☽ Chapitre 29 ( Partie 1. )

 — On a fait que ce qu'on... nous a demandé...

— Vous auriez dû vous abstenir, crachai-je avec mépris.

Je retirai le bout de bois que j'avais enfoncé dans les entrailles de ce mec, laissant son corps s'écrouler sur le sol tâché par le sang et jonché de morceaux de corps de métamorphes. J'en avais utilisé un pour servir d'exemple, malheureusement les autres ne s'étaient pas montrés plus coopératifs, je les aurais tué quoi qu'il arrive, mais répondre à mes questions leur aurait éviter une mort douloureuse, parce que se faire démembrer vivant était certainement pas la mort que tout le monde désirait. Ces sacs à puces puants avaient tué Amanda et drogué Cal' pour la remettre à un homme en costume, il ne leur avait pas donné de nom, seulement une belle somme d'argent. Et voilà où ça les avait mener finalement, ils n'auraient même pas l'occasion de profiter de cet argent, mais je n'étais pas reparti sans rien, je savais qui avait kidnappé ma rouquine, le sang était une banque d'informations particulièrement pratique et cette enflure en costume trois pièces ne le savait visiblement pas. Mais je n'avais aucune idée de qui il pouvait s'agir, son visage ne me disait rien du tout, ce qui voulait dire que je ne l'avais même pas rencontré avant d'être forcé à dormir par l'église. D'un pas calme, je me dirigeai vers le bar pour m'emparer d'un torchon et essuyer mes mains couvertes de sang.

Je scrutais longuement la boîte, réfléchissant à ce que j'allais faire, je n'avais pas besoin d'avoir la police au cul et aux vues des caméras qui se trouvaient à divers endroits, si je quittais les lieux en l'état, il allait se passer la même chose qu'à Bristol sans parler du fait que Miki était repérable lui aussi avec sa tignasse blanche. Je jetais un coup d'oeil par dessus mon épaule, là où se dressait une large parois décorée par divers bouteilles d'alcool, cette vision m'arracha un sourire.

La solution que je cherchais se trouvais juste sous mes yeux.

— Miki.

— Oui, qu'est-ce qu'il y a encore ?

— Prends certaines de ces bouteilles et renverse leur contenu un peu partout, on va faire un beau feu de joie.

— T'es définitivement devenu cinglé ?! s'écria-t-il, visiblement choqué. Tu crois que ça va pas se remarquer ?! Le mieux à faire ces de sortir d'ici au plus vite et d'aller chercher Cal', elle est en danger !

— Ta gueule ! aboyai-je brusquement. Fais ce que je te dis ! Votre putain de monde moderne à des yeux partout, j'ai réellement besoin de t'expliquer ce qui risque d'arriver si ces déchets mettent la main sur les vidéos ?! Avant au moins, quand on tuait quelqu'un, si il n'y avait pas de témoin, en se contentait d'enterrer l'affaire. Donc maintenant, obéis !

Ma voix avait claqué comme un coup de fouet alors que l'atmosphère était devenu lourde et il se soumit, même si je voyais qu'il n'avait pas envie de faire ça. Silencieusement, il se mit à l'ouvrage, faisant exactement ce que je lui avait demandé. De mon côté, j'aspergeai allègrement le corps encore chaud et les autres morceaux que j'avais abandonné sur le sol, tout comme une large zone au tour, j'avais bien l'intention que ce feu prenne rapidement de l'ampleur et nous débarrasse de tout ça.

— J'ai terminé, marmonna l'asiatique en revenant, dépêche-toi d'en finir.

— Fais une dernière chose pour moi, va barricader la porte principale. Mais dépêche-toi, si tu restes coincé ici, tu mourras, Miki.

Je vis ses yeux s'agrandir d'horreur alors que je sortis mon briquet de ma poche. Il ne lui en fallut pas plus pour se précipiter et entasser un maximum de choses lourdes devant la porte, alors qu'il s'affairait à sa tâche, je récupérai mon manteau avant de laisser tomber le briquet dans l'alcool qui s'enflamma aussitôt, créant une vive lumière. Sereinement, je marchai en direction de la porte arrière pour quitter les lieux, je plissai un peu les yeux une fois dehors. La porte s'ouvrit brusquement pour laisser apparaître Miki, il soufflait comme si il avait couru un marathon, ce qui me fit ricaner de façon méprisante.

— Une petite chose comme ça t'épuise ? Tu es vraiment un vampire pathétique, tu le sais ?

Il m'adressa un regard sombre qui ne me fit que plus sourire, c'était amusant de voir cette petite créature prendre confiance en elle, même si il était préférable pour sa survie qu'elle n'oublie pas qui était son maître. Mais mon amusement s'évapora aussi rapidement qu'il était arrivé, il fallait que je retrouve Cal', sauf que je n'avais aucune idée de comment faire, elle était avec cette homme, il fallait donc que je le trouve lui, mais là aussi, j'étais dans une impasse et ça me mettait hors de moi, c'était frustrant de disposer d'autant d'élément et de n'avoir aucun moyen d'agir. L'odeur du brûler vient me chatouiller les narines et un début d'idée se dessina dans mon esprit, mais j'avais besoin d'une certaine personne pour ça et ça ne m'enchantait pas, je ne pus empêcher un grondement bestial de raisonner dans ma poitrine, attirant l'attention de Miki sur moi.

