☽ Chapitre 1. ( Partie 2. )

Le reste de la journée s'était passé comme le reste de la semaine. Je m'étais partagée entre les divers tâches à accomplir. Le tout en observant attentivement l'abbesse, j'avais vu plusieurs fois la clé durant la journée. Elle la gardait attachée à son vêtement, donc, comme me l'avait dit Amanda, il y avait fort à parier qu'elle la range quand elle allait dormir. Je m'étais permise de faire un détour par son bureau quand tout le monde avait été occupé, histoire de m'assurer qu'il soit ouvert et il l'avait été. Elle ne devait pas craindre que quelqu'un essaie de s'introduire à l'intérieur la nuit. Après tout, ce serait péché que de voler quelque chose à autrui. En soit, je n'avais aucunement l'intention de la lui dérober sur le long terme, juste le temps d'une nuit et ensuite je la remettrais parfaitement à sa place. Ni vu ni connu. Il me fallait seulement attendre que tout le monde soit parfaitement endormi.

Comme souvent, le repas se passa dans un mutisme parfait, seul le bruit des couverts se faisait entendre. Puis nous avions été faire notre dernière prière de la journée, suivie de la douche avant que tout le monde parte se coucher, à vingt-deux heures précises. J'avais beau sentir la fatigue m'enrouler dans ses bras chaleureux, je luttai pour rester éveillée, me pinçant même par moment, je n'étais pas à un jour près me dira-t-on, mais je voulais vraiment savoir. Et si on me surprenait dans les couloirs, ce n'était pas grave, je dirais simplement que je me rendait aux toilettes. Je laissais les heures défiler alors que mes paupières devenaient de plus en plus lourdes. Heureusement, le moment arriva enfin. Me redressant dans mon couchage, mes yeux examinèrent chacune de mes consœurs pour m'assurer qu'aucune d'entre elles ne lèveraient la tête pour me demander où est-ce que j'allais. Le bruit des respirations régulières me rassura à ce sujet. M'extirpant de mon lit, ce fut à pas de souris que je gagnai la porte du dortoir.

N'ouvrant la porte qu'assez pour pouvoir me glisser entre elle l'encadrement, je la refermais avant de me mettre à avancer lentement pour ne pas provoquer de bruit. Le sol avant tendance à grincer sous votre poids à certains endroit. Je quittai l'aile des dortoirs pour retourner dans l'aile principal de l'abbaye, là où se trouvait le bureau de l'abbesse. Gravissant les marches au ralenti dans la crainte de me faire repérer, j'atteignis l'étage en plus de temps qu'il n'en fallait réellement pour grimper cet escalier. Mon coeur s'affolait à chaque pas que je faisais, devenant bientôt une course effrénée dans ma poitrine. Je pouvais tout arrêter et retourner me coucher, pourtant mon insatiable besoin de vérité me poussa à poursuivre mon avancée. J'eue cependant une mauvaise surprise : elle était encore réveillée. Je me mordis l'intérieur de la joue de frustration, je n'avais vraiment pas de chance. Mon coeur bondit soudainement en entendant des pas à l'intérieur du bureau. Paniquée, je me mis à regarder rapidement au tour de moi et ma seule option se résumait à me planquer à l'angle du couloir derrière moi.

Je ne perdis pas de temps pour m'exécuter, j'avais essayé de faire le moins de bruit possible. Une fois ma cachette de fortune atteinte, je m'accroupis et pose une main sur ma bouche, comme pour étouffer d'emblée tout son qui pourrait trahir ma présence. Le son distinctif d'un porte qu'on ouvre et qu'on referme raisonna dans le silence, mais je n'ouïs aucun son de clé. Elle n'avait donc, comme je le pensais, pas verrouiller le bureau. Si je n'étais pas découverte, je pourrais donc fouiller les lieux comme je le désirais. Le bruit des pas de ma supérieure reprit, alors que mon coeur galopait à toute allure, je priais pour qu'elle emprunte l'escalier par lequel j'étais arrivée. Si elle venait tout droit, elle me verrait forcément. Ma chevelure rousse et ma robe de chambre blanche, il était difficile de me louper et cela, même dans l'obscurité. Mais la chance semblait être de mon côté, parce que l'abbesse descendit les escaliers. Un soupir silencieux s'échappa de ma personne, mais je ne quittais pas ma cachette tout de suite. Il valait mieux que je sois prudente, elle pouvait très bien revenir.

Je demeurais donc accroupie quelques minutes encore avant de me risquer à émerger de derrière l'angle du couloir. Je piétinais silencieusement jusqu'au bureau pour m'y faufiler. Je refermai la porte derrière moi et mes iris se mirent ensuite à scruter la pièce. Ce n'était pas très bien, mais il y avait une quantité d'objets plutôt importante. Je ne devais pas perdre de temps. Je me mis à inspecter les lieux avec détermination, cherchant dans le moindre petit recoin, mais il n'y avait absolument rien, aucune trace de cette maudite clé. C'était frustrant, je devais bien l'avouer. Etait-elle partie avec mon précieux sésame ? Je farfouillais encore pendant quelques minutes sans pour autant trouver quoi que ce soit. Mais alors que j'allais abandonner. Je m'aperçu que le fond du tiroir avait un léger jeu. Je me mis à gratter le coin, jusqu'à parvenir à m'en saisir, avant de le soulever et tomber sur la fameuse clé. Un sourire étira mes lèvres alors que mon coeur s'emballait une nouvelle fois. Mais d'excitation cette fois-ci, je l'avais enfin. Je me saisis de l'objet pour ensuite sortir de la pièce. Ce fut d'un pas un peu plus pressé que je me rendis à la salle de prière.

