☽ Chapitre 11 ( Partie 1. )

Deux semaines s'étaient écoulées depuis ma terrifiante expérience dans ce monde glacial. Deux semaines que je n'avais plus bouger de ma chambre et que les trois créatures avec qui je partageais l'appartement devaient me penser frappée de démence. Je n'avais pu m'empêcher de reprocher à Mortem de m'avoir laissé la tête sous l'eau pendant des heures... enfin c'était ce que j'avais cru. Il m'avait dit qu'il n'avait quitté la salle de bain que depuis quelques minutes quand j'étais sortie comme une furie pour lui hurler dessus de manière hystérique. J'étais tombée des nues, ne comprenant pas comment cela était possible, j'étais certaine qu'il s'était écoulé un temps interminable quand j'étais prisonnière de cette dimension. Et quand l'adrénaline était retombée, je m'étais rendue compte que la plante de mes pieds était prise d'une douleur lancinante, mais aucune trace de blessure. Je n'avais fais que conserver la sensation des blessures que j'avais récolté de l'autre côté. Mortem m'avait bien évidemment questionnée sur cette crise de nerfs, mais je n'avais su que lui répondre. Je ne comprenais moi-même ce qui s'était produit dans cette salle de bain.

Je ne quittais ma chambre que pour manger, boire et me laver. Sinon je passais tout mon temps prostrée sur mon lit. Les crises d'angoisse me frappant sans cesse, je craignais de m'endormir et de me réveiller de nouveau de l'autre côté. Je n'aurais certainement pas autant de chance que lors de ma précédente escapade. Amanda avait dû aller voler des anxiolytiques pour que je ne passe pas mon temps tétanisée et quand je voulais dormir, il fallait que, soit elle, soit Miki reste près de moi, sinon c'était tout bonnement impossible que je parvienne à fermer l'oeil. Mortem était resté une fois où deux aussi à mes côtés pendant la nuit, je ne savais pas si je me faisais des idées, mais j'avais eu l'impression de voir un peu d'inquiétude au fond de ses yeux, mais c'était improbable. Pas vrai ? Mais mon problème pour le moment, c'était cette maudite fête : Halloween. Je me sentais habituellement en sécurité à l'intérieur, mais cette soirée de l'année était particulière. On appelait Halloween la fête des morts, je comprenais pourquoi. Pour moi, cela prenait un sens littéral et pas uniquement religieux.

Depuis que le soleil s'était couché, des murmures s'étaient élevés dans l'air, des milliers de murmures, venant principalement de l'extérieur, mais il y en avait tant que la barrière des murs ne parvenait plus à me les dissimuler. C'était atroce, j'avais la sensation que des centaines de gens parlaient tous en même temps dans ma tête. Je ne savais pas si c'était ce que les personnes souffrant de schizophrénie ressentaient, mais si c'était le cas, je pouvais comprendre leur souffrance. En plus de ça, j'étais complètement seul, les trois vampires avaient disparus à la tombée du jour sur ordre du maître de maison. Les deux serviteurs avaient rechigné à me laisser seule, mais un ordre de leur maître était indiscutable. C'était terrifiant de voir à quel point il les avait sous sa coupe. Donc ils étaient partis. Après tout, quelle meilleure nuit que Halloween pour faire un véritable carnage ? Tout le monde était déguisé, on ne pouvait distinguer le vrai du faux, trop de vraies et de fausses goules dans les rues pour risquer d'éveiller des soupçons. Il fallait donc que je me débrouille avec mes angoisses.

Allongée sur mon lit, mes écouteurs vissés dans mes oreilles pour ne plus entendre les voix des morts, je fumais silencieusement en faisant défiler des images portant sur divers thèmes. Je voulais seulement ne plus penser à ce qui se passait, un moment de calme dans tout ce bordel. Je fronçais légèrement les sourcils en voyant une notification apparaître : un SMS venant de Miki. Je coinçais ma cigarette entre mes lèvres pour me redresser en position assise, je cliquai sur la notification pour que celle-ci s'ouvre.

De : Miki

J'ai besoin d'aide Calyptia, viens m'aider, je t'en prie...

Mes sourcils se froncèrent un peu plus les sourcils, je n'aimais pas ça, pas du tout. Connaissant les antécédents de l'asiatique, je craignais qu'il fasse une bêtise.

De : Moi

Qu'est-ce qu'il se passe ?

S'il te plait Miki, ne fais rien de stupide...

Je tirai nerveusement sur ma cigarette en attendant sa réponse. Mon rythme cardiaque avait augmenté et une petite boule commençait à se former au creux de mon ventre. Je tapotais nerveusement mon écran, jusqu'à ce qu'une nouvelle notification n'arrive, je me jetais directement dessus.

De : Miki

Je suis désolé...

Mais c'est tellement... horrible...

Ma panique augmenta encore d'un cran.

De : Moi

Quoi ? Qu'est-ce qui est horrible ?

Dis-moi Miki !

Je quittai mon lit d'un mouvement vif pou me mettre à faire les cents pas dans la chambre. Terminant ma clope d'une longue bouffée, je l'écrasai au même moment ou la réponse me parvint.

De : Miki

Tuer quelqu'un...

Je peux pas vivre avec ça sur la conscience...

Aide-moi, s'il te plait... je sais pas ce que je dois faire...

Je tapais une réponse rapide.

De : Moi

Dis-moi où tu es, je viens te chercher.

