☽ Chapitre 21 ( Partie 2. )

 — Merci, soufflai-je à son intention.

— Mais de rien. Dis-moi, ça va certainement te paraître étrange, tu as l'air d'aller mieux, mais en même temps non. Il s'est passé quelque chose chose ?

Je recrachai lentement la fumée de ma cigarette.

— Y se passe trop de choses, mais disons qu'en gros, j'ai blessé involontairement Mortem et j'ai découvert que ma petite-sœur n'était pas vraiment celle que j'imaginais.

— Tu t'en veux pour Mortem ? s'étonna la sorcière. Pourquoi ? Il a probablement guérir dans les secondes suivantes, ce n'est pas très grave.

— Je sais pas, c'est plus fort que moi...

J'étais de ces gens trop gentils, mais la colère que je ressentais vis à vis de Mortem n'avait pas disparue, pourtant, il y avait autre chose. Je ne pouvais pas parler d'amour, mais plus d'affection, une affection malsaine. Je n'en étais pas certaine à cent pour cent, mais pour le moment, c'était ce qui me paraissait le plus logique.

— T'es bizarre comme fille, me dit Obsidia en m'observant, t'aurais pas un peu le syndrome de Stockholm ?

— Non, dis-je en ricanant, je n'ai pas le syndrome de Stockholm, je ne chercherai jamais à défendre les actes de Mortem. Mais je pense que j'y tiens un peu, après tout, je suis condamnée à vive avec lui jusqu'à ce que je rende mon dernier souffle. Je me suis faite à cette idée malgré moi.

Je haussai les épaules, comme pour signifier que je n'avais pas d'autre explication à ce que je ressentais.

— Au passage, pourquoi c'est moi que t'as appelé pour t'accompagner ? Tu n'aurais pas pu demander à Eclipse, je n'aime pas vraiment les hôpitaux.

— Je n'ai pas le numéro d'Eclipse et il est certainement occupé ailleurs, répondis-je en écrasant ma cigarette sous ma chaussure. Et je ne peux pas demander à Amanda ou Miki, en dehors de Mortem, les vampires ne supportent pas le soleil. Mais t'es pas sensée le savoir ça ?

— Bien sûr que je le sais, mais toi, tu n'es pas au courant que si tu leur fais boire ton sang, ils pourront temporairement sortir au soleil ?

Je m'arrêtai soudainement de marcher pour dévisager la sorcière, je la vis arquer un de ses sourcils parfaitement dessiné.

— Vu ta tête, j'en conclus que tu n'es pas au courant des propriétés de votre sang.

— Eclipse m'en a vaguement parler, comme quoi il restait pur, mais je n'en sais pas plus.

— Evidemment, ce petit chien puant a négligé tout les détails les plus importants.

Elle soupira doucement en se massant lentement les tempes, comme si elle essayait de faire passer une migraine.

— Je t'expliquerai ça de manière plus précise, mais pas ici, trop d'oreilles indiscrètes.

Je hochai la tête pour acquiescer ses dires, nous nous remîmes à marcher comme si de rien n'était, nos discutions reprirent sur des sujets beaucoup plus banals. Mais alors que nous n'étions plus très loin de l'établissement où était internée ma mère, ce fut au tour de Obsidia de ralentir le pas jusqu'à faire un arrête total. Je lui lançai un regard surpris et je pus voir qu'elle fixait quelque chose ou plutôt quelqu'un. Je fus soudainement prise de frissons et de sueurs froides, sensations devenues familières au fil des semaines. À mon tour, je me mis à observer la personne que regardait Obsidia et je reconnus l'homme que j'avais bousculé lorsque nous étions venus rendre visite à ma mère la première fois. Je ne pus cacher ma surprise de le revoir, c'était quand-même un sacré coup de chance de retomber sur la même personne au même endroit. Enfin, peut-être vivait-il dans le coin, ce qui n'aurait donc rien d'étrange.

— Astarté, nomma la sorcière, quel « bon » vent t'amène ?

D'accord, donc ils se connaissent. J'avais l'impression que toutes les créatures se connaissaient. Je me remis à observer la sorcière aux cheveux verts du coin de l'oeil, elle ne semblait pas particulièrement ravie de voir Astarté. Avec Eclipse, ils aimaient se taquiner, mais là, il avait de l'électricité dans l'air et les yeux de la sorcière reflétaient une certaine animosité pour l'homme en face de nous.

— Oh allons, fit-il d'une voix enjouée, ne sois pas si froide. Il n'y a pas que vous qui avez le droit de passer du temps ici.

— Certes, mais ta présence et celle d'autres, dont je tairais le nom par soucis de discrétion, n'est jamais bon signe. Et puis c'est quoi ce corps ? Depuis quand tu te fais passer pour un homme ?

