Réminiscence - Partie 4
Stohess, Mur Sina, 21 mai 851
« Non, Marion, si tu tiens ton poignard comme ça... » tenta d'expliquer une Ymir au bord de l'agacement. L'intéressée pinça les lèvres, et corrigea maladroitement son geste. « Comme ça, alors ? » Elle n'eut comme toute réponse qu'un bref hochement de tête, et repartit à l'assaut... Pour se retrouver, une nouvelle fois, plaquée contre la terre poussiéreuse de la cour d'entraînement de la caserne.
Livaï ne put que se blaser un peu plus face à ce spectacle. Malgré les nombreux exercices qu'on lui proposait, et les changements de tuteurs, la chercheuse progressait trop lentement. On s'est trop focalisés sur la manœuvre tridimensionnelle, se répéta-t-il pour la centième fois.
Il croisa les bras, adossé au mur clair et bien taillé des bâtiments aux toits d'ardoise qui les entouraient. Tout puait le chic autour de lui, et séjourner au milieu d'autant d'arrogants lui tapait sur le système. Heureusement que le thé fait pencher la balance, songea-t-il en se remémorant la finesse de celui qu'il avait eu le loisir de goûter.
Mais ce seul souvenir ne suffisait pas à balayer l'irritation qui le piquait depuis la veille, où ils avaient appris, d'après des espions de la R2.0, que le père d'Annie était mort. « De ce qu'on sait, les américains retiennent au moins en otage sa famille », avait expliqué Mike. « Nous ne savons pas de combien de membres elle est constituée, mais ils auraient tué Frank Leonhart à l'instant où ils avaient appris qu'elle s'était faite capturer. »
Le caporal-chef comprenait bien la situation, mais divergeait de l'avis de ses collègues dès qu'il s'agissait de la libérer. Ces informations étaient-elles fiables ? Pouvaient-ils réellement être sûrs que leurs hommes n'étaient pas en danger avec une ancienne ennemie ? Un mauvais pressentiment l'envahissait ; seulement, il n'avait pas d'autre choix que de faire avec. Si leur pari était gagnant, ils pouvaient recruter un atout remarquable.
Mais ça veut aussi dire que je devrais surveiller les deux mômes encore plus que maintenant. Ses yeux clairs se plissèrent en voyant la jeune femme encaisser difficilement une droite, pourtant simple à esquiver. Le ressentiment manifeste de sa subalterne était loin d'être plaisant, bien qu'il se soit graduellement calmé depuis une petite semaine.
Il jeta rapidement un œil à l'horloge de la ville, et se décolla des blocs de pierre. « On arrête là », lâcha-t-il. « Ymir, il te reste du boulot. Rejoins Mike. » Elle hocha la tête, et l'autre le suivit en silence dans les couloirs frais du quartier général.
Son mutisme ne flancha pas une seule fois. L'atmosphère, comme à son habitude, était juste assez lourde pour qu'il la sente peser sur eux. Lorsqu'ils atteignirent enfin les douches communes et qu'elle disparut derrière la porte de bois, il posa son regard sur le sol, parfaitement impassible.
Eren est plus bavard. Il porta machinalement ses doigts au couteau qu'il gardait dans sa ceinture, caressant son manche de bois usé. Mais avec Isaac aux alentours... Il sortit l'arme, et s'amusa distraitement à la faire tourner dans sa main. Ce sale gosse. Je ne comprends pas comment il a survécu. Une spécialité de titan, je suppose.
Si les officiers auraient apprécié que la sécurité de la jeune scientifique soit renforcée, ils ne pouvaient pas se permettre plus que ce qu'ils faisaient déjà. Déjà le petit-homme était-il restreint dans ses activités, et ne pouvait que difficilement être aussi efficace qu'auparavant. Il en allait de même pour Rico et Mikasa.
Mais au moins, cette binoclarde version naine est un peu moins décidée à essayer de me bousiller sur place avec son regard. Hansi elle-même avait noté de l'amélioration dans son comportement. Elle va peut-être enfin arrêter de se faire dessus dès que je l'approche... Ou est-ce que c'est trop espérer ? Il ferma les paupières. Dans tous les cas, qu'est-ce qu'elle peut me faire chier...
