ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ ǫᴜᴀᴛᴏʀᴢᴇ
An 3040, ??
tw : torture psychologique
Voilà deux jours. Ou trois ? Peut-être juste quelques heures... Taehyun n'en savait rien. Il faisait noir ici, terriblement noir. Et il n'y avait personne. Pas un bruit, pas un mouvement. Il était seul. Tellement obscur qu'il ne pouvait voir les murs. Y avait-il au moins des murs ?
Il avait soif. Faim et soif. Et son nez le lançait horriblement. Plus sa combinaison de cuir. Un tissu rêche la remplaçait, orné de plusieurs sangles et boucles. Bizarrement, malgré les sangles, il était libre de ces mouvements. Relativement. Ses jambes ne le portaient plus depuis la dernière fois qu'il avait dormi. Il ne pouvait plus se lever, alors Taehyun restait assis sur le sol, quand il ne se recroquevillait pas sur lui-même sous les douloureuses contractions de son estomac.
Cet environnement noir, inconnu, immuable, le terrifiait. Peut-être que cette pièce était illuminée, en réalité, et qu'il avait perdu la vision il ne savait comment.
Mais Taehyun ne préférait pas y penser.
Il se concentrait sur ses derniers souvenirs et sur ses certitudes, afin de ne pas perdre l'esprit. Il s'appelait Kang Taehyun, était officier de la Fédération, Capitaine d'un équipage de vingt-deux personnes et pilote d'un Alfar304 d'immatriculation AO3FED-040319. Son matricule à lui : TXT-0502. Il avait atterri ici après avoir négocié la libération de son ami : le Caporal Choi Soobin.
Il était sûrement encore sur le vaisseau amiral du rebelle.
Mais pourquoi saignait-il du nez ? Quand avait-il été changé ? Ou étaient passés ses équipements ? Et est-ce que Soobin était bien en vie ?
Il se souvenait bien d'une chose, un vague souvenir flou mais auquel il s'accrochait. Un tourbillon de blanc, des lumières puissantes et dansantes devant ses yeux. Un cri, sûrement de rage, et un grand coup qui l'avait heurté au visage. Et puis il y avait ces mots, des mots provenus d'une voix qui lui semblait étrangement familière mais dont il ne parvenait pas à se souvenir.
« Faites le souffrir, Yeonjun a été beaucoup trop généreux avec lui. »
Juste une phrase. Mais une phrase qui faisait bouillonner une rage puissance en lui. Yeonjun était responsable de tout cela. C'était Yeonjun qui l'avait jeté ici. C'était à cause de lui s'il mourrait à petit feu, seul, ici.
Taehyun n'avait qu'une envie : se lever, trouver une paroi et la frapper aussi fort, aussi longtemps que son corps lui permettait. Quitte à y laisser ses dernières forces. Il devait sortir d'ici. Personne ne viendrait le chercher. Il allait mourir s'il ne s'échappait pas.
Il allait mourir et rejoindre ses camarades dans le charnier qu'il avait vu plus tôt.
Personne ne trouverait jamais son corps au milieu de ces cadavres en décomposition. Il n'aurait pas de sépulture.
Il abandonnerait ses amis. Il laisserait sa famille. Et ils n'auraient aucun endroit pour le pleurer.
Il se décomposerait petit à petit, comme d'autres avant lui, dans le vaisseau de Yeonjun. Dans le vaisseau de son pire ennemi, du pire ennemi de la nation tout entière.
Il n'y avait pas de mort plus misérable.
Taehyun se traina sur quelques mètres dans la noirceur. Il devait sortir au plus vite d'ici. Ses genoux râpaient sur la surface irrégulière et rugueuse du sol. Son pantalon se déchira. Sa peau s'érafla. Mais le blond s'en fichait bien. Là, juste devant lui, sa main avait touché une paroi. Il y posa sa paume à plat, heureux de trouver un repère autre que le sol ou son corps endolori dans le tourbillon de ses divagations. Et Taehyun longea la paroi jusqu'à trouver un coin, un angle. Ou juste une variation dans le mur.
