Day 1 - Promenons-nous dans les bois...

Hello tout le monde, ici Astu ! (Asturya pour ceux qui ne me connaissent pas)

J'ai l'extrême honneur de poster mon OS en ce premier jour de la week (non je ne suis pas une dictatrice, j'ai simplement fini en premier - contre toute attente, car j'ai des exam dans deux jours et que j'étais supposée réviser).

Bon, je vous arrête tout de suite : NON ce n'est pas un remake malaisant du petit chaperon rouge avec Dazai déguisé en loup. ça n'a même absolument AUCUN rapport. Promis, vous pouvez rester sans crainte :'))

J'espère que cet OS vous plaira et vous donnera envie de voir les suivants, et n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ~





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- Je te dérange peut-être, Nakahara ?

La voix narquoise de M. Mori fit sortir Chûya de sa torpeur. Dans un soupir exagéré, il tourna la tête vers son enseignant qui le fixait depuis l'estrade, les bras croisés, comme s'il attendait une réponse de sa part. Le rouquin s'avachit sur sa chaise et enfonça ses mains dans les poches de sa veste, tout en lui adressant son regard le plus insolent. Il était déjà suffisamment contrarié comme cela, il n'avait vraiment pas besoin que son professeur de physique vienne en remettre une couche.

- Vous ne me dérangiez pas jusqu'à ce que vous m'interpelliez, en tout cas, grommela-t-il. Et pour tout vous dire j'aurais préféré que ça reste ainsi.

L'ensemble de la terminale A éclata de rire, alors que l'auteur de leur divertissement se renfrognait un peu plus, luttant visiblement pour ne pas envoyer sa trousse directement au visage de M. Mori, qui l'observait de ses étranges yeux violets avec un sourire satisfait.

- Dans ce cas tu resteras une heure en colle après les cours, comme ça tu auras tout le loisir de regarder les mouches voler sans être dérangé, rétorqua l'enseignant d'une voix doucereuse, fixant toujours le rouquin dans les yeux. Enfin, les mouches ou quoi que ce soit d'autre, ironisa-t-il en levant les yeux au ciel, faisant monter le rouge aux joues de Chûya alors que ses camarades explosaient de rire une nouvelle fois.

Il pesta une nouvelle fois et tourna légèrement la tête, comme s'il cherchait à faire disparaître son visage derrière ses longues mèches rousses. Ce n'était décidément pas sa journée.


Dès que le professeur fut retourné, reprenant sa démonstration incompréhensible sur la relativité restreinte, le regard de Chûya se déporta automatiquement vers l'arrière de la salle, tel qu'il était avant que M. Mori ne l'interrompe. Il tenta cette fois-ci d'être plus discret, ne jetant que de brefs coups d'œil au jeune homme brun assis au troisième rang, près de la fenêtre, qui recopiait le théorème de sa main bandée comme s'il était aussi clair que de l'eau de roche. Lorsqu'il eut fini, il leva les yeux vers le rouquin et lui adressa un sourire espiègle, avant de lever la main pour répondre à une question à laquelle Chûya n'avait compris qu'un mot sur deux. Ce dernier grinça des dents, serrant les poings au fond de ses poches. Cet imbécile de Dazai avait même le culot de se moquer de lui dans cette situation. Non, vraiment, il le détestait de tout son être.

- Qu'est-ce que tu as à fixer Dazai depuis tout à l'heure ? Lui souffla le jeune homme aux cheveux noirs décolorés assis à côté de lui.

Le rouquin se figea, et détourna immédiatement le regard vers le tableau. Si même Ryunosuke avait remarqué son manège, il ne devait vraiment pas être discret. De quoi donner encore plus de matière aux rumeurs qui commençaient déjà à circuler sur son compte depuis la soirée de Fitzgerald le week-end dernier.

- Je ne fixe pas Dazai, qu'est-ce que tu crois, s'emporta-t-il à voix basse dans un vain espoir de discrétion.

- Très bien, alors explique-moi pourquoi tu regardes dans sa direction depuis tout à l'heure ?

Chûya ne répondit rien, faisant mine d'être tout à coup absorbé par les équations illisibles griffonnées à la craie blanche sur le tableau.

-Serait-ce par hasard en lien avec le fait qu'on ne vous a pas vus de la soirée samedi soir ?

Cette fois-ci, il manqua de s'étouffer avec sa salive, et du se retenir de ne pas envoyer son poing dans la figure de son camarade.

- Alors maintenant tu crois aux ragots ? C'est nouveau ça, tiens, ironisa-il, les mâchoires contractées.

- Je ne crois rien, soupira l'autre, l'air blasé. Je commence simplement à me poser des questions, c'est tout. Mais dis-moi simplement ce que tu faisais à ce moment-là, et pourquoi tu m'as laissé seul toute la soirée alors que c'est toi qui m'as forcé à venir, et je te laisserai tranquille.

