La bouche légèrement entre-ouverte, je dévisageais Eclipse comme si il venait de me gifler. Mon cerveau peinait grandement à assimiler les dernières paroles prononcées par le grand brun. Soudainement, j'échappai un rire, mais il n'avait rien d'enjoué, c'était juste de la nervosité. Mes doigts s'étaient crispés sur le téléphone de Miki que je tenais toujours. Lucifer... mon cerveau ne cessait de répéter ce nom, comme si cela allait le rendre moins grave.

— Ne ris pas, dit le lycanthrope d'un ton calme. Ce n'est pas une blague.

Même si elle était entièrement dû à la nervosité, mon hilarité s'acheva net, comme si on avait coupé le son d'une télévision. Cette histoire prenait des proportions bien trop énorme et je n'aimais pas du tout cela. La situation me paraissait déjà désespérée avant, alors avec cette révélation, j'avais le sentiment qu'elle m'échappait complètement.

— Comment c'est possible ? l'interrogeai-je, de plus en plus perdue.

— Je ne connais pas toute l'histoire, les seuls à connaître la vérité, c'est Lucifer et les premières de votre lignée.

— ... Raconte-moi.

Je le vis arquer un sourcil face à ma demande, comme si elle était aberrante.

— Je veux comprendre, on me bassine avec ma famille, sur le fait qu'on est spécial, mais je n'ai jamais compris pourquoi. Et là, j'apprends que on est lié à Lucifer, j'estime que j'ai quand-même le droit de savoir pourquoi vous nous poursuivez sans cesse !

— C'est vrai, tu as le droit de savoir, opina Eclipse en relâchant ma main, cependant rien n'est gratuit dans ce monde et encore moins dans le mien.

J'aurais dû m'y attendre, une créature qui était capable de briser la nuque de quelqu'un sans sourciller ne pouvait pas se contenter d'être gentil et répondre à mes questions sans que je lui doive quelque chose en retour ensuite. Ça ne m'enchantait pas du tout, mais pouvais-je réellement me permettre cracher sur ces informations ? Ce ne serait certainement pas de Mortem que j'obtiendrais ce que je voulais, il esquivait toujours le sujet quand je l'interrogeai. Eclipse, lui, répondrait à mes questions, toutes mes questions.

— Qu'est-ce que tu veux en échange ?

Je ne savais pas si j'allais regretter d'accepter, mais il fallait que je sache. Un sourire satisfait étira de nouveau ses lèvres et ses yeux pétillaient d'un je ne savais trop quoi. Lui aussi, j'avais vraiment du mal à croire que ce soit un monstre.

— Que toi aussi tu répondes à mes questions, tout simplement et que si un jour j'ai besoin d'un service, tu sois disponible.

— ... Le service, dans le possible, rien de dégradant ou de dangereux.

— Je ferai au mieux, mais je ne te promets rien, ronronna le grand brun aux yeux verts.

Evidemment, il fallait encore que je sois sur mes gardes. C'était fatiguant à la longue, pourtant, j'avais bien plus confiance en ce loup-garou que en Mortem. Je ne doutais point qu'il fasse aussi partie des méchants, mais il avait l'air tellement moins cruel que le démon avec qui je vivais que j'étais un peu plus encline à avoir foi en lui.

— Alors ? fis-je pour l'encourager à me raconter ce qu'il savait.

— Vu que tu es croyante, j'imagine que tu connais l'histoire de la bible.

— J'étais bonne sœur, alors oui je la connais, très bien même.

Il me dévisagea les yeux écarquillé avant de pouffer bruyamment de rire, ce qui me fit tiquer. Comme tout le monde, j'avais une sainte horreur que on se moque de moi, surtout que je connaissais très bien les raisons de son hilarité. Je ne fis pourtant rien, me contentant d'afficher une mine renfrognée qui n'échappa pas à mon vis à vis qui reprit alors son calme et se racla la gorge comme pour s'excuser de s'être ainsi laissé aller.

— Bien si tu la connais, tu connais toute l'histoire au tour des anges déchus et de leur crime.

Je hochai positivement la tête.

— Pourtant Dieu continua d'aimer les hommes, tant et si bien qu'il en choisi pour devenir ses messagers, deux sœurs jumelles, les premiers prophètes du Seigneur.

— Quoi ? Mais il n'est mention de cela nul part dans la Bible.

— C'est normal, articula Eclipse, tu vas comprendre pourquoi. Dieu leur fit cadeau de dons dont elles devaient user uniquement pour le servir et aider leur prochain, ce qu'elle firent avec application. Jusqu'au jour où elles rencontrèrent Lucifer.

J'eue soudainement de la peine à déglutir, mes mains étaient devenues moites et ma bouche était sèche.

— Comme je t'ai dis, je ne connais pas la vraie version de l'histoire, seulement celle que beaucoup de créatures vieilles comme moi ont entendu, mais on dit que les sœurs, charmées par Lucifer se détournèrent de Dieu et de ses anges pour vivre une idylle avec le fils déchu du Tout Puissant. De là, Il les maudit, elles et tout leur descendants condamné à ne jamais connaître la paix, peu importe la vie qu'ils mèneraient, leur nom fut effacer à jamais pour que personne n'apprennent qu'elles s'étaient détournées du droit chemin. Cependant, Lucifer, dans son amour pour ces femmes, leur permis de conserver les dons qu'elles avaient acquis, les transmettant ainsi de génération en génération.

