Dancing Queen - Partie 4
Shiganshina, 24 septembre 851
Ils étaient seuls dans le couloir du premier étage. Eren et Marion marchaient vers les escaliers. Ni Armin, ni Annie n'étaient là ; c'était une aubaine pour lui.
Il fallait qu'il s'arrête, et qu'il l'interpelle. Mais à cette idée, son cœur s'emballa. En était-il réellement capable ? Était-ce au-dessus de ses forces ? Il allait mourir d'embarras avant d'avoir pu dire quoi que ce soit.
Il jeta un œil aux escaliers derrière eux. Puis, il prit son courage à deux mains. « Marion. » Elle tourna la tête vers lui : son visage refléta une légère surprise. Il déglutit. Il avait presque le feu aux joues.
Je dois le faire. Il s'avança. Vraiment. Les pas qui remontaient les escaliers le pressèrent un peu plus. Réellement. Il ignora le regard de plus en plus étonné de son amie, et posa ses mains sur ses épaules. Elles étaient plus musclées qu'avant.
Elle plissa les yeux. « Eren ? » Je ne peux pas. Mais dans trois mètres, ils ne seraient plus seuls. « Eren, allô ? » Alors, il ignora sa poitrine brûlante, et se pencha en avant. « Eren. Un, deux, douze. » Il attendit une demi-seconde... Maintenant !
... et effleura le plus brièvement possible sa joue de ses lèvres.
Elle écarquilla les yeux, et resta plantée là. « ... Tu as de la fièvre ? » fut tout ce qu'elle put dire avant qu'un cri enragé n'envahisse le couloir. Là, il partit en courant à l'autre bout du corridor, et tourna dans un coin, où il rejoignit Hansi et Livaï. Tous trois regardèrent le spectacle avec attention.
Mikasa fonçait littéralement sur une Marion complètement perdue. La première brandit son poing ; la seconde se le prit dans la face. Elle recula, et tomba à terre. L'autre se mit à califourchon sur elle.
Ses traits étaient tordus en une expression lugubre. « Tu as touché Eren. » Elle leva une main. « Tu as osé toucher Eren. » Elle l'abattit à deux millimètres de son oreille, et se pencha sur sa victime. Une aura des plus menaçantes émanait d'elle.
Alors, les officiers et le semi-titan attendirent. Mais il ne se passa rien. Marion se contentait d'attendre, et l'asiatique, de souffler comme un buffle. « Je vous avais dit, que ça serait une mauvaise idée », bougonna le combattant. « Mikasa n'allait pas la tabasser pour un truc pareil. Je me suis sacrifié pour rien. Comment est-ce qu'on va lui expliquer ça, maintenant ? »
Le caporal-chef haussa les épaules, et la chef d'escouade nota quelque chose dans un calepin. « A moi de jouer », se contenta-t-elle de dire en sortant de leur cachette. Elle avança joyeusement vers les deux. « Oh, voilà qui va là ! Comment ça va, ce matin ? » Elle continua à baragouiner jusqu'à ce qu'elles se relèvent.
« Navré, Eren », dit alors le petit homme. L'intéressé se retourna.
« Les entraînements n'ont rien donné. Il faut qu'on glane des informations. On expliquera ce qu'il s'est passé à Mikasa.
— Non, je comprends... C'était juste assez embarrassant.
— Tu as bien fait de refuser de l'embrasser. »
Il acquiesça. Cela aurait été de trop : il ne fallait pas que ces expériences altèrent significativement les relations entre soldats.
Heureusement, Hansi avait préparé le terrain. Du pays d'où venait Marion, un bisou sur la joue était simplement un moyen de dire bonjour. C'était pour eux que c'était inhabituel, mais puisque tout allait être clarifié entre lui et sa sœur adoptive, il n'y aurait, au final, pas de souci. Il fallait se contenter de ça.
« Quelle est la prochaine étape du plan ?
— Il faut encore qu'on y réfléchisse. Faire en sorte qu'elle se sente en danger sans que ce soit le cas est délicat... En fait, quasi impossible. Mais puisqu'on ne tire aucune information des américains... »
Il soupira. « Il faut qu'on sache si elle représente une menace ou pas par nos propres moyens. »
***
Shiganshina, 30 septembre 851
Armin entra dans le bureau de Mike. Dans la pièce, Luise, Albert et Viktor l'attendaient déjà. « Excusez-moi du retard », souffla-t-il. La grande jeune femme, dont les longs cheveux bruns étaient gauchement coiffés en une queue-de-cheval ébouriffée, lui adressa un sourire presque bourru – à l'image de son corps, de sa voix, et du moindre de ses gestes.
