Reunited after the tears

    À quoi ressemble le soleil ? À quoi ressemblent les étoiles ? Ces questions que ne cessent de se poser ces deux enfants, ces deux enfants qui se connaissent depuis toujours, dans ce monde sous terre, où ils n'ont jamais pu connaître le dehors.

« Tu crois que le soleil est blanc, comme cette lumière ?

- Les livres et les anciens disent qu'il est jaune.

- Oui, mais ça fait déjà cent ans. Le jaune existe à peine ici, ils doivent se tromper avec leur mémoire.

- T'es méchant Kazuya ! »

    La jeune fille rit doucement, amusée des mots de son meilleur ami. Ils se connaissent depuis longtemps, depuis vingt ans, et sont encore des enfants. Comment grandir correctement, dans un monde sous terre, dans un monde où on n'a jamais vu les arbres et les fleurs, hormis les sapins, et les deux seules uniques fleurs de ce monde.

    Allongés dans ce parterre d'herbes sombres, ils observent le seul et unique ciel qu'ils peuvent admirer ici, leur seul moyen d'observer les nuages – bien plus beaux des livres imagés fait par les premiers anciens – les premiers humains, il y a un plus d'un siècle à présent, qui sont arrivés ici.

    C'était il y a cent ans. Une puissante et dangereuse guerre a éclaté, entre les humains. Ceux qui possédaient l'une des sept âmes, avant aimés et idolâtrés, puis haït et tués, massacrés par ceux qui ne les possédaient pas. À cette époque là, sept humains possédant les magies les plus puissantes, nommés les Magiciens, ont cachés les possédeurs d'âmes sous terre, ont créés chaque lieux différents pour leur permettrent de vivre, le temps qu'ils doivent rester cachés, le temps de calmer les humains sans âmes. Ils ont scellés la barrière que les possédeurs d'âmes ont traversés pour venir ici – et ne sont jamais revenus.

    Fermant les yeux, Kazuya mit son bras devant ceux-ci, pour se cacher des lumières blanches qui les éclairaient ; les rayons du soleil qu'ils pouvaient à peine apercevoir depuis le trou de la crevasse, à des centaines de mètres de hauteur. Ce n'est que plusieurs minutes plus tard, plongé dans le silence, qui les rouvrit, interpellé par le manque de mots de Kino, elle qui aime temps lui parler de ses rêves. Curieux, le brun se redressa, et à la seconde où il vit sa meilleure amie, son sang se gela dans ses veines.

    Kino était là, accroupie devant un parterre de fleurs. Ces fleurs jaunes, d'un jaune éclatant, étincelantes – et surtout dangereuses. Elle était là, l'une de ces fleurs désormais accrochée autour de son poignet, il pouvait voir la racine de cette fleur se creuser dans la peau de Kino, y pénétrer, se frayer un chemin dans la veine, et recouvrir la plaie de douce feuilles d'un doux vert, cicatrisant la blessure qu'elle avait causée.

« K-Kino...? »

    Il se redressa lentement, s'approcha d'elle à petit pas, sous le choque, ne sachant comment réagir devant ces larmes qui commençaient à naître, aux coins de ces yeux chocolat.

« Ka... Kazuya..? Qu'est-ce que je viens de faire...? »

    Sa voix fébrile prit le corps du brun de désagréables frissons. La seconde d'après, il l'a prit dans ses bras, la serrant contre lui, la laissant pleurer à chaude larmes contre son pull orange. Il l'a serra de toutes ses forces, tentait de la rassurer, le souffle court.

[…]

    Les Golden Flowers étaient connus pour leurs douceur, leur beauté, et surtout leur poison ; le sort qu'elle réservaient aux inconscients qui osaient les toucher à la racine, qui en prenait une dans leur main.

    La racine de la fleur creusera son chemin dans une des veine du poignet, la fleur désormais accrochée à la peau, au corps de sa victime. Et lentement, la racine dans la veine du poignet se frayera un chemin tout le long du corps de l'inconscient, des Golden Flowers pousseront sur son corps, dans son corps, elle mourra lentement, à petit feu, la douleur apaisée par ses feuilles. Et lorsque les fleurs pousseront sur son visage, recouvriront ses yeux, il sera trop tard.

    Tous savaient qu'il ne fallait toucher à ses fleurs, qu'on ne pouvait utiliser que des outils. Mais la légende de ces fleurs racontent qu'elles murmurent à leur victime. Et qu'elle murmuraient à celles possédant une âme tout aussi puissante que les Magiciens.

    Elles en avaient déjà fait six victimes, par le passé. Kino et Kazuya en avaient perdu leur meilleur ami. Lui aussi, victime de ces jolis fleurs, lui aussi possédait une puissante âme ; l'âme Bleue Cyan, l'âme de la Patience.

[…]

« Tu as donc simplement écouté cette petite voix ?

- Oui.

- Tu as empoigné la tige, et à simplement tiré dessus, sans force, et elle a rampé sur ton poignet ?

- Oui, c'est ça...

- Exactement comme avec Domon Asuka, la dernière victime... »

    Kino baissa la tête, avant de la cacher contre l'épaule de Kazuya, qui était resté à ses côtés, une fois chez l'un des plus anciens. Il se nommait Endou Daisuke. Cet homme avait vu son petit fils mourir, d'un chagrin d'amour, causé par ces maudites fleurs.

« Aki, dis moi, qu'elle est ton âme ?

- Je.. Eh bien, je ne sais pas, je n'ai jamais cherché à la découvrir.

- Et toi Ichinose ?