Astarté pinça légèrement les lèvres alors que j'écarquillai les yeux en apprenant que ce n'était pas vraiment un homme.

— Il était séduisant alors je m'en suis emparée, je ne vois pas où est le problème, ce n'est qu'un « vêtement » temporaire. Et puis, c'est une expérience nouvelle, tu devrais essayer. Oh ! Suis-je bête, c'est vrai que tu es coincée dans ce corps, comme c'est dommage.

— Je te remercie de ta solicitude, fit-elle avec une ironie à peine voilée, mais j'aime ce corps et surtout ma chatte.

Je sentis mes joues chauffer face au langage de la diablesse près de moi. N'avait-elle aucune gêne à parler de la sorte en public ? Enfin, il n'y avait pas foule sur les trottoirs, mais tout de même ! Je tressaillis quand Astarté vint se planter devant moi avant de s'emparer d'une de mes mains pour y déposer un baiser, un sourire charmeur aux lèvres.

— Miss Van Vein, roucoula la créature en me fixant de ses iris grise, quel plaisir de vous revoir.

— Tu connais Astarté ? me questionna Obsida en plissant les yeux.

— N... non, enfin on s'est croisé la première fois que je suis venue voir ma mère, je l'ai bousculé, mais c'est tout. Je ne savais pas que c'était une créature.

J'avais beau savoir qu'il s'agissait d'une créature féminin, son corps d'homme me faisait parler d'elle au masculin. Je vis la méfiance de la sorcière se renforcer après ma déclaration.

— Vous avez changé de coiffure à ce que je vois, commenta Astarté en ignorant Obsidia, cela vous va à ravir. Et vous avez meilleure mine aussi, vous êtes vraiment une très belle femme.

— Je vous re...

— Arrête tes foutaises Astarté ! cracha l'autre démon en venant l'éloigner de moi. Ne te fatigue pas, elle est déjà prise.

— Oh, par toi ?

— Non, par quelqu'un que tu connais bien aussi et je ne suis pas certaine que tu veuilles qu'il vienne t'empaler pour avoir touché à ce qui lui appartenait.

Face à la menace de Obsidia, Astarté me relâcha avant de pouffer doucement de rire.

— Donc ce vampire est de retour parmi les vivants, comme c'est amusant. Soit, c'est dommage de lui laisser une si belle plante, il ne saura pas s'en occuper.

— Parce que toi oui ?!

L'atmosphère était de plus en plus tendu, je n'avais pas envie qu'un conflit éclate, surtout que nous étions dans la rue. Mais, pour mon plus grand soulagement, la créature déguisée en homme s'éloigna de moi avant de réajuster la veste de son costume gris d'un geste élégant.

— Allons, pas besoin de te fâcher ma chère, tempéra Astarté avec un petit sourire sournois, le message était clair. Sur ceux, mesdames, je me retire en vous souhaitant une bonne fin de journée.

Je me contentais de sourire légèrement quand elle me dépassa pour poursuivre sa route, même si j'étais mal à l'aise. Ses airs de gentilhomme sonnaient faux, trop faux. Malgré que le but était d'agacer Obsidia, mon instinct me criait de me méfier et de rester le plus loin possible de cette créature. J'entendis mon accompagnante pester contre Astarté, l'affublant de surnoms tous plus charmants les uns que les autres, je m'attendais presqu'à ce qu'elle lui jette un mauvais sort.

— Et bien que de haine, soufflai-je en coinçant une nouvelle cigarette entre mes lèvres, qu'est-ce qu'elle t'a fait ?

— Rien, mais c'est une créature à éviter, d'autant plus que sa présence n'augure rien de bon. Et le fait que ça fasse deux fois que tu la croises ici me laisse encore plus penser que quelque chose ne va pas. Ce n'est définitivement pas une coïncidence, Cal'.

Je regardais Obsidia qui affichait un air sérieux qu'elle ne m'avait jamais montré juste ici. Elle semblait constamment être quelqu'un de joyeux et de taquin, mais là, son expression me donnait la chair de poule, je n'aimais pas du tout la sensation qui était entrain de me gagner. Je ne dis pourtant rien, tout simplement parce que je ne savais pas quoi dire. Je tirai mon briquet de ma poche pour allumer ma cigarette, mais lorsque l'objet fut à la hauteur de mon visage, je vis que la flamme tremblait et elle tremblait parce que ma main tremblait. J'allumai rapidement ma cigarette pour ne plus voir l'effet des mots d'Obsidia sur moi. J'espérais secrètement qu'elle se trompe, qu'il ne se passe rien, même si au fond de moi je savais que c'était un espoir vain.


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Et voici Astarté, comme vous l'avez compris, c'est un démon femelle dans le corps d'un homme. On va la retrouver plutôt régulièrement dans les chapitres à venir, mais aussi dans le tome 2.

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