☽ Chapitre 18 ( Partie 1. )
Il était presque trois heures du matin quand nous eûmes terminé de nettoyer le foutoir qu'avait mit Mortem dans l'appartement – salle de bain comprise. Je me retrouvais assise, sur une poche de glace enroulée dans un linge de cuisine, dans le salon, mon téléphone sur ma cuisse, avec Miki et Amanda de chaque côté de moi, nous attendions la suite. Il y aurait forcément une suite, ça ne pouvait pas se terminer de cette manière. Je me penchais lentement pour attraper le paquet de cigarette qui traînait sur la table basse du salon. Amanda fut plus rapide que moi pour s'emparer de ce que je convoitais, puis elle me le tendit.
— Merci, dis-je en prenant l'objet.
— De rien. Dis... c'est si...
— S'il te plait, je préfèrerai vraiment ne pas parler de... ça.
C'était bien trop gênant et actuellement, je préférais réellement oublier que c'était arriver. Même si la douleur entre mes cuisses était bien présent pour me rappeler que mon dépucelage avait était du genre... brutal. Il n'avait pas prit le temps, il s'était juste enfoncé jusqu'au fond. Enfin, il avait quand-même eu la '' bonté '' – si on pouvait nommé cela ainsi – de ne pas me pilonner tout de suite, je n'y aurais certainement pas survécu. Alors que je m'apprêtais à allumer la cigarette que j'avais coincée entre mes lèvres, Mortem refit son apparition, les bras chargés de sacs poubelle, pas besoin de faire un dessin quant à ce qu'ils contenaient. Je laissais donc mon geste en suspend et attendis qu'il parle, tout comme les deux autres. On ressemblait à des enfants qui attendait une décision de leur père. Le vampire jeta les sacs sur le sol avant de soupirer et de poser ses yeux rouges sur nous.
— Allez préparer vos affaires, ordonna-t-il avec nonchalance, on se tire d'ici.
Ma clope glissa de mes lèvres pour atterrir sur mes cuisses. Est-ce que c'était une blague ?
Aux vues de l'expression qu'il abordait, ce n'était clairement pas une blague.
— Comment ça on se tire ?! finis-je par exploser. Tu voudrais pas, pour une fois, nous expliquer correctement la situation ?!
— Ne commence pas à me faire chier Cal'. Ces déchets étaient de la police, visiblement les voisins ont commencé à trouver ça bizarre de plus voir les propriétaires de l'appartement, alors ils ont envoyé la police. J'ai besoin de t'expliquer plus ou tu as saisi par toi-même où se trouvait le problème dans cette situation ?
— Et tu veux qu'on aille où ? intervint Miki, clairement aussi peu rassuré que moi. De plus si on s'en va, les voisins n'auront aucun mal à donner notre signalement, parce que un grand mec mystérieux aux cheveux longs, une rouquine, une brunette et un asiatique aux cheveux roses, t'es au courant que on va pas nous manquer ? On ne pourra se cacher nul part, sauf si on va vivre dans les égouts.
— Rassure-toi fanfreluche, personne ne parlera, lui assura Mortem avec un sourire glaçant.
— Fan... freluche ? Et comment tu...
Miki avait la bouche légèrement entre-ouverte, visiblement, il ne s'attendait pas à se faire appeler de la sorte. Même si je le vis devenir encore plus livide qu'il ne l'était naturellement quand il comprit ce que Mortem avait l'intention de faire. Je le compris aussi, tout comme Amanda, mais est-ce que j'allais essayer de l'arrêter ? Non, parce que ce serait vain, si il avait décidé de tuer tout les gens qui vivait là, il allait le faire. Mais avais-je envie de partir ? Non, je voulais rester. Je m'étais rabibochée avec Dylan et je ne voulais pas la perdre encore une fois. Silencieusement, je me levai pour rejoindre ma chambre, exactement comme si j'allais juste préparer mes affaires. Je fermai la porte derrière moi et la première chose que je fis, ce fut de composer le numéro de Dylan.
— Décroche Dy', s'il te plait...
Ça sonna pendant un temps qui me parut être des heures. Mais alors que j'allais raccrocher pour lui envoyer un texto, elle répondit enfin. Sa voix était ensommeillée. Evidemment, on est au milieu de la nuit, idiote ! Je ne laissais pas le temps à ma cadette de dire quoi que ce soit que je me mis à parler à voix basse, mais de manière très sérieuse.
— Dylan, écoute-moi. Mortem a salement déconné, il a buté des flics. Et à cause de ça, on va devoir se barrer de Bristol... Non putain, ce connard a prévu de buter tout les gens qui habitent dans l'immeuble... Je sais pas où il a l'intention de nous emmener cette fois-ci ! Putain Dylan, ce que j'essaie de te dire c'est que...
— Qu'est-ce que tu fous, Calyptia ?
