Comme il vient tout juste de sortir de l'hôpital, on décide de lui laisser du temps pour s'accommoder, on le laisse un peu tranquille, on ne lui pose pas de questions. On l'amène chez ses nouveaux tuteurs pour qu'il prenne une bonne douche, car il est vraiment sale. Les Jones se montrent patients avec lui, le laissent prendre ses marques. 

Il prend le temps d'étudier chaque pièce, chaque recoin. Il vide ses poumons et respire la vie entre ces murs, respire les souvenirs qui résident dans chaque objet. 

La longue vue située devant la fenêtre de la pièce à vivre et qui offre une vue imprenable sur l'océan. Elle appartenait à un homme aux longs cheveux ondulés. L'homme montre quelque chose à un petit garçon qui porte ses traits. Ce doit être Killian et son père.

La tableau d'une étrange forêt derrière lequel était caché un liquide étonnant dont Killian s'est servi sur Emma.

La porte en bois dans l'entrée qui cachait une arme apparemment puissante. 

La poêle avec laquelle le père d'Emma a préparé à celle-ci une trentaine de pancakes alors qu'il avait peur que l'emménagement de Killian les empêche de se voir.   

Phoenix Carter ne comprend pas tout mais il boit tout de même leur vie à travers ces meubles, ces objets du quotidien qui portent tous en eux une histoire. Il n'a pas encore récupéré les souvenirs venant directement de ses tuteurs. Ça prend plus de concentration et il veut attendre de toute manière. Mais c'est ce qu'il a fait avec la maire ce matin. Il a pu visualiser les moments les plus importants et marquants de sa vie. Tout est confus pour lui mais c'est en récupérant le plus de souvenirs que tout prendra sens. 

Regina est aussi intrigante que méfiante. Ses souvenirs sont pour la plupart douloureux. Ils ne lui ont cependant pas appris grand chose, à part qu'elle a lancé la malédiction qui a créée cette ville. Tout le reste est un géant puzzle à peine rempli. 

C'est très impoli de rentrer ainsi dans l'intimité des gens, il en est conscient, or c'est un don sur lequel il n'a aucun contrôle. 

Il refuse poliment les habits propres que la jeune femme enceinte lui tend. Les siens sont en piteux état, tout déchirés, bons à jeter mais il est à l'aise dedans.

Killian se revoit au même âge alors qu'il finissait toujours dans des bagarres. Lorsqu'il rentrait  avec toutes ses égratignures et ses vêtements fichus il s'attirait les foudres de Liam.  

L'enfant ne parle pas beaucoup, Killian en déduit qu'il n'y a pas été habitué. Que chez ce genre de brutes chez qui il a grandit, les enfants n'ont pas beaucoup de droits. En revanche il écoute avec beaucoup d'attention. Il prête oreille à chaque son.

Il déteste ceux qui sont stridents, soudains et aigus. Ceux qui font battre un cœur à la chamade. Il préfère le bourdonnement léger de la petite ville, les conversations enjouées qui se mêlent en une apaisante symphonie. Tout est agréablement calme dans cette ville. 

Il aime beaucoup Granny's. L'endroit est rempli. On y trouve de tout. Des odeurs alléchantes. Une ambiance délicieuse. Une joie partagée. Et surtout pleins de souvenirs. Ils viennent par centaines, le pauvre est assailli. Il en a à peine terminé un, qu'il est bousculé d'un autre. Chacun d'entre eux est différent. 

Il discerne peu à peu les habitants de cette ville. Il discerne peu à peu la Sauveuse et le pirate avec qui il partage une assiette de frites. 

Mais il n'entre toujours pas dans leur tête. Peut-être par pudeur ou par appréhension. Il ne sait pas à quoi s'attendre, alors il ne les regarde jamais dans les yeux. Car une fois qu'il y sera rentré, ce sera trop tard pour faire marche arrière et effacer ce qu'il aura vu. Cependant, il est très curieux, il sait qu'il finira par franchir le pas. 

Il mange lentement, savoure comme il se doit son hamburger, prend de longues inspirations et sourit. Il se sent bien ici. 

Le couple l'observe du coin de l'œil. Cet enfant est si singulier. Il porte un intérêt tout particulier à chaque petite chose, se concentre sur chaque détail, comme s'il souhaitait recréer la scène dans ses rêves. Il aspire tout ce qui l'entoure. Puis à certains moments, il parait ailleurs, perdu dans une autre réalité. Probablement dans ses souvenirs. 

