Etienne - I
Etienne étouffait, écrasé entre la double porte du métro et une dame avec un gros sac. Lui-même avait un Easpak sur le dos, rempli à craquer de bouquins scolaires ; il se rendait à son collège pour la remise des livres de fin d'année. Et à cet instant précis il était sur le point de perdre connaissance à cause du manque de place dans le wagon, de la chaleur lourde et des secousses incessantes qui provoquaient en lui des vertiges.
Sa tête tournée involontairement vers la vitre dodelinait, heurtant au rythme du train la barre en fer derrière elle. Vivement que je sorte, se disait-il en essayant de prendre le moins de place possible.
Lorsque la voix automatique annonça enfin « Denfert-Rochereau », Etienne fut soulagé. Dans quelques secondes il allait pouvoir respirer correctement. D'autant plus qu'il était légèrement claustrophobe sur les bords... Dès l'arrêt complet du train, il bondit hors de la rame bondée et se dirigea aussi vite que possible vers la sortie la plus proche, pressé de quitter le plafond bas du métro et de retrouver la rue et ses sonorités.
Il s'engagea dans le couloir toujours tapissé d'affiches de films qui menait à la « débouchée » tant attendue. En passant, une petite masse sombre au sol attira, pendant une demi-seconde, son regard. Mais ses écouteurs lui criaient de ne pas y prêter attention et le garçon préféra se concentrer sur sa musique plutôt que sur quelque chose d'inconnu et de certainement inintéressant. Et puis il ne devait pas être en retard au collège, sinon ses parents ne manqueraient pas de le réprimander au retour.
En sortant de la station, Etienne ferma les paupières quelques instants et prit une grande inspiration - qui n'était pourtant pas moins polluée que l'air ambiant du métro. Il dut rouvrir presque aussitôt les yeux car un homme passa en le bousculant sans le regarder ni même prendre le temps de s'excuser.
Il était déjà 20h30 et il ne faisait pas encore nuit ; Etienne se trouvait face à l'avenue Froidevaux, qui menait à l'une des six grandes gares de la capitale, la gare Montparnasse. Il prit, lui, l'avenue dans l'autre sens, sentant qu'il devait se dépêcher s'il ne voulait pas arriver trop tard.
C'était la période des vacances, et la plupart des rues étaient illuminées par la lueur déclinante mais dorée des rayons du soleil. La Tour se détachait dans le lointain, brillant de mille feux, comme drapée entièrement de soleil.
Etienne aimait se promener à Paris les soirs d'été, surtout au moment où tous les restaurants s'activent pour servir leurs clients et que les grands magasins se parents de leurs plus beaux objets.
Revenant brusquement sur terre à cause d'un klaxon sonore de voiture, il lança finalement la meilleure playlist de son vieil MP3 intitulée « mood night sonata » (il était très fier de son petit jeu de mots) et s'immergea dans la foule. Il se faufila entre les gens et les vitrines auréolées de couleurs chatoyantes puis disparut.
***
Lorraine était assise sur un siège passager, en train de lire un message sur son téléphone, lorsque deux personnes l'abordèrent. Son regard fit plusieurs allers-retours entre le contrôleur et sa collègue, le temps que l'information qu'ils venaient de lui donner lui montât au cerveau.
« Votre ticket de train, s'il vous plaît », lui avaient-ils dit.
Alors, d'un mouvement rapide, elle saisit son sac pour le fouiller.
Le pauvre sac à main fut ballotté en tous sens par la main de sa propriétaire qui farfouillait frénétiquement dedans.
Les deux contrôleurs attendaient impatiemment, retenant visiblement quelques remarques désobligeantes et se contentant de lancer à la jeune femme des regards pressants.
Après un moment, la pauvre femme exhiba enfin de son sac le billet, tel un trophée de grande valeur, et le tendit maladroitement au premier contrôleur.
« Merci, mademoiselle » fit l'homme à la casquette rouge et noire.
Il regarda attentivement le numéro de train inscrit sur le billet. Plus attentivement tu meurs, se dit-elle avec un rire stupide dans la gorge. C'est qu'elle devait avoir l'air louche, car l'homme se tourna vers la femme qui l'accompagnait et, après qu'il lui eut glissé quelques mots à l'oreille, celle-ci repartit dans le sens par lequel ils étaient arrivés.
L'homme lui rendit tout de même son bout de papier et passa à la personne suivante sans plus poser de questions.
Lorraine, la vingtaine, petite, blonde et mince, était une jeune femme qui débordait d'énergie. Trop parfois, lui disait souvent sa mère, et ce depuis sa plus tendre enfance. Mais elle était comme ça, et rien ni personne ne pouvait la changer. Avait-elle seulement envie de changer ?
Sa bonne humeur presque constante mettait en joie tous ceux qui l'approchaient, de près comme de loin, et sans cesse elle souriait aux petits plaisirs que la vie lui donnait.
Cette fois-ci, dans le train, cela avait été différent : ce n'était pas sa fougue naturelle qui l'avait fait agir de cette manière, mais plutôt un surplus d'informations qui lui était tombé dessus, tout à coup : son voisin de siège qui l'avait lorgné d'un œil mauvais et qui l'avait laissée interdite, puis ce message de sa mère qui l'avait désarçonnée et enfin le passage des deux contrôleurs qui l'avait fait paniquer.
Elle souffla. Pourquoi les gens étaient si peu agréables les uns avec les autres ? Elle repensa à son petit frère qui, il y a quelques années, lui avait demandé : « Et pourquoi les gens, quand ils sont dans le métro, ils ont l'air méchants ? », ce à quoi elle avait répondu : « Non Etienne, ces gens sont comme toi et moi, mais lorsqu'ils prennent le métro il y a souvent du monde, alors ça les agace un peu, c'est tout. » Ce souvenir lui laissa un sourire légèrement ironique sur le visage en repensant aux deux agents, car eux c'est bien le métier qu'ils ont choisi et non un simple passage dans le métro...
Puis elle se souvint tout à coup du message qu'elle avait lu peu de temps auparavant et son visage perdit toute trace de sourire. Elle ressortit son téléphone et lut à nouveau le message. Il annonçait une terrible nouvelle : son petit frère, Etienne, n'était pas rentré à la maison depuis plusieurs heures.
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Voici le premier chapitre/début d'une mini histoire qui, j'espère, vous plaira !
N'hésitez pas aussi à me dire si vous voyez des fautes, que ce soit d'orthographe ou de conjugaison :')
Et ce que vous en pensez aussi, si il faut des améliorations etc, c'est ici ! >>>
Bonne journée les guys, soyez heureux !
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