Mais il n'y avait rien. Pas un changement, pas une aspérité dans le métal froid du mur. Il tournait en rond. Depuis de longues minutes. S'épuisant pour rien. Ou alors le mur s'étendait sur une immense distance. Un sanglot étouffé lui échappa, serrant sa gorge sèche et douloureuse.
Ou était-il ?
Taehyun se recroquevilla contre la paroi, pressant son crâne de ses mains. Ses tempes le lançaient, son nez saignait sans espoir de fin, il ne comprenait plus rien. Était-il dans une petite cellule ? Ou dans une pièce infinie ? Quand t'arrêtait le mur, où commençait le plafond ? Était-ce bien le sol, sous lui ?
Et soudain, une secousse le désarçonna du mur froid. Un changement dans l'environnement, un soubresaut caractéristique d'une sortie brusque du tunnel supraluminique. Il était bien dans un vaisseau, un vaisseau d'une taille conséquence puisque le ralentissement avait été brutal. Il était toujours sur la nef de Yeonjun. Un ricanement lui échappa.
Une réponse avait été trouvée à l'une de ses questions. Mais elle amenait d'autres incertitudes. Ou allaient-ils ? Et l'Alfar, il devait être loin maintenant... Son équipage ne retrouverait jamais le vaisseau amiral. Ils étaient quelque part, quelque part dans l'immensité du cosmos. De la même manière qu'il était quelque part dans cette pièce, loin de son mur. Loin de son seul point de repère.
Le sang sur ses mains avait séché. Son nez avait arrêté de couler. Et le silence le pesait. Le silence lui vrillait les tympans. Quelle heure était-il ? Quel jour ? Était-ce la journée ou la nuit ? Et où était-il ?
Il n'y avait toujours personne. Il faisait toujours aussi noir. Et dans son esprit, l'obscurité s'était insinuée. Il ne savait pas. Il ne savait plus.
« Taehyun », c'était la seule chose dont il se souvenait. Et la chose qu'il se répétait à voix haute, dans un faible murmure rauque. Était-ce son nom ?
Son estomac avait stoppé ses grognements. Ses genoux ne le faisaient plus souffrir. Le sang sous ses doigts était froid et sec. Il ne sentait plus les douleurs lancinantes de son corps.
Sa gorge était irritée, elle le piquait. Mais il s'obstinait à répéter ce mot.
Ses paupières devinrent lourdes. Ses forces le quittaient petit à petit. C'était donc cela, la mort ? Un sentiment de chaleur au milieu de la froideur ? Mais Taehyun ne ressentait rien d'autre que l'air glacial lui mordre le bout des doigts et des orteils et l'obscurité se glisser dans le col de sa combinaison. La noirceur s'infiltrer dans tout son être.
Il allait mourir.
Sans lutter.
Mourir comme un lâche au fond de ce trou.
*
* *
An 3040, 15 octobre – selon le calendrier d'Yggdrasill
― Lieutenant-capitaine, nous sommes beaucoup trop près de l'ennemi ! s'écria le Sergent Seo.
Cela faisait quatre heures que leur capitaine et son second étaient partis en mission, et ils auraient dû être de retour il y a une heure. Hyunjin lui adressa un regard noir. Il savait ce qu'il faisait. Et il était hors de question de repartir sans leurs deux camarades, même si les ordres initiaux impliquaient de rebrousser chemin, quoi qu'il se passe, au bout du temps imparti.
― Hyunjin, arrête de déconner !
Il s'approcha encore plus, collant presque le flan de leur coque au métal noir du vaisseau amiral ennemi. Dans la salle du sas, le Lieutenant Choi et le Caporal Son étaient prêts à partir pour récupérer les infiltrés par la force. Mais il n'eut pas le loisir de les prévenir que l'Alfar était en position. Un déclic se fit entendre dans les haut-parleurs du cockpit et une voix s'éleva.
― « Nous vous rendons l'un de vos espions. Prenez en soin et laissez-nous tranquille. »
La voix était claire, presque enfantine, mais possédait tout de même un timbre relativement grave. Un timbre de jeune adulte. Aussitôt, Hyunjin fit signe à Changbin de se lever et d'aller prévenir Beomgyu au plus vite.
