Chapitre 02| Le chant de la mer
A mon réveil, je pouvais tout de suite entendre mes parents parler avec leurs amies du lycée, autour de leurs cafés, noirs ou sucrés, assis autour de la table pliante de Maman.
Le mobile home est pratique, et très agréable pour vivre un mois, juste assez grand comme il faut. Au bout, contre le mur, il y a un lit double, puis un lit simple au dessus, où on peut monter grâce à une échelle. Il y a même une petite étagère à côté du lit d'en haut, et une petite prise électrique. Mon sac, mes livres, mon appareil photo et mon téléphone y sont posés.
En me redressant, je fis attention à ne pas me prendre la petite étagère dans l'épaule, ou le mur dans la tête. Mes cheveux sont en batailles, et tombent sur mes épaules. En passant ma main dedans, je sentais qu'ils étaient un peu humides, sans doute par ma transpiration. Je devrais peut-être les faire couper en rentrant. Je mis ensuite mes lunettes, puis quittais mon lit.
En descendant de mon lit, je fis attention à ne pas marcher sur le téléphone de mon père qui chargeait. Dans le mobile-home, on a une petite table de cuisson avec un micro-onde, un petit évier, et une petite douche. Heureusement, dans ce camping, il y a des douches à dispositions, et des grands lavabos, on pourra y faire notre vaisselle.
En sortant du mobile-home, j'enfile mes tongs, et attache les cheveux en une petite queue de cheval avec l'un de mes élastiques. La brune, dans les trois amies de mes parents, me salua, puis les autres adultes se retournaient vers moi. Ma mère me montra la chaise à côté d'elle, et je mis installais, tout en prenant un verre de jus de fruits.
"- Eugène, on va se promener aujourd'hui, pour voir les alentours, tu veux venir avec nous ? Me proposa ma mère en buvant son café.
- Sinon, essaye d'aller voir les autres vacanciers. Rajouta mon père, avec l'un de ses célèbres sourires confiant.
- J'ai entendue dire que tu avais fuis le petit Arion hier, bravo ! Ria la rousse du groupe, en passant sa main dans ses cheveux.
- Vous connaissez les autres ? Je demande en remontant mes lunettes qui tombent.
- Il viennent souvent jouer aux cartes avec nous, où on va dans le coin de camping où on peut faire du feux, avec eux et leurs parents, pour se faire des mashmallow.
- Tu va voir, vous allez bien vous entendre !"
J'en doute, vu comment j'ai été désagréable, mais mieux vaut ne pas leur dire.
Au final, j'ai décidé de venir avec eux. Mon sac sur mon épaule, mon casque autour du cou, ainsi que mon appareil photo, les mains dans les poches, je regarde ma mère s'extasier devant les bracelets de coquillages. Mon père regarde les différents zippo, et moi les cartes postales. Elles sont toutes très belles, et pas cher. Entre 50 centimes, et 1 euros. D'ailleurs, utiliser des euros m'est étrange, je suis si habitué aux yens.
J'ai pris deux cartes ; une du crépuscule sur la mer, prit en photo depuis de gros rochers, et la seconde, des algues vertes échoués sur la plage, sous le soleil de plomb.
Nous continuâmes notre promenade dans les différents petits commerces, tout en appréciant le léger vent marin, le bruit des vagues, la vision du soleil illuminer le bleu azur de la mer. A midi, nous sommes allés dans un petit restaurant simple, et les adultes discutèrent de ce qu'ils allaient faire ce soir. Au final, ils allaient organiser une veillée autour du feu, avec les autres japonais que les filles ont rencontrés depuis leur arrivée dans le camping. J'acceptais vaguement la proposition, sachant que j'allais passer la soirée sur mon téléphone ou dans un de mes livres.
✩
Le soir arrivé, mes parents faisaient cuir un peu de viande pour le repas, sur le barbecue transportable de leurs amies. Quand à moi, je trainais dans le camping, mon appareil photo autour du cou, mon casque sur la tête. De temps en temps, je me baissais vers les quelques fleurs jaunes qui poussaient à quelques petits endroits, aux pieds des arbres.
J'entendis soudainement un bruit sourd, et en me retournant, je vis un garçon, plus vieux, que moi, à la peau pale, des cheveux sombre, un grains de beauté sous les lèvres. Il ressemble au garçon qui regardait Arion me poursuivre, à côté de Riccardo. Tiens, j'ai retenu leurs prénom.