Nombreux sont ceux qui se retournent sur sa route et le dévisagent. Lui continue sa marche, désinvolte. Il doit être habitué. 

La ville apporte une teinte d'humanité à ses traits sauvages. Son sourire est sincère lorsque Ruby glisse son déjeuner sous son nez. Elle est tellement touchée par sa réaction qu'elle décide de leur offrir le repas. 

Emma et Killian remarquent vite que l'enfant en face d'eux évite leur regard. Il se focalise sur leurs mains qui s'enlacent parfois, leurs habits ou alors sur ce qu'il a dans son assiette. Il a peut-être peur de les mettre mal à l'aise ou alors..

La Sauveuse se souvient que dans son enfance elle regardait rarement les gens. En effet, le contact visuel pique la curiosité, réveille le sourire et déclenche la conversation. Tout ce qu'elle ne voulait pas. Tout ce qu'il ne semble pas vouloir pour l'instant non plus. Elle espère qu'ils pourront développer un lien avec lui, mais a peur que ce soit difficile après ce qu'il a vécu. 

Killian constate que le jeune prend soin de ne rien demander, comme par peur de déranger, d'être de trop. Il ne demande pas à faire une grande visite de Storybrooke ni de rentrer dans chaque bâtiment. Il semble soucieux d'Emma et de l'enfant, leur lance des regards de temps à autre pour s'assurer qu'ils sont toujours là. Killian s'interroge alors sur sa famille biologique. Ses parents sont-ils morts? L'ont-ils abandonné? Ont-ils perdu le droit de l'élever, comme Emma lui a expliqué une fois? 

Phoenix n'a aucun mal à reconnaître certaines bâtisses telles que la mairie grâce à la mémoire de Regina Mills. Ils n'ont pas recroisé la femme en tailleur sombre depuis son départ de l'hôpital. Il imagine qu'elle doit se tuer à trouver des informations sur lui, Phoenix Carter. Il se la représente, dépitée mais pas trop, de découvrir qu'Ella et Ronald Carter, qui vivaient à Storybrooke, sont décédés dans un incendie il y a un mois. 

Ce nom il l'a pris dans la mémoire du médecin qui l'a ébloui avec une lumière super forte. 

Le pirate lui présente fièrement le Jolly Roger. Le navire n'a jamais eu autant d'effet sur quelqu'un. L'adolescent est émerveillé, impressionné, le souffle carrément coupé. L'admiration dans ses pupilles fait ressortir le vert pétillant de ses iris. Il fait bien moins peur avec ce sourire éblouissant. Un humain se cachait bien derrière la bête, après tout.

Après cette courte ballade, ils rebroussent chemin et retournent au bercail! Le jeune garçon leur pose des questions sur eux, leur rencontre, il se renseigne.

Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble? Qui a fait le premier pas? 

Ils répondent vaguement, font de leur mieux pour que le récit se rapproche de la réalité. Ils ne veulent évoquer l'existence de la magie avec lui tout de suite, alors ils omettent quelques minces détails.

Il dévore leur conte et a désormais hâte de le voir de ses propres yeux. Il veut en savoir plus, sait que certaines pièces sont manquantes mais parvient à se contrôler. Ne perd pas ton objectif de vue.

La fin de l'après-midi se passe avachis sur le canapé devant Netflix et finalement Henry revient des cours. Sa mère le prend à part pour lui expliquer la situation pendant que Killian fait de même avec le nouvel arrivant. Il est touché lorsque Phoenix lui assure qu'il peut très bien être un père pour Henry malgré le fait qu'ils ne partagent pas le même sang.

Il se rappelle avoir beaucoup aperçu le dénommé Henry dans la journée. Fils adoptif de la maire et fils biologique d'Emma. Il est plus robuste, mais le jeune Mills est plus grand. 

C'est par erreur qu'il rentre dans sa tête lors de leur poignée de main. A force de se retenir de lire en les deux adultes, il ne se contrôle plus. Il se retrouve violemment plongé dans l'abandon du garçon à sa naissance. Le reste s'enchaîne. Les terribles images s'impriment sur sa rétine et se rajoutent au puzzle. Qu'est ce que cette famille a bien pu faire de mal pour mériter tout cela? Il secoue imperceptiblement la tête, se ressaisit. Ne pas faire tomber le masque. Se concentrer sur l'objectif. Le reste n'est que futile.   