Dans la salle du sas, le brun attendait, impatient, assis au bord de la passerelle qui surplombait un petit espace accueillant nombre de câbles en tout genre. Ses pieds pendaient dans le vide, ses jambes tremblaient d'inquiétude et il passait régulièrement une main nerveuse sur sa nuque rasée. Que lui avait-il prit de laisser ces deux-là s'engager dans une mission aussi dangereuse ? Il aurait dû les raisonner, les convaincre d'envoyer deux lynkrigers à la place. Mais Beomgyu connaissait Taehyun et son entêtement. Il voulait y aller lui-même et aurait refusé de sacrifier des éléments de son équipage pour cela. Et Soobin l'aurait suivi coûte que coûte, il ressentait le besoin permanent de protéger le blond. Il attendait toujours le signal du Lieutenant Hwang. Le Caporal Son Hyunwoo, qui vérifiait son arme et son équipement toutes les dix secondes, n'était pas dans un meilleur état.
Changbin ouvrit la porte à la volée, essoufflé d'avoir couru les quelques mètres du couloir à une vitesse impressionnante, et ne prit pas le temps de saluer son supérieur respectueusement.
― Beomgyu ! Ils ont lâché Soobin dans l'espace !
Le médecin se leva d'un bon et se précipita sur le Sergent. Enfin, il pouvait arrêter de s'inquiéter et d'espérer dans le vide. Ils avaient libéré Soobin et, sur le ton joyeux du canonnier, il devina que celui-ci était sain et sauf.
― Et Taehyun ?
― Pas de nouvelles.
Il n'y eut pas de « pourquoi ? » ni de « et merde », juste Beomgyu qui se précipita sur la porte du sas pour récupérer son ami. Taehyun serait le suivant, il le sentait. Et qu'ils ne reviennent pas avec Yeonjun importait peu. L'essentiel était de les savoir en vie et de les récupérer sains et saufs. A l'intérieur du sas, Hyunwoo l'aida à s'harnacher au câble de sécurité pour qu'il puisse revenir au vaisseau sans difficulté puis Beomgyu activa sa combinaison rétractable. La porte se referma. La décompression se fit. Il adressa un dernier pouce en l'air au Caporal et au Sergent et sortit dans le vide intersidéral.
Le vaisseau amiral ennemi lui parut encore plus massif et impressionnant, ainsi présenté. Il n'était qu'un point à côté de l'immensité de la structure. Et un autre point dérivait vers lui. Beomgyu reconnut aussitôt la silhouette de Soobin. Il se lança directement dans sa direction en se projetant avec la coque de l'Alfar. Le noiraud était immobile, il ne bougeait pas. Pas même quand son dos heurta le torse du Lieutenant. Aucune réaction.
― « Soobin ? »
Il fit tourner le Caporal sur lui-même, en le tenant fermement par la taille, seulement pour remarquer que ses yeux étaient fermés. Son visage était ensanglanté, couvert de contusions, et un filet de sang s'écoulait de sous ses cheveux. Il... il était mort ?
Soudain, dans son oreillette, un souffle léger et régulier s'éleva. Soobin respirait. Soobin était vivant.
Beomgyu appuya sur un bouton de sa ceinture et le câble s'enroula. Il ramenait son camarade inconscient à bon port.
Aussitôt eut-il franchi la porte du sas, le Caporal se précipita jusqu'à l'infirmerie pour rameuter les deux infirmiers avec un brancard. Jimin et Hoseok hissèrent le noiraud sur la civière et Beomgyu les suivit au pas de course après avoir jeté son équipement dans un coin. Pendant qu'il était sorti, l'équipage avait reçu une nouvelle annonce. Une annonce leur conseillant de s'éloigner au plus vite s'ils ne voulaient pas que leur Capitaine Kang, retenu prisonnier, en pâtisse. Hyunjin n'avait rien pu faire d'autre qu'obéir aux ordres de l'inconnu. Ils étaient en train d'atterrir sur Koro lorsque Beomgyu se désinfectait les mains et revêtait sa blouse blanche.