En voyant qu'il avait du mal à se relever, j'abandonnais mes fleurs - de toute façon mes photos étaient nulles - et allait vers lui.
"- Hey, are you okay ?" Demandais-je en anglais, ne sachant qu'elle langue il parlait.
Il releva la tête en voyant ma main tendue, puis me sourit en la prenant. Je du tirer sur mon bras pour l'aider à se relever, et vis qu'il était plus grand que moi. Il se pencha pour reprendre sa glacière tombée elle aussi, mais ses jambes tremblaient, alors je l'en empêchais.
"- Do you speak Japanese ?
- Oh, yes, I am !
- C'est cool. Comment est-ce que tu t'appelles ?
- Vladimir Blade, et toi ?
- Eugène Peadoby. Je suis arrivé hier.
- Oh, c'est toi le nouveau ! Désolé de t'avoir dérangé... Je...
- Ce n'est rien. Tu veux que je ramène ta glacière avec toi ?
- Si ça ne te dérange pas, oui."
J'ai donc accompagné Vladimir jusqu'à son camp, où il était avec sa famille. J'appris qu'il avait un petit frère du nom de Victor, et je supposais qu'il était le garçon aux côté de Riccardo et de l'autre aux cheveux blancs. J'appris aussi que Vladimir était plus âgé que moi de quatre ans, et qu'il avait donc vingt-deux ans.
Alors que je déposais la glacière, j'entendis quelqu'un appeler Vladimir. En me retournant, je vis celui que je supposais être Victor, aux côté de celui au cheveux blancs et bleutés.
"- Victor, je te présente Eugène. Il m'a aidé à ramener la glacière.
- Tiens, c'est toi que les trois idiots poursuivaient hier. Salut, je suis Victor.
- Et toi, tu es ? Je demande, en regardant celui aux cheveux blancs.
- Je suis Bailong, salut.
- Salut."
Bailong est souriant, a un peu l'air d'un gamin, mais pas autant que "les trois idiots" comme les a appelés Victor. Les deux frères parlaient, Victor avait l'air de s'inquiéter pour son aîné en apprenant qu'il était tombé, ce dernier en riait. Bailong avait sans doute vu mon air d'incompréhension, puisqu'il vint me glisser à l'oreille :
"- Vladimir vient de retrouver l'usage complet de ses jambes il y a à peine un an, donc Victor est assez surprotecteur avec son grand frère.
- Oh, je vois. C'est assez ironique que ce soit le plus jeune qui surprotège le plus vieux.
- Ouais ! Mais c'est drôle à voir !"
Je haussais des épaules. Je ne sais pas ce que c'est d'avoir un frère. Et je ne sais pas non plus ce que ça fait d'avoir un ami ayant un grand frère. Pour tout dire, je n'ai que deux amis, mais l'un est partit vivre à l'étranger, et l'autre passe tout son temps avec son copain ; mais je ne lui en veux pas.
Au bout d'un moment, je m'en allais pour aller manger. Je ne parlais pas beaucoup, jusqu'à ce qu'Alex parle de ceux de mon âge qui seront là. Je pus leurs dire que j'avais fais la rencontre des frères Blade, et de Bailong. Mes parents étaient contents, avaient l'air rassurés. Mais je n'ai pas dis que j'étais ami avec eux. Seul Vladimir est agréable. Victor est quelqu'un d'assez brutale dans le ton de sa voix, et Bailong a l'air aussi ennuyant que "les autres idiots.".
Après mangé, nous avons fait la vaisselle avec mes parents, tandis que les amies de ma mère préparaient le feu. J'ai pus voir Alex faire le tour du camping, surtout à la recherches des autres japonais avec qui elles avaient fait connaissance.
Le feu était beau, crépitant. Assis sur les rondins de bois, mon appareil dans les mains, je regardais les flammes à travers la lentille. Je prenais une photo, de temps en temps. Silencieux, mon casque autour du cou, je profitais du calme, avant qu'il n'y ait beaucoup trop de monde ici pour être en paix.
Petit à petit, je vis des gens approcher. Les six d'hier, Vladimir avec eux, leurs parents à tous je suppose, ainsi que d'autres adultes. Il vinrent tous vers mes parents pour se présenter, et je les écoutais, pour retenir leurs noms. Finalement, je vais devoir tous les retenir.
C'étaient deux hommes, Xavier Foster-Greenway, un homme aux cheveux rouges, portant des lunettes fines, et Jordan Foster-Greenway, un homme aux cheveux verts pistaches, ses cheveux attachés en un chignon. Tout deux étaient mariés, et leur fils n'avait pas voulu venir, il était resté dans la tente.
