- Voilà le topo : le docteur Hopper l'a trouvé ce matin à 7h14 précisément alors qu'il promenait Pongo sur les quais. Il a remarqué que quelque chose flottait à la surface de l'eau et la remonté. Quand il a vu que c'était un enfant, il a appelé une ambulance. Le gamin s'est réveillé il y a environ un quart d'heure, Whale est en train de l'ausculter. Vu l'état critique du garçon à son arrivée, il a demandé à ce qu'un maximum d'examens soient réalisés pour qu'on soit certains qu'il s'en sorte. 

L'hôpital de Storybrooke reçoit rarement des cas aussi extrêmes alors tout a été réalisé en très peu de temps. 

- Tu as pu lui parler? La questionne Killian

La maire de la ville répond négativement. Elle est arrivée peu de temps avant que le jeune n'émerge, prévenue par le docteur Frankenstein, et a été littéralement foutue à la porte de sa chambre dès lors. Elle n'a jamais croisé le garçon auparavant mais elle est déjà assurée qu'il va leur apporter des problèmes. Elle a côtoyé nombre de personnes et créatures dangereuses, elle sait les reconnaître désormais. Or, lui a quelque chose de particulier, quelque chose qu'il manquait à tous les autres. Lui est charismatique dans son silence, imposant dans son absence.

Il dormait lorsqu'elle l'a vu, il était inoffensif là étendu sur son lit, les bras reliés à une dizaine de machines par des fils. Il donnait pitié à voir. Mais le plus effrayant est que malgré cela, elle ne s'est jamais sentie aussi menacée qu'en sa présence. Le couple Jones n'est pas du tout rassuré en apprenant tout cela. Killian note dans un coin de sa tête de demander à Regina de placer un sort de protection sur Emma, leur enfant ainsi qu'Henry.

La porte qui les sépare de l'étrange garçon s'ouvre sur un docteur Whale qui n'a pas bonne mine. On peut sentir son malaise. 

Victor exerce ce métier depuis des décennies, on ignore toutes les horreurs qu'il a pu voir et réparer dans son monde. Après tout il a bien reconstitué son frère avec des morceaux de corps qui appartenaient à des pauvres inconnus! Mais ça.. rien n'aurait pu l'y préparer. Ce qu'il vient de voir est juste impensable, inimaginable. Il en est bouleversé. Il a le cœur retourné.

- Je vais être franc avec vous... je ne serais pas resté une seconde de plus dans cette chambre. Ce que ce gosse a subi c'est.. de la barbarie, voilà, il n'y a pas d'autre mot. Toutes les plaies ont déjà bien guéri donc je suppose que c'est arrivé il y a au moins deux semaines. Par contre ça a trop bien guérit pour être naturel. Je ne suis pas un expert mais ça ressemble fortement à de la magie. Sinon d'après les résultats des différents examens, ses organes internes vont bien, il est en bonne santé, pas de problème particulier.. Ah si! Il refuse de parler, en tout cas à moi! Il pourra sortir dès qu'un tuteur légal sera venu remplir les papiers.

Il essuie son front dégoulinant du revers de sa manche avant de rajouter :

- Restez pas trop longtemps là dedans.

Regina comprend de quoi il parle. Le garçon dégage une aura terrifiante. 

Ils le sentent tous en entrant dans la chambre d'hôpital. L'atmosphère est pesante, presque étouffante. Les murs sont à deux doigts de s'écrouler sur eux-même. Tout prend une allure morne. Si quelqu'un avait apporté des fleurs au garçon, elles auraient probablement déjà fané. Cette chambre n'a pas l'odeur des produits antiseptiques. Elle a l'odeur du désespoir, de la souffrance, de l'horreur. 

La chambre n'est rien comparée à la bête qui s'y trouve. Le terme d'enfant ou garçon n'est pas approprié pour lui.

Sa peau est complètement déchiquetée par endroits comme sur le long de son avant-bras gauche, ou en dessous de son oreille gauche tout le long de son cou jusqu'à sa clavicule. Les brûlures s'étendent sur des dizaines de centimètres sauf celle sur l'arête droite de son nez qui est plus petite. Son épiderme est rose vif, encore essoufflé d'avoir reçu autant de brutalité. Les cicatrices sont profondes, elles prennent des routes sinueuses, jamais rectilignes. L'une d'entre elle arpente sa joue gauche, traverse son œil pour aller jusqu'à son front et s'évanouir juste après avoir légèrement bifurqué. Peu de parcelles de peau ont été épargnées. 

