☽ Chapitre 14 ( Partie 2. )

J'hésitais réellement à lui dire ce qui se passait dans ma vie. Je n'avais pas envie de lui mentir, mais est-ce que lui en parler ne la mettrait pas en danger ? Bien qu'elle le soit déjà avec Eclipse qui l'avait prise pour cible, pourtant, j'avais bien plus confiance en ce loup-garou que en Mortem, il avait été un peu brutal, mais ne m'avait pas blessée plus que de raison. Pourtant ça aurait été si facile pour lui. De plus, dans mes souvenirs, Dylan était une tête brûlée avec un caractère encore plus fort que le mien. Il y avait peu de chances qu'elle se soit assagie en grandissant, et puis, elle n'était pas si grande, elle n'avait que dix-huit ans. Bien que je me trouvais mal placée de penser ainsi, du haut de mes vingt-et-un ans, je n'étais pas forcément la personne la plus réfléchie ou la plus mature non plus. Mes actions passées en témoignants parfaitement. Je pris finalement mon courage à deux mains pour lui parler.

— Tu me promets de rester calme si je te dis tout ?

— Non, répondit-elle en croisant les bras sous sa poitrine, je ne peux pas te promettre que je vais rester calme, mais je vais essayer.

Ça partait déjà mal, mais je ne pouvais plus faire marche arrière, j'avais commencé, il me fallait terminer. J'inspirais longuement avant de me lancer. Je lui racontais tout, ma mutation à Saint-Lucie, les règles étranges, la porte, ma découverte, puis les évènements avec Mortem jusqu'à notre arrivée à Bristol. Dylan ne m'avait pas interrompue une seule fois durant mon monologue. Se contentant de me fixer avec une expression totalement neutre. Quand j'eue terminé, un silence pesant s'installa entre nous. Dylan n'ouvrit pas la bouche, elle resta à me dévisager toujours avec cette expression neutre qui me mettait franchement mal à l'aise. Je préférerais mille fois qu'elle dise quelque chose plutôt que de rester ainsi. Je sursautai quand elle se redressa d'un seul coup, son regard toujours braqué sur moi.

— Et t'as fais quoi depuis près d'un mois et demi, Cal' ? m'interrogea-t-elle soudainement.

— ... Rien.

— Tu sais que tout Bristol est mort de trouille parce qu'un serial killer se balade dans ses rues ? Dans mon quartier quasiment tout le monde est resté cloitré chez lui par peur de se retrouver avec la gorge déchiquetée et vidé de son sang. Mais merde Cal' ! Tu laisses vraiment cette chose te retenir comme un canari dans une cage ?!

— J'ai essayé de fuir Dylan, j'ai vraiment essayé... j'ai même tenté de me suicidé, il n'y a rien à faire...

— Il y a toujours quelque chose à faire !

— Quelqu'un m'a confirmé que non, la repris-je. J'ai une question Dy', tu es au courant de l'histoire de notre famille ?

Je la vis soudainement cesser de remuer et se mordre légèrement la lèvre inférieur. Cette attitude me confirma qu'elle savait ce que nous représentions pour ces créatures, le trésors inestimable que nous étions. Je soupirais doucement et je me mis à fixer un point invisible au loin.

— Si tu sais, repris-je, alors tu sais que nous sommes piégées. Nous pouvons nous débattre aussi fort que nous le voulons, on ne sera jamais réellement libre. Nous n'aurons que l'illusion de l'être pendant un certain temps.

— Mais est-ce que ça doit nous empêcher de nous battre pour autant ?

— Je n'en sais rien Dy', tout ça... ce n'est pas simple pour moi. J'aurais préféré... rester dans mon idée que je ne savais rien de tout ça, que je ne voyais rien. C'est lâche, mais c'était tellement plus facile ainsi...

Je mis mes mains dans mes cheveux à la couleur incendiaire pour les ramasser vers l'arrière. Dylan vint se planter en face de moi, captant une nouvelle fois mon regard. Il y avait une lueur déterminée qui brillait dans le sien. Eclipse avait raison, j'étais plus fragile que Dylan, elle possédait une flamme que je n'avais pas ou alors que je ne parvenait pas à raviver.

— Je ne le laisserai pas te mettre en miette, déclara-t-elle d'une voix assurée, c'est hors de question. Je sais qu'on s'est quittées en mauvais terme et j'en suis sincèrement désolée, je n'aurais pas dû être comme ça avec toi après ce qui s'est passé. Je n'ai pas cherché à te comprendre, mais tu es ma sœur et putain je t'aime Cal'. Tu n'imagines pas à quel point je suis heureuse de te retrouver, alors non, je ne vais pas laisser un vampire te tuer à petit feu.

Je restais sans voix alors que je sentais les larmes me monter aux yeux une fois de plus. J'ouvris la bouche, mais n'eue pas l'occasion de prononcer un mot qu'un son d'applaudissement raisonna derrière nous. Je me tendis alors que mon teint devint encore un peu plus blême qu'il ne l'était déjà.

— Très mignon ce discours, gloussa Mortem dans mon dos, mais je crois que tu te voiles la face toute seule, Dy'.

— Je t'interdis de m'appeler comme ça, connard.

Le ton de Dylan était froid, mais je pouvais ressentir toute sa colère dans chacun de ses mots. Mon souffle resta coincé dans mes poumons alors que je lui adressais un regard paniquer, mais elle m'ignorait. Elle observait Mortem de manière agressive, elle finit par me contourner pour s'approcher de lui. Même si elle avait maintenu une distance de sécurité entre elle et lui. Je m'étais remise sur mes pieds et avancée aussi, mon coeur semblait sur le point de jaillir hors de ma poitrine. Je vis le vampire arquer un sourcil et basculer légèrement la tête sur le gauche sans que ses yeux orangés, tirant sur le rouge, ne lâchait pas ma cadette.