- Comme Kino, mais je suppose qu'elle est moins puissante, comme je n'ai pas entendu les chuchotements des fleurs.

- Effectivement.. Aki, je suis désolé, mais le temps de savoir quoi faire, on ne peut rien faire.. Attend, et viens me voir si il y a des complications, que je puisse au moins te trouver quelque chose pour soulager les douleurs. »

    Elle hocha silencieusement la tête, celle-ci cachée par ses cheveux d'un vert menthe sombre. Kazuya lui prit la main, l'invitant à sortir de chez Endou-san. Les deux se promenèrent en silence dans la ville enneigée dans laquelle ils vivaient, Snowdin. C'était dans cette filles avaient l'occasion de voir des arbres, de grands sapins, si hauts qu'ils n'en voyaient jamais leurs sommets. Et le plafond de pierre qui devait sans doute se trouver au dessus de leurs têtes leur étaient invisible, caché derrière ce qui ressemblaient à d'épais nuages ou brouillards, d'où s'échappaient ces flocons de neiges qui recouvraient sans cesse la ville.

    Kino était silencieuse, regardait sans cesse son poignet qu'elle avait recouvert de la manche de son pull lilas. Elle n'avait réagi à la proposition d'aller au lac gelé de Snowdin, ni d'aller au bar qu'elle aimait tant, ne serait-ce que pour parler avec Gouenji et Kidou, qu'ils connaissaient bien. Kazuya ne savait quoi faire. Le temps leur était à présent compté, il le savait.

    Mais soudainement, il se souvint du lieu le plus calme, le plus unique de leur prison sous terre. Il prit la main de son amie, lui sourit doucement « Suis-moi. » avait-il dit, de sa voix si confiante, cette voix qu'aimait tant Kino.

    Elle ne dit rien, le suivit en silence, préfére ne pas faire attention aux rumeurs amusantes auxquels ils avaient droit depuis toujours. Elle avait déjà aimé deux personnes, et cela c'était fini tragiquement – elle ne voulait pas revivre ça, et le faire vivre à quelqu'un d'autre.

    Une fois éloignés de Snowdin, cependant toujours sous la neige de cette partie de leur cachette, sous la terre, Kazuya lui demanda soudainement de fermer les yeux. Ce qu'elle fit, tout de même curieuse. Et Kazuya la mena, elle sentait toujours la neige tomber sur ses mains et ses joues. Et soudainement, elle sentit la température changer. Moins froide, sans pour autant être plus chaude, des gouttes d'eau résonnants à ses oreilles.

« Ouvre les yeux. »

    Et quand elle le fit, elle reconnu Waterfall. Elle n'y était allé qu'une ou deux fois, et n'avait jamais prit le temps d'y rester, pour admirer ce lieu, l'un des lieux les plus calmes. La chanson des fleurs bleues, les Fleurs d'Échos, seconde unique fleur de sous la terre. Elle put admirer les cascades d'eau d'un turquoise presque fluorescent. Le sol, les murs de pierres humides, tout étaient noirs ici. Noir et bleu, les seules couleurs de Waterfall. Et Kazuya lui intima de relever la tête.

« Je te présente les étoiles de Waterfall. Et les étoiles de notre monde à nous. »

    Elle en avait entendu parlé, de ces étoiles. Des pierres, à même la roche humide de cette étrange grotte qui menait à une autre partie du monde Sous Terrain dans lequel ils vivaient. D'un bleu tout aussi clair que l'eau qui s'écoulait, dans les petites rivières, dans les différentes cascades. Des étoiles d'un bleu pur, des étoiles qui ne s'éteindraient jamais, contrairement à celles de là haut.

    Ses lèvres s'étirèrent en un doux sourire, ses yeux à nouveau humidifiés, un rire nerveux lui échappa. Elle serra la main de Kazuya, qui entremêla leurs doigts, resserra sa prise, en une réponse muette. Je suis là.

« Merci Kazuya. Merci de me les avoir montrés. »

[…]

    Son reflet n'était plus le sien. Elle se voyait dans la glace, elle voyait son bras gauche commencer lentement à se fleurir. En moins d'une semaine, une dizaine de Golden Flower avaient poussés jusqu'à son épaule. Un long soupir lui vint. Ses parents le savait à présent – ils avaient pleurés toute la nuit, elle les avait entendu, et avait refoulé ses larmes. Elle ne voulait plus pleurer pour son erreur, mais voulait soudainement découvrir son âme. Elle voulait savoir laquelle elle était, en quoi elle était plus puissante – pourquoi elle.

    Elle sortit encore, en silence, cachée dans un pull plus gros, qui lui permettait de cacher les fleurs d'or qui la recouvrait. Les habitants ne devaient pas la voir. Endou-san avait raison. En particulier aujourd'hui. Un triste et long soupir lui échappa, devant le haut sapin, sur la place de la ville. Un portrait y était accroché, on allumait des bougies, un peu éloignées de l'arbre, on déposait des bouquets de fleurs en papier, on venait se recueillir.

    Kino reconnu le portrait de ce garçon, qu'elle n'avait connu. Tobitaka Seiya, la première victime de ces fleurs malicieuse – il possédait l'âme Jaune, celle de la Justice. Pendant longtemps, il l'avait renié, d'après ce qu'on disait. Cela faisait aujourd'hui quatre-vingt ans qu'il était décédé, il n'avait que dix sept ans à ce moment là. Elle aurait aimé le connaître, elle aurait aimé savoir quelle genre de personne il était, comment il avait découvert son âme, si lui aussi avait entendu les chuchotements. Un doux sourire ornait ses lèvres, sur sa photo. Il riait, il semblait fêter son anniversaire, sur ce cadre.

