☽ Chapitre 7 ( Partie 2. )
Je vis alors émerger une main bien trop grande de la fumée, osseuse et griffue. Puis une autre avant qu'un corps aussi décharné que les mains n'apparaisse, mais au bout, ce n'était pas un visage de revenant qu'il y avait, mais deux yeux rouges accompagnés d'une rangées de dents aiguisées et bien trop nombreuses. Je pouvais les voir parce qu'un large sourire s'étirait sur le... faciès de cette horreur. La revenante m'avait pourtant prévenue que des choses rôdait dans le coin et qu'elles ne me vaudrait aucunement du bien. Mais à quoi avais-je réellement affaire ? Un spectre vengeur ? Un démon ? Autre chose ?
— De la chair fraiche, lâcha la chose d'une voix abimée.
La panique me gagna rapidement alors que je reculai de plusieurs pas. Les griffes du monstre grattèrent les murs de chaque côté de sa personne dans un bruit désagréable.
— Mais toi... toi, tu n'es pas morte, non. Alors tu dois être délicieuse !!
Le cri strident qui s'éleva m'acheva. Je pris mes jambes à mon cou pour fuir le plus loin possible de cette monstruosité. Même si je l'entendais me poursuivre, un rire glaçant émanait d'elle alors qu'elle me pourchassait. J'étais heureuse de ne pas pouvoir m'épuiser, sinon j'étais foutue. Je traversai les murs les uns après les autres, ce fut ainsi que je me rendis compte que j'était à l'autre bout de l'abbaye, dans un endroit où je ne me rendais jamais. Je me contentais alors de courir tout droit. À plusieurs reprise j'avais senti les griffes frôler dangereusement mon dos ou l'arrière de mes cuisses. Je traversai un énième mur pour me retrouver dans la cour extérieure, sans plus attendre, je me précipitai pour rejoindre la salle de prière qui était à l'autre bout. Je passai à travers la porte et quelques secondes plus tard, un énorme coup raisonna contre celle-ci. Visiblement, cette chose ne pouvait pas entrer dans cette pièce, cette constatation m'arracha un énorme soulagement. Mais il fut de courte durée quand un spectacle macabre me sauta aux yeux.
Le sol était jonché de corps en morceau pour la plus part, le sol était devenu presque entièrement rouge tant la quantité de sang était importante. Elles avaient toutes été démembrée, éviscérées et décapitées pour la plus part. Si j'avais eu un corps, nul doute que j'aurais vomi et pleurer, mais je ne pouvais pas sous cette forme, malgré que je sente la peur, la colère, l'horreur et la tristesse m'envahir tel un tsunami qui s'abattait sur les terres. Et si seulement ça c'était arrêté là, mais alors que je détournai le regard pour échapper à cette vision cauchemardesque, je tombais nez à nez avec quelque chose d'aussi atroce. J'avais sous les yeux Mortem qui allait et venait dans une de mes collègues qui semblait amorphe sur l'autel, le visage souillé de larme. Il la tenait fermement par les cheveux alors qu'il poussait de manière bestial au creux de ses reins en grognant de satisfaction. J'étais sans voix, pourtant j'avais envie de hurler, de laisser sortir toute ma rage, mais impossible. Je l'observais se pencher sur elle avant qu'il ne relève les yeux dans ma direction. Je fus pétrifiée et je priai pour que ce ne soit qu'une coïncidence.
— Je peux te sentir, souffla le vampire, tu devrais retourner dans ton corps, tu n'as pas conscience de ce qui se cache de l'autre côté du miroir, Cal'.
Je le vis alors ouvrir grand la bouche, ses crocs, bien trop nombreux, prêts à déchiqueter le cou de la malheureuse qu'il était entrain d'abuser. Je hurlais alors que soudainement, je me retrouvais dans mon lit, au dortoir. D'un mouvement vif, je me redressais, en espérant avoir rêvé, mais le sang qui maculait, là aussi, les murs me prouva que non. Il y avait aussi des corps, mais en bien meilleur état que ceux qu'avait laissé Mortem dans la salle de prière – et certainement ailleurs. Un mouvement sur ma droite me fit tressaillir, en tournant la tête, je vis quelque chose... ou plutôt quelque dans le coin de la pièce qui tenait une autre personne. En silence, je me mis debout et je marchais en direction de la porte, même si mes genoux tremblaient fortement. Je voulais m'en aller loin de tout ça, loin de ce tombeau. M'emparant de la poignée, je l'abaissais le plus silencieusement possible avant d'ouvrir la porte. Mais un souffle tiède contre ma nuque m'arrêta dans ma tentative de fuite. L'odeur du sang vint me chatouiller les narines et me donna un haut le coeur.