tw : sang
Soobin était dans un sale état. Des pieds à la tête, les bleus et les contusions tâchaient sa peau. Plusieurs plaies inquiétantes striaient ses côtes et le sang s'écoulait sans fin du sommet de son crâne. Ses cheveux noirs étaient poisseux et Beomgyu regretta un long instant d'avoir à les raser. Mais il devait accéder à la plaie pour la soigner correctement et cette touffe sombre l'en empêchait. Un instant plus tard, alors que la plupart de ses blessures les moins alarmantes avaient été nettoyées et pansées par les soins de Jimin, Beomgyu lui fit passer un examen complet dans le bloc opératoire. Il y avait là toute une floppée d'appareils de radiographie en tout genre et le médecin s'en servit pour détecter de possibles traumatismes, crânien ou osseux. Fort heureusement, le bilan était plutôt positif. Il n'avait que quelques côtes fêlées et sa tête n'avait rien. Le brun s'affaira ensuite à recoudre et cautériser la peau de son cuir chevelu.
Soobin émergea quelques heures plus tard d'un sommeil profond. Il ressentait encore les traces d'une anesthésie et mit du temps à saisir l'endroit où il se trouvait. Il se redressa, une main pressée sur ses côtes bandées et l'autre fermement accrochée à la barrière du lit. La pièce ne lui disait rien, était-il sur le vaisseau du rebelle ? Le monde tournait autour de lui, il avait la nausée et sa tête le faisait horriblement souffrir.
― Kai... ?
Quelqu'un se précipita sur lui, une masse floue de blanc et d'orange, et il fut forcé de se rallonger. Mais Soobin ne voulait pas, il voulait savoir où il était.
― Kai... c'est toi ?
C'était ridicule, Kai n'était pas roux. Mais il refusait de croire que cette personne ne soit pas lui. Kai l'avait trahi. Mais Kai était bon. Il ne pouvait pas être l'un des partisans de Yeonjun. Il était trop gentil, trop pur et innocent, que faisait-il à errer sur ce vaisseau de noir et de sang ? Et puis Soobin tira une conclusion, certes hâtive, mais il y croyait aveuglément. Kai était coincé sous le joug de Yeonjun contre son gré. Il était retenu prisonnier sur ce vaisseau et forcé à effectuer les tâches les plus ingrates.
― Je dois sauver Kai...
Soudain, un sentiment de bien-être absolu envahit son corps tout entier. Il le sentait dans ses veines. Puis, en l'espace d'un instant, l'agréable sensation l'arracha à la réalité et il plongea de nouveau dans un sommeil profond.
*
* *
An 3040, ??
Un bruit le fit redresser la tête. Un bruit métallique, comme si quelque chose cognait contre autre chose. Un bruit qui se répéta une deuxième fois, à peine plus fort, puis une troisième, jusqu'à devenir régulier. Le son détonnait au milieu du silence assourdissant qui l'avait accompagné pendant de longues minutes, ou de longues heures. Et il s'approchait.
Il y avait eu un changement dans son environnement, un autre depuis la secousse qui l'avait projeté loin de son repère. Et le garçon se força à faire preuve de discernement. Un bruit régulier comme tel, un bruit régulier qui approchait et qui se répercutait dans le sol. Un son qu'il sentait vibrer sous ses doigts. Il en avait déjà entendu de semblable avant, dans sa vie précédant ce gouffre obscur. Car il avait vécu avant. Il avait oublié mais il avait vécu en dehors de cet endroit.
Peut-être était-ce des bruits de pas ? Les mêmes que ses pieds faisaient quand il les avait cognés contre la paroi. Un autre approchait ? Un autre comme lui ?
Un autre quelqu'un. Quelqu'un approchait.
Soudain, un autre terme que « Taehyun » lui revint à l'esprit.
Et Taehyun le cria avec toutes les forces qui lui restaient.
― A l'aide... !