« Tu ne finira pas comme lui, je te le promet.

- Kazuya... »

    Elle fut attristée, devant les cernes de son ami. Lui aussi, tout comme elle, dormait difficilement depuis ce jour. Mais elle préféra lui sourire doucement, en prenant sa main.

« Et si on rendait visite à Gouenji et Kidou ? Un chocolat chaud, ça te dit ?

- Si c'est moi qui offre alors.

- Dans ce cas on fait une partie de fléchettes. »

    Les deux rirent doucement, avant de se diriger vers se bar, pour voir leurs amis, qui tenaient justement ledit bar. Il faisait chaud, et ce lieu était chaleureux. On pouvait voir Gouenji derrière le contoir, les manches de sa chemise repliée, sa chemise ouverte aux deux premier boutons, une cravate noire sous le col, qui ne remontait pas jusqu'à son cou. Il fredonnait la musique de jazz que l'ancienne chaîne stéréo émettait, tout en essuyant un verre avec un chiffon blanc. Ses cheveux qu'il laissait pousser étaient attachés dans sa nuque, et quelques mèches tombaient devant ses yeux.

    Les meubles étaient en bois, et avaient gardés leurs couleurs – ils avaient seulement été repeint d'un vernis pour qu'ils puissent durer dans le temps. Il y avait un jeu de fléchettes contre un mur, et contre le mur derrière Gouenji était accroché un cadre photo, la photo d'une jeune fille, aux cheveux bleus, des lunettes rouges sur la tête, dans une robe blanche avec des fleurs de tournesols. Une jonquille en papier posé dans un petit vase bleu juste en dessous de ce cadre.

« Hello Gouenji.

- Tiens, Ichinose, Aki, ça fait un petit moment qu'on ne vous a pas vu.

- On avait quelques devoirs, les cours, tu connais... »

    Rit doucement Kino. Elle ne voulait pas leur révéler la vérité. Surtout pas devant Kidou. Ce dernier entra justement, sortant des cuisine, des lunettes sur le nez, dans une chemise blanche et un petit veston noir. Contrairement à Gouenji, sa chemise était minutieusement repassée.

    Le châtin sembla ravi de voir leurs deux jeunes clients, qui venaient fréquemment habituellement, et les quatre se mirent à discuter, paisiblement, saluant les nouveaux clients qui venaient profiter du calme du matin. Il y aurait une veillée ce soir, ce qu'ils faisaient à chaque anniversaire d'une victime des Golden Flowers.

    Son visage posé dans sa main, Kidou observait à travers ses lunettes les deux jeunes qui jouaient aux fléchettes, s'amusant de la tournure de leur ''match'' – Aki menait bien le jeu. Gouenji vint s'accouder au comptoir, à côté de Kidou.

« Tu observe étrangement Aki aujourd'hui. C'est parce qu'elle te rappelle Haruna..?

- Pas exactement.. Elles ne sont pas pareils, elles n'ont même pas la même âme.

- Comment tu le sais ? Aki n'a jamais chercher à découvrir son âme.

- Tu n'as jamais regardé ses yeux ? Elle n'a pas la même flamme que Haruna. Déjà que la sienne était impressionnante...

- Alors.. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Regarde sa nuque, quand elle saute et que sa capuche se déplace.

- De quoi est-ce que tu parles. »

    Cependant, Shuuya fit exactement ce que lui avait dit son compagnon. Il ne comprenait pas bien, mais son souffle se bloqua, en voyant un bout de pétale jaune, semblant venir de son épaule. Il se retourna vers le châtin, pâle, presque livide.

« C'est... Bien ce que j'ai vu ?

- Oui, c'est une Golden Flowers... Elle aussi est tombée dedans.

- Yuuto... »

    Le dénommé soupira doucement, avant de baisser les yeux, attristé. Aki cherchait simplement à passer ses derniers jours comme avant. Puis tout allait se dérouler comme avec Haruna il y a douze ans, comme avec Domon il y a huit ans, comme avec Tobitaka, la première victime. Il jeta un dernier regard à la jeune fille, qui s'amusait de la défaite d'Ichinose, un doux sourire aux lèvres. Elle semblait apaisée, bien que ses traits tirés montraient qu'elle n'avait pas totalement accepté son sort.

[…]

    Elle se réveilla dans un soudain sursaut, une énième fois. Les murmures commençaient douceureusement à apparaître, comme dans la légende. Elle entendait les voix, six voix, murmurées, basses.

« A... Asuka...? »

    Elle n'avait pas rêvé, elle en était sûr. Elle l'avait entendu, sa voix qui commençait à peine à muer, la dernière fois qu'elle l'avait entendu, avant qu'il ne disparaisse, après avoir laissé quelques Golden Flowers sur son chemin.

    Elle se leva en sursaut, se fichant des fleurs et des racines qui parcouraient son autre main, s'enroulaient autour de ses doigts, qui commençaient doucement à se bleuter. Enfilant les premiers vêtements qui lui vinrent, c'est à dire un pantalon brun, un pull vert et une veste bleue sombre, elle sortit silencieusement de chez elle, ses bottes à la main, pour les enfiler dehors, sur le péron.

    Elle couru comme elle le put dans tout Snowdin, manquant de tomber sur le lac gelé qu'elle du traverser, manquant à plusieurs reprises de tomber dans la neige. Une voix plus grave, accueillante, lui murmurait des mots qu'elle ne parvenait toujours pas à comprendre.

