☽ Chapitre 12 ( Partie 2. )
Son corps était si chaud comparé à celui de Mortem, c'était presque agréable. Presque parce que je ne pouvais pas savourer pleinement le moment à cause de l'angoisse toujours présente. Eclipse était hypnotisant, mais je ne pouvais oublier sa nature. Je détournai la tête quand il avança encore la sienne, je ne pouvais pas faire ça. Aller savoir pourquoi, je me sentais coupable vis à vis de mon bourreau, il était le seul – à l'exception du baiser désespéré de Miki – à m'avoir embrassée depuis que je n'étais plus... nonne. Pourtant je m'obstinais à continuer à me comporter comme si c'était le cas. Eclipse pouvait me prendre dans ses bras, me toucher, me frapper même si l'envie lui prenait mais je refusais qu'il m'embrasse. C'était stupide, j'en avais conscience, mais c'était plus fort que moi.
— Tu es... comme lui ? Demandai-je.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Mortem n'est pas un simple vampire, il est bien plus puissant. Et quand vous êtes dans le coin, j'ai des frissons partout et je me sens... oppressée.
Je sentis sa prise sur moi faiblir, il me relâcha et recula pour pouvoir m'observer plus attentivement. Il avait perdu son air joueur pour retrouver une expression bien plus sérieuse. Je tournai alors de nouveau la tête vers lui, on se regarda dans le blanc des yeux pendant de longues secondes avant qu'il ne souffle par le nez et ne se redresse pour pouvoir faire quelques pas dans la pièce. Je restai sur place, mes iris le suivant comme si il était la chose la plus captivante du monde.
— Comment crois-tu que les monstres naissent, Calyptia ?
— ... Je ne sais pas, admis-je.
— Comme pour tout, ils naissent d'un désir si intense que l'on ne peut l'ignorer. Au commencement, je n'étais pas grand-chose, une créature des ténèbres qui errait dans les recoins sombres d'un monde tout aussi sombre où les cris des morts raisonnent comme une symphonie jusqu'à la fin des temps. Mais le désir d'un homme qui voulait devenir une bête m'a appelé un jour, son désir était si ardent que je n'ai pu y résister. Je l'ai exaucé, il a cédé son existence pour laisser naître une bête qui en ferait naître bien d'autres.
— Tu étais un démon aussi alors.
— Oui, mais le désir d'un humain a changé ma nature, je suis toujours un démon, mais mes enfants sont autres chose. Des bêtes puissantes qui hurlent leur amour à la lune.
— Mortem était le désir d'un homme qui avait soif de sang, soufflai-je en levant les yeux vers le ciel sombre.
Vlad III avait soif de sang et avec ça, il a créé un monstre qui a étanché sa soif jusqu'à ce que le monstre se retourne contre lui... en volant le corps de son propre fils.
— Tout les mythes ont une source, poursuivit la bête nocturne, et cette source, c'est le désir des hommes. Vous êtes les seuls responsables de notre naissance, vous avez créer les vampires, les loup-garous et bien d'autres monstres encore. Vos histoires n'en sont pas, elles sont toutes réelles.
— Toutes ?
— Toutes, répéta-t-il en me fixant. Frankenstein, Van Hellsing, Jack'O Lanterne, le croquemitaine, les zombies, les sorcières et tout les autres. L'humain est une créature si anthropocentrique qu'elle se persuade elle-même que rien ne peut se cacher dans son ombre. Mais il y a des humains qui voient la vérité.
J'avais bien compris que sa dernière phrase faisait référence à ma famille. Mes yeux se détournèrent du ciel pour revenir à Eclipse. Je le craignais, mais j'aimais l'ambiance qui régnait entre nous à ce moment-là, qu'il me parle ainsi sans filtre, sans essayer d'éviter le sujet. Il revint à moi et me remit sur mes jambes en me soulevant sous les bras, comme si j'étais une petite fille, puis il s'éloigna d'un pas.
— Tu as raison, on est les méchants, me confirma le grand brun. Des ordures pour qui la vie humaine n'a pas de valeur, mais au final, on est pas si différent des humains.
— ... C'est vrai.
Il afficha une mine surprise à mes mots.
— L'être humain est une créature éprise de vice qui s'entre-tue à tout va pour des broutilles par moment, continuai-je, mais il y en a quand-même des bons. Alors j'imagine que ça doit aussi être le cas pour vous.
— Peut-être bien, de toute façon rien n'est jamais blanc au noir, il y a toujours une petite nuance de gris cachée quelque part. Alors si je peux te donner un conseil : profite de ta position.
— Précise ton conseil.
— Je te l'ai dis, vous ne pouvez pas vous échappez, vous êtes condamnées. Mais ça vous met en sécurité contre tout le reste. Au lieu de tenter vainement de fuir Dracula, essaie plutôt de tirer partie de ce que tu peux avoir. Je suis persuadé que tu n'es pas une vulgaire petite-fille effrayée, tu n'as seulement pas conscience de ton potentiel.
