matin. Je me lève, encore étourdi par la nuit sans rêve que je viens de passer. Une douche rapide, un bus en retard, une table devant soi toute la journée au lycée. Voilà à quoi se résume mes journées.

Mais moi, j'ai besoin d'autre chose. J'ai besoin de sentiments, de joie, de peine, d'abandon, de colère, de réconciliation, d'amour. Or je ne peux pas. La moindre émotion peut me détruire les neurones, du moins selon les médecins. Quand j'étais petit, j'étais enfermé dans ma chambre. J'en sortais seulement pour aller à l'école. Un jour une petite fille était venue vers moi, me demandant si je voulais être son ami. Je ne savais pas ce que c'était, "ami".

C'est ainsi que commença mon existence: sans "amis", sans sentiments.

Chaque jour, j'apprenais un nouveau mot, un nom de sentiments. Le but de mes professeurs était que je puisse m'exprimer normalement, mais sans ressentir ne fusse qu'un soupçon de bonheur, de tendresse.

La rentrée en première, c'est une nouvelle année qui commence. De nouveaux mots.

On me conduit dans une salle close. Je ne ressens rien. On m'installe sur un fauteuil devant trois personnes: un jury. Je ne ressens rien. On m'énonce des mots, je dois donner leurs définitions. Un juré m'annonce que je peux sortir. Je m'exécute et ne ressens toujours rien.

En sortant, je croise une fille. Elle m'adresse un sourire comme personne ne m'a jamais souri. Je le lui rends, mais mon sourire a quelque chose de faux. Alors elle s'en va, me laissant seul. Puis elle s'arrête un instant, retourne sur ses pas et me tend un papier avec un numéro de téléphone inscrit. Je le prends et cette fois, le sourire qui éclaire mon visage est sincère.

Je n'ai jamais ressenti cela avant aujourd'hui. Je ne peux pas mettre un mot sur cet élan de cœur, ce trouble, il est trop fort. Mon premier véritable sentiment.

Tout au long de la journée, le sentiment ne part pas. L'après-midi sur la chaise de cours, le bus en retard, j'oublie tout. Le soir, seul chez moi, je regarde longuement le papier en pensant à la fille. Enfin, je prends mon portable et j'appelle. Elle ne décroche pas.

Mon sentiment devient tout autre, des mots me viennent à l'esprit: désorienté, peiné... Non. Inquiet. C'est cela, je suis inquiet. J'essaye de la rappeler, personne. Je commence à devenir fou, je tente une troisième fois, sans succès. Mon premier sentiment, gâché, parti. L'inquiétude me ronge. Je me dis que ma vie est vide, ou sera vide si je ne la revois pas.

Au bout de mon quatrième appel, mes neurones lâchent. Je n'ai jamais appris ce mot, la "mort", mais maintenant je le connais.

Soudain, une voix retentit au bout du fil :

- Allô ?