☽ Chapitre 28
J'avais mal à la tête, c'était horrible, mollement, je me redressai en position assise et je me mis à fixer un point invisible devant moi, les évènement de la veille me revinrent en mémoire comme un coup de poing en plein visage. J'écarquillai les yeux alors que de grosses larmes se mirent à rouler sur mes joues pâle, ce n'était pas un cauchemar : Amanda était morte. Je voulus me relever précipitamment, mais j'eus la désagréable surprise de voir que j'étais enchaînée au sol par les poignets, il m'était donc impossible de bouger, mes larmes redoublèrent à cause de la panique qui venait se mêler à la tristesse, c'était extrêmement désagréable comme sensation. Je me mis à genoux et essayai de tirer sur mes attaches, mais à part provoquer un vacarme épouvantable et m'abimer la peau des poignets, je n'arrivai à rien d'autre. Et là, je suis pas en danger, peut-être, Lucifer ?! Tout dans cette situation transpirait le plan foireux, on m'avait kidnappé pour m'enchaîner je ne savais trop où, alors si, j'étais clairement en danger !
Des bruits de pas me firent me figer et je tournai lentement la tête dans la direction d'où venait le bruit et je vois apparaître Astarté, ce qui me laissa sans voix, je ne m'attendais pas du tout à me retrouver devant elle.
— Tu fais beaucoup de bruit, me reprocha-t-elle en souriant, c'est très désagréable, même si je peux comprendre que tu dois être paniquée, ma chère.
— ... Qu'est-ce que je fous là ? lui demandai-je d'un ton revêche.
— Oh et bien je viens voir comment tu vas. Il ne faudrait pas que tu sois abimée pour ce qui va suivre.
Je fronçai légèrement les sourcils, attendant une explication plus précise de la part de la connasse en face de moi.
— Allons, fit-elle d'une voix amusée, ne fais pas cette tête, tu n'es pas jolie ainsi.
— Je me fous bien d'être jolie ou non, je veux seulement savoir ce qu'il se passe ! Tu as tué Amanda ! Et pourquoi tu m'as kidnappée espèce de tarée ?!
Je comprenais beaucoup mieux pourquoi Obsidia ne pouvait pas la voir en peinture, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'en prenne à moi de cette manière.
— Oh c'est très simple, comme je te l'ai dis, on a besoin de toi. On a quelque chose d'important à faire, ça fait des années que c'est en préparation, et une Van Vein nous est utile pour le concrétiser. J'ai bien essayé avec Leslie, mais elle est... inaccessible, pour une raison que j'ignore ce foutu ange déchu la protège encore plus que vous autres, comme s elle était le saint graal. Et puis, elle est bien trop maline pour que je parvienne à l'amadouer.
— Parce que tu penses que je vais t'aider de mon plein gré, moi ?
— Non, je sais très bien que tu ne le feras pas, c'est pour ça que je t'ai kidnappée, c'était plus facile avec toi, il fallait seulement attendre le bon moment pour agir. Alors je t'ai observée de loin, pour que ce vampire ne me remarque pas, j'ai été patiente et l'occasion s'est enfin présentée, j'aurais pu agir avant, mais il était bien trop sur ses gardes.
— Parce que tu crois qu'il ne peut pas me retrouver ? Il me retrouve toujours !
Un sourire satisfait étira ses lèvres alors que ses yeux brillèrent de malice, cette image me donna la chair de poule, c'était terrifiant parce qu'elle ne semblait absolument pas inquiétée par ce que je lui disais.
— Personne ne te retrouvera, ni Dracula, ni Lucifer, tu es toute seule, plus aucun de tes petits liens psychiques ne fonctionne. Sans parler du fait que je me suis bien gardée de laisser des indices derrière nous. Tu ne pensais quand-même pas que je t'aurais kidnappée sans prendre quelques précautions, hum ?
J'eus un moment de flottement avant qu'une vive colère ne s'embrase en moi, ce qui eut pour effet de me faire perdre le contrôle de mes pouvoirs qui foncèrent droit sur Astarté, sauf qu'elle ne fut jamais touchée. Mon « spectre » s'était écrasé contre une parois invisible avant de voler en éclat. Ma tentative avortée de m'en prendre à elle fit éclater de rire la créature infernale qui me faisait face.