Seulement, Livaï avait noté autre chose chez Marion. Sa nervosité n'était plus adressée qu'à lui, mais à chaque craquement qui se faisait entendre ; la moindre ombre, aussi petite soit-elle, lui valait un sursaut effrayé. Son regard s'assombrissait drastiquement de jour en jour, et son sommeil se fracturait tant et si bien que de profonds cernes se dessinaient sur ses traits.
« Quelque chose la dérange », avait dit Rico. « Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Mais après son séjour chez les ennemis, ce n'est pas étonnant. » C'est vrai. Mais est-ce que c'est tout ? Il réfléchit un court instant, sourcils froncés. Finalement, il se pinça l'arête du nez de sa main libre.
« Conneries », grommela-t-il, agacé. Un « tch » saupoudra le tout, et il envoya son petit poignard en l'air pour le rattraper au vol. A cet instant précis, le battant de bois s'ouvrit sur la jeune femme, dont les cheveux châtains étaient encore foncés par l'eau. Lorsqu'il vit ses yeux verts s'écarquiller d'horreur, il plissa les paupières, étonné.
« Vous... » s'étrangla-t-elle. Elle recula d'un pas tremblant, ses pupilles emplies d'affolement fixées sur la lame qu'il tenait. « Je... » Elle leva les mains, faisant tomber ses affaires au passage, pour détaler au quart de tour vers l'autre bout du couloir.
Merde ! Si je la perds de vue... Aussi mauvaise que fut l'idée, il se mit à lui courir après. Heureusement, la chercheuse était plutôt lente, et il n'eut aucun mal à la rattraper, lui arrachant un cri de terreur au passage, et à l'immobiliser contre le mur.
Il ne s'attendit toutefois pas à ce qu'elle lui hurle de la lâcher ; on aurait dit qu'il était sur le point de la trucider. Et c'est ce qu'elle pense, réalisa-t-il. Il a suffi qu'elle me voie avec un couteau pour qu'elle s'égosille comme une hystérique. « Marion, calme-toi », assena-t-il sèchement. « Je t'ai dit d'arrêter de te chier dans le froc. Bordel, tu... »
Le coup d'œil qu'elle lui jeta le coupa net dans ses paroles. Toute la frayeur qu'elle ressentait pour lui s'y accumulait, tant et si bien que seul son instinct paraissait désormais la contrôler. Cette expression n'était ni plus ni moins que celle d'une bête piégée par la mort. Tant que ça. Il sentit son propre regard s'assombrir, et serra imperceptiblement les dents. Amélioration, mon cul.
« Lâchez-moi », gronda-t-elle. Il se contenta de l'immobiliser plus proprement. Elle tenta bien de se débattre, mais ce fut en vain. Elle le réalisa bien vite ; un sanglot affolé lui échappa. « Lâchez-moi, s'il-vous-plaît, je ferai ce que vous voulez, ne me tuez pas », se mit-elle à supplier, la voix chevrotante. Mais quelle imbécile.
« Tu as un pois à la place du cerveau. Je suis censé te protéger des menaces extérieures, pas t'égorger », lâcha-t-il, impatienté. Le souffle de l'intéressée se coupa ; il en profita pour la délivrer, et désigner du pouce ce qu'elle avait laissé à terre. « Ramasse ça, et arrête tes conneries. » Elle le dévisagea quelques secondes, comme sortant d'un état second, pour obtempérer sans attendre.
Ils se dirigèrent ensuite vers le réfectoire. Toute cette histoire avait pris un long moment ; déjà sonnait l'heure du dîner. La tension affreusement lourde qui les enveloppait ne lui échappa pas. De toute évidence, elle ne cessait pas une seule seconde de se méfier de lui, et de scruter chacun de ses gestes. L'exaspération le piqua de nouveau, mais cette fois-ci, un sentiment plus sombre s'y mêla. Comme d'habitude, il le balaya sans attendre et rejoignit la table des officiers.