*
* *
An 3040, 15 octobre – selon le calendrier d'Yggdrasill
Beomgyu s'était vu dans l'obligation d'administrer un tranquillisant à Soobin. Le pauvre s'agitait dans tous les sens, au risque de détruire ses bandages et de se faire encore plus mal. Et il délirait, il hallucinait complètement. Hobi s'était pris un coup au visage en essayant de le calmer et un bleu se formait sur sa pommette. Le médecin s'en sentait désolé. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi Soobin était dans cet état. L'anesthésiant qu'il utilisait ne procurait pas de délires psychédéliques du genre, juste une grande fatigue au réveil et une paralysie des muscles qui pouvait persister quelques heures. Sauf que le noiraud au crâne maintenant rasé était loin d'être paralysé. Et il divaguait complètement.
Le brun le laissa se reposer tranquillement, sous la surveillance de ses deux collègues, quand Hyunjin l'appela pour un « petit problème technique ». Il posa sa blouse sur une chaise du laboratoire et quitta l'infirmerie pour rejoindre le poste de commande. Beomgyu se demandait bien ce que le Lieutenant Hwang entendait par ces mots et s'inquiétait du ton crispé qu'il avait utilisé.
Quand il pénétra dans le cockpit, sa surprise fut sans appel. Le roi de Koro, une nouvelle fois drapé de ces plus beaux vêtements et des plus tapageurs de ses bijoux, partageait une conversation plus qu'animée avec les deux officiers. Changbin peinait à garder son calme, il le voyait serrer les poings dans son dos et sa mâchoire était contractée, et Hyunjin se démenait pour faire comprendre au tako quelque chose qu'il ignorait. Beomgyu s'annonça et s'inclina respectueusement devant Sa Majesté. La situation paraissait critique, il préférait toujours jouer la carte de la politesse même s'il ne savait pas ce qu'il se passait.
― Lieutenant, votre capitaine de substitution n'est pas très respectueux. Il mériterait bien la peine de mort ici.
Beomgyu s'étonna tout d'abord de l'élocution en fédéralais parfaite du roi. Il avait appris rapidement, en quelques jours, et était visiblement devenu à l'aise avec la langue universelle. Puis il repéra la pointe de dédain, presque de sarcasme, dans le ton du tako. Il cachait quelque chose et le brun n'aimait pas ça.
― Votre Majesté, si cela pouvait être évité, je vous en serais reconnaissant.
Il restait impassible, comme s'il n'avait pas détecté les mauvaises intentions du roi, pour ne pas éveiller les soupçons. Et Son Altesse n'y vit que du feu. Il laissa les deux officiers qui soufflèrent de soulagement dans le dos de ses gardes et s'approcha du médecin.
― Vous semblez être le seul capable de discernement ici.
― Nous venons de vivre une dure épreuve, Votre Majesté, et nous sommes tous fatigués. Veuillez excuser mes collègues.
― Oui, j'ai entendu dire que votre Capitaine a été enlevé par Yeonjun.
Et, à cet instant, Beomgyu comprit la raison de la présence du roi ici. Il venait se vanter, se vanter d'être du côté du rebelle alors qu'eux subissaient les conséquences d'une traque de ce criminel. Taehyun était prisonnier, à la merci des griffes de leur ennemi, et le roi en riait. Aussi, ces paroles ne faisaient que confirmer ce qu'ils savaient déjà : le peuple Tako était partisan de Yeonjun. Il n'y avait jamais eu d'otages takos ni de menace du criminel envers Koro, le Lieutenant en était désormais sûr. Et puis le roi devait forcément être en contact avec le rebelle puisque la Fédération même n'avait pas encore appris la nouvelle de la disparition de Taehyun. Il avait préféré attendre avant de prévenir ses supérieurs, sachant que, s'ils récupéraient le blond dans les prochaines heures par un coup de chance inespéré, le Capitaine l'aurait détesté d'avoir affiché son échec de la sorte. De toute façon, la Fed n'aurait rien pu – ou voulu – faire pour sauver le blond.
― Nous savons tout de vous.
Le roi fit volte-face vers le pauvre Hyunjin qui avait parlé trop vite. Beomgyu lui fit signe de se taire, le visage crispé, mais son camarade de grade ne l'écouta pas.
― Nous savons que vous êtes l'allié de Yeonjun.
― Bon, écoutez... commença le roi tako. Si vous le dites à votre gouvernement, je ferais tout pour créer un gros incident diplomatique. J'ai des contacts et je pense que, avec eux et leurs actions, la Fédération ne s'en relèvera pas.
