☽ Chapitre 2 ( Partie 2. )

Une sensation froide me chatouillait l'épiderme, glissant le long de mes cuisses pour remonter jusqu'à mes hanches. Malgré le froid persistant, le touché était doux, mais en même temps possessif. J'ouvris les yeux, sans que mon esprit ne se reconnecte totalement à la réalité. Un nouveau point froid fit son apparition dans le creux de mon cou, comme si on y avait déposé un baiser glacial. La fraicheur que je sentais sur mes hanches migra vers mon ventre, provoquant une chair de poule intense. J'avais beau sentir le contact sur mon corps, je ne voyait personne au dessus de moi, seulement l'obscurité. Je poussais un faible geignement quand le froid étreignit ma poitrine, faisant se dresser le bout de mes seins. Ma tête se renversa vers l'arrière quand la présence s'attarda sur cette zone sensible, comme si il prenait un malin plaisir à jouer avec cette partie de mon corps. Un hoquet de surprise m'échappa lorsque le froid se glissa au creux de mes reins, me faisant me tortiller alors que la chaleur qui montait en moi était contradictoire avec ce qui la provoquait.

Le souffle court, mes doigts se refermèrent sur les draps tant dis que je détournais le visage du plafond pour l'enfoncer dans mon oreiller. La sensation polissonne continuait de fourailler entre mes jambes, provoquant de plus en plus de délicieux picotements dans mon ventre. J'aurais pu m'abandonner plus aux plaisantes sensations qui envahissait mon être, si mon nom n'avait pas été murmuré au creux de mon oreille avec un ton sépulcral. Je quittai soudainement le cocon brumeux dans lequel j'étais depuis que j'avais ouvert les yeux et je me redressai pour inspecter la pièce de manière affolée. Il n'y avait personne en dehors des autres religieuses qui dormaient. Minute... la nuit était tombée ?! Je tournai la tête en direction de la fenêtre et effectivement, il faisait nuit noire dehors. J'étais restée inconsciente toute la journée ?! Comment était-ce possible ?! Un malaise ne durait jamais aussi longtemps. D'ailleurs, en me regardant, je pus constaté que j'étais toujours en habit. Je soufflai longuement avant de quitter mon lit pour me changer, mais alors que je commençais à me dévêtir, je vis que la porte était légèrement entre-ouverte.

Mon regard refit un tour de la pièce et s'arrêta sur un lit vide. Ce qui me rassura fortement, il n'y avait rien de bizarre à ce que la porte soit ouverte. Ma vessie fit soudainement des siennes, si je n'avais pas bougé de la journée, pas étonnant qu'elle soit pleine. Mais je n'avais pas vraiment envie de sortir me balader dans ces couloirs. Mon expérience de la vieille toujours bien présente dans mon esprit. Mais l'envie d'uriner pris rapidement le dessus. Je rassemblais le peu de courage qu'il me restait avant de sortir de la chambre, tout était évidemment très calme, le couloir plongé dans l'obscurité ne m'avait jamais paru aussi effrayant. Pourtant, je l'avais traversé plus d'une fois. C'était quand-même fou ce qu'un évènement pouvait affecter votre psychisme. Soufflant un bon coup, je me mis à avancer lentement en regardant régulièrement par dessus mon épaule. Il ne se passa rien, jusqu'à ce que je tourne à l'angle du couloir et qu'une odeur ferreuse infâme ne me saute au nez. Par automatisme, ma main vint rejoindre mon nez pour tenter de protéger mon odorat de cette attaque nauséabonde.

Ce couloir était l'un des rares à posséder un interrupteur pour la lumière, vu que ici, presque tout était d'origine. À tâtons, mes doigts cherchèrent l'interrupteur, quand ils le rencontrèrent, je fis pression pour allumer la lumière, mais rien ne vint. J'appuyais à plusieurs reprise, mais en vain. Visiblement, l'ampoule semblait avoir rendu l'âme, c'était bien ma veine. Un nouveau haut de coeur me prit à cause de l'odeur, qu'est-ce qui pouvait sentir comment ça ?! Je m'avançais à l'aveugle jusqu'à la porte des toilettes, mes pieds entrèrent soudainement en contacte avec quelque chose de poisseux et de froid. Je ne fis plus aucun mouvement alors que je sentais le sang quitter mon visage. Mon bras retomba le long de mon corps, malgré que l'odeur se fit encore plus irritante. Lentement, je baissai la tête en direction du sol pour voir dans quoi j'avais marché, tout ce que je distinguais, c'était quelque chose de sombre et de légèrement brillant. Je remuais les orteils, ce qui provoqua un bruit poisseux qui me glaça le sang. Un coup de tonner me fit tressaillir alors que je redressai la tête pour regarder par la fenêtre, le bruit de la pluie qui s'écrasait contre les vitres de la fenêtre plus loin raisonna dans le silence.