Ils se mettent à table un peu plus tard et Henry reprend le battle laissé en suspens le matin même.

- J'ai réfléchi ce midi! On pourrait lui donner un nom de héro! Genre Achille!

Phoenix n'aime pas du tout cette conversation. Son cœur se serre. Il sait trop de choses, étouffe de connaissances maudites.

- Je trouverai ça pesant de porter le nom d'un héro, personnellement, déclare-t-il timidement, pas certain de pouvoir participer à la discussion

Killian hoche la tête avant de rajouter : 

- De plus qu'il finit brûlé et personne n'approchera une flamme de la tête de mon fils.

C'est avec difficulté que leur invité respire. Ils ne le voient pas.

Changer de sujet, vite!

- Comment vous savez que ce sera un garçon?

Emma qui a envisagé la possibilité qu'il demande, répond du tac au tac.

- Une très forte intuition. J'ai eu la même quand j'attendais Henry.

De la magie. Une intuition du nom de magie.

- Et toi, enchaîne le fils de la Sauveuse, il vient d'où ton prénom?

Il déglutit. 

Les deux adultes lancent un regard noir à l'Auteur.

Phoenix. Une créature mythologique qui renaît de ses cendres. 

Phoenix. Le tatouage que l'infirmière voulait quand elle était petite. L'infirmière qui l'a libéré de tous ses fils infernaux qui lui faisaient mal.

Phoenix Carter. Une identité inventée de toute pièce. Un masque. Pour le bon déroulement du plan. 

Il boit un peu d'eau pour que les mots puissent glisser sans paraître faux.

- Je ne sais pas. Mes parents ne me l'ont jamais dit.

Raté. Emma a décelé le mensonge. 

Le silence s'est à peine déposé qu'un téléphone sonne. Elle se lève pour décrocher et s'éloigne de la cuisine. Phoenix se concentre. Regina. Il a vu juste tout à l'heure : elle a découvert la supercherie par rapport aux Carter. 

Et si c'était lui qui les avait assassiné, Emma?

Il doit avouer qu'il n'a pas été futé sur ce coup-là. Mais il a fait comme il a pu dans l'urgence, avec ce qui s'est présenté à lui. Il sent le regard pesant d'Emma Jones qui lui brûle le dos. Il prend une longue inspiration. Ça va être pus compliqué que prévu..

♥♥♥

♥♥♥

Il est très tard quand il se réveille en sueur. Un cauchemar.

3 : 12

A vrai dire, il est très tôt au contraire. Trop tôt mais impossible de se rendormir avec ces images. Ses propres souvenirs. 

Après le repas, il est immédiatement monté se coucher pour échapper à l'interrogatoire et réfléchir. Il savait que la tâche ne serait pas aisée, mais une partie de lui espérait qu'elle serait. 

Comme Morphée ne le reprendra pas dans ses bras, il marche. Il tourne en rond dans la chambre d'amis. Puis il se décide. Il sait qu'il ne devrait pas mais c'est plus fort que lui. 

Il quitte sa chambre et marche jusqu'à la porte de la chambre mitoyenne.

Non.

Il attrape la poignée.

Reste sur ton objectif.

- C'est mon objectif, murmure-t-il

Il la tourne et pénètre dans la pièce. 

Ne te laisse pas porter par tes émotions.

- Fous-moi la paix.

La chambre est sobre et encore très vide.  Vide de matériel, vide de souvenirs. 

Il n'y a qu'une commode en bois. Il ouvre le premier tiroir. Vide. Le second.

Non...

Un souvenir. C'est un souvenir de trop.

C'est la femme aux cheveux courts qui leur en a fait cadeau. Blanche-Neige. Mary-Margaret.

Il prend le minuscule habits entre ses doigts avec délicatesse. Un body blanc avec une inscription bleue.

Papa et maman m'aiment fort.

Il entend les cris. Son cauchemar. Son passé.

- Je suis tellement désolé...

Il éclate en sanglots.

BOOOM!   

Alors? Maintenant que pensez-vous de Phoenix? Des théories?

Je suis tellement inspiré pour cette fanfic, c'est un truc de malade! 

 Merci du fond du cœur à KylyShan12  pour la cover ♥♥ Allez jeter un coup d'oeil à sa fic sur Colin et Jennifer! Et encore meerciiiiiiiii!

Aller, à lundi prochain! ♥