— Tu as été élevée dans un bordel ? lui demanda-t-il calmement.

— Non, mais je n'accorde le respect qu'à ceux qui le méritent. Et je n'ai aucune raison d'avoir du respect pour une créature immonde comme toi.

Mortem porta lentement la cigarette qu'il avait entre les doigts pour prendre une bouffée de poison. Il était beaucoup trop calme, je n'aimais pas ça du tout. Lentement, je m'approchais dans le but de poser mes mains sur les épaules de Dylan, mais la créature hématophage me stoppa d'un simple coup d'oeil. J'étais prévenue, il était dans mon intérêt de ne pas faire un pas de plus si je n'avais pas envie que la situation dégénère. Un bruit sec raisonna soudainement dans le silence, alors que je suivais des yeux la cigarette qui roulait jusqu'à mes pieds. J'étais bouchée bée et je peinais à respirer en me rendant compte de ce qu'il s'était passé à peine deux secondes plus tôt : Dylan l'avait giflé.

Mais pas ce genre de petite gifle qui vous surprenait, le type de gifle qui vous chauffait si fort la peau que vous en aviez des fourmis dans la zone touchée. Je relevai les yeux pour voir la réaction du vampire, il avait le visage tourné sur le côté et semblait choqué par ce qu'il venait de se produire. Mon sang ne fit qu'un tour quand un grognement sinistre fit vibrer la gorge de Mortem dont les yeux avaient virés à un rouge sang dangereux. Avant que je n'aie eu le temps de réaliser, sa main s'était refermée au tour de la gorge de Dylan. Mon corps bougea alors tout seul et je vins m'emparer de son poignet pour le faire lâcher le cou de ma sœur.

— Mortem, lâche-la ! S'il te plait, je suis désolée pour ça ! Relâche-la !

Mais il ne bougea pas, j'avais beau tiré de toutes mes forces, il était toujours fermement agrippé à Dy'. Pourtant, mon agitation se calma assez rapidement. Dylan n'avait aucune réaction, elle ne paniquait pas, ne s'agitait pas non plus. Elle fixait l'immortel avec un calme déplacé au vu de la situation. Il n'y avait aucune trace de peur dans ses yeux. Le monstre gronda de nouveau, montrant cette fois les dents.

— Espèce de créature impertinente ! s'énerva le démon.

— Quoi ? On est vex... humpf !

— Tu crois vraiment que tes tours de passe-passe peuvent marcher sur moi ?!

Les yeux de Dylan s'étaient écarquillés alors que ses mains vinrent à leurs tour se refermer sur le poignet blafard que Mortem. La panique me gagna de nouveau et je tentais de le faire lâcher plus fort que la tentative précédente. Mais c'était comme essayer de faire bouger un mur, nous n'étions que des humaines encore une fois. Il priva Dylan d'air pendant ce qui me parut être une éternité. À mon grand soulagement, il la relâcha enfin et elle recula en se tenant la gorge, toussant bruyamment. Voir ça me mit franchement en colère, je me mis alors à le frapper avec le peu de force que j'avais, bien qu'il ne fallu pas grand-chose pour me maîtriser.

— T'es vraiment une ordure !! vagis-je hors de moi. Tu mériterais qu'on t'arrache le coeur de la poitrine.

— Ça suffit !

— Non, vas te faire foutre ! Tu peux me maltraiter si tu en as envie, mais je t'interdis de la toucher ! Tu entends ?! Touche-la encore et...

— Et quoi ?!

Son ton était dur et autoritaire, même si j'avais peur, ma colère était bien plus forte à ce moment-là.

— Je mettrais un terme à ma vie définitivement, lui dis-je froidement, et cette fois, crois-moi que je ne me raterai pas comme la précédente tentative. Après tout, tant que je suis en vie, je ne peux pas t'échapper et je ne sais pas comment te tuer, je pense que te priver de ton obsession sera une très bonne punition. Qu'est-ce que tu en penses ?

— Tu n'oserais pas !

— Si, je l'ai fais, je peux recommencer. Je n'ai aucune raison d'hésiter, après tout, tu ne m'aimes pas, tout ce que tu aimes... c'est ma lignée.

L'espace d'un instant, je crus voir de la souffrance dans son regard, mais je devais me tromper, parce que juste après il n'y avait plus rien. Il était devenu comme vide, il se contentait de m'observer de ses yeux toujours écarlate. Il n'était pas calmé, mais ma menace avait au moins fait mouche. Il me repoussa si brusquement que je tombais à terre, il me laissa avec Dylan pour regagner l'appartement. Je l'observais dans le hall jusqu'à ce qu'il disparaisse dans les escaliers. Je restais bêtement assise à fixer les marches, jusqu'à ce qu'une main halée n'entre dans mon champ de vision. Papillonnait des paupières, je relevais la tête pour observer Dylan qui semblait sur les nerfs, mais gardait quand-même son calme. Je m'emparai de sa main tendue pour me remettre debout.

— Fais-moi plaisir, fit-elle la voix légèrement éraillée.

— À propos ?

— Ne te fous pas en l'air pour lui, il n'en vaut pas la peine.

Je ne répondis pas, mon regard se retrouva une fois de plus attiré en direction des escaliers. Dylan avait certainement raison, il n'en valait pas la peine. Alors pourquoi est-ce que j'avais ce poids dans la poitrine face à sa réaction ?


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Voilà ce qui ressemble le plus à Dylan, à la différence que les cheveux de Dylan sont plus bouclés et qu'elle a un piercing au nez, elle se maquille de manière plus voyante aussi.

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