Le concerné soupira à nouveau, puis resta silencieux quelques instants, comme mal à l'aise.

- Je n'en sais rien, lâcha-t-il finalement.

- Pardon ?

- Je ne me rappelle de rien. Rien du tout, nada, le trou noir, énuméra-t-il en levant les yeux au ciel. Je n'ai absolument aucun souvenir de cette soirée.

- Mais enfin, comment peux-tu ne pas te souvenir au point de ne même pas savoir ce que tu as potentiellement fait avec ce mec ? L'interrogea Ryunosuke, l'air blasé.

- Mais putain Ryu, j'étais bourré, je dois te le dire comment ?! S'emporta Chûya en frappant du poing sur la table.

Il se calma immédiatement en constatant le silence qui avait suivi ses propos. Ses joues s'empourprèrent, et il grinça des dents en voyant le regard malicieux que Dazai lui adressait. Il avait encore une fois parlé à voix haute sans réfléchir.


- Je suis ravi d'apprendre ta faible tolérance à l'alcool, Nakahara, ironisa M. Mori, qui avait bien évidemment tout entendu. Si tu le souhaites je peux te rajouter une deuxième heure ce soir, pour te laisser le temps de décuver.

- Mais Monsieur...

- Qu'y a-t-il ? Tu as quelque chose de prévu, peut-être ?

- Non... Rien du tout... grommela Chûya dans sa barbe

- Très bien, répondit le professeur avec un air satisfait. Tu resteras donc après le cours jusqu'à 19 :30 en salle d'étude.

Chûya pesta, mais resta silencieux, pour une fois. Il ne pouvait définitivement pas dire à son enseignant qu'il était supposé voir Dazai à la fin du cours, justement pour éclaircir les événements du week-end.


En effet, en se réveillant le dimanche matin avec une gueule de bois monstrueuse, il avait pu voir qu'il avait reçu un message vocal de sa part. Et pas n'importe quel message. Il lui demandait, d'un ton plein de sous-entendus, s'il allait mieux et s'il s'était remis de leur « petite escapade dans le bois ». Le rouquin, jusqu'alors un peu groggy, s'était instantanément réveillé, et s'était empressé de demander à son camarade de quoi il parlait. Ce à quoi ce dernier avait répondu qu'il préférerait lui en parler le lendemain après les cours, car il ne voulait soi-disant pas le mettre mal à l'aise en lui parlant de ça par message. Sur le coup de l'énervement, Chûya avait failli envoyer son téléphone voler contre le mur. Il suspectait cet imbécile de grand maquereau de le faire attendre volontairement, et pouvait sans peine imaginer son grand sourire satisfait derrière son écran de téléphone. Ne voulant pas lui donner le plaisir de le supplier pour avoir les informations plus vite, il avait pris son mal en patience et avait passé le reste de la journée avachi dans son lit, à décuver lentement.

Au début, il n'avait pas cru aux sous-entendus énoncés par le brun. Même complètement ivre, il n'était pas du genre à coucher comme cela avec le premier venu. Oui, c'était une évidence, Dazai le faisait marcher.

Cependant, en arrivant au lycée le lendemain matin, il avait pu voir plusieurs de ses camarades parler à voix basse en l'observant, semblant choqués par le sujet de leur discussion. Chûya ne s'en était pas soucié sur le moment, cependant au fil de la journée il avait commencé à intercepter des rumeurs concernant ce que Dazai et lui avaient pu faire pendant la soirée de Fitzgerald, et petit à petit il avait commencé à s'inquiéter. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé en cours de physique, à 17 :10, à se ronger les sangs en attendant impatiemment le soir pour avoir le fin mot de cette histoire après une journée de doute. Et voilà qu'il devrait attendre deux heures de plus, à cause de M. Mori qui ne ratait jamais une occasion de l'envoyer en retenue.

C'était définitivement ce qu'il pouvait appeler une journée merdique.


Avec un soupir agacé, il rangea son stylo et appuya sa tête sur sa main posée sur la table, jouant distraitement avec une mèche de cheveux. Cela ne servait à rien d'essayer de toute façon, il ne comprenait pas un traître mot de son exercice. Déjà qu'il était, de base, excessivement mauvais en physique, alors avec ses pensées obnubilées par l'autre imbécile de maquereau il ne pouvait même pas espérer y arriver. A la place, il tenta de se rassurer, de se dire qu'il n'aurait pas couché avec lui en pleine nature, même sous l'effet de l'alcool. Pourquoi l'aurait-il fait, après tout ? Il ne ressentait absolument rien envers lui.

Rien du tout.

N'est-ce pas ?