J'étais abasourdie par ce que j'entendais. Dieu nous avait littéralement condamnés, en soit, je pouvais comprendre, sa colère était justifiée. Il avait placé sa confiance en ces femmes et elles lui avaient tourné le dos pour offrir leur amour total à un fils qui avait trahi son père. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il soit injuste que nous payions tous pour une faute qui ne nous incombait point. Pour une histoire qui s'était passé il y a bien trop longtemps pour que, pauvres mortels que nous étions, nous puissions la connaître.

— Donc vous nous poursuivez parce que nous avons des dons venus de Dieu ?

— Non, pas du tout, me contredit-il, nous n'en avons que faire de Dieu et de ces cadeaux. En fait, ce qui nous intéresse vraiment, c'est votre sang.

— Notre sang ? Comment ça ?

— Parce que vous avez la particularité d'avoir un sang qui reste toujours pur et qu'il possède des propriétés uniques en leur genre. Autrefois, dans la royauté, on mariait toujours les gens de bonnes familles entre eux pour que leur sang de '' race '' ne se mélange pas à celui du petit peuple dans l'espoir de garder un sang noble et pur. Chez certaines espèce de surnaturelle c'est très commun aussi, on engendre une progéniture dans le but que la race reste pure. Et c'est là que vous êtes une acception.

Je commençais gentiment à comprendre ce que toute ses créatures voulaient, ou du moins, celles qui possédaient encore une enveloppe charnelle.

— Votre sang, ne change jamais, continua le lycanthrope, même si vous perdez votre statu d'être humain, vos propriété génétiques restent les mêmes.

— Ce que tu es entrain de me dire, ce que notre sang maudit vous intéresse parce qu'il pourrait être votre salue, à vous, les créatures de l'ombre.

Le sourire qu'il m'adressa se chargea de répondre à ma question. Je ne pus m'empêcher de frissonner d'horreur.

— Et tu veux savoir ce qu'il y a de plus fascinant chez vous ?

— ... Quoi ?

— On s'est rendu compte que vous ne perdiez pas en puissance, au contraire, au fil des générations, vous devenez de plus en plus puissants, vos dons ne font que croitre. Et ils sont différents pour chaque Van Vein. Bien qu'il y ait quelques capacités communes à vous tous aussi.

— Voir et entendre ce que les autres ne voient pas, dis-je d'une voix sourde.

Je savais que c'était ça, parce que maman et Dylan voyaient ce que je voyais. J'en avait eu confirmation à de nombreuses reprises.

— Et donc, repris-je, vous comptez nous tuez pour récupérer notre sang ? Parce que si ce n'est que ça, je crois que Mortem n'est pas très décidé.

— Vous tuez ? Oh non, bien sûr que non, ce serait réellement un acte stupide que de vous tuez. Mortes vous n'avez aucune utilité. Mais en restant en vie, vous êtes une source intarissable de sang. Il suffit d'en boire de temps en temps pour accéder à plus de puissance, enfin ce n'est pas comme si ce bon vieux Dracula et moi nous en avions réellement besoin, mais personne ne crache sur une Van Vein.

Je le dévisageai et dans un élan de rage ma main s'était levée dans le but de s'abattre sur sa joue. Mais Eclipse s'empara de mon poignet avant que je n'ai réussi à le toucher. Il ne s'était pas départi de son sourire.

— On est pas des objets que vous pouvez posséder comme bon vous semble ! aboyai-je, furieuse d'être toujours vue comme une possession.

— Je sais, mais vous restez des humaines, ce n'est pas comme si vous aviez vraiment le choix. Des démons comme nous ne demandent pas votre autorisation ou non pour vous avoir. Si on décide que vous êtes à nous, alors vous l'êtes.

Il déposa un chaste baiser sur mon poignet, je ne pus me retenir de frissonner. J'avais l'impression d'avoir été frôlée par les ailes d'un papillon tant le geste fut léger et doux.

— Je t'avoue que si j'avais pu t'avoir toi aussi, j'en aurais été ravi. Enflure de Dracula, j'avais tellement espéré qu'il soit mort.

Visiblement, lui non plus ne portait pas Mortem – bien qu'il s'obstine à l'appeler Dracula – dans son coeur. Bien qu'il ne soit pas difficile de détester une créature comme ce vampire.

— Dylan n'est pas à toi.

— Pas encore, me reprit-il d'un ton suave en me jetant un oeillade.

Je poussai un petit cri quand il m'attira brusquement à lui, je me heurtai contre son torse muscler alors que son souffle caressait mes lèvres et que sa main libre prenait place au bas de mon dos. J'étais totalement incapable de bouger, hypnotisée par ce mâle qui s'amusait de la situation.

— Je te l'ai dis, vous n'avez pas le choix. Où que vous vous enfuyez, on vous retrouvera toujours.

✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦

Si vous vous demandez... oui, j'adore Eclipse au moins autant que j'aime Mortem.