☽ Chapitre 6 ( Partie 2. )
— S'il te plait...
Il redressa la tête et observa mon visage trempé par les larmes, puis il me relâcha e me poussant vers le sol, comme si je n'étais qu'une moins que rien. Mon coeur pompait si fort que j'avais l'impression qu'il allait éclater dans ma poitrine. Mais au moins, j'étais toujours en vie.
— Debout, m'ordonna-t-il, le ton sec.
— Hein ?
— Tu veux vraiment que je me répète, Cal' ?
Oh non, je n'en avais pas envie, parce que la menace était très claire. Je me remis debout, non sans mal, j'avais l'impression d'être ivre à cause de la peur. La pièce tanguait dangereusement et j'avais envie de vomir de nouveau. Je soufflai longuement pour tenter de reprendre mes esprits et ne pas m'écrouler de nouveau.
— Mains sur le bord du bureau, presse-toi.
Sa voix était calme, mais la colère était toujours présente, je la sentais dans chacun de ses mots. Je m'exécutais docilement, même si ça me tordait les entrailles d'obéir à un autre que le Seigneur. Je le sentais se déplacer derrière moi – à défaut de l'entendre –, j'aurais aimé tourner la tête pour voir ce qu'il traficotait, mais je préférais ne pas tenter le diable une nouvelle fois. J'échappais un cri alors que la morsure de quelque chose de souple s'imprimait dans ma peau. Je failli défaillir une nouvelle fois, heureusement que j'étais accrochée au bureau. Je me mis à haleter alors que je me risquait finalement à regarder par dessus mon épaule. Mortem tenait dans ses mains une bande en cuir, ce n'était pas une ceinture, seulement un morceau de matière souffle et qui claquait avec aisance.
— Le châtiment corporel était quelque chose de fréquent dans la religion autrefois, m'expliqua-t-il sans me regarder. Alors toi qui aime tellement Dieu et qui te penses aimer en retour, tu n'y verras aucun inconvénient, n'est-ce pas ?
J'avais tellement envie de hurler de rage, mais tout resta coincé dans ma gorge. Mes doigts se crispèrent un peu plus sur le bord du bureau alors que je baissai la tête. Mes longue mèches rousses dissimulaient mon visage de sa vue.
— Je demeure sous l'abri du Très-Haut et repose à l'ombre du Tout Puissant, me mis-je à réciter. Aucun malheur ne m'arrivera, aucun fléau n'approchera de ma tente. Car il ordonnera à ses anges de me garder dans toutes mes voies... Ah !
Un nouveau coup avait été porté, enflammant ma peau. Pourtant, je ne me tus point, continuant de prier à voix haute alors que mes larmes gouttaient sur le sol. On pouvait me traiter d'idiote, mais je ne pouvais pas seulement subir et me taire. Les coups tombaient au rythme de mon flot de paroles entrecoupé par des plainte de douleur et des sanglots. Mon dos, ma croupe et mes cuisses étaient douloureux, je ne sentais plus rien à part la souffrance. Quand mon corps arriva à sa limite, je m'écroulait à terre, incapable d'articuler quoi que ce soit, tremblante et le visage souillé par les larmes. Je ne relevais même pas les yeux quand il s'accroupit devant moi. Enfin il ne me laissa pas le choix quand il s'empare d'une poignée de cheveux à l'avant de mon crâne pour me faire redresser la tête.
— Offrir un si joli corps à Dieu, souffla le monstre alors que sa main se posait sur ma cuisse, c'est ça le vrai crime. Je m'en voudrais presque de t'avoir autant marqué, mais tu l'as mérité, alors je peux dormir tranquille.
Putain d'ordure. Il n'y avait aucun autre mot pour le définir. Je chouinais alors que ses doigts froids ne faisait qu'effleurer ma peau. Mais elle était si meurtrie que même une simple caresse était une source de souffrance. J'étais même persuadée qu'il avait entaillé ma chair, pas assez pour que cela saigne abondamment, mais assez pour que ce soit visible, je n'aurais probablement aucune cicatrice visible à l'oeil nu et quelqu'un qui n'avait pas vu ce qui s'était produit ne pourrait jamais l'imaginer. Mais moi, je le saurais et je ne l'oublierai certainement jamais. Plus sa main remontait, plus mon corps se retrouvait exposer à sa vue. Je ne voulais pas qu'il me regarde ainsi, que ses yeux traîne le long de mes formes. Il relâcha finalement mes cheveux avant de me faire allonger sur le dos. Mon vêtement de nuit ne dissimulait plus que ma poitrine, mollement, mes mains vinrent se poser sur ma poitrine pour maintenir le tissu en place. Il m'adressa un sourire si plein de pitié que j'en fus vexée.
— Oh Cal', gloussa le démon, tu penses réellement que si je veux admirer ta poitrine c'est ça qui va m'en empêcher ?
