☽ Chapitre 9 ( Partie 1. )

 — C'est encore loin ? demandai-je en regardant Miki.

— Non, on y est bientôt.

On était sorti en pleine journée, je savais très bien que les vampires ne supportaient pas la lumière du jours, mais heureusement, l'automne étant bien installé, la plus tombait souvent et il y avait peu de chance pour que le soleil ne pointe le bout de son nez. En y faisant plus attention, la fête de Halloween se rapprochait à grands pas, je ne pus me retenir de frémir. Je n'étais pas pressée de l'arrivée de ce moment, parce que si pour beaucoup Halloween était un moment où les enfants frappaient aux portes pour réclamer des bonbons et où les soirée déguisées ou on buvait parfois jusqu'au coma étaient la norme, pour moi ça annonçait tout autre chose. Un moment d'angoisse où tout les monstres allaient sortir de l'ombre pour revenir me hanter de leur vrai visage. Ils seraient encore plus présents que d'habitude, il me serait préférable de ne pas sortir ce jour-là, je n'avais vraiment pas envie de devoir affronter ça. Depuis que je n'étais plus à l'abbaye, j'avais d'ailleurs pris l'habitude de ne plus regarder les gens dans les yeux, je fuyais le contact visuel au maximum.

Miki vivait à Old City, un lieux qui portait bien son nom avec ses maisons anciennes, en fait, tout semblait ancien ici. Mais ça donnait du cachet à l'endroit, c'était franchement sympa. Quand nous arrivâmes enfin en bas de chez lui, nous étions complètement trempés, la pluie tombait drue, on grimpa les escalier pour rejoindre l'étage où se trouvait une seul porte au fond d'un couloir. L'ex-étudiant en médecine alla déverrouiller le panneau de bois et m'invita à entrer. L'appartement était... minuscule, un studio tout simplement. Mais en toute franchise... j'avais vu des studios bien plus grands. Il n'avait vraiment pas de chance sur toute la ligne. Je me permis de m'asseoir sur son lit le temps qu'il rassemble ses affaires les plus importantes. c'était pour ça que je l'avais accompagné. À la base, j'avais refusé, sortir avec un vampire fraichement transformer ce n'était pas ce qui me mettait le plus en confiance, pourtant, il avait l'air si triste que j'avais fini par céder. Si j'avais parfois un caractère de chien, je n'en restai pas moins une personne... faible face à la détresse d'autrui. C'était autant une qualité qu'un défaut, même si avec ce qui m'arrivait, c'était entrain de se changer en défaut.

— Tu es sûre qu'il ne va pas nous en vouloir ? me questionna soudainement Miki qui avait cessé de ranger.

— Non et dans le pire des cas je prendrais la responsabilité. Je ne subirai rien d'autre que un châtiment corporel et dans le meilleur des cas il se contentera de me gifler.

— Tu dis ça comme si ce n'était rien de grave... comme si c'était normal...

J'eue un sourire amer face à cette remarque.

— Crois-moi, ce n'est rien du tout, je devrais même m'estimer... heureuse de ne pas subir pire. C'est un monstre... mais ça, tu l'as vu dans mes souvenirs pas vrai ?

— C'est vrai... mais ce n'est quand-même pas normal. J'ai beau avoir vu ce que tu as vu, je ne comprends pas cette situation, je ne saisis pas ce qu'il attend de toi...

— J'aimerai moi-même comprendre.

Je n'avais pas la moindre idée non plus de ce qu'il pouvait bien me vouloir. Ce monstre était un véritable casse-tête, en soit, il parlait beaucoup, mais jamais pour répondre aux questions qu'on lui posait et quand il le faisait, il ne donnait jamais réellement une réponse complète, ce qui rajoutait de nouvelles interrogations aux précédentes. Miki vint alors s'asseoir à côté de moi, les épaules relâchée vers l'avant, une posture de lassitude extrême, sans parler de son expression qui respirait la solitude et la mélancolie à cet instant.

— Je suis devenu immortel, mais je ne sais même pas ce que je vais foutre de cette immortalité.

— ... Pour le moment, reste simplement à mes côtés, je veillerai sur toi.

— C'est le contraire normalement.

Je vis un petit sourire amusé étirer ses lèvres charnues, ça me fit plaisir, il était encore plus mignon comme ça. Je déposai un rapide baiser sur sa joue avant de me lever pour rejoindre la minuscule cuisine où je me permis de prendre un verre d'eau. Mais alors que j'avalai de large gorgées, une idée me traversa l'esprit. J'étais dehors et Mortem n'était pas dans mes pattes : je pouvais chercher Dylan. Reposant rapidement le verre sur l'étroit plan de travail, je me mis à fouiller les poches de mon trench pour dénicher mon téléphone portable. Rapidement, je composais le numéro de mon beau-père. Il s'écoula plusieurs sonnerie avant que sa voix ne se fasse entendre à l'autre bout du fil.

— Oui, c'est Cal', m'annonçai-je, excuse-moi de te déranger encore, mais tu pourrais me redonner le nom de l'endroit où vit Dylan ? ... À Harbourside ? Ok, super merci, je te rappellerai, bye.