    Traverser les Ruines, premier lieu des Sous Terrains, qui la mènerait à ce terrain des fleurs lui prirent quelques larmes, le souffle court, le nez rouge par le froid. La journée, elle ne ressentait pas ce froid. La nuit, les ruines étaient d'un froid polaire.

    Ce coin d'herbes sombres, sous le trou de la crevasse, lui sembla triste, dans le noir, sans Kazuya. Elle s'approcha lentement, avant de lever la tête, vers le ciel sombre. Et ses yeux s'ouvrirent en grand. Un astre, rond, lisse et blanc régnait dans le ciel. Il semblait pur, illuminait le regard assombri de Kino. « C'est ce qu'on appelle la Lune... »

    Lentement, elle tourna la tête vers les fleurs qui l'ont contaminée, empoisonnée. Un soupir lourd lui échappa, aux voix qu'elle continuait d'entendre. Elle parvint distinctement à entendre une voix plus aigüe, d'un petit garçon. Ses yeux se fermèrent, et sans qu'elle ne comprenne pourquoi, elle perçut comme une forme humaine, celle du petit garçon, d'une lueur mauve, dans son esprit.

Tu dois y aller aussi, comme nous. Et tout sera fini Kino, c'est promis.

    La voix coupée, sentant une racine longer sa jambe, sous son pantalon, elle retint un sanglot, sachant ce qu'elle devait enfin faire.

[…]

    La porte s'ouvrit en grand, en une seconde, surprenant Kazuya plongé dans ses pensées, allongé sur le sol de sa chambre, son ballon de foot dans les mains. Il se redressa dans un sursaut, avant de s'arrêter devant Kino. Sa jambe droite était recouverte de fleurs, elle ne pouvait même plus essayer de mettre de pantalon, les fleurs l'en empêchait. Kazuya se mordit la lèvre, la voir dans cette jupe qui lui avait offerte pour son anniversaire, dans un si piteux état le tuait.

« Il faut que je parte. Une bombe qu'elle venait de lâcher, coupant le souffle du brun.

- Q-Quoi ? »

    Il s'approcha lentement d'elle, et la laissa prendre ses mains. Il sentit son cœur se serrer, en voyant les fleurs sur ses mains, les petites racines autour de ses doigts. Il releva la tête, vit son regard déterminé. Cette flamme qu'il avait toujours perçu dans ses yeux noisettes.

« Tu vas sans doute trouver ça fout... Mais j'entend les voix. J'entend les voix de ceux qui m'ont précédés. J'ai entendu celle de Asuka, la dernière fois qu'on l'a vu ! Exactement la même, grave à cause de sa mue horrible !

- Mais.. Mais ça n'a pas de sens..!

- Je sais. Mais tu trouve que ça a du sens, des fleurs qui poussent sur mon corps ?

- Tu marques un point... Grogna Kazuya, regardant ailleurs, une main dans ses cheveux. »

    La seconde d'après, Kino le prit dans ses bras, avant de s'asseoir avec lui, sur le sol, comme lorsqu'ils étaient enfants, pour lui raconter ce qu'elle devait faire. Kazuya essaya à plusieurs reprises de l'en dissuader, mais cette flamme à nouveau dans son regard lui fit comprendre que c'était inutile. Et résigné, il lui assura qu'il ferait tout, avec elle, pour elle. Il ne pouvait se résigner à l'abandonner, seule à son sort.

    Et le soir même, Kazuya vint derrière chez Kino, qui sortit par la porte de derrière, son sac sur le dos, dans son pull d'un jaune pastel et sa longue jupe blanche, ainsi que ses bottes. Les fleurs étaient invisibles ainsi, dissimulées. C'est dans un silence de plombs qu'ils quittèrent Snowdin, qu'ils pénétrèrent dans Waterfall, plus loin encore qu'ils n'étaient allés la dernière fois. La main de l'un dans celle de l'autre, leurs doigts entremêlés entre les racines du poison.

    Waterfall est connu pour son calme paisible, pour les chants de ses fleurs et ses cascades. Le tintement des grosses pétales bleue des fleurs d'échos, ces étranges créatures, miniatures, qui volettent autour d'eux, semblables aux papillons dans leurs livres. À chaque nouvelles découvertes, ils s'arrêtaient, écoutant les secrets des fleurs.

    Lorsqu'on les touche du doigt, d'une légère pression pour les remuer, leur secret se dévoile, la personne qui leur a murmuré quelque chose, un chant, un mot, ses dernières paroles. On raconte que les anciens se laissaient mourir ici, pour devenir à leur tour ces étranges petits papillons des Sous Terrains.

    Accroupis devant une fleur d'échos, Kino ne put retenir un rire clair, en voyant Kazuya sursauter, et tomber dans la rivière. Il se retrouvait trempé, l'eau fluorescente le recouvrant, quelques mèches plaquées sur son visage. Il releva la tête, et fut surpris de voir Kino retirer ses bottes, soulever sa jupe jusqu'à ses genoux, dévoilant les fleurs d'or recouvrant totalement ses jambes à présent. Il l'a vit mettre les pieds dans l'eau, qui lui arrivait au dessus des mollets.

« Te voilà trempé !

- Oui, mais l'eau est bonne.

- C'est vrai. »

    Un sourire radieux et amusé prit la jeune fille, en voyant Kazuya faire cette courbette ridicule, une invitation à danser, comme lorsqu'ils étaient petits. Alors elle prit sa main, sentit le frisson qui l'a prit, à celle de Kazuya autour de sa taille. Son autre main qui maintient les pans de sa longue jupe juste au dessus de l'eau clair. Et ils dansèrent ainsi, amusés, profitant des chants des fleurs et de l'eau. Cela faisait des jours qu'ils n'avaient pu ressentir ça, cette plénitude, cette tendresse, qu'ils avaient difficilement retrouvés, après la sixième tragédie, il y a huit ans.