Je déglutis avec peine avant de détourner la tête pour pouvoir observer la porte. Et quelque chose attira mon attention sur l'encadrement, dans un nouveau bruit visqueux, je m'approchais pour pouvoir faire glisser la pulpe de mes doigts contre le bois... humide ? Ça ne devrait pas être humide. Je frottai mes doigts les uns contre les autres avant de les rapprocher pour essayer de voir ce que c'était. Mon coeur devint fou quand je vis que c'était du sang, la raison de cette odeur ferreuse, c'était ça. Mes genoux se mirent à trembler alors que je poussais la porte pour avoir une vue d'ensemble sur la pièce. Les toilettes étaient divisés quatre en cabines. Une longue traînée sombre se dessinait jusqu'à la dernière. D'un pas lent, je m'avançais jusque à la dite porte, elle n'était pas très bien fermée. Ma main se posa contre le panneau de bois, tremblante comme une personne atteinte de la maladie de Parkinson, je le poussais pour pouvoir découvrir ce qu'il se cachait derrière. J'inspirai vivement avant de recracher tout cet air en un long hurlement de terreur pure.

Je reculai jusqu'à me heurter au lavabo derrière moi, mes mains s'y accrochèrent si fermement que je crus qu'elle allait s'enfoncer dans la porcelaine vieillie par le temps. Je respirai rapidement alors que ma vue était brouillée par les larmes. Pourtant, j'avais le sensation de voir parfaitement clair, je n'avais pas eu besoin de regarder plus d'une seconde. En face de moi, se trouvait le corps de sœur Madeline, une fille plutôt discrète qui ne parlait pas énormément non plus. Sa gorge semblait avoir été rongée ne laissant sa tête tenir que par quelques restes de chair, son vêtement de nuit était déchiré et maculé de sang, tout comme ça peau. Et malgré tout, je parvenais à distinguer de profondes trace de griffure qui créait des plaies profonde. Mais ce qui eu définitivement raison de moi, ce fut le sang qui la maculait des cuisses jusqu'aux pieds. Je vomis un jet de bile qui se mélangea au liquide pourpre qui tâchait le sol. L'odeur devint encore plus insupportable, me faisant rendre une nouvelle fois. Même si mon corps était secoué par des tremblements de peur, je ne pus me résoudre à rester devant ce corps mutilé, je sortis de la pièce en panique, même si à peine dehors, je chutai lourdement sur le sol.

Un hurlement hystérique m'échappa quand je sentis le sang imprégner mon habits et mes longs cheveux. Sous l'effet de l'adrénaline, je me remis debout avant de m'enfuir à toutes jambes en direction de la chambre de l'abbesse. Mes mains souillées martelaient la porte, mais alors que je l'entendais quitter son lit, du coin de l'oeil, je vis un silhouette se rapprocher lentement. Un rire sinistre s'éleva dans l'air, raisonnant en écho.

— Tu es à moi, chantonna la voix au creux de mon oreille.

Je me mis à me débattre dans le vide en criant. J'avais l'impression de devenir complètement folle, que mon esprit s'égarait et que je ne pouvais rien faire pour l'en empêcher. Mais alors pourquoi une autre partie de moi était persuadée que ce n'était que le début d'une série d'évènement tragique. Alors que je perdais pied, une gifle au visage me fit reposer pied dans la réalité. J'haletai et j'observai l'abbesse avec des yeux d'animal effrayé. Elle-même me dévisageait avec des yeux ébahis. Je finis par éclater en sanglot alors que je tombais à genoux devant ma supérieure, rapidement mes sanglots devinrent des pleurs hystériques qui me provoquèrent une quinte de toux, mais je ne parvenais pas à m'arrêter de verser des larmes.

— Calyptia qu'est-ce qu'il se passe ?! Pourquoi tu es couverte de sang ?!

— Madeline... Madeline...

— Quoi Madeline ? insista la plus âgée en s'accroupissant près de moi.

— Elle est morte, articulai-je entre mes pleurs, elle a été... elle...

Le souvenir du corps de mon consœur me remua une nouvelle fois les tripes et j'eue la mauvaise idée de porter mes mains poisseuses à ma bouche pour me retenir de rendre. Sauf que l'odeur du sang acheva de me tordre l'estomac qui tira sa dernière cartouche. Souillant un peu plus mes mains. Je me mis à crachoter alors que l'abbesse m'abandonnait pour aller vérifier ce que je lui avais dis. J'aurais voulu la retenir, lui dire de ne pas me laisser seule, mais je n'y arrivais pas, mes forces m'avaient toute quittées, tout ce que j'arrivais encore à faire, c'était pleurer en silence dans ce couloirs sombre et plus glacial que jamais.

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