On aurait coulé une chape de plombs dans mes entrailles que ça m'aurait fait exactement le même effet que la voix de Mortem à cet instant. Lentement, je redressai la tête pour pouvoir regarder par dessus mon épaule, en direction de la porte, il se tenait entre le cadre et le panneau de bois. À l'autre bout du fil, j'entendais toujours Dylan qui m'appelait, visiblement inquiète que j'ai cessé de parler. Je vis les pupilles de Mortem s'étrécir alors que son regard s'alluma d'une fureur que j'aurais préféré ne plus jamais voir. La dernière fois, il m'avait planté un couteau dans la main. Il pénétra lentement dans la pièce et ferma la porte derrière lui de manière bien trop calme. Il n'allait pas me tuer, je le savais très bien, mais ce n'était pas pour autant que je désirais subir le châtiment qu'il me réservait. Contrairement à la première fois, je ne comptais pas essayer de me justifier, je n'étais pas responsable de cette situation, si il n'avait pas tué ces policiers, rien de tout cela ne serait arrivé.
— Ça se voit pas assez ? rétorquai-je avec insolence. Je préviens ma sœur, je vais pas la laisser de côté parce que tu as merdé.
— Raccroche. Tout de suite.
— Va te faire foutre Mortem. Si tu étais pas une putain de bête, on en serait certainement pas là. J'ai retrouvé ma sœur et je n'ai pas l'intention de...
La porte de l'armoire vint violemment heurter mon visage, m'arrachant un couinement de douleur alors qu'une vive douleur me prit à l'arcade sourcilière. Mon téléphone m'avait échapper des doigts, l'appel toujours en cours, je pouvais entendre Dylan m'appeler à l'autre bout du fil. Je portai ma main à mon front et je sentis quelque chose de chaud et d'humide couler le long de mon visage et sur mes doigts. Pas besoin d'être un génie pour savoir de quoi il s'agissait. Je repoussai la porte du meuble, mais je ne me démontais pas face à la créature qui m'assassinait du regard.
— Je n'ai pas l'intention de laisser Dylan pour toi, terminai-je, jamais de la vie.
Il m'empoigna par le cou et coinça contre l'armoire. Le choc fut si rude que j'entendis le miroir collé contre la porte se fracturer contre mon dos. Heureusement, aucun morceau de verre n'avait décidé de m'entailler la chair. Il serrait, mais pas assez pour me couper le souffle. Mes mains virent s'accrocher à son poignet sans pour autant chercher à le stopper, on s'affrontait du regard à cet instant et je ne baisserai pas les yeux. Je n'avais aucune raison de baisser les yeux.
— Tu me traites de monstre et tu as raison, siffla le démon, mais tu crois peut-être que ta sœur est une sainte ?
— Je te demande pardon ? Qu'est-ce que ça à a voir ?
Un rictus méprisant étira le coin de la bouche de Mortem alors qu'une lueur vicieuse s'était allumée dans ses yeux. Mêlée à la colère, c'était terrifiant, je ne pus réprimer un frisson de terreur.
— Si toi, tu es un ange, ta sœur est un démon au même tire que j'en suis un. Dylan n'est pas une gentille fille qui aide les autres. C'est une créature vicieuse qui use de stratagèmes tout aussi vicieux pour obtenir ce qu'elle veut. Ta sœur fait bien plus de mal que ce que tu peux croire.
— Tu mens, tu ne la connais pas. Tu essaie de m'embrouiller !
— Vraiment ? Tu lui poseras la question quand elle sera là. Parce que je suis persuadé qu'elle est entrain d'accourir pour sauver sa chère grande-sœur. Celle incapable de faire quoi que ce soit sans l'aide des autres.
— Arrête, je ne suis pas...
— Tu es faible, continua Mortem en me coupant la parole de manière cruelle, tu l'as toujours été. Combien de fois as-tu fui Cal' ? Combien de gens as-tu abandonné à leur sort ? Combien sont morts par ta faute ? Et combien encore mourront à cause de ta faiblesse ?
— La ferme !
On disait souvent que les mots blessaient bien plus que les actes et c'était bien vrai. Parce que ce n'était pas la chair qu'ils entamaient, mais l'âme et l'esprit. Et encore plus quand ils mettaient le doigt sur des vérités. Oui, j'étais faible, je le savais très bien. Et je savais que j'étais coupable. Mais je ne voulais pas l'entendre, je ne voulais pas me souvenir. Ce qui c'était passé quand j'étais jeune, ce qui c'était passé à Saint-Lucie devait resté là où ça s'était passé et ne me poursuivre que dans mes cauchemars. Pas dans la vie de tout les jours, je n'avais pas besoin d'être plus hantée par ces démons qui était toujours caché dans un coin de mon esprit, prêt à surgir pour me noyer sous les horribles souvenirs qui les composaient.
— Tu as libéré un monstre. Alors on est en droit de se demander... qui est le vrai monstre, ici ?
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