Retrouvailles - Partie 2

« Tu es en train de nous dire que c'est Eren ? »

Elle ferma les yeux un court instant. « Exact. Nous n'avons pas de temps à perdre. » Là, elle lança son cheval au galop, et tira une épée qu'elle dressa haut. « Bataillon, en avant ! » La formation suivit, armes brandies et regards décidés.

Elle avala en vingt minutes les collines qui lui barraient le passage, et se retrouva sur la crête de l'une d'elle. Là, en contrebas, se dessina sous ses yeux un spectacle stupéfiant. Des exclamations de stupeur s'élevèrent du groupe, jusqu'à ce que la scientifique lève une main pour les faire taire.

Un haut et vaste bâtiment gris s'étendait sur une plaine dont la régularité peu naturelle contrastait avec le paysage vallonné des alentours. A l'arrière, des masses énormes étaient recroquevillées faiblement à terre, tels des animaux malades. Ce fut avec choc qu'elle réalisa que ces choses n'étaient ni plus ni moins que des Titans.

Ils sont amorphes en plein jour... Pourquoi ? eut-elle le temps de penser avant que ses yeux ne dérivent d'eux-mêmes vers le désastre qui se déroulait en plein milieu. La forme titanesque d'Eren se dressait là, sortant d'un toit éventré et de murs fraîchement démolis ; le jeune homme semblait s'être transformé en plein milieu de la bâtisse.

« Eren ! » s'écria Mikasa avant de s'élancer, vite rattrapée par un Livaï à l'expression menaçante. Elle serra les dents et ouvrit la bouche pour protester ; mais, en voyant sa face, elle se contenta de le fusiller du regard.

« Tu pars quand on l'ordonne », jeta-t-il. « Hansi. Qu'est-ce qu'on fait ? Il y a un connard qui tournoie autour de notre espoir de l'humanité numéro deux. » L'intéressée plissa les yeux, et reconnut l'albinos qui lui avait charcuté le pied. Équipé d'un harnais de manœuvre tridimensionnel, il enchaînait habilement les attaques, à peine limité par les violents mouvements du géant.

« On fonce ! » Le caporal-chef s'élança en premier. Il n'y a que lui qui peut s'en charger. Ou peut-être Mikasa... songea-t-elle en remarquant celle-ci galoper sur ses talons. Les deux cent autres soldats fondirent à leur tour sur les ennemis, et quelques gardes américains qui se tenaient là se réfugièrent, manifestement pris de court, à l'intérieur.

« L'escouade Rico et l'équipe de Dan, bloquez-leur toute retraite ! » ordonna-t-elle. « L'aile droite, entourez la base, et l'aile gauche, partez à l'arrière ! Le reste, dispersez-vous en arc-de-cercle ! » Elle fit un bref signe à Mike pour qu'il prenne la tête et dévala ce qu'il lui restait d'espace, avant de bondir de sa selle. Là, elle atterrit avec une grimace sur le toit fissuré et se mit à courir.

Elle arriva en peu de temps vers Eren, et put constater les dégâts d'un peu plus près. De la poussière grise et épaisse envahissait l'endroit, soulevée par les pieds du mastodonte qui s'y battait. Des fragments de pierre lisse jonchaient le sol ; du sang s'écoulait par endroits, et un corps blanchi de la tête aux pieds, complètement inerte, était étalé devant des barreaux.

Ses yeux se détachèrent du cadavre, qui lui avait parut étrangement familier l'espace d'une seconde, pour remonter vers le combat qui faisait rage. Le petit adolescent tournoyait à une vitesse impressionnante autour des jambes du titan, et laissait de profondes entailles dans son sillage. Le soldat brun semblait se défendre depuis un moment ; elle pouvait voir à sa langue pendante et à sa mâchoire entrouverte découvrant ses innombrables dents qu'il était épuisé.

« Eren ! » entendit-elle sans surprise Mikasa s'écrier. Celle-ci était postée plus loin, à côté d'un Livaï au regard noir. Lorsque l'albinos les vit, ses yeux rouges s'écarquillèrent ; le monstre en profita pour projeter sa main vers le sol. Le jeune homme réagit au quart de tour, et lui explosa le membre sans ménagement. Une pluie de sang s'abattit sur lui, mais il l'ignora et changea brutalement de direction.

Son visage jeune et pâle était crispé par une grande inquiétude alors qu'il se ruait vers le mort – qui était en réalité aussi vivant qu'elle, puisqu'il venait de se redresser brutalement. Ce fut avec choc qu'elle reconnut Marion. Cette dernière se contenta de se relever, légèrement chancelante, et de regarder les trois explorateurs avec stupéfaction.