Il ne prononça pas un mot du dîner. Leur position isolée leur permettait de parler d'affaires importantes en toute sécurité, cachés comme ils l'étaient de la vue des autres par un pan de mur et quelques poutres épaisses ; le sujet du mutisme d'Annie fit ainsi surface, pour nourrir les discussions des autres sans attendre.
Toutefois, le petit homme leur avait déjà exposé son point de vue, et l'amertume surprenante de leur soupe avait coupé le peu de sociabilité qu'il avait développée avec eux. Comme chaque soir, il surveilla d'un œil Eren et la jeune scientifique, qui mangeaient ensembles, mais le temps lui parut si long qu'il se sentit obligé de vérifier trois fois l'heure.
Enfin, huit heures sonna, et tous quittèrent la large salle souterraine. Les rayons chauds du soir s'étendaient sur Stohess, filtrant au travers des carreaux ornés des fenêtres de la réserve. Le petit homme y jeta un œil distrait ; les nuages qui s'amoncelaient à l'horizon étaient si sombres qu'ils en devenaient parfaitement opaques au soleil couchant, et s'étalaient comme un toit sur le point de s'écrouler.
Le ciel va nous tomber sur la tête. Il continua sa route, parfaitement stoïque, précédant une Marion toujours plus lugubre. Celle-ci, enfermée dans son angoisse qui crevait les yeux, ne remarqua pas une seule seconde le spectacle surprenant d'au-dehors. Rico arriva bientôt, allégeant un peu l'ambiance de plomb qui les engluait, et ils se dirigèrent vers les dortoirs sans s'attarder.
« Il va y avoir de l'orage », constata la femme. « Les chevaux vont s'agiter. La dernière fois, il y en a un qui avait cassé sa porte et avait dévalé dans Trost. Tu n'imagines pas la pagaille que ça avait mis... » Ils s'engagèrent dans les escaliers. « J'en doute pas », dit-il en ouvrant la porte de la chambre.
Cette nuit-là, la chef d'escouade était de garde jusqu'à une heure ; le reste du temps reposait entre les mains du caporal-chef. Cela n'était pas la première fois qu'il se retrouvait être le seul à surveiller la chercheuse, puisqu'elle et Eren étaient constamment séparés lors de longs délais, et que les effectifs nécessaires s'en voyaient doublés.
Seulement, les laisser au même endroit ne permettait que d'offrir plus de chances à l'ennemi de les enlever à la chaîne. Et puis, ce n'est pas comme si j'avais besoin de dormir huit heures, songea-t-il en s'asseyant sur une chaise de bois. Il posa sa veste sur le dossier, croisa les bras sur le bureau et y posa sa tête, prêt pour son court sommeil de trois heures trente.
Le bruit d'un crayon griffonnant sur du papier le berça. Les deux femmes ne discutaient qu'à voix basse ; s'il mit longtemps à s'endormir, il n'y eut que sa collègue pour le réveiller lorsque la cloche de la ville sonna.
« C'est ton tour de garde », souffla-t-elle. « Marion dort. » Il hocha sobrement la tête, se redressa et s'étira ; l'autre partit. Pour une fois, le temps était passé en un éclair. Il pouvait désormais observer sans grande passion la lumière de sa petite lampe à huile danser sur ses papiers.
J'ai du boulot. Jusqu'à six heures, il avait bien le temps de finir tout ça. Il s'y attela donc, stylo en main, sourcils légèrement froncé. Les rapports s'enchaînaient encore et encore ; maintenant que l'armée était au pouvoir, le gouvernement avait besoin de bien plus d'informations qu'usuellement.
Il eut tout le loisir d'entendre la jeune scientifique se tourner et se retourner dans ses draps, et le tonnerre gronder, alors qu'il planchait sur un compte-rendu confidentiel à propos d'Annie. C'est le cinquième cette semaine. Ça change la donne. Toutefois, il ne se plaignait pas ; le fait que leurs moyens étaient drastiquement augmentés contrebalançait la rigueur exigée par la nouvelle institution qui gérait les affaires délicates, sobrement appelée Conseil.