― Votre Majesté, ce n'est pas notre but, essaya Beomgyu avec la volonté de rattraper la situation. Nous serons sages et la Fédération n'en saura rien.
― Ça vaut aussi pour le cas où vous partez à la poursuite de Yeonjun.
C'est là que le brun sut qu'il se trouvait dans une impasse. Il était hors de question de laisser Taehyun, ils devaient absolument le sauver. Quoi qu'il en coûte. Et le risque d'un incident diplomatique d'ampleur, Beomgyu s'en fichait bien.
― Je retire mes paroles. Honnêtement, vous me tapez sur les nerfs.
Ce fut au tour de Hyunjin de lui faire les gros yeux. Il venait de déclarer la guerre aux takos... Le roi eut une mine offusquée derrière ses tentacules buccaux et les planta là, sur la plateforme du cockpit, sans un mot de plus. Il tourna les talons et repartit comme il était venu par la porte du SAS. En l'espace de quelques secondes, l'ambiance était devenue tendue au sein du vaisseau, et le Lieutenant Hwang se laissa choir dans son fauteuil de capitaine, désespéré.
― Lieutenant Choi... Pourquoi vous avez fait ça... ?
Il se prit la tête entre les mains, n'attendant pas vraiment de réponse de la part du médecin.
― Il est hors de question qu'on abandonne Taehyun.
― Je suis bien d'accord mais... vous venez de déclencher une guerre. Le Président ne va pas être content...
― Rien à foutre.
Et il quitta à son tour le cockpit.
Dans le couloir, Jimin semblait l'attendre, adossé au mur. Beomgyu eut bien envie de l'ignorer pour le moment. Il croulait sous des problèmes qu'il venait de créer en pleine connaissance de cause et ne voulait pas apprendre d'autres mauvaises nouvelles concernant son patient. Mais Soobin était important, Soobin était son ami. Il ne pouvait pas ne pas s'occuper de lui.
― Il est réveillé – pour de vrai cette fois – et va plutôt bien.
Jimin lui tapota l'épaule avec un sourire compatissant. Ce jeune homme avait décidément le don de détecter le mal-être des gens l'entourant. Et il savait aussi comment les rassurer. Beomgyu le suivit donc jusqu'à l'infirmerie.
Soobin l'accueillit avec un grand sourire. Il était en vie et heureux de revoir son ami, heureux d'être de retour ici. Le noiraud ouvrit ses bras en faisant tout de même attention à ses pansements et Beomgyu se réfugia avec joie dans l'étreinte. Il avait eu peur pour son camarade. Peur de le trouver mort, peur de ne pas réussir à le sauver, peur qu'il ait des séquelles. Mais il allait bien.
― Je suis désolé Beomgyu...
Le brun se redressa pour croiser les prunelles noires de Soobin. Il savait exactement ce que le Caporal voulait dire par-là.
― Je n'ai pas réussi à protéger Taehyun...
― Eh, ce n'est pas ta faute... d'accord ? On va le sortir de là.
― Je lui ai promis que tout irait bien...
― Il est en vie. Et tu sais comment il est, il ne t'aurait pas laissé faire.
Soobin se tut. Beomgyu avait raison, il avait insisté afin de se sacrifier pour lui. Il avait bien essayé de lui faire entendre raison mais le blond était têtu. Cependant, cela n'empêchait pas la culpabilité de lui serrer le cœur. Il pensait à ce que son capitaine devait vivre à l'instant. Avec un peu de chance, il était inconscient et uniquement enfermé dans une cellule de détention. Mais le pire demeurait possible.
― D'ailleurs, tout à l'heure... tu délirais.
― Je délirais ?
― T'arrêtais pas d'appeler un certain Kai. Et t'as mis un coup à Hobi.
― Oh mince, je suis désolé !
Depuis le laboratoire, la voix de l'infirmier roux s'éleva pour lui assurer qu'il n'y avait rien de grave. Après tout, il n'était pas maitre de son esprit et de ses actions, il n'y était pour rien. Mais un autre point l'alarma. Pourquoi avait-il appelé Kai ? Il n'était pas celui qu'il pensait. Il l'avait trahi. Il n'avait plus rien à faire avec ce garçon.
