Rédac' 3 : La péniche
Le thème: "Évoquez un lieu de votre enfance qui a représenté pour vous un espace de jeux et de découvertes."
Voilà un bon sujet d'imagination ! Tout cela ne m'est évidemment pas arrivé ; en revanche j'ai repris des noms de personnes que j'ai vraiment rencontré ou même que je connais bien.
Au fait, si une jeune fille du nom d'Aurélie Billaud se reconnaît et si elle se souvient de moi (Lucille, une amie de CE2), je serai heureuse de lui parler.
Bonne lecture !
« - Esteph ! Attends-moi! »
Elle courait sur le pavé mouillé.
« - Esteph...
- Oui ? »
Elle s'était arrêtée et regardait le sol trempé.
« - Je crois que j'ai trouvé quelque chose... »
Le garçon revint sur ses pas.
« - Des empreintes. »
En effet, là, sur le sol, les traces disparaissaient lentement à cause des petits torrents provoqués par la pluie qui se jetaient ensuite dans les caniveaux.
« - Viens Aurélie, je n'aime pas cet endroit.
- Non, attends. Je crois qu'il y a un problème » répondit Aurélie d'un air grave qui contrastait avec son jeune âge.
« - C'est justement pour ça que je veux qu'on s'en aille ! » ronchonna son frère.
Il tapa dans un cailloux qui vola et disparut derrière les buissons au bord de la route. Il y eut un bruit de ferraille qui tombe, un gros "BOUM" puis plus rien. Pourtant, de l'autre côté de la haie, il ne devait y avoir que l'eau de la rivière. Ils s'approchèrent et en écartant les feuillages, ils découvrirent une péniche qui avait l'air abandonnée. Elle était séparée en deux parties distinctes et la coque était rayée rouge et blanche. À l'avant, Esteph aperçut un nom : "La Cigogne".
Le cailloux avait provoqué une chute de vieux tuyaux entassés et abandonnés devant la passerelle qui conduisait à l'immense bateau.
Aurélie, ébahie, avait oublié son problème. Elle s'était approchée avec prudence de l'eau noire et profonde, jusqu'à toucher le cadre en fer de la porte qui menait à la passerelle. Elle appuya sur la poignée et la porte s'ouvrit dans un grincement métallique.
« - Je ne pense pas que ce soit une bonne idée » lui cria Esteph, resté en arrière.
Mais Aurélie ne l'écoutait pas. Elle s'avança sur le pont de fer, la main fermement cramponnée à la rampe. Elle fit un pas, puis un deuxième et s'arrêta. Enfin, sa curiosité prit le dessus et elle courut jusqu'à la porte en bois à l'extrémité de la passerelle pour l'ouvrir à la volée.
Un simple petit couloir aux murs tapissés de velours rouge éclairé d'ampoules rassurantes lui apparut et l'incita à entrer. Elle jeta tout de même un regard inquiet à Esteph, qui la rejoignit, et tous deux entrèrent à pas feutrés. Dès l'instant où ils furent à l'intérieur, la porte se referma derrière eux en claquant.
« - Il y a quelqu'un ? »
A l'autre bout du couloir se trouvait une porte fermée. Elle devait, logiquement, donner sur le lit de la rivière, ce qui n'était pas sans les inquiéter d'avantage.
« - On se croirait dans un bateau en pleine tempête ! » gloussa Aurélie, plus pour se redonner du courage que pour faire rire son frère.
Tout à coup, la péniche trembla. Doucement d'abord, puis de plus en plus fort. Les lumières se mirent à clignoter rapidement. Les deux enfants se prirent la main, tremblants de peur. Lorsque les secousses stoppèrent, ils se précipitèrent vers l'autre porte qui les mena sur le balcon ouest. Mais au lieu de trouver la rivière tranquille sur laquelle la Cigogne flottait un instant auparavant, ils découvrirent qu'ils dérivaient à présent en plein océan.
Le vent froid leur fouetta le visage, l'odeur salée leur prit à la gorge, l'eau scintillante leur fit plisser les yeux. Ce n'était pas la première fois qu'ils voyaient la mer, mais ils découvraient la sensation de naviguer sur cette immensité bleue, ce qui n'était pas pour leur déplaire. L'imposant bâtiment fendait les vagues, leur envoyant des myriades d'embruns qui constellaient leur visage de minuscules gouttes. Les yeux mainenant grand ouverts, ils savouraient le spectacle de l'horizon assombri de nuages obscurs qui semblait les attirer dans son infinité menaçant.
Un vague plus forte manqua de les faire passer par-dessus bord. Ils se retournèrent et virent un énorme nuage noir s'avancer vers eux avec son ombre imposante, les prenant par surprise. Ils rentrèrent en vitesse dans le couloir et attendirent la fin de la tempête.
« - Tu crois qu'on va se noyer ? » demanda Aurélie en se blottissant contre son frère.
« - Je ne sais pas » lui souffla Esteph.
« - J'aimerais tellement être à la maison ! » sanglota la fillette.
Soudain, le tangage s'arrêta net. Et le tremblement reprit. Lorsqu'il cessa, Esteph se leva lentement, entrouvrit le battant de la porte et demeura stupéfait : ils n'étaient plus sur la mer en furie, mais... devant leur maison ! La péniche s'était garée juste devant la bâtisse, à la place habituelle de la voiture. Ils entendirent des pas. C'était leur mère qui arrivait en courant pour voir ce qui se passait.
Les deux enfants se précipitèrent de nouveau dans le couloir.
« - Je crois que j'ai compris, dit Esteph. En fonction de ce que l'on dit, la péniche se déplace. Il faut partir d'ici.
- Oui mais où allons-nous ?
- J'ai une idée. On va se remettre là où on a trouvé la péniche. D'accord ? »
Avant d'avoir pu prononcer un seul mot de plus, la péniche trembla de nouveau et ils se retrouvèrent à l'endroit où se tenait initialement la Cigogne. Ils descendirent du bateau en vitesse et retournèrent chez eux, contents que cette journée étrange se finisse bien.
« - Tu crois que la péniche sera encore là demain ? fit le jeune garçon.
- J'aimerais tant... La sensation de naviguer sur la mer m'a bien plût.
- On pourrait essayer pleins d'endroits inconnus ! Pourquoi pas le désert ?
- Ou la plage paradisiaque ?
- La forêt amazonienne ! »
Leurs yeux pétillaient. Des étoiles emplissaient leur regard. Tant de choses à découvrir encore avec cette mystérieuse péniche...
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