Lançant le cellulaire sur le lit, je me précipitai vers mon armoire pour en sortir un jeans et un sweet à capuche que je passais rapidement. Je pris la première paire de baskets qui me tomba sous la main et je les enfilai aussi rapidement que le reste de ma tenue. Zieutant mon portable, je vis l'endroit où il se trouvait, c'était près de chez lui. Ça allait être dur, devoir aller jusque là-bas, mais je ne pouvais pas l'abandonner, je lui avais promis de ne pas l'abandonner alors j'avais bien l'intention de tenir parole. J'embarquais, mon téléphone, ma boite de médicament et mes cigarettes avant de foncer hors de l'appartement, je ne pris même pas la peine de fermer la porte derrière moi, je me fichais bien si quelqu'un entrait, il le regretterait si Mortem venait à rentrer. Ce ne fut pas en marchant que je me rendis à Old City, mais en courant. Je parvins à garder un bon rythme pendant presque une dizaine de minutes, mais je fus rapidement rattrapée par la fatigue et aussi le demi paquet de cigarettes que je m'enfilais presque tout les jours depuis environ un mois et demi.

Je me forçais pourtant à continuer, et ceux, jusqu'à ce qu'un poing de côté de fasse clairement comprendre que je ne pourrais pas courir plus. Je dis donc me contenter de marcher à grandes enjambées, même si là aussi, mon corps protestait, bien que de manière moins véhémente. Il me fallut vingt minutes au lieux des trente pour parvenir à Old City. Les rues étaient calmes... très calmes, les enfants avaient déjà dû passer au vu de l'heure, mais pour le reste, c'était plutôt étrange. Je m'attendais à voir plus d'animation, peut-être que les gens faisaient la fête chez eux et puis il n'y avait pas de bars dans le coin. Alors oui, ça devait être normal. Essayai-je de me convaincre moi-même ? Absolument. J'espérai seulement ne pas me faire agresser trop brutalement, parce que c'était inévitable, je commençais à comprendre comment ça fonctionnait. Je sortis ma boîte de pilules et en avalait deux avant de me mettre à avancer en direction de chez mon ami. Mes iris ne tenaient pas en place, ils sondaient tout ce qui se trouvait au tour de moi à la recherche d'une possible menace.

Soudainement, tout mes poils se dressèrent et mon rythme cardiaque explosa. Je connaissais cette sensation, je l'avais déjà vécue avec Mortem, mais aussi ce jour de pluie devant chez Dylan. Je stoppai ma marche et je fis volte-face pour regarder derrière moi, il n'y avait personne, mais je sentais une présence toute proche et ne pas la voir me terrifiait. Mais si rien ne se montrait, je n'allais certainement pas attendre que ça arrive. Je repris ma route d'un pas vif, presque au pas de course. J'allais arracher mon portable à ma poche quand un bruit désagréable me fit grincer des dents. C'était un bruit semblable à des ongles que on grattait sur un mur mais en bien plus fort, guettant de nouveau par dessus mon épaule, il n'y avait toujours rien. Un nouveau son me parvint, mais celui-là me fit blêmir comme un cadavre, c'était un grognement. Un son guttural venant tout droit d'un animal ou quelque chose qui s'en rapprochait. Des sueurs froides glissèrent le long de mon dos quand je pris la décision de prendre mes jambes à mon cou.

Je ne me ferais plus avoir, je refusais. Si je parvenais à rejoindre l'immeuble où vivait Miki, je pourrais certainement me cacher. Mais alors que je déboulais dans la rue suivante, je fus aveuglée par les phares d'une voiture qui manqua de me percuter. Heureusement le conducteur avait planté les freins avant que son véhicule ne me heurte. La fenêtre se baissa et la personne derrière le volant, un homme d'une trentaine d'années, se pencha pour pouvoir me parler.

— Ça va pas de sortir de nul part comme ça ?! m'aboya-t-il dessus, énervé et visiblement choqué aussi.

— Je... je suis désolée, je ne...

Un cri d'effroi jailli du fond de mes entrailles quand quelque chose s'écrasa sur le toit de la voiture. Le choc avait été si brutal que le pare-brise avait volé en éclat, les phares vaciller et le véhicule ployait sous le poids qui se trouvait sur lui. Avec une crainte non dissimulée, je levai les yeux en direction de ce qui avait démoli la voiture. Et à cet instant, si j'avais pu mourir, je l'aurais fait sans la moindre hésitation. Ce qui se dressait devant moi n'était rien d'autre qu'un loup-garou. Une bête noir au corps d'homme recouvert de poils et une tête de loup. Un grognement vibra dans la poitrine du monstre et d'un mouvement souple rejoignit le sol. Il devait faire presque deux mètres cinquante de haut, ses pattes arrières parfaitement taillées pour lui permettre de courir rapidement et sauter à des hauteurs inimaginables pour nous. Ses mains étaient pourvues de griffes aussi tranchantes que des couteaux, je pouvais les voir briller à la lueur artificielle des phares. Son corps semblait tout en muscle, une véritable machine de guerre.

Ses yeux à la couleur améthyste ne me lâchaient pas et ses babines retroussées dévoilaient des crocs acérés près à déchiqueter la chair de ses victimes. Un bruit misérable s'éleva de derrière la créature, le conducteur était visiblement toujours vivant. La bête se retourna pour l'observer et s'approcha du malheureux qu'il avait à moitié écrasé. Sa grande main griffue s'empara du coup de sa victime et d'un mouvement sec, il lui brisa le coup, exactement comme on l'aurait fait avec un poulet. Le bruit produit avait été absolument infâme et mes jambes lâchèrent, je me retrouvais alors le cul contre le bitume et les yeux écarquillés, incapable de se détourner de l'exécution totalement gratuite de cet innocent. Le lycanthrope relâcha le cadavre et s'approcha de moi d'un pas sûr, jusqu'à se trouver à seulement quelques centimètres de moi. J'étais complètement paralysée, incapable de mouvoir le moindre de mes muscles. À cet instant, j'étais persuadée que j'allais mourir. 


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