    Kino posa sa tête contre l'épaule de Kazuya, ferma les yeux à ses mots doux, les mêmes qu'il lui disait, lorsqu'ils s'amusaient à danser, tout les deux. Elle resserra un peu plus sa main, refoula un sanglot, oubliant le poison qui s'écoulait à présent dans ses veines, dans son corps, les racines qui s'enroulaient autour de ses poumons, les pétales qui tombaient de sous sa jupe, qui roulaient le long de ses jambes elles mêmes fleuris, pour lentement flotter sur cette eau fluorescente dans laquelle elle dansait, avec Kazuya, qui resserra l'étreinte à sa taille.

« Tu feras quoi, après tout ça ?

- Kino, je ne veux pas y penser maintenant. Je ne veux honnêtement pas penser à ce qu'il se passera, après ta mort.

- Promets-moi de ne pas faire comme Endou.

- Je te le promet. Répondit-il la seconde d'après, embrassant le dos de sa main. Elle ne put retenir un rire, gênée

- Alors, j'ai une autre question. Si un jour, tu étais à la surface, qu'est-ce que tu ferais ?

- À la surface... »

    Kazuya n'y avait jamais pensé. Il leur était compliqué de s'imaginer une vie, là haut, quand on ne savait même pas à quoi cela ressemblait. Mais en regardant Kino, en se souvenant de leur jeu préféré, il sourit.

« Je vais te le dire, mais viens. »

    Le brun prit la main de celle aux cheveux vert menthe, l'amenant devant une fleur d'échos. Pas loin ses chaussures, sa veste et son écharpe rouge et noir séchaient, ils attendaient pour reprendre leur route. Et devant la grosse fleur, il la secoua, écouta le secret, surement celui d'un ancien, avant de murmurer à cette fleur, plongeant ses yeux bruns dans ceux noisette de Kino.

« J'aurai aimé pouvoir jouer au foot à la surface, même si ce n'est qu'une passion.

- C'est tout ?

- Et si tu es d'accord, je t'aurai avant tout épousé. »

    Les chants autour d'eux, la solitude partagée qui les entourait chaleureusement, l'eau encore trempant les vêtements de Kazuya. Le temps s'était comme arrêté, Kino ne sentait plus la fraîcheur et les chatouilles des pétales sur ses jambes, ni les racines qui enserraient ses poumons, où celles qui commençaient à s'enrouler autour de son cœur. Elle ne put que sourire, faiblement, tristement. Elle qui ne voulait pas à nouveau le vivre, elle qui essayait tant de repousser ses sentiments.

« Bien sûr que j'aurai dis oui. Je t'aime. »

    De timides rougeurs la prirent, en le voyant se rapprocher ainsi de son visage. Et quand ses lèvres frôla les siennes, elle ferma les yeux, acceptant ce baiser chaste, avant de l'approfondir, glissant sa main dans la nuque du brun, qui posa sa main sur sa joue, colorée d'un timide rouge.

« J'aurai aimé te le dire avant.

- Moi aussi Kazuya. Je suis désolée. »

[…]

    Ils avançaient lentement, dans un silence commun. Kino commençait à difficilement respirer, en dépit des feuilles qui sont censées pousser pour atténuer la douleur. Sa vue se floutait une fois sur deux, elle se retrouvait prise de vertige. Les fleurs avaient à présent recouvert son ventre, et elle ne ressentait plus que du froid, bien qu'à présent couverte de la grosse veste noire et rouge de Kazuya.

    Regardant le sol, elle fut soudainement attirée par des lueurs jaunes, qui lui firent penser aux lucioles dans les livres. Des lucioles jaunes qui volaient autour d'une énième fleur d'échos. Kazuya interpella Kino, lui montrant cinq autre fleurs d'échos sur le chemin, elles mêmes entourées de lucioles : bleu cyan, indigo, violet, orange et vert. Kino s'empressa alors de remuer la fleur d'écho aux lucioles jaunes : celle de Tobitaka, la première victime.

« Je ne sais pas si quelqu'un écoutera ça... Mais je suis obligé de suivre cette voix. Ces fleurs me tueront, mais si je meurs, je veux être utile. On me dit de me rendre à la barrière, je dois le faire. C'était.. Un honneur d'être une âme de Justice. »

« La voix dont tu parle ?

- Je ne pense pas. J'ai entendu six voix.. C'est forcément les leurs. Peut-être qu'ils ont prit la place de la voix qu'a entendu Tobitaka ? »

    Le brun ne put que hocher la tête, et suivit Kino qui écouta chacune de ces fleurs, ne faisant pas attention aux lucioles qui les suivaient.