Pour me prouver que j'étais encore une fois dans le faux, il glissa sa main gelée le long de mon ventre jusqu'à ce qu'elle se glisse entre mes seins. Il la redressa et malgré que j'essaie de faire pression, il n'eut aucune difficulté à soulever mon vêtement en coton blanc. Mes seins se retrouvèrent alors exposé à ses yeux, je n'avais pas des formes très généreuses, seulement assez pour que ce soit joli. Mais j'aurais préféré que lui ne les voit jamais.
— Tu es si jolie, encore plus avec le corps meurtri.
— T'es un malade, crachai-je avec dégoût.
— Allons, ne sois pas si dure avec moi, je suis un monstre, c'est normal. On a jamais vu des monstre sans un peu de folie.
Il obliqua la tête sur le côté, faisant glisser quelques unes de ses mèches noires comme la nuit le long de son beau visage. Pourquoi un monstre si cruel était-il si beau ? Il ressemblait tellement à un ange que j'en vins à me demander si les anges ne ressemblaient pas à des monstres à côté. Sa main froide pressa, sans prévenir, une des deux rondeurs qui composaient ma poitrine, me faisant glapir de manière pathétique. Je voulus repousser sa main quand il se mit à malaxer ma chair, ma peau se couvrit de chair de poule. Le geste en lui-même... était plaisant, mais la personne qui l'appliquait était déplaisante, donc ça n'avait rien de très agréable. Le froid de sa peau fit, néanmoins, se dresser la pointe de mes seins. J'étouffai un gémissement quand il refit le tour de mon téton du bout de son ongle. Je craignais la suite, ce qu'il allait bien pouvoir me faire. J'avais terriblement peur qu'il m'abuse, je me rappelais encore de l'état de Madeline, en sang des cuisses jusqu'aux pieds. Il y avait été comme un animal. J'amorçai le mouvement pour rouler sur le côté, mais il me retint par l'épaule et me remit sur le dos.
— Reste tranquille, m'enjoignit-il avec une voix douce, mais venimeuse.
— Ne me touche pas... je ne veux pas...
— Tu as peur que je te viole ? Ne soit pas stupide précieuse Van Vein. Si je dois te baiser, je veux que ce soit toi qui me supplie de le faire.
— Ça n'arrivera jamais, crachai-je avec dégoût. Je suis une religieuse, la luxure ce n'est pas pour moi.
— Pourtant, tu as aimé que je t'embrasse l'autre soir, n'est-ce pas ?
Je fronçai les sourcils à l'évocation de ce souvenir. Je ne pouvais nier que j'avais trouvé un certain plaisir dans ce qu'il s'était passé, du moins, jusqu'à ce qu'il me morde. Mais ça s'arrêtait à ça, pour le reste, il n'y avait aucune forme de consentement de ma part, absolument aucune ! Dans un élan de rage, je parvins à rouler sur le côté et me remettre de bout, même si ma peau me tirait comme si elle était sèche à en mourir. Je souffrais le martyre, mais je préférais être debout plutôt que vautrée sur le parquet. Je me sentais un peu moins... vulnérable, même si il ne s'agissait là que d'un douce illusion. Il me tuerait que je sois debout ou couchée si l'envie lui prenait. Il se redressa lentement et s'approcha de nouveau se stoppant très proche de moi.
— Bonne sœur ou pas, tu restes une femme et comme toutes les femmes, tu as des désirs. Mais ton Dieu ne peut les satisfaire.
— Je peux vivre sans sexe...
— Oui tu peux, mais uniquement parce que tu n'y as jamais goûter, enfin je n'en suis pas certain. Est-tu vierge, Cal' ? Ne t'es-tu jamais masturbée ?
Je sentis mes joues chauffés face à ces questions indiscrètes au possible. Je n'avais pas envie de lui répondre, ça ne le regardait pas. Même si oui, je m'étais déjà masturbée, j'avais été une adolescente et mes hormones m'avaient parfois joué de drôle de tours. Mais quand j'étais entrée dans les ordres, je n'avais plus jamais jouer avec cette partie de mon corps. Mortem posa son front contre le mien et on se toisa silencieusement du regard, nos souffles se mélangeait, même ça, c'était froid chez lui. Furtivement ses lèvres se posèrent sur les miennes, me faisant reculer légèrement la tête. Ma main gauche se porta à ma bouche, son dos reposant contre mes lèvres pour former un barrière contre sa bouche venimeuse. Il ricana doucement et reprit la parole.
— J'aime vraiment te voir pleurer, minauda la créature hématophage, mais j'aime aussi cette expression de petite garce rebelle. Aaah, je vais prendre un véritable plaisir à faire tomber chacune de tes résistances.
— Je ne vais pas céder bien gentiment, Mortem.
Il parut surpris de l'appellation que je lui avais trouvé, mais une lueur que je ne parvins pas à décrypter s'alluma dans son regard. C'était étrange, très étrange. J'abaissai ma main alors que mes yeux étaient toujours plongés dans les siens. Son puce se posa sur mes lèvres et il le fit glisser jusqu'à la blessure qu'il m'avait faite. Je grimaçai légèrement, ça aussi, ça me faisait encore mal. Il appuya sur l'entaille et en fit de nouveau couler un petit filet de sang.
— Prépare-toi, Calyptia Van Vein, l'apothéose est proche.
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