— Oh ma pauvre, minauda-t-elle, c'était si naïf de penser que quelque chose comme ça marcherait. Tout au tour de l'endroit où tu te trouves, il y a une barrière qui empêche toute fuite et ça peu importe tes pouvoirs, tu ne peux pas la briser, ne pense pas pouvoir nous fausser compagnie aussi facilement ma chère, tu vas rester ici, jusqu'à ce que l'on passe à l'action.
Sur ces paroles, elle tourna les talons, me laissant seule avec mon incompréhension et surtout ma peur grandissante. Quand je fus de nouveau totalement seule, je ne pus me retenir de hurler à plein poumon tout le désespoir qui m'étreignait à ce moment-là
Depuis combien de temps étais-je allongée là à fixer le plafond ? Je n'en avais aucune idée, il n'y avait quasiment aucun bruit dans cet endroit, aucune fenêtre pour déterminer la période du jour qu'il était. C'était long et angoissant, sans parler de l'image de Amanda entrain de brûler avant de tomber en cendre qui me revenait sans cesse à l'esprit, c'était insupportable, j'avais les yeux irrités à force de pleurer. Et la culpabilité qui me rongeait ne faisait qu'accentuer la négativité qui parasitait mon esprit. J'avais ruiné la vie de Amanda, avec Mortem pour commencer et ensuite, elle était morte à cause de moi, et si il n'y avait qu'elle qui était morte, mais il y avait toutes les autres sœurs de l'abbaye. Combien allaient encore perdre la vie par mon unique faute ? Je me haïssais à cet instant précis, je ne rêvais que d'une chose : disparaître pour de bon et ne plus causer aucun tord. Oui, si je disparaissais définitivement ce serait mieux pour tout le monde. Un sanglot m'échappa et alors que de grosses larmes se remirent à couler sur mes joues, un nouveau bruit de pas raisonna dans le silence.
Je me redressai mollement pour regarder arriver ma geôlière, elle avait un sac dans la main, quand elle fut assez près, elle me jeta ce même sac, il contenait de la nourriture, mais je n'avais pas faim, pas du tout. Je balançai ce sachet à côté de moi, mes yeux fatigués ne lâchant pas un instant la démone dans un corps d'homme en face de moi. Elle me fixa aussi pendant un moment avant de soupirer d'un air lasse.
— Quoi ? lâcha-t-elle. Tu vas me faire le coup de refuser de te nourrir.
— Je n'ai simplement pas faim après avoir vu mon amie être froidement assassinée et ensuite kidnappée.
— Oh bon sang, ce que vous êtes pénibles les humains pour ça. Il y a des milliers de gens qui meurent tout les jours, une de plus ou une de moins. Et par pitié, évite le speech sur le fait que c'était ton amie et toute la niaiserie qui va avec.
J'avais envie de lui cracher au visage à cette salope antipathique. Mortem l'était aussi, mais je le trouvais bien plus supportable que cette garce – bien que je n'étais certainement pas objective vis à vis de lui.
— J'aimerai bien savoir pour quoi tu vas m'utiliser.
— Vraiment ? Tu es sûre de vouloir savoir.
— Et bien oui, répliquai-je, après tout, c'est pour ça que tu m'as fais ça.
J'agitai la chaîne qui me retenait sur le sol.
— Ce n'est pas faux, de toute façon, ce n'est pas comme si tu allais pouvoir y échapper, alors je peux bien t'expliquer la raison de ta présence ici. C'est très simple ma chère, tu vas servir de réceptacle à Hécate.
— Hécate ? répétai-je pour lui demander des précisions.
— C'est la déesse de la lune dans mythologie grec et elle fait partie de la Triade Lunaire avec Séléné et Artémis, elle représente la lune noire ce qui signifie la mort. Mais elle est aussi désignée comme la démone qui préside les carrefours ou les croisements, là où l'on peut faire des pactes avec le « Diable », même si c'est bien plus complexe que cela. Enfin je ne suis pas là pour te faire un cour, tu vas juste lui servir de pyjama de chair et tout est déjà près.