« Je.. Je m'appelle Tachimukai Yuuki, j'ai l'âme de la Persévérance ! Je suis tombé dans les fleurs en jouant avec des amis, et, me voilà... Je ne pouvais pas rester à la maison, et voir Papa et Maman se tuer eux-mêmes à petit feu, alors j'ai suivis la voix que j'arrête pas d'entendre... J'ai que neuf ans, mais je sais que je vais mourir. Et je ne veux pas être seul à ma mort. Il a dit qu'il sera là. »

« Bonjour, je.. Je n'ai pas beaucoup de temps, je suis désolée, je suis partis tard, les fleurs recouvrent déjà mon visage, bientôt je ne verrai plus rien.. Rika, l'âme de l'Intégrité. Je voulais juste le dire, une dernière fois, je t'aime Touko. »

« Papa, merci de m'avoir recueilli, de m'avoir élevé comme ta propre fille. Merci de m'avoir permis de découvrir que j'étais l'âme de la Gentillesse – peut-être que c'est pour ça que j'ai toujours aimé le vert ahah...Merci pour tout, ta petite Fuyuka. »

« Désolée de devoir t'abandonner grand frère. Hey, Shuuya, je te le confie. Prend soin de lui, aime le pour moi, j'étais Brave pour lui, et même si ce n'est pas ton âme celle de Bravour, sois le pour lui, pour moi. Merci à vous deux. »

« J'espère qu'ils n'auront jamais à l'entendre... J'étais l'âme de la Patience, Domon Asuka. J'aurai aimé rester aux côtés de mes deux meilleurs amis, les voir comprendre leurs sentiments, ils sont fous de l'autre, ça crève les yeux. J'espère que vous verrez la surface un jour, pour moi. »

    Essuyant son visage recouvert de larmes, Kazuya se retourna vers Kino, qui pleurait silencieusement, un sourire aux lèvres, comme apaisée. S'il n'avait entendu ces dernières phrases avec elle, il n'aurait pu comprendre sa réaction. Mais les lucioles colorées autour d'elle, qui éclairaient ces yeux le fit soupirer, très lentement. Avec tendresse, il déposa sa main sur la joue de Kino, qui se retourna vers lui, à son tour.

« Si tu voyais tes yeux...

- Mes yeux ?

- Ils ont cette lueur rouge. Cette même lueur cyan qui était dans les yeux de Asuka. Et je suis sûr que les cinq autre aussi, ils avaient cette lueur, de la couleur de leur âme.

- Tu veux dire... Que je possède l'âme Rouge ?

- L'âme la plus puissante parmi les sept. »

    Elle ferma les yeux, essuyant ses larmes, avant de se regarder une fleur d'échos, sans doute vide, un peu plus loin.

« Je dois aussi dire mes derniers mots, puis nous devons nous dépêcher. J'ai la même sensation que les autres, je dois y aller moi aussi.

- Tu crois qu'il va se passer quoi ?

- Honnêtement, je ne sais pas. Mais il doit bien y avoir une raison que la première victime ait aussi quitté Snowdin, que lui aussi ait entendu une voix après avoir été empoisonné.

- Je t'accompagnerai jusqu'à la fin alors. Tu ne seras pas seule. »

    Prenant sa main, il l'a serra doucement, en la regardant dans les yeux. Kino hocha la tête, un sourire triste aux lèvre. Ses derniers mots dits, elle reprit son chemin aux côtés de Kazuya, quittant enfin Waterfall après deux jours – ce qu'ils pensaient être deux jours – pour arriver dans Hotland, le lieux des laves.

    Le chemin fut longs, ils firent en sortes d'être discrets, Kazuya s'occupant de trouver des nutritions alors que Kino se cachait. Les fleurs étaient montés jusqu'à son visage, et malgré les hautes chaleurs de Hotland, elle s'était enfouie dans la veste de Kazuya, la capuche sur sa tête. Quelques fleurs étaient aussi apparues sur sa tête. Elle respirait de moins en moins bien. Et ne verrait bientôt plus rien.

    Mais le regard de Kazuya la rassurait. Sa lueur était différente de celles des autres. Bien qu'elle le voyait abattu, détruit, il continuait d'avancer avec elle, il avait aussi cette flamme qui l'animait, il refusait lui aussi d'abandonner. Tout comme elle, il était déterminé à arriver à la fin, déterminé de voir ce qui allait se passer.

[…]

« C'est drôle comme cette ville est si paisible et silencieuse, mais c'est agréable ici... T'a vu, c'est une atmosphère violette, les murs, les bâtiments, les murs, et on dirait pas de la peinture. Kino ? Kino ?! »

    Kazuya aurait aimé ne jamais voir ce stade là, en se retournant. Kino ne pouvait plus marcher, ou seulement difficilement, les fleurs semblaient drenner son énergie, et limitaient ses gestes. Et son visage commençait lentement à se recouvrir de fleur. Son œil droit était caché par les pétales, et une racines parcourait son visage pâle en passant sur son nez.

« Ka.. Zuya... Je, je n'ai plus beaucoup de forces... »

    La seconde d'après, il se précipita jusqu'à elle, pour la rattraper contre lui, lors de sa chute. Elle en était fiévreuse, alors que sa peau était gelée. Il la serra doucement contre lui, au milieu de cette ville silencieuse, bercée par la musique du vent. Ils étaient non loin de la barrière que leurs ancêtres avaient traversés, cent ans plus tôt.

    Kazuya retint un soupir, lourd de sens. Il savait qu'ils arrivaient tout deux de la fin. Personne ne devait approcher la barrière. Mais les six premières victimes se sont toutes dirigées là bas, peu importe leurs forces qui les abandonnaient douloureusement.

    Le brun prit la jeune fille sur son dos, qui ne dit rien, préférant se concentrer sur sa respiration entre coupée de sombre-sauts. Le cœur de Kazuya lui faisait mal, lui semblait lourd. Il le sentait se tordre de douleur à chaque toux roque de Kino, et son sang lui sembla cesser de couler dans ses veines, à la vision d'une pétale d'or, recouverte de sang, tombant de son épaule. Elle sortait de la bouche de Kino.

« On y est... bientôt, Ka.. Kazuya... »

    Le brun ferma les yeux, reprenant son souffle, et reprit sa marche, portant Kino sur son dos.