Je me mordis légèrement la lèvre inférieure, j'appréciais ses mots, ça me redonnait un peu de courage, même si je n'aimais pas qu'il dise '' vous '', parce que j'avais bien conscience qu'il parlait de Dylan aussi. Il n'avait pas l'intention de la laisser tranquille, il allait la traquer jusqu'à ce qu'il trouve une ouverture et parvienne à mettre la main sur elle. Ma petite bulle de pensées explosa quand il retira son T-shirt devant moi et qu'il me le tendit. Mon regardait passa du vêtement à son visage à plusieurs reprises, je ne comprenais pas ce qu'il voulait que je fasse avec ça.
— Vu la gueule de ton sweat, vaut mieux que tu enfiles ça avant de rentrer.
Je baissais les yeux sur ma personne pour m'apercevoir que mon vêtement était effectivement déchirer. J'avais eu raison de penser que ses griffes étaient aussi tranchantes que des couteaux. Je pris donc le T-shrit avant de le voir fouiller dans ses poches pour le voir en tirer trois billets de cinquante livres sterling qu'il me tendit également. Je pris l'argent dans un geste mécanique presque. À quoi est-ce que tu joues ? Ce fut ce que je ne pus m'empêcher de penser et mon désarroi devait transparaitre sur mon visage, parce qu'il s'empressa de répondre à ma question silencieuse.
— Prends un taxi pour rentrer, m'enjoignit Eclipse, Halloween ce n'est pas prudent pour les Van Vein.
— Tu ne pourrais pas tout simplement me raccompagner ?
— Crois-moi, il vaut mieux que je m'abstienne de mettre les pieds sur le territoire de Dracula. Ça risquerait de provoquer une guerre... même si en soit, nous nous détestons déjà bien assez pour faire la guerre sans cela.
— Tu ne voulais pas que je répondes à des questions ? Ça n'est plus d'actualité ?
— Non, j'ai eu une bonne partie de mes réponses et de toute façon, tu as une dette envers moi, alors c'est suffisant.
Il se remit à me sourire, ce qui parvint à m'arracher un rictus également. Je hochai la tête pour dire que j'avais compris. Satisfait, le lycanthrope tourna les talons et me fit un vague signe de la main pour me saluer avant de disparaître au coin de la rue. Je restais un petit moment plantée comme une idiote avant de me décider à changer de haut, je gardais le cadavre de mon sweat dans les bras alors que je fourrai le téléphone de Miki dans la poche de mon pantalon, le mien dans l'autre et je sortis ensuite de la ruelle. Mais alors que durant tout le temps où j'avais été avec Eclipse les voix s'étaient tuent, elles revinrent en force, se lamentant, hurlant, pleurant et bavassant, recréant une cacophonie infernale. Je soufflai fortement à plusieurs reprise pour garder contenance, il fallait que je sois forte, c'était la première étape : supporter ce vacarme. Je me remis à marcher, même si ma tête bourdonnait, je devais trouver un taxi. Heureusement, le peu de monde dans les rues m'y aida, je ne pus néanmoins m'empêcher, en montant dans le véhicule qui s'était arrêté devant moi, de penser au pauvre homme qu'avait froidement assassiner le lycanthrope.
Je donnais l'adresse de l'appartement au chauffeur, lui glissant un regard. Je retins légèrement mon souffle en voyant son visage changer pour devenir... quelque chose d'autre, Quoi exactement, je ne savais pas trop, sa peau était très pâle et ses oreilles pointue, drôle de créature. Mais il ne semblait pas avoir envie de s'en prendre à moi, visiblement, il n'avait pas compris que je l'avais démasqué et c'était parfait ainsi. Le trajet se déroula en silence, j'observais simplement la ville défiler sous mes yeux, les voix étaient toujours là et parfois, je voyais quelque revenant errer sur les trottoirs ou au milieu de la voie avant de disparaître dans les phares du taxi.
Quand nous fûmes en bas de mon immeuble, je payais la course avant de sortir et de rapidement rentrer. Pourtant, quand je fus dans l'ascenseur, je sentis toute mon angoisse revenir. J'espérais seulement que Mortem ne soit pas encore rentrer, car j'avais bien conscience qu'il allait être réellement furieux que je sois sortie... surtout le soir de Halloween. Ce fut d'un pas lent que franchis la distance qui séparait la porte de l'ascenseur. Ma main moite se posa sur la poignet que j'abaissai, j'avais laissé ouvert avant de partir, donc il était parfaitement normal que ce soit ouvert. Silencieusement, je pénétrai dans notre lieu de vie et mon sang ne fit qu'un tour quand je vis des taches pourpre maculer le sol. Je lâchais ce que j'avais dans les bras pour suivre le petit chemin tracé par l'hémoglobine. Cela me mena jusqu'à un coin du salon où Miki était recroqueviller sur lui-même, le visage en sang et juste à côté de lui se trouvait Amanda, également en sang. Je couvris mon visage à l'aide de mes mains.
— Oh mon dieu...
La porte d'entrée que j'avais laissée ouverte claqua soudainement avec violence, je ne sursautai même pas, je savais très bien qui avait fait ça. Lentement, et avec mille précautions, je me retournai pour voir le monstre. Je me noyais directement dans deux puits de sang où grondait une tempête qui allait violemment s'abattre sur moi.
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Alors voilà Mortem, cette image se rapproche le plus de la vision que j'ai de lui, il a les cheveux longs lui, mais son look se modifiera au fur et à mesure des prochains chapitres. C'est une créature qui s'adapte très vite.
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