☽ Chapitre 4 ( Partie 2. )

 — Ne t'approche pas ! criai-je en reculant maladroitement.

Elle n'écouta pas et continua de s'approcher, rapidement, je me retrouvais acculée contre le mur, ne pouvant aller plus loin. J'avais le coeur qui tambourinai et le regard écarquillé, craignant ce qui allait se produire. Au moins, le démon qui habitait ces lieux avait la décence de ne se montrer que la nuit. Quand elle fut à ma hauteur et qu'elle amorça un mouvement, je fermais les yeux pour ne pas voir ce qui allait arriver. Pourtant, il ne se passa absolument rien, je ne la sentis même pas me frôler. Rouvrant prudemment les paupières, je la vis simplement accroupie devant moi, ses yeux à la couleur grise planté sur moi. Cette situation était dérangeante, vraiment dérangeante.

— Qu... qu'est-ce que tu veux ? articulai-je peu rassurée.

— Je ne pensais pas que quelqu'un puisse me voir un jour. Ça fait de très nombreuses années que je erre dans cette abbaye et tu es la première à me remarquer.

— Non, non, non... tais-toi, t'es pas réelle. Toutes ces conneries ne sont pas réelles, elle ne l'ont jamais été.

Je détournais la tête pour échapper à son regard. Je n'avais pas envie d'entendre ça, je ne voulais pas de ça.

— Je suis aussi réelle que le montre qui vit dans le sous-sol, m'affirma-t-elle. Je l'ai surveiller dans les années mille-sept-cent. Je n'aurais jamais imaginé qu'il se réveille un jour... ou plutôt que quelqu'un le réveille.

Mon sang ne fit qu'un tour. Personne, en dehors de Amanda, ne savait que j'étais descendue dans ce maudit sous-sol. j'avais seulement dis à l'abbesse que j'avais vu ce démon, pas que c'était moi qui l'avait libéré. Je me mis à mirer la revenante du coin de l'oeil, son expression était toujours aussi neutre, ce qui renforça le malaise. Mais j'étais une personne qui n'aimais pas baisser la tête, même dans les situations les plus inconfortables.

— Vous n'avez jamais été curieuse ? lui demandai-je, le ton acide.

— Si, j'ai ouvert cette porte un jour... et j'en suis morte.

— Pardon ?

— Même sans être réveillé, il est dangereux. Il a envahi mon esprit jour après jour, nuit après nuit et quand j'en ai eu assez, j'ai mis fin à mes jours.

— Vous savez que le suicide est un péché ?

— Ouvrir cette porte est un péché, mon droit d'entrer au paradis, je m'en étais privée. Et puis de toute façon, je ne suis même pas allée en enfer.

C'est vrai que si elle était là, c'était que son âme n'était pas descendue. Je sursautai quand la porte s'ouvrit et que Amanda fit son apparition. Elle fit les gros yeux en me voyant encore à moitié emmêlée dans mon draps et assise ainsi sur le sol. Pourtant, je fis quelque chose de particulièrement... stupide. Pointant du doigts le fantôme en face de moi, je lui demandai :

— Tu la vois ?

— Qui ça ? Fit-elle en regardant dans la pièce.

— La femme en face de moi !

— ... Il n'y a personne devant toi, Calyptia.

Je chouinai de désespoir, j'avais tellement espéré qu'elle me répondre qu'elle la voyait aussi. Je cognai légèrement l'arrière de ma tête, à plusieurs reprises, contre le mur derrière moi. J'avais envie de hurler et de me mettre à pleurer. Je voulais partir d'ici et oublier tout ça. Sauf que je ne pouvais pas, rien ne me certifiait que cette abomination n'allait pas me suivre au dehors. Amanda vint me remettre sur pied pour ensuite aller me recoucher dans mon lit, je ne lui opposais aucune résistance. L'apparition s'était redressée et se tenait toujours dans un coin de la pièce, observant muette ce qui qui était entrain de se passer.

— Repose-toi, me dit mon amie, ça doit être son cerveau qui te joue des tours à cause de la fatigue.

— J'aimerai tellement que tu aies raison...

Je ne pus entendre sa réponse si elle m'en donna une, parce que je sombrai dans un profond sommeil tant la fatigue était intense. Même la présence de la revenante ne me garda pas éveillée plus longtemps.


Assise dans le bus, je fixais mes mains posées sur mes genoux, je sentais mes paumes devenir de plus en plus moite, ce qui me faisait continuellement les essuyer sur mon pantalon. Mon coeur battait un peu plus fort que d'ordinaire, nerveusement, je jetai un coup d'oeil plus loin, vers une femme. Je ne voyais pas son visage, il était caché derrière ses longs cheveux roux particulièrement terne, sa robe blanche et trempée lui collait à la peau. En parlant de peau... la sienne était grise, comme celle d'un cadavre, c'était répugnant et elle était aussi humide que ses vêtements. Et personne ne réagissait au tour de nous, ce qui me fit silencieusement paniquer, du haut de mes quinze ans, ça faisait plusieurs années que j'avais compris que quelque chose n'allait pas chez nous. Pas uniquement chez moi, mais chez ma mère et Dylan aussi. En parlant de Dy', je glissai un regard discret vers elle. Elle était bien plus calme que moi, mais son regard fuyant me faisait comprendre qu'elle l'avait vue aussi. Quand ce genre de choses arrivaient à la maison, c'était dérangeant, mais gérable, mais quand c'était en dehors de nos quatre murs, la tâche devenait bien plus compliquée.