    Des marches d'escaliers. Des marches qu'il monta lentement, prenant plusieurs longues pauses, ne pouvant qu'avancer à présent. Kino le lui disait, alors que de plus en plus de pétales s'échappaient d'entre ses lèvres. Les fleurs avançaient sur son visage, commençaient à obscurcir sa vue. Kino ne verrait bientôt rien. Elle allait bientôt dans mourir, dans très peu de temps.

    C'est la tête basse que Kazuya monta les dernières marches. Il releva lentement la tête, ses yeux s'ouvrirent en grand, devant cette vue. La barrière n'était rien de ce qu'il avait imaginé. Simplement un trou béant, d'un blanc pur, comme la lueur blanche dans son regard, dont Kino lui avait parlé, devant sa fleur d'échos.

    Le sol devant eux n'était qu'un par terre infini de fleurs jaunes. De Golden Flowers, celles qui avaient recouverts le corps de Kino, celles aussi qui avaient tuées Tobitaka, Tachimukai, Rika, Fuyuka, Haruna, et Asuka.

« Tu peux aller dedans... Elles ne te feront rien, elles sont inoffensives...

- Tu... Tu parviens à les voir, malgré que tu sois aveugle ?

- Je les sens. C'est leur corps, à eux aussi.

- Leurs.. Corps ? Tu deviendras aussi ces fleurs ?

- C'est exact... »

    Kazuya se mordit les lèvres, et fit ses premiers pas dans ce parterre de fleurs, refoulant ses propres larmes. Il n'avait pas le droit. Et il déposa avec douceur et tendresse Kino dans ces mêmes fleurs. Sa veste noire et rouge dans laquelle elle essayait vainement de retrouver de la chaleur était pleine de fleurs, les racines avaient déchirés par endroit son haut.

« C'est fou, même ainsi, je te trouve encore magnifique. »

    Ses yeux commencèrent à se remplir de larmes, contre son grés, face au sourire de Kino.

« Je t'aime... J'aurai aimé pouvoir te sauver... »

    Kino gardait son sourire, tournant la tête vers Kazuya. Elle ne pouvait que se fier à sa voix, dès à présent. Des larmes roulèrent sur ses joues, à travers les pétales de fleurs qui bouchaient sa vue, ses poumons, les racines qui commençaient à creuser son cœur.

« C'est moi qui vais te sau-sauver…

- Co.. Comment ça ? Qu'est-ce que tu racontes ?! Tu.. Vas mourir…

- Les fleurs... Elles contaminent ceux qui ont la même âme des Magiciens... Il faut sept âmes pour détruire la barrière qui nous empêchent de découvrir le ciel, les nuages, les étoiles, le soleil, la vraie pluie, la nature, les animaux... Un soir, j'ai vu ce que les anciens appellent la Lune, en retournant dans les ruines, elle était magnifique. »

    Elle dut s'arrêter, de longues minutes, recrachant de nouvelles pétales d'or et de sang qui venait bloquer sa gorge. Son sourire disparu, aux gouttes d'eau sur son visage, qu'elle sentait tomber.

« Kazuya, ne pleure pas, s'il te plait...

- Et pourquoi ça ?! Parce que tu à la même âme du Magicien de la Détermination, tu dois mourir ?! Tu dois te sacrifier pour qu'on sortes ?!

- C'est comme ça. Les fleurs ont les âmes de nos anciens, d'il y a un siècle, c'est eux qui savaient, que la barrière ne pouvait être détruite qu'ainsi...

- Comment tu sais tout ça...?

- Une fois que je ne voyais plus rien, ils me sont apparus, et m'ont tout expliqués... Et les six autres avant, aussi.

- Même.. Même Asuka ?

    Elle hocha simplement la tête pour répondre, épuisée.

    Les larmes de Kazuya s'intensifirent, devant le sourire attristé de Kino. Il ne pouvait plus voir ses yeux noisette, qui le rassurait tant. Il ne pouvait plus voir sa lueur déterminée, la flemme qui l'avait toujours animée.

    Il sentit la douce main de Kino glisser sur sa joue, sa main où des racines et des fleurs commençaient à sortir de sa peau, sans que ce liquide rouge, opaque ne coule le long de ses bras.

« Promets-moi de toujours transmettre de l'espoir aux autres, de toujours jouer au foot, de toujours vivre, de ne pas essayer me rejoindre…

- Ki.. Kino...

- Promet le moi.. Kazuya, je t'en prie.

-... Je te le promet. »

    Et sa main retomba lentement, alors que Kazuya serrait un peu plus son corps frêle, mort, contre lui. Les larmes ravageaient son visage, et sa voix hurla, en sentant le corps de celle qu'il aimait, celle avait qui il avait dansé dans les lacs de Waterfall, avec qui il avait écouté les derniers mots des six autres âmes, celle qu'il avait enfin embrassé, ne devenir qu'un amas de fleurs d'or, qui s'envolèrent vers la barrière. Il hurla à s'en arracher la gorge, à s'en briser le cœur, ses larmes continuant de décaler ses joues.

« KINO ! »

    Il ne put voir, à travers ses larmes, les sept âmes, Violette, Indigo, Cyan, Verte, Orange, Jaune, Rouge, voler tout comme les pétales d'or, vers la barrière. Cette barrière qui fit trembler tout les Sous Terrains, à sa destruction.

    Relevant faiblement la tête, tenant les vêtements de Kino contre lui, quelques fleurs froissées entre les tissus et dans les bras de Kazuya, il se releva, tremblant, et s'avança vers la lumière aussi brillante que l'astre qu'il voyait la journée, au bout des Ruines. Ses yeux durent s'y habituer, puis Kazuya put admirer le soleil, au dessus de sa tête, haut dans le ciel, la forêt au pied de la montagne sur laquelle il semblait se trouver. Ses cheveux s'envolèrent à la légères brise, il huma, les yeux fermés, les différentes odeurs qui lui étaient nouvelles.