― C'est qui ce Kai ? Un petit-ami secret ?
― Beomgyu, tu sais très bien que-
― Oui... que tu n'es pas attiré par ce genre de relation. J'essayais de te faire sourire, en fait.
― C'est raté...
Un petit rire échappa au médecin. Il ne pouvait s'empêcher d'être blagueur, même dans des moments aussi sérieux, et avait espéré détendre son ami. Mais Soobin semblait se crisper à la mention du sujet qu'était « Kai » et Beomgyu sentit qu'il ne savait pas tout. Soobin lui expliqua alors comment il avait rencontré ce garçon puis ce qu'il s'était passé sur le vaisseau du rebelle. Le brun remarqua les larmes s'accumulant aux coins des yeux de son ami. Il ne put que lui offrir une nouvelle étreinte pour le réconforter.
Après une minute, une longue minute à caresser doucement le dos de son ainé, Beomgyu le relâcha, un air grave au visage. Jimin lui avait appris un élément de la plus haute importance, qui expliquait la découverte de leur plan par le rebelle Yeonjun. Changbin avait mené son enquête et trouvé des micros assez mal dissimulés dans la salle de repos et dans le cockpit, qu'aucun d'eux n'aurait pu remarquer puisqu'ils étaient tous trop tendus, trop concentrés sur la mission. Ce n'était qu'un détail de plus confirmant que les takos étaient leurs ennemis, qu'ils étaient complices de Yeonjun. Il en informa Soobin, qui frappa son matelas aussitôt.
― On aurait dû leur interdire l'accès au vaisseau !
― La situation n'aurait qu'été pire. Et puis le mal est fait, il faut qu'on aille de l'avant maintenant.
Comme un écho aux paroles de Beomgyu, la voix de Hyunjin s'éleva dans les communications intra-vaisseau.
― « Yeonjun et sa flotte sont partis en vitesse supraluminique. Nous les poursuivons, préparez-vous aux secousses. »
*
* *
An 3040, ??
Un grincement métallique lui perça les tympans et Taehyun se recroquevilla sur lui-même. La lumière nouvelle l'éblouit, même à travers le tissu de son vêtement, et il laissa un couinement lui échapper. Ses souvenirs lui revenaient petit à petit maintenant que quelqu'un était venu. Mais la forte luminosité et l'état de son organisme l'empêchaient de penser clairement.
Une forte poigne le souleva par le col de sa combinaison, derrière la nuque, et il cria. Il s'époumonna. La personne lui faisait mal, et il ne voulait pas sortir. En fin de compte, maintenant qu'elle était éclairée et qui la voyait dans son ensemble, la grande salle sombre et angoissante qu'il avait imaginée n'était qu'une petite pièce circulaire aux murs noirs et verts. Le rai de lumière filtrant par l'embrasure de la porte en métal qui devait se glisser parfaitement dans son encadrement laissait apparaitre une banquette posée au sol qu'il n'avait pas sentie, une banquette qui semblait terriblement confortable. Taehyun envoya son poing dans les airs. Il voulait rester ici.
Mais une autre personne entra dans la cellule. Il avait les cheveux d'un rouge sang magnifique, tellement attirant, et un visage qu'il aurait pu admirer des jours durant. La personne le tenant le reposa à terre, sur ses pieds. Et Taehyun s'effondra. Ses jambes ne le portaient toujours pas, il n'avait plus de force. Il essaya de se relever, ne serait-ce que pour garder un peu de dignité, mais son corps resta indéniablement au sol. Alors, épuisé, il se recroquevilla encore et n'eut aucune réaction quand le il aux oreilles bizarres posa une main douce sur sa joue.
Il se laissa emporter par un sommeil noir, un sommeil sans saveur. Un sommeil d'inconscience.
**
mon chapitre préférééééééééééé ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
J'espère que vous m'aimez toujours... j'vais aller creuser un bunker on est jamais trop sûr hein
On se retrouve mardi prochain pour une aventure pleine de tw sympathiques hihihiiiii ~
22/03/2022
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