Un gémissement dérangea subitement la profonde concentration de Livaï. Il jeta un œil derrière lui. Elle tremble. Une nouvelle fois, la jeune femme devait être en plein cauchemar, et n'allait pas tarder à se réveiller, au vu de la multiplication de ses sursauts. C'était devenu routinier, et, de toute manière, elle se rendormait peu de temps après.
Le cri qu'elle laissa échapper ne le surprit donc pas. Il fit l'effort de se retourner après avoir signé en bas de son manuscrit ; lorsqu'il vit son expression, il ne put que manquer de lâcher son crayon. Le visage de la chercheuse était plus blanc que blanc, et ses traits, tordus en une souffrance inimaginable.
Elle posa deux yeux écarquillés sur lui. Ses lèvres formèrent une syllabe, mais aucun son ne sortit. Elle se leva donc, pour tomber aussitôt à genoux, les jambes flageolantes. Il n'attendit pas plus pour se lever et s'accroupir devant elle. Elle doit être malade, jugea-t-il en voyant de la sueur luire sur son front.
Mais le haut-le-cœur qui suivit ne confirma son hypothèse que pour un court instant. Le regard qu'elle lui adressait n'était ni fiévreux, ni vitreux, et le désespoir qu'il reflétait le gela sur place. Il se reprit toutefois, et l'aida à avancer dans le couloir, puis dans les salles d'eau.
« Tu peux marcher jusqu'aux toilettes ? » Elle fut incapable d'acquiescer ; il se résigna à l'accompagner. De toute façon, j'allais rester à trois mètres. Aussitôt qu'elle se retrouva devant la cuvette, elle se pencha en avant et vomit ce qu'elle avait avalé au dîner – c'est-à-dire presque rien, de ce qu'il en voyait. Enfin, au bout de laborieuses minutes, elle se releva en chancelant, la respiration sifflante.
Son état n'était pas beau à voir. Sa démarche jusqu'aux éviers était trop instable ; des soubresauts intempestifs secouaient ses mains ; ses yeux étaient parfaitement fixes, en une expression si choquée qu'il aurait pu parier qu'elle venait de frôler la mort.
C'est ainsi qu'elle ouvrit maladroitement le robinet, se rinça la bouche et but un peu d'eau. La seconde qui suivit lui permit de jeter un dernier coup d'œil à son supérieur, avant de se tenir péniblement contre un mur. Ses cheveux en bataille dissimulaient parfaitement sa face.
Elle a dû rêver si fort d'une diarrhée qu'elle l'a développée dans la vraie vie, conjectura-t-il. Il avait toutefois parfaitement conscience que quelque chose de plus profond s'était brisé chez elle. Mais, lorsqu'il s'approcha d'elle, aucune question ne sortit. Il n'était pas le genre de personne qui pourrait l'aider à se sentir mieux. Elle en parlera à Hansi. Ce fut sur cette pensée qu'il tendit la main vers la poignée, sans un regard pour sa subalterne.
Alors qu'il touchait tout juste le fer glacial de la porte, une main se posa sur son bras. La surprise le frappa de plein fouet ; la jeune femme venait de le retenir, dans un geste débordant de désolation. Il se tourna vers elle, pour la voir recroquevillée sur elle-même telle une bête malade. Ses dents mordaient profondément sa lèvre inférieure, espérant vainement en faire cesser les tremblements.
« Livaï », articula-t-elle dans un murmure détruit. La bouche de l'intéressé s'entrouvrit de stupeur. Aucun effroi, aucun dégoût ne pointait dans son ton. Lorsqu'elle s'agrippa à lui à cause de ses muscles qui manquaient de céder, il l'assit et s'accroupit en face, les paupières plissées. Quelque chose cloche.
Le temps s'écoula, et elle ne rompit pas le contact. Elle en vint même à resserrer sa prise alors qu'elle tentait péniblement de parler ; il ne prit pas compte de ses ongles qui s'enfonçaient dans ses bras. Elle bafouilla, trébucha sur de simples syllabes, se reprit de nombreuses fois, puis rapetissa encore dans un sanglot qui parut la déchirer en deux.