« Je suis dehors Kino, je vois enfin le soleil, après vingt ans. Et tu n'es pas à mes côtés ppur voir ça, c'est injuste. »

    Parvint-il seulement à dire, entre ses sanglots, ses dernière larmes roulant le long de ses joues.

[…]

    Cela fait à présent deux ans que les possédeurs d'âmes sont sortis des Sous Terrains. Ce fut avec une étrange surprise qu'ils furent accueillis dans la ville qui se trouvait non loin de leur ancien lieux de vie. Ils avaient été éduqués à la technologies, aux odeurs, aux nouveautés de ce monde.

    Certains étaient parti ailleurs – beaucoup en réalités. Kazuya et ses parents étaient restés dans cette ville, avec les Aki. Kidou et Gouenji avaient rouverts un bar, ensemble, comme dans les Sous Terrains, et Kazuya leur rendait régulièrement visite, travaillant pour eux le week-end, étudiant la semaine. Haruna avait à nouveau sa photo, ainsi que les six autres, dont Kino. Et l'ont pouvait amener, changer leurs fleurs, se recueillir.

    Le brun avait tenu sa promesse. Il s'était inscrit dans un club de foot, avait appris à jouer le foot de la surface, quasiment semblable à celui d'en bas ; il était toujours celui qui donnait espoir, il n'abandonnait jamais. Mais ne parvenait pas à faire son deuil. Pas de celle qu'il aimait.

    Et comme chaque soirs, il était encore là, sur la falaise où il avait atteri, en traversant la barrière détruite. Six fleurs d'or dans les mains. Il les avait retrouvés sur lui, le premier soir dans cette nouvelle ville. Des Boutons d'Or, différentes des Golden Flowers quand on les observaient attentivement. Mais leur centre, à chacune, avait une couleur différente. Kazuya soupira doucement.

« J'ai toujours cet espoir que l'on se revoit un jour. Peut-être dans une autre vie. Même après deux ans, je t'aime toujours – et je t'aimerai toujours Kino. »

    Kazuya ferma les yeux, laissant les sept fleurs glisser de ses mains, et s'envoler, au gré du vent, comme si elles n'avaient plus aucun poids.

« C'était dur...

- Et c'était dur de ne pas pouvoir te dire quoi faire.

- Ça je m'en doute bien... Quoi ? Kino ?! »

    Il cru tomber de la falaise, dans son sursaut, en la voyant là, face à elle, dans les mêmes vêtements que le jour où elle était morte dans ses bras. Et derrière elle se trouvaient six autres personnes. Un enfant, un jeun adolescent qu'il ne reconnaissait que trop bien, quatre adolescents ou jeunes adultes. Les six premières victimes.
    Kazuya ne prit pas le temps de réfléchir, et se jeta dans les bras de Kino, qui l'accueillit à bras ouverts, un léger rire au bouts des lèvres, les larmes aux yeux. Jamais il n'aurait cru la revoir dans cette vie là. Il pensait la revoir dans une autre, où il tomberait encore amoureux d'elle, où elle tomberait encore amoureuse de lui. Mais c'était bien mieux ainsi.

« Si tu savais comme tu m'as manqué... Comment ? Comment c'est possible ?

- Grâce à ton âme. Tu as une âme qui était encore inconnu de tous, même des anciens, des Magiciens.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Tu as l'âme Blanche. L'âme de l'Espoir. Une âme qui semble pouvoir réaliser certains vœux... »

    Souffla-t-elle doucement, ses doigts posés contre le torse de Kazuya, qui vit une flamme blanche en sortir, avant de disparaître dans l'air. Un sourire heureux le prit, ses yeux bruns se plongeant à nouveau dans les yeux noisette de Kino. Aucun d'eux ne semblaient avoir viellit, comme s'ils avaient l'âge de leur mort. Kino avait encore vingt ans, Asuka en avait treize, Tachimukai neuf, Tobikata et Fuyuka dix sept, Rika quinze, et Haruna dix huits.
    Kazuya eut une pensée pour Kidou.

« Merci de nous avoir ramené Ichinose.

- Heureux de vous rencontrer. »

    Le brun s'amusa de Rika, accompagnée de Haruna et Asuka, qui poussèrent les trois autres un peu plus loin. Peut-être que Asuka avait comprit ce qui trottait dans la tête de Kazuya. Peut-être. Quoiqu'il en soit, il se replongea dans les prunelle de Kino, qui lui souriait doucement, les rayons du soleil orange donnaient à ses yeux noisette une couleur or. Kazuya embrassa avec tendresse le dos de sa main, comme ils le faisaient avant, et put à nouveau voir les joues de sa tendre aimée rougir.

« Tu te souviens de ce que je t'ai dis, devant la fleur d'échos ?

- Ça se pourrait, répondit-elle, dans un rire, caché derrière sa main.

- Est-ce que tu veux toujours m'épouser ?

- Bien sûr ! S'exclama-t-elle, à pleine joie, faisant ainsi sourire un peu plus Kazuya. Mais je veux aussi découvrir ce monde. Voir les étoiles, le soleil là haut, la lune, la mer, tout ce que tu as pu voir jusqu'à aujourd'hui.

- Je te le promet. Je te ferai découvrir tout ce que j'ai vu à présent. Et on découvrira le reste ensemble. »

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