Il salua le chef d'escouade, et s'avança à la hauteur de ses camarades. « Je vous ai convoqués ici pour planifier une Expédition hors des Murs. » Il fronça les sourcils. « Mais ce ne sera pas une excursion classique. Nous seuls partirons. Notre objectif : cartographier la zone ouest de l'extérieur, et trouver une potentielle base ennemie. »
Les soldats échangèrent un regard. Je comprends mieux... L'homme baissa les yeux sur une feuille de note. « Armin, tu te chargeras du wagon de ravitaillement. Luise, Viktor, Albert, de sa défense. Nous partirons le vingt octobre d'Erfurt à la tombée de la nuit, pour éviter les titans. L'escouade de Rico s'occupera du Nord : ils commenceront à la même date. »
Il reposa ses papiers.
« Questions ?
— Est-ce qu'on doit garder ça secret ? demanda Albert.
— Non. »
Le petit roux hocha la tête. Quelques secondes passèrent. « Bien. Vous pouvez disposer. » Ils le saluèrent, et repartirent. « Armin, bienvenue dans l'escouade de Mike », l'aborda alors Viktor, un jeune homme de taille moyenne aux cheveux bruns. Tous étaient déjà les subalternes de l'officier. Seul le blond venait d'y être introduit.
« Merci. Mais je ne comprends pas bien pourquoi je dois venir avec vous...
— On a tous entendu parler de ton sens de la stratégie à toute épreuve, dit-il. Nous ne sommes pas des génies comme toi – surtout Luise...
— Ah ça, j'sais bien, mais j'peux rien y faire.
— Mais ce n'est pas très grave, puisqu'elle en a dans les biceps ! »
Elle laissa échapper un rire de tavernier. Le plus jeune sourit. Tous étaient des soldats d'élite, qui avaient survécu à de nombreuses expéditions. Avec eux, il n'aurait rien à craindre.
Ils s'avancèrent jusqu'au hall. La nuit était tombée, les étoiles montraient le bout de leur nez. « On va monter la garde », lança le roux. Il lui fit un clin d'œil. « A plus tard ! » Puis, ils partirent.
Il resta planté là quelques instants. Ses yeux dérivèrent sombrement vers le couloir du rez-de-chaussée. Beaucoup de sourires avaient disparu depuis ce jour-là. Son cœur se serra : il soupira, et marcha lentement vers le lieu en question. Il devait rejoindre son dortoir.
Toutefois, il s'arrêta lorsqu'il passa devant une salle de réunion. « Marion », disait Mikasa. « Rapproche-toi un peu. » Il fronça les sourcils. « Ici, comme ça, voilà... » Jamais les muscles de ses arcades n'avaient été aussi contractés. « Regarde-moi. Plus près. » Un peu plus, et il aurait pu jurer être le portrait craché d'Erwin.
Il y eut alors un silence. « Tu ne veux pas que je te touche, c'est ça ? » Il manqua de s'étouffer avec sa salive, et s'adossa au mur, luttant pour ne pas toussoter. Qu'est-ce qu'elles font ?! Il entendit la chercheuse bafouiller quelque chose qui ressemblait à un « non, tu peux continuer » des plus embarrassés.
« Armin. » Il sursauta. Eren venait d'arriver. « Qu'est-ce que tu... » Il ne lui laissa pas le temps de finir : il lui plaqua une main contre la bouche. L'autre tenta de se dégager, mais il posa un doigt sur ses lèvres, le regard sévère. « D'accord, d'accord », murmura son ami. « Mais qu'est-ce que tu fous ? »
Il déglutit. « Marion et Mikasa », se contenta-t-il de souffler avant de lui désigner la pièce. Le brun se tut. Quelques secondes passèrent. Puis, la première laissa échapper un couinement. « Pardon, je ne voulais pas te faire mal. » Il put voir Eren écarquiller les yeux.
« Sérieusement ? chuchota-t-il.
— Armin, Eren, les interpella quelqu'un. »
Ils se raidirent. Lorsqu'ils virent que ce n'était que Sasha, ils baissèrent les épaules... Pour la réduire immédiatement au silence. Elle se retrouva avec eux. C'est mauvais, pensa le blond en serrant les dents. Il faut qu'on parte d'ici avant que...
« Qu'est-ce que vous foutez ici ? » Cette fois-ci, il manqua la crise cardiaque de peu. Tous se tournèrent lentement vers Livaï, qui passait par là. Ils s'écartèrent de la porte le plus rapidement possible. A cette vision, il plissa les yeux. « Je répète : qu'est-ce que vous foutez ici ? »
Voyant que personne n'ouvrait la bouche, Armin s'en chargea.
« On discutait.
— Ah bon.
— Oui.
— De quoi ? »
Silence. « Je le savais. » Il avança vers eux, les dépassa, et tendit sa main vers le battant de bois. Personne ne le retint. Alors, il ouvrit la pièce, et s'arrêta sur le palier.
***
« Je ne savais pas que Mikasa savait danser », s'exclamait Sasha vingt minutes plus tard. Les deux amis hochèrent sinistrement la tête.
« Nous non plus. »
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