« Je suis désolée. » Voilà ce qui sortit, après une infinité de tentatives. Elle secoua la tête, et finit par planter ses pupilles dans les siennes, complètement démolie. « Tout... J'ai tout vu... » s'étrangla-t-elle. « Je suis désolée... »
Elle a tout vu ? Les yeux du caporal-chef s'écarquillèrent. Non, je dois me tromper. Les simples gémissements avaient laissé la place à des pleurs torturés ; plus les secondes défilaient, plus elle se rabougrissait sous une douleur poignante.
A l'image de son impassibilité constante, il ne bougea pas lorsque la jeune femme posa son front brûlant sur son épaule. Elle débita alors un flot de paroles incompréhensibles, et, ne sachant pas trop comment réagir, il se contenta de lui tapoter légèrement le haut du dos. Je n'ai pas été formé pour consoler des gosses, bon sang.
« Je ne les retrouverai jamais... » gémit-elle. Il fronça les sourcils d'un air interrogateur qu'elle ne pouvait pas voir. « Mes parents... Mes amis... Le monde d'avant... » Il la sentit secouer la tête, pour se courber un peu plus sous ses doigts. « Et Leah... »
Sa main s'arrêta subitement sur l'épaule de son interlocutrice, et son cœur rata un battement. Elle se souvient. Son souffle se coupa tandis qu'elle lui racontait le moment où elle avait vu la femme mourir, comment elle l'avait de nouveau rencontrée, et leur adieu définitif avant que la Résistance ne se fasse massacrer. Putain de merde.
« J'ai dit des choses affreuses... J'ai été horrible avec vous... » Il ne pipa mot, le regard fixé sur l'évier en face de lui. « Je suis désolée... Bordel de merde, comment est-ce que j'ai pu avaler un truc pareil ? » Il ferma les paupières.
« Tu es une peste.
— Oui... »
Le silence se prolongea longtemps. Son simple mot, parcouru d'un tremblement incontrôlé, résonna indéfiniment dans son crâne. Quelques secousses perturbaient toujours les épaules de la scientifique. Finalement, elle s'écarta de lui pour sécher ses larmes.
« C'est tout ?
— J'en sais rien... »
Elle avait manifestement retrouvé ses esprits, et une distance décente s'installa entre eux. « Mais c'était horrible. » Un petit rire tranchant, contrastant avec ses paroles, s'échappa de sa gorge. « J'ai eu l'impression de tout revivre. Leur amnésie artificielle, c'était de la tarte, à côté. »
Livaï se contenta de se relever et de s'épousseter les genoux. Il faudra balayer ce foutu sol, pensa-t-il avec dégoût en constatant la poussière sur ses mains. Il passa du savon sur ces dernières sans attendre, tandis que Marion regardait dans le vide, de nouveau lugubre. Hansi, tu vas devoir venir à la rescousse. Je suis bon pour tuer des titans, pas pour jouer au confident.
Il l'avait pourtant fait, avec Isabel et Farlan ; et certainement avant avec la chercheuse, à une période dont il ne pouvait plus se souvenir. Seulement, il avait plus que conscience que ses mots étaient inappropriés pour certains. Et il ne pouvait pas non plus se restreindre : la manière dont il voyait les choses divergeait drastiquement de celle des autres, tant et si bien qu'il se demandait parfois ce qui clochait chez lui.
Le bâillement qui assaillit sa subalterne le tira de ses pensées. Il lui jeta un œil, sortit de la pièce, et la guida jusqu'à la chambre. Là, elle s'écroula dans son lit sans attendre, manifestement bien remuée par les évènements. Peu de temps après, des ronflements peu élégants s'élevèrent de la boule de draps qu'elle formait.
Encore trois heures, constata-t-il en regardant sa montre. Il s'assit sur sa chaise de bois grinçante, et s'accouda sur le bureau. Il ne savait trop comment, mais ses épaules lui paraissaient un peu moins lourdes, et l'air, un peu plus fluide, tant et si bien qu'une profonde envie de faire le ménage le prit.
Il se ressaisit toutefois, et retourna au peu de dossiers qu'il lui restait. Demain, j'en connais une qui sera bien chiante, songea-t-il en saisissant son stylo. La mini-binoclarde est de retour parmi nous.
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