Quittant des yeux ma petite-sœur, mon regard chercha de nouveau la femme. Mais elle avait disparu. Surprise, je me redressai pour regarder dans le bus si elle ne s'était pas seulement déplacée. Aucune trace d'elle, je pris même la peine de regarder dehors comme le véhicule était à l'arrêt, toujours rien. Je soupirai discrètement de soulagement, même si celui-ci fut subitement écourter qui je la vis se tenir juste à côté de Dylan qui avait arrêté de respirer sans pour autant regarder ce qui se trouvait à côté d'elle. Moi, j'avais fais l'erreur de regarder. Son regard était vitreux et ses iris si claire qu'elles semblaient se confondre avec le blanc de ses yeux. Son visage était squelettique et ses lèvres gercées à l'extrême. Je ne pouvais plus faire mine de ne pas l'avoir vue, nous nous fixions silencieusement alors que la terrifiante femme se mit à sourire, me dévoilant des dents aiguisées prête à vous ouvrir le ventre. J'écarquillai les yeux et ouvris la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Du moins, jusqu'à ce qu'elle ne fonde sur moi dans un cri strident qui nous fit hurler comme un seul homme, Dylan et moi.


Je me réveillai en sursaut, haletante et transpirante, m'attirant les regards des autres filles qui venaient se coucher, j'avais encore loupé toute la journée. Et malgré ça, je me sentais encore terriblement fatiguée, je remis mon visage dans l'oreiller dans le but de me rendormir. La somnolence s'empara rapidement de moi, dans un mouvement, mon bras se mit à pendre hors de mon couchage, le bout de mes doigts frôlant le parquet. Mais un contact contre la peau fine de mon poignet me fit brusquement ouvrir les yeux, d'un geste vif, je me penchais par dessus mon lit pour observer le sol, mais il n'y avait rien. Ramenant mon bras, j'hésitai quelques secondes avant de me pencher pour regarder sous mon lit, la peur au ventre. Mais il n'y avait rien du tout, pas même une chose minuscule. Soufflant de soulagement, je me remis correctement dans mon lit dans le but de définitivement me rendormir.

Calyptia...

Je fis un bond dans mon lit, faisant sursauter certaine filles qui ne s'étaient pas encore endormies. Mais je ne leur prêtais pas attention, même si elles se plaignaient que je les dérangeais. On m'avait appelé, j'en étais certaine et ce n'était pas le monstre qui dormait sous l'abbaye ni celle du fantôme qui hantait les lieux – si il n'y en avait qu'un –, la voix était difficilement identifiable. Jetant mon draps sur le côté, je quittai la pièce pour aller prendre l'air, même si après quelques pas, une intense envie de pisser s'empara de moi. Me faisant souffler fortement d'agacement et même jurer, chose que je n'avais pas fais depuis bien longtemps. J'hésitais sincèrement à aller me soulager dehors, je n'avais vraiment pas envie d'aller dans les toilettes, même si la lumière était réparée, cette endroit était une véritable hantise pour moi. Même si le temps dehors me dissuada rapidement de sortir, il y avait tellement de brouillard que je ne voyais pas à deux mètres en regardant par la fenêtre. Je commençais à croire que tout ce qui arrivait était ma punition pour avoir réveillé ce démon.

D'un pas trainant, je me rendis donc aux cabinets, je pris bien soin d'allumer la lumière et de m'assurer qu'elle n'allait pas s'éteindre. Une fois fait, je rentrais dans la première cabine, la plus éloignée de celle où était morte Madeline. Je remontai ma robe de chambre et baissais mon sous-vêtement avant de m'asseoir pour me soulager. Ça faisait un bien fou. Mais alors que je terminais mon affaire, la température chuta brutalement, tellement brutalement que de la vapeur s'échappa à chacune des expirations. Ce n'était pas bon, pas bon du tout. Je voulus ouvrir la porte pour m'enfuir très loin, mais au moment même où mes doigts touchèrent la poignée, des pleurs s'élevèrent de la cabine du fond. Je n'eue aucun problème à reconnaître la voix de Madeline. Je devins incapable de bouger le moindre muscle. Le grincement caractéristique de ces vieilles portes en bois remplaça les pleures suivit par des bruits de pas venant dans ma direction. Et ça jusque devant ma cabine.

Ploc. Ploc. Ploc.

Lâchant la poignée, je reculai et en baissant les yeux, je vis des pieds tâchés de sang. Sang qui gouttait dans un bruit régulier devant ces mêmes pieds. Contournant la cuvette derrière moi, je me blottis dans le fond de la cabine pour me tenir le plus loin possible de ce qui se dressait derrière cette porte.

— Calyptia, sanglota l'apparition, pourquoi ?

Paralysée, je ne répondis pas.

— Pourquoi tu as fais ça ? Pourquoi tu as ouvert cette porte ?!

Un coup violent fut porter sur la porte, la faisant trembler. J'avais tressailli et mon corps s'était rapidement retrouver secouer par l'horreur.

— Il m'a dit que c'était toi avant de me tuer ! C'est à cause de toi que je suis morte ! Tout ça c'est de ta faute ! TA faute ! ASSASSIN !!

La voix n'avait plus rien d'humain, seulement celle d'un spectre en colère qui voulait me faire souffrir autant qu'il avait souffert. Le panneau de bois était violemment secouer par les coups à répétition que la créature lui portait, créant un vacarme infernal alors que des cris assourdissants se mêlait à la symphonie de coups. C'était insupportable, surtout qu'elle continuait de répéter que c'était de ma faut si elle était morte. Ne pouvant supporter ces bruits atroces, je portais mes mains à mes oreilles pour les atténuer. Me recroquevillant dans le coin où je m'étais moi-même coincée, je sentais ma raison céder la place à la panique qui grandissait en moi. Le souffle commençait à me manquer alors que je voyais de plus en plus trouble. Je fermais les yeux alors qu'un long hurlement de désespoir se mêla à la cacophonie morbide qui régnait dans la pièce. 

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