Je vis une main pâle passer près de mon visage pour s'emparer de la porte et l'ouvrir plus grand, puis je fus brusquement poussée par derrière, je pus me rattraper de justesse, m'évitant une chute. Je regardai en direction de la porte et plus que d'être effrayée, je me sentis terriblement coupable. Amanda avait le teint blafard, les yeux brillants de larmes et le menton dégoulinant de sang encore chaud. J'eu envie d'aller la serrer dans mes bras en lui demandant pardon, c'était à cause de moi tout ça, si je n'avais pas été si curieuse, rien de tout cela ne serait arriver. Nous aurions pu continuer notre petite vie pieuse.
— Amanda, je...
— Va-t-en, m'ordonna-t-elle, et ne t'approche pas, je n'ai pas envie de te blesser...
— Je...
— Tire-toi ! Je t'en prie, Calyptia...
Je n'avais pas envie de la laisser, pourtant, c'est ce que je fis, le coeur lourd. Je m'enfuis à toutes jambes. Ouvrant brutalement les portes de l'abbaye, la pluie me frappa directement, ne mettant que quelque instant à imbiber mes vêtements qui vinrent alors se ventouser à ma peau. L'eau était froide, mais je ne m'arrêtai pas de courir pour autant. Je pus sentir des cailloux écorcher le dessous de mes pieds par moment, contrairement à ma première tentative de fuite, je ne faisais pas attention à l'endroit où je mettais les pieds. Tout ce que je voulais c'était être le plus loin possible de cet endroit. Je dépassais la statue de l'archange sans même poser un instant les yeux sur elle, je n'avais pas le temps de demander une aide divine – qui ne viendrait jamais. Mes pas raisonnaient dans les flaques alors que mon souffle étatique était couvert par le bruit de la pluie qui tombait toujours avec vigueur. Le terrain sous mes pieds devint soudainement différent : j'avais trouvé le chemin. Sans m'arrêter, malgré que mes poumons soient en feu, je ne m'arrêtai pas. J'avais peut-être une chance de sortir d'ici, j'y croyais en voyant le bout du chemin se dessiner.
Ma course fut plus lente, jusqu'à devenir une marche puis un arrêt. Je tombais à genou dans un bruit d'eau bruyant. Fixant droit devant moi, mes larmes se mêlèrent à la pluie quand je vis une silhouette au loin. Mes poings que j'avais serré se mirent à trembler alors que je rejetai la tête en arrière pour pousser un long hurlement de désespoir. J'y avais cru si fort pendant l'espace d'un instant, la déception était si grande à cet instant, que mon cri fut suivit de pleurs hystériques incontrôlables. La liberté était à quelques mètres et je ne pouvais même pas l'effleurer. Le silence revint quand je sentis des doigts encore plus froid que la pluie venir caresser ma joue. C'était doux, presque réconfortant comme touché, mais moi, je le ressentais comme un fer chauffé à blanc qu'on aurait soudainement déposer contre ma chair et dont la douleur se répandait jusqu'à mon coeur, puis jusqu'à mon âme. Le monstre s'accroupit pour être à ma hauteur et ses mains s'emparèrent en coupe de mon visage alors que son front se posait contre le mien.
— Ne pleure pas si fort, jolie Van Vein, le désespoir n'est pas ce qui te sied le mieux.
Les lèvres froides et viles se posèrent sur les miens l'espace de quelques secondes. Je n'avais pas la force pour essayer de lui échapper, j'étais bien trop épuisée et abattue. Je voulais seulement qu'on me laisse pleurer toutes les larmes de mon corps, mais même ça, je n'y avais pas le droit.
— Et il est trop tôt pour être si désespérée, tout ça ne fait que commencer.
Ses lèvres s'emparèrent une nouvelle fois des miennes. Un baiser au goût de larmes salées et de sang fraichement déversé.
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