Mais elle n'eut pas le temps d'articuler une seule parole que l'albinos l'attrapa par la taille, avant de se lancer à pleine vitesse vers un couloir sombre. Une fraction de seconde plus tard, une ombre se jeta sur lui. Un bruit cinglant retentit lorsque le caporal-chef croisa les lames avec le plus petit.

Voyant son attaque parée, il prit un virage serré à droite pour frapper l'autre en plein visage, mais celui-ci esquiva de justesse. « Isaac ! » s'écria la jeune scientifique en tentant vainement de se dégager. Elle continua dans une langue inconnue, mais l'américain secoua la tête. Il la poussa derrière lui, se retourna et fit face au petit homme.

La haine tordait ses traits de jeune garçon ; Hansi comprit avec ahurissement qu'il ne laisserait personne s'approcher de la chercheuse tant qu'il serait encore debout. Tout son être le criait, de sa posture à la tension qui crispait ses doigts sur ses manettes de commandement. « Mikasa ! » s'exclama-t-elle. « Couvre Eren et aide-le à sortir de ces ruines ! » Il vaut mieux que je reste ici. Qui sait ce qui arriverait à la personne qui tenterait d'interférer...

Les deux ennemis se firent face un instant. L'expression de Livaï était plus effrayante que jamais ; elle-même se sentit reculer d'un pas. L'atmosphère était lourde de tension, et on pouvait presque entendre le caporal-chef souhaiter des morts toutes plus atroces les unes que les autres à l'américain.

Il parut finalement décider qu'il l'abattrait lui-même, et l'idée ne sembla pas lui déplaire tant que ça. De toute évidence, le capturer serait bien trop dangereux ; l'autre était indéniablement doué. Vivant, il représentait une menace constante. Autant allier travail et plaisir, hein ? traduisit la femme, la bouche entrouverte, en scrutant son visage. Ce pauvre gars va le sentir passer.

Il ne fallut qu'un léger mouvement de la part d'Isaac pour qu'ils se jettent dessus comme deux loups enragés. Au vu de la rapidité fulgurante et de la violence furieuse avec lesquels ils lançaient leurs coups, aucun des deux n'essayait de contenir sa force. Leurs épées tournoyaient si vite qu'on ne pouvait plus les voir qu'avec leur reflet, et leurs gestes eux-mêmes étaient impossibles à distinguer.

Après quelques instants de lutte, Isaac, manifestement pris de court par le niveau de Livaï, passa subitement à la manœuvre tridimensionnelle et fonça sur son ennemi. Celui-ci se vit projeté à terre, une lame sous la gorge. Un hoquet d'horreur s'échappa de la gorge de Marion, qui venait d'assommer un garde avec une grosse pierre.

« Li... » commença Hansi avant de s'étrangler. L'intéressé venait de mettre un violent coup de pied dans l'entrejambe de l'albinos, qui recula. Il n'attendit pas plus pour lui assener son poing dans la tempe, et partir pour un genou dans l'estomac. L'adversaire se plia en deux, et cracha du sang ; le petit homme reprit sa lame en un geste sec.

Au lieu de toucher son torse comme initialement prévu, il trancha net les deux jambes de l'américain, qui s'écroula dans un hurlement déchirant. « N'y pense même pas », lâcha-t-il en le voyant porter sa main à ses dents. Il la sectionna sans attendre et se tourna vers la jeune femme qui l'observait, l'œil rond.

Là, il la prit en sac à patate et se lança vers la chef d'escouade. « On devrait se dépêcher, ou... » Un hurlement bestial le coupa. Eren avait commencé à se battre contre un déviant qui menaçait les troupes. Ce fut Mikasa qui l'acheva, et qui sortit son frère de sa nuque pour battre en retraite.

« On se retire ! » commanda Hansi. Elle prit les devants, ébouriffant au passage les cheveux châtains de la rescapée, qui lui jeta un regard ahuri. Ils coururent sans attendre vers leurs chevaux, et sautèrent en selle.

Au bout de quelques minutes, les deux tiers du Bataillon étaient en train de fuir vers les hauteurs. Une femme lança des ordres dans ce même langage ; les titans immobiles à l'autre bout du terrain se levèrent mollement et commencèrent à avancer vers eux, faisant souffler un vent de panique sur les soldats.

Seulement, les américains parurent manifestement plus juteux qu'eux. Les bêtes se jetèrent sans ménagement sur eux, ignorèrent les exhortations de leur supposée supérieure, et commencèrent à les dévorer, déchirant leurs membres et arrachant leur tête.

« Foncez sans vous retourner ! Prenez garde, Reiner et le Bestial ne se sont pas encore montrés ! » Elle lança un coup d'œil à Eren, qui se tenait à sa sœur adoptive, et Marion, qui partageait un cheval avec Armin. Un étrange sentiment l'envahit, mais elle se contenta de regarder devant elle et les plateaux rocheux qui se présentaient de nouveau sous les sabots de sa jument.

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