Il a un buste qui s'impose peu, des épaules juste assez larges pour remplacer Atlas. Ses doigts sont longs et fins mais promettent une poigne ferme. Ses jambes qui se perdent sous les draps blancs doivent lui procurer une taille raisonnable pour un adolescent.

Son visage est dur, presque bestial. Une mâchoire carrée, des joues creuses, des sourcils épais mais bien dessinées. De fines lèvres serrées, qui garderont ce que la voix veut crier sous scellé. Une partie de son front est caché par de sombres mèches. Ses cheveux sont crasseux et plaqués à son crâne. 

Il a tout d'humain. Un grain de beauté sous l'œil gauche. Une petite fossette au coin supérieur droit de la bouche.

Il a tout d'humain sauf les yeux. Ils sont glaciaux. On distingue à peine leur couleur tellement on cherche à les éviter. Ils ont une lueur écorchée et dangereuse. Ses iris sont affolés et à l'affût. La bête peut sortir les griffes et jaillir à tout instant. 

Killian garde sa femme près de lui. Il regrette soudainement être entré dans cette pièce. Il aurait dû lui demander de rester avec le docteur Whale. Tu l'as connais elle n'aurait jamais accepté, lui rappelle la voix de la raison.

Le patient les remarque. 

Deux femmes, plutôt opposées. Un homme. Deux alliances. Un crochet. Et... un bébé. C'est eux. Sa cible.

Quand ses yeux se posent sur le ventre arrondi de la blonde, l'homme se place devant elle. Il ont peur. Il peut le sentir. Il décroche son regard d'eux sentant leur crainte et leur gêne. Il fixe le draps sur ses jambes, il faut vraiment que son bas se grouille de sécher. Il y entortille ses doigts et découvre que le tissu est vraiment doux. 

- Bonjour, tente une des voix mais pas celle qui l'intéresse

Il reconnait le timbre de la femme qu'ils ont fait sortir à son réveil. Il aime cette voix autoritaire de femme qui sait ce qu'elle veut et va l'obtenir. Mais ce n'est pas elle qu'il veut entendre.

- Je m'appelle Regina Mills, je suis la maire de cette ville. Sais-tu où tu te trouves?

Oui. 

L'adolescent ne lui porte aucune attention. Elle va vite perdre patience si ça continue. C'est déjà le cas d'ailleurs.

- Ecoute, j'imagine que tu n'as pas envie de nous raconter ce qu'il t...

Elle s'arrête net. Il a relevé la tête bien plus vite qu'elle ne l'aurait cru. Vous n'avez aucune idée de ce que j'ai vécu. Regina Mills, puisque c'est son nom, n'a pas l'air d'avoir peur de grand chose mais il peut dire que là il lui a glacé les veines. 

Il la fixe d'une telle intensité qu'elle se retrouve envoûtée. Elle ne peut rien faire, juste le regarder en retour. Elle a l'impression qu'il la sonde, qu'il converse avec son âme et ses plus terribles démons. Mais elle se retrouve surprise alors qu'une once de douceur se dépose au coin de sa rétine.

Il ne faut en aucun cas les effrayer.

- Phoenix.

La voix est bien trop claire pour lui appartenir. Ce genre de voix qui soulève l'intelligence et la bonté. Pourtant elle a bien quitté ses lèvres.

- Phoenix comment ? Demande Emma qui se place à côté de son mari et prend sa main dans la sienne

Voilà celle qui m'intéresse.

Il ne répond pas. 

Elle sent qu'elle arrive sur un sujet sensible. Elle parle avec douceur et précaution.

- Tu dois bien avoir un nom de famille.

Touché. Le point sensible. 

Il regarde ses mains, sentant ses yeux le piquer. Ce n'est pas aussi simple qu'il l'espérait. Et ce n'est que le début.