Je traversais la cour comme je le faisais si souvent, me dissimulant aux possibles regards indiscrets grâce aux arbres se trouvant dans cette dernière. Atteignant enfin ma destination, je me postais en face de la porte. Même si une certaine angoisse me gagna, l'épisode de la matinée me revenant à l'esprit. Je serrais fortement la clé entre mes mains alors que je m'approchais au plus près de ce qui se dressait devant moi. Prudemment, j'insérais la clé dans la serrure avant de tourner sur le côté droit, le bruit du verrou s'éleva dans le silence des lieux. Au même moment, une violente vague de froid me frappa, alors qu'il n'y avait pas le moindre trou pouvant provoquer un courant d'air. En fait... c'était exactement la même sensation que j'avais ressenti bien plus tôt dans la journée. Mon coeur se mit à battre à un rythme démoniaque alors que je pouvais sentir des sueurs froides sur mes tempes et dans mon dos.

J'abaissais la poignée d'une main tremblante et tirait le lourd panneau de métal vers moi. Cela donnait sur un escalier, mais c'était si sombre que seul les deux premières marches étaient visible de là où je me trouvais. Je déglutis avec peine avant de jeter un coin d'oeil en direction de l'hôtel de prière, il devait bien y avoir des bougies. Je me permis d'aller fouiller et ne tardais pas à trouver ce dont j'avais besoin, une longue bougie blanche et des allumettes, j'en craquais une pour allumé la mèche et je coinçais le reste du paquet entre l'élastique de ma culotte et ma peau. Je retournais près de la porte et retirais la clé de la serrure avant de descendre les premières marche et refermer derrière moi. Le noir reprit possession de tout ce qui l'entourait, sauf de la faible lueur de la bougie que je tenais. Je pris un temps pour souffler avant de me retourner face à l'escalier et une angoisse puissante me pris. Des pensées irrationnelles s'emparèrent de mon esprit alors que je contemplais les ténèbres. Je craignais de voir surgir quelque chose de l'obscurité, une créature aux yeux luisant et aux dents acérées qui m'ouvrirait le ventre pour se repaître de mes viscères.

Je secouai vivement la tête pour reprendre mes esprits. Ce n'était que des élucubrations dues à la peur. Je descendis une marche, attendant de voir ce qui allait se passer. Mais évidemment... rien ne se produisit. Un faible souffle de soulagement glissa hors de mes lèvres. Je poursuivis ma descente, cette escalier était en colimaçon et s'enfonçait loin dans la terre. Alors que je me demandais si j'allais encore descendre comme cela longtemps, je loupais une marche. Je ne pus retenir un cri de terreur alors qu'une violente brûlure me prit au niveau de l'avant-bras droit, sans parler des autres zones de mon corps qui avaient douloureusement heurter les marches en pierre. Portant la bougie – qui ne s'était heureusement pas éteinte – plus proche de mon bras, je pus constater des coulées à la couleur écarlate, je m'étais, visiblement, sérieusement entaillée la chair, c'était bien ma veine ça. Je soignerais cela une fois que j'aurais regagné l'étage supérieur. Je me remis sur mes pieds avant de poursuivre mon chemin. Je parvins enfin au bout de l'escalier. Il donnait sur une vaste salle à l'allure lugubre.

La peur me gagna un peu plus. Ce n'était pas du tout ceux à quoi je m'attendais. Je pensais tomber sur des objets ou des parchemins, mais rien de tout ça. En fait, cet endroit paraissait vide. Je fis quelques pas pour tenter de distinguer quelque chose, si ce fut complexe les premières minutes, je perçus enfin une forme imposante au centre de la pièce. En m'approchant d'avantage, je vis que c'était une structure à la forme rectangulaire, un peu comme... un cercueil ? Je me figeai quand un nouveau souffle glacial me frappa, c'était si froid que j'en eue presque le souffle couper et mes jambes se mirent à flageoler alors que mon estomac se comprimait violemment. Ça venait de cette chose devant moi, j'en était certaine. J'aurais dû prendre mes jambes à mon cou et remonter pour ensuite oublier tout ça, mais une curiosité morbide me poussa à poser mes mains sur le couvercle pour ensuite le pousser de manière à le décaler sur le côté. Juste assez pour que je puisse bien regarder à l'intérieur.

Eclairant l'intérieur avec la bougie, j'écarquillai les yeux face à son contenu et je ne pus retenir un cri de peur de s'élever dans ce sous-sol noir comme le néant.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top