Je vis les autres de mon âge approcher. Arion me souriait toujours, il n'avait pas l'air de m'en vouloir de l'avoir fuit. Derrière, je vis Victor porter un garçon aux cheveux turquoise sur son épaule. J'entendis Xavier et Jordan rire, et j'en conclus rapidement qu'il s'agissait de leur fils.
"- Hey Eugène ! Désolé pour hier, on aurait pas du te courir après... Vint s'excuser Arion, en riant bêtement. J'te présente les autres ! Tu connais Vladimir, Victor, et Bailong. Riccardo c'est lui, le garçon aux cheveux ondulés me salua de la main, lui c'est Terry, celui aux cheveux blancs avec le bandeau noir me souriait comme un idiot, lui c'est Sol, le roux vint me taper gentiment sur l'épaule en me saluant, et celui sur l'épaule de Victor qui se débat c'est Aitor. Il n'est pas spécialement bavard, et un peu cassant quand il parle, mais il est cool ! Ravi de te connaitre !
- Salut à tous." Répondis-je simplement, avant de me reconcentrer sur mon appareil photo.
Le temps passa doucement. Les gens parlaient, riaient, en faisant fondre les mashmallow. Les garçons essayaient de parler avec moi, mais les deux seuls à qui j'acceptais de répondre étaient Riccardo et Vladimir.
Au bout d'un moment, je commençais à vraiment m'ennuyer. Alors discrètement, je m'en allais. Mes pas me menèrent hors du camping, sur la plage. Il n'y avait plus personne, en même temps temps il était minuit. Je levais un peu la tête, et fut surpris de voir autant d'étoiles.
Le ciel était sombre, d'un bleu foncé opaque, éclairé d'une ribambelle d'étoiles blanches, toutes aussi belles les unes que les autres. Certaines petites, d'autres plus grosses. Ce n'est pas au japon que j'allais pouvoir voir ça, avec la pollution énorme de la ville.
Je n'avais pas mon casque sur les oreilles, profitant des vagues qui allaient et venaient sur le sable. Étant en tong, je marchais dans l'eau, la laissant aller jusqu'à mes
chevilles. C'était agréable, on aurait dit que l'eau caressait avec timidité ma peau, elle essayait, s'en allait, puis revenait recouvrir mes pieds.
J'entendis soudainement une mélodie. Elle venait des criques. Et je revis ce garçon dans mes pensées. Alors je me mis à courir vers les criques, tant pis si je n'ai plus de souffle, je n'en ais rien à faire. Ce garçon me rendait curieux.
J'entrais dans les criques, puis en ressortis, et arrivais sur le côté interdit. Je continuais d'avancer. La mélodie toujours tout autour de moi. C'était quelque chose d'étrange. J'étais seul, sur la plage de sable fin, et en me retournant, je compris. Je compris que la mélodie venait de la mer.
Le vent marin souleva les mèches devant mes yeux, et ma queue de cheval basse. La lune resplendissait sur l'eau. Et elle me rappelait tant cette femme si importante à mes yeux.
Alors je pris mon appareil, et pris une photo. Un simple cliché. Je venais de capter un moment, et l'avais arrêté à tout jamais dans cet appareil technologique. J'aurai aimé pouvoir faire la même chose, ce jour là. Arrêter le temps comme je viens de le faire, tout stopper, et la sauver. Je m'en veux.
Ça fait cinq ans. Cinq ans de remords. On a beau me dire d'arrêter, je ne peux pas.
« Pourquoi es-tu triste ? »
Quatre mots, je me retournais, et je les revis. Ces yeux. Ces yeux si tristes. Deux orbe marrons, chocolat un peu. Tout comme sa peau, encore dégoulinante d'eau. Toujours des lunettes de plongées autour du cou, ces cheveux coiffés étrangement, qui tenaient malgré qu'ils soient mouillés.
On aurait dit un enfant, mais il faisait à peu près ma taille, malgré que je sois plus grand de quelques centimètres, il avait l'air d'avoir mon âge. Nous nous regardions dans les yeux, silencieusement, la mélodie de la mer nous entourant. Et je remarquais petit à petit que certaines partie de son corps n'étaient pas recouvertes de peau, mais d'écailles bleutés. Ses yeux étaient tristes, et pleins de questions. Sûrement comme les miens.
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