— Tu espères quoi en ramenant cette créature au juste ?
— Sache que ce petit plan ne me concerne pas que moi. En fait, plusieurs d'entre nous en ont assez des déchus, ils ont envahi notre monde et nous ont soumis comme des moins que rien, alors que nous étions chez nous. Si on nous chasse de notre maison, on s'en trouvera une autre et il se trouve que la terre fera une excellente maison.
Je la regardai les yeux écarquillés, je pouvais voir toute sa folie dans son sourire et ses yeux. Elle irait jusqu'au bout, je le savais et j'étais la clé pour qu'ils puissent mettre en place leur plan.
— Vous allez asservir les humains ?
— Hum ? Oh non, ça prendrait beaucoup trop de temps, voyons ! Il y a une méthode bien plus rapide !
— Comment ça ?
— C'est simple, nous allons provoquer l'Apocalypse en relâchant Abaddon sur terre. Seul les plus méritant survivront et là, ils se tourneront tous vers nous et nous serons les seuls Dieux. Tu n'oublieras pas de remercier Lucifer et ses troupes, quand tu le retrouveras.
— Vous êtes fous...
— Non, me contredit-elle, on veut juste retrouver ce qui nous a été volé, mais personne n'est assez fou pour s'attaquer directement aux déchus, ça me fait mal de dire ça, mais ils sont bien plus forts que nous le sommes, sans parler que l'abandon des hommes n'a fait que renforcer notre faiblesse. Mais grâce à toi, tout va changer, alors pour ça, merci Calyptia Van Vein.
La terreur qui m'avait habitée pendant des semaines et qui s'était dissipée ces derniers jours refit soudainement surface, me terrassant de l'intérieur, je me mis à trembler comme un animal apeuré, je savais que Dieu ne me viendrait pas en aide, ni à que que ce soit d'autre, mais j'étais prête à accepter l'aide de n'importe que à cet instant.
Astarté m'avait laissée seule depuis plusieurs heures et je réfléchissais encore et encore. Non pas à ma situation complètement catastrophique, mais à ce que je devais faire, je ne pouvais pas rester là sans rien faire à attendre que ça se passe. Je ne pouvais pas m'échapper, elle me l'avait bien dit, m'acharner à tenter d'abattre cette barrière était inutile, il fallait que je trouve autre chose. Mais alors que j'étais sur le point d'abandonner, une idée me vint enfin.
— Mais oui, murmurai-je, pourquoi j'y ai pas pensé avant ?
Si je ne pouvais pas m'échapper physiquement, je pouvais prévenir quelqu'un qui saurait quoi faire. Rapidement, je m'installai en tailleurs avant de prendre une grande inspiration et fermer les yeux. Laisser la peur et la détresse monter pour mieux couler, je sentis mon rythme cardiaque s'accélérer avant de me sentir comme chuter dans le vide. Quand je rouvris les paupières, il faisait terriblement sombre, en fait, je ne voyais que de l'obscurité au tour de moi, mais c'était familier, j'avais déjà atterris ici, j'en étais certaine. Je baissais les yeux sur moi et je vis la robe que m'avait fait Lucifer, mais j'étais pieds nus cette fois-ci. En relevant les yeux, je vis des flammes bleues apparaître pour éclairer l'obscurité alors qu'un chemin se dessinait devant moi. La dernière fois que c'était arrivé, je n'avais pas eu le temps de l'emprunter, j'étais revenue à moi trop rapidement, mais cette fois, la situation était différente, j'espérais seulement ne pas me faire pourchasser, je n'avais pas le temps pour ça.
Je pris une longue inspiration avant de me mettre à courir pour avancer le plus rapidement possible, je voulais croire que ce chemin allait me mener directement là où je voulais aller, où je devais aller. Je ne pouvais pas me sauver moi-même, mais peut-être que je pouvais au moins essayer de faire en sorte que les autres puissent faire quelque chose, il fallait absolument arrêter Astarté.
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