— Fais chier...



La nuit était tombée et perché sur le toit d'un immeuble, j'en observais un autre à quelque mètre de là, bien que ce ne fut pas réellement le toit que je mirais depuis de longues minutes, mais bien la personne qui s'y trouvait.

— Il n'y a pas d'autre solution ? me questionna le jeune vampire derrière moi.

— Tu en as une ?! Si c'est le cas, je t'écoute Min-Kyung !

— ... Ne m'appelle pas comme ça, siffla-t-il d'un ton agacé. Pas besoin d'être aussi infecte tout le temps, cette situation ne me plait pas plus ! Moi aussi, j'ai peur de ce qui peut arriver à Cal' ! Ceux qui l'ont fait kidnappé ont été jusqu'à tuer Amanda pour ça, mais d'elle tu t'en contre-fous, une victime parmi tant d'autres...

Je l'assassinai du regard avant de me détourner de lui. Je n'avais pas besoin d'entendre ses lamentations vis à vis de la mort de Amanda, il l'avait bien dit, je n'en avais rien à faire, je n'avais pas une once d'affection pour cette fille. Et je n'avais pas peur, je voulais seulement récupérer ce qui était à moi. Je restai planter sur ce toit encore quelques minutes avant de me décider à rejoindre l'autre immeuble d'un bond souple et surtout inhumain, j'atterris sans un bruit, même si j'avais conscience qu'il nous avait certainement remarqué depuis notre arrivée. Je m'approchai assez près, mais pas trop, quelques mètres nous séparait mais je pouvais quand-même sentir son odeur bestial venir m'irriter le nez.

— Mortem, fit-il en se retourner, qu'est-ce que tu fous là ?

— Crois-moi, Eclipse, si je pouvais ne pas être là, j'en serai sincèrement ravi et ce que je vais dire, ça me donne envie de vomir, mais... j'ai besoin de ton aide.

Le loup-garou se retourna pour me faire face et il était plus que sceptique, cela se voyait sur son visage. Il croisa les bras sur son torse et plissa légèrement les yeux sans me lâcher du regard.

— Toi ? Tu as besoin de mon aide ?

— C'est ce que je viens de dire, grognai-je déjà agacé par cette conversation.

— Pour quoi faire ? Mais j'imagine que si tu en arrive à venir me demander de l'aide à moi, c'est que la situation est vraiment désespérée.

— Cal' a été enlevée et je n'arrive pas à la localisé, mais je sais où ça s'est passé, ton odorat est meilleur que le mien, je me suis dis que tu pourrais peut-être suivre sa trace dans le périmètre et remonter jusqu'à elle.

Eclipse resta à me fixer silencieusement avant de pouffer légèrement de rire.

— Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

— Oh non, je suis pas entrain de rigoler parce que je trouve ça drôle, je rigole par lassitude, m'expliqua-t-il avec sérieux. Tu sais, je n'ai réellement aucune raison de t'aider, je devrais te laisser comme ça, parce que je sais que cette fille n'est pas morte, on sait tous ce qu'on risque sinon, mais j'aime bien cette rouquine et c'est dommage qu'elle soit tombé sur le fils de pute que tu es. Parce que si elle a été enlevée, c'est très certainement par quelqu'un à qui tu as dû faire du tord. Tu détruis tout ce que tu...

Je vins l'empoigner par son col, le coupant au milieu de sa phrase, alors que je plantais mon regard dans le siens, un grognement bestial vibra dans sa cage thoracique et il en fut de même pour moi. Pour qui se prenait-il au juste ?!

— Tu veux me faire la morale sur mon comportement, Eclipse ? Vraiment ? Si on parlait un peu de toi alors. Je sais très bien ce que tu fais sur ce toit, qui tu surveilles et je suis persuadé que ça dure depuis un bout de temps. Parce que c'est bien joli de montrer un visage presque compatissant aux autres, mais toi et moi, on sait très bien qu'on est pareils. Tu traques cette fille comme si elle était une proie, parce que c'est dans ta nature, tu ne la veux que pour toi, la bête en toi gronde d'impatience de pouvoir la faire tienne et ça peu importe ce qu'il faudra faire. Et heureusement qu'on ne peut pas les tuer, parce qu'on le ferait, pour qu'elles ne soient à personne d'autre que nous. Combien de temps penses-tu pouvoir encore tenir, hum ?

Je lui adressais un rictus mauvais alors que le vert de ses yeux viraient petit à petit à l'améthyste.

— On est comme ça, continuai-je, c'est dans notre nature la plus profonde, tu finirais par faire du mal à cette petite peste et tu en as parfaitement conscience. Je ne suis pas le seul à détruire tout ce que j'approche, la seule différence c'est que, moi, je l'assume.

Il s'empara à son tour du col de mon vêtement, nous étions prêts à en venir aux mains, mais ça n'arriva jamais.

— Vous croyez vraiment que c'est le moment ?

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