- Carter. C'est Carter, murmure-t-il plus pour ses mains que pour les adultes

Il n'en faut pas plus à la Sauveuse pour comprendre. Elle lit l'évidence derrière son silence.

- C'est le nom de ta famille d'accueil, c'est ça?

Il ne répond pas. C'est ça, elle en est certaine. Ce garçon c'est elle il y a quelques années alors qu'on la passait de familles en familles. Lui est passé par la pire.

- C'est le nom de ceux qui t'ont fait ça?

Les larmes coulent malgré lui, le rendant plus humain et moins menaçant. L'atmosphère est toujours oppressante et ils aimeraient tous les trois courir hors de la pièce mais le jeune garçon a besoin d'eux. Ils ne peuvent pas le laisser ainsi.

- M'obligez pas à retourner là-bas, je vous en supplie, les prie-t-il

Cet enfant représente à lui tout seul la souffrance et la détresse. Il en porte les marques sur son corps, son visage et son cœur. Chacun des trois adultes voit une part de soi en lui à ce moment précis. Killian lorsque son frère et lui ont été vendus par leur père ; lorsqu'il a perdu Liam puis Milah. Regina lorsque sa mère l'a obligée à épouser le Roi Leopold ; lorsqu'elle a perdu Daniel puis Robin. Emma à chaque nouveau placement ; lorsqu'elle a perdu Neal puis Killian. 

Ils ne peuvent pas le laisser ainsi. 

- On va voir ce qu'on peut faire, lui promet la Sheriff

Une fois ressortis, son mari l'interroge sur ce qu'elle a en tête.

- Il est clair qu'on ne peut pas le renvoyer chez ces brutes.

- S'il a pu passer les limites de la ville, ça veut dire que ces gens peuvent très bien revenir le chercher.

- Le pirate a raison Emma, il a peut-être été suivi jusqu'ici. De plus, il y a quelque chose qui cloche chez lui. Son aura est particulière, Whale a raison, je jurerai aussi qu'il a de la magie et qu'il n'est pas né dans ce monde.

- Il n'a pas menti, se défend Emma

Elle a senti, elle aussi, qu'il cherchait à cacher des choses mais le peu qu'il a dit ou essayé de dire n'était que la stricte vérité. 

- Je pense qu'on peut lui faire confiance, expose Killian, peut-être qu'avec le temps il s'ouvrira à nous et alors nous aurons des réponses. 

Dans sa vie, Killian a croisé la route de peu d'enfants qui avaient l'air heureux mais n'a jamais bougé le petit doigt pour leur venir en aide. C'est une erreur qu'il ne commettra plus. Aujourd'hui il veut aider ce jeune adolescent car il va avoir un fils dans quelques mois et que c'est exactement ce qu'il aurait fait pour son garçon. Il veut que son enfant soit fier de lui plus tard.

- C'est très risqué, leur rappelle Regina malgré le fait qu'elle sait qu'ils ne changeront pas d'avis. Mais je dois avouer qu'il m'a fait de la peine. Il ne nous reste plus qu'à lui trouver un tuteur.

- Ne t'inquiète pas pour ça.

Killian se retourne vers Emma pour avoir son approbation. Leur maison est grande, ils ont tous les deux eu un passé plus ou moins similaire à celui de Phoenix. Ils sont les candidats parfaits. Et ça leur procurera un entrainement de qualité pour l'arrivée de leur propre fils.

De l'autre côté de la porte, le garçon sourit.

Gagner leur confiance, fait!

Et voilà pour le second chapitre dont je suis super fier honnêtement, j'ai kiffé l'écrire!

Alors qu'avez-vous à dire sur ce mystérieux jeune homme? Vous lui faites confiance ou pas du tout?

Je tiens à préciser que le don d'Emma beugue légèrement parce qu'elle a vraiment pitié pour lui et qu'il lui fait beaucoup de peine. Mais sinon : il n'a pas tant menti que ça, si vous regardez bien il répond à peu de questions.. je vous laisse méditer!

Pour sa description physique je me suis aidé d'un dessin qu'une amie m'a réalisé avec mes indications et je l'en remercie 😘

Aller, à la prochaine 😉

(Je ne pense pas publier la semaine prochaine car je serais chez mes cousins, mais on se retrouve le premier mai!)