Sans donner plus de détails, j'interrompis l'appel avant de ranger l'appareil dans mon sac. Mes yeux se posèrent sur Miki qui m'observait avec une certaine... incertitude. En même temps, il y avait de quoi. Ou alors il avait tout simplement deviner à quoi j'étais entrain de penser, il fallait dire que ce n'était franchement pas très compliqué.

— C'est loin d'ici Harbourside ?

— Non, cinq minutes à pied environ.

— Tu sais comment y aller ?

Je le vis hocher la tête pour me répondre.

— Ok, laisse tes affaires ici, on repassera les prendre ensuite.

— Honnêtement Calyptia... je sais pas si c'est une bonne idée, murmura l'asiatique.

— Pourquoi ?

— Je sais très bien que tu penses que tu ne risques pas grand-chose, mais j'aimerai quand-même éviter qu'il s'en prenne à toi plus que de raison. On est parti depuis un moment déjà, surtout que Clifton c'est pas si loin, mais c'est pas non plus la porte à côté à pied, surtout avec cette pluie.

Il n'avait pas tord, la preuve, nous étions trempés comme si nous avions sauté dans la rivière. Même si je me demandais quand-même ce qu'il foutait dans notre quartier le soir où il avait eu la malchance de croiser notre chemin, enfin ce n'était pas le problème à cet instant. Je me mordillai la lèvres pour peser le pour et le contre. Je n'aurais certainement pas d'autre chance que celle-ci.

— Tant pis, tranchai-je, je prends le risque. Il faut vraiment que je la vois, peut-être que ce sera ma dernière occasion. Si on ne doit plus se revoir, je ne veux pas que ça se termine sur un froid. Tu comprends ?

— Je comprends...

Je sentais pourtant sa réticence, mais il allait le faire. Parce que Miki était gentil, trop gentil, j'étais persuadée que je pourrais lui demander n'importe quoi, avec les bons arguments, il irait forcément dans mon sens. Je le vis se lever du lit pour gagner la porte, je lui emboîtai le pas pour quitter le minuscule logement. Alors que nous regagnions le rez-de-chaussée, j'en profitais pour allumer une cigarette avant que ce soit totalement impossible à cause de la pluie qui ne semblait point vouloir s'arrêter de tomber. Miki ouvrit la marche, je le suivais de près, le laissant me guider dans ces rues qui m'étaient totalement inconnues, je lui avais communiqué l'adresse que m'avait fourni le père de Dy'. Cela nous mena devant un petit immeuble plutôt sympathique, je regardais sur l'interphone jusqu'à trouver ce que je cherchais : Dylan Van Vein. Je pressai alors le petit bouton, une boule se formant dans mon estomac. Ça faisait longtemps que on ne s'était pas vue et nos derniers moments ensembles ne s'étaient déroulés que sous le signe de la froideur. Je n'obtins aucune réponse, je pressais alors une nouvelle fois la sonnette, mais toujours rien.

Elle n'était visiblement pas là. La chance ne semblait vraiment plus vouloir me sourire, j'étais pourtant si proche du but. J'inspirai un grand coup pour contenir ma tristesse et ne pas la laisser s'échapper par mes yeux. Je tentais une dernière fois de sonner, mais en vain. Je fis alors demi-tour et n'ayant pas fait attention à la mince distance qui me séparait de la personne qui s'avançait, je la percutai. Je me sentis retenue par les bras pour que je ne tombe pas et en levant les yeux je plongeais directement dans deux puits noir comme la nuit. Mais ce n'était pas Miki, le jeune homme que je venais de bousculer accidentellement était loin de l'apparence presque fragile de mon... vampire de compagnie. Ses cheveux noirs parsemer de mèches mauves étaient aplatis sur son crâne à cause de la pluie, il avait un visage délicat mais en même temps masculin et j'étais persuadée que son sourire devait être rayonnant parce qu'il avait une très jolie bouche. Il était légèrement plus grand que moi, mais vu comme ça, il était plus petit que Miki. Je me repris et reculais d'un pas pour éviter qu'un malaise s'installe.

— Je suis désolée, m'excusai-je rapidement, je ne regardais pas où j'allais.

— Ne vous en faites pas ce n'est pas grave. Sur ceux, excusez-moi, faut que je range l'appartement avant que ma colocataire ne rentre.

Je m'écartai, mais je fis quelque chose qui me surpris moi-même.

— Vous vivez avec Dylan ?

— Hein ? lâcha-t-il en se retournant vers moi, méfiant. Oui, mais je peux savoir qui vous êtes ?

— ... Je suis sa grande-sœur, s'il vous plait, dites lui que je suis passée. Je reviendrai certainement un autre jour.

Si j'avais l'occasion de sortir de nouveau, bien entendu. Sans en dire plus, je descendis les quelques escaliers pour aller rejoindre Miki qui tenait la tête bien plus basse que d'habitude encore. Ce qui me parut un peu étrange.

— Attendez ! m'interpela de nouveau l'asiatique. Vous vous appelez comment ?

— Calyptia Van Vein, si vous lui dite, je vous en serai vraiment très reconnaissante.

Je lui fis un faible sourire avant de m'adresser à mon accompagnant.

— Viens, Miki, on rentre.

Je le vis seulement hocher la tête et la redresser légèrement, mais sans plus. Mais alors que nous étions bien partis pour quitter les lieux. La voix du colocataire de Dy' se fit encore entendre.

— Tu ne me salues même plus, Miki ? 

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