Lorsque la sonnerie indiqua la fin du cours, le rouquin se redressa instantanément, espérant profiter des quelques minutes avant sa retenue pour aller parler à son camarade. Tant qu'à faire, autant ne pas passer deux heures de plus à se tourmenter l'esprit. Mais c'était sans compter M. Mori, et son horripilante manie de se mêler de ce qui ne le regardait pas.

- Alors Nakahara, où comptes-tu aller comme ça ? Ironisa-t-il en haussant un sourcil. Tu n'as pas oublié tes deux heures en tête à tête avec les mouches j'espère ?

- Non non, j'arrive... Grommela Chûya entre ses dents, quittant la salle à la suite du professeur.

Alors qu'il passait la porte, il jeta un rapide coup d'œil en arrière, et vit Dazai en train de ranger ses affaires, discutant gaiement avec Oda et Ango, ses deux meilleurs amis. L'apercevant, le brun tourna les yeux vers lui, et lui adressa un de ses sourires énigmatiques dont il avait le secret, avant de retourner à sa conversation, comme si de rien n'était. Le rouquin serra les poings, bouillonnant de rage. Il mourrait d'envie de retourner dans la salle et de lui envoyer son poing dans la figure pour se défouler, mais il se retint. Il ne voulait pas rester une heure de plus en retenue.


- - -


« Tiens, Nakahara, encore toi ? »

Chûya ne répondit rien, se contentant de s'installer à sa place habituelle près de la fenêtre, en soupirant bruyamment. Après tout, la question de M. Fukuzawa n'attendait aucune réponse. Ce dernier était installé à son bureau, à l'avant de la salle, visiblement en train de corriger un paquet de copies. Peut-être leur dernier devoir sur la Seconde Guerre Mondiale, se demanda Chûya. Ils ne l'avaient fait que deux jours auparavant, mais leur professeur d'histoire était toujours très ponctuel concernant la correction des contrôles. C'était probablement lié au fait qu'il restait tous les soirs dans l'établissement, en profitant pour surveiller ceux qui comme lui, se retrouvaient en retenue après les cours.

Le rouquin ne prit même pas la peine de sortir ses affaires. A quoi bon faire semblant de travailler, son professeur n'était pas dupe. Il savait pertinemment que pendant ses deux heures de présence, son élève n'allait faire que regarder par la fenêtre, perdu dans ses pensées comme à son habitude. Et, s'il avait bien essayé de le mettre au travail les premières fois, il avait rapidement abandonné et corrigeait maintenant ses copies sans se soucier de lui, tant qu'il ne le dérangeait pas. Un statu-quo, en quelque sorte.

Chûya cala sa tête entre ses bras croisés sur le pupitre en bois, et contempla le ciel qui se teintait de rose de l'autre côté de la vitre. Les hêtres et les peupliers qui ornaient la cour ondulaient doucement au gré du vent, alors que quelques oiseaux se posaient sur les bancs de l'établissement déjà désert. Il respira profondément, tentant de ne penser à rien. Mais c'était évidemment plus facile à dire qu'à faire. Ses pensées dérivaient sans cesse vers Dazai et ce qui avait pu se passer à la soirée de Fitzgerald, tel un boomerang lui revenant inlassablement en pleine figure, aussi loin qu'il puisse l'envoyer.


Il fut soudainement tiré de sa rêverie par un visage familier apparaissant de l'autre côté de la fenêtre. Il redressa instantanément la tête, observant avec incrédulité le visage faussement angélique entouré de boucles brunes qui apparaissait au travers de la vitre, lui envoyant un sourire éclatant. L'objet de ses pensées était appuyé contre le rebord bétonné de la fenêtre, la tête reposant négligemment sur ses bras croisés, semblant le narguer ostensiblement. Le rouquin fronça les sourcils tout en serrant les dents sous l'effet de la colère brûlante qui montait en lui. Que faisait-il encore là, cet imbécile ? Pour toute réponse, Dazai lui fit un petit signe de la main, puis ouvrit son sac pour en sortir une feuille et un stylo, sous le regard interrogateur de Chûya qui l'observait depuis la salle de permanence. Sans se laisser impressionner par les coups d'œil meurtriers qu'il lui lançait, le brun se mit à griffonner rapidement sur le bout de papier, avant de plaquer son œuvre contre la vitre avec un sourire satisfait.

« Alors, on s'amuse bien en perm ? ;) », pouvait-on y lire, d'une écriture fine et incurvée

Chûya grinça des dents une nouvelle fois, puis attrapa son sac et le posa brutalement sur la table pour en sortir une feuille et un crayon. Il n'allait tout de même pas se laisser faire par cet espèce de maquereau momifié. M. Fukuzawa releva les yeux de ses copies l'espace d'un instant, semblant se demander si son élève s'était enfin décidé à se mettre au travail, avant de se replonger dans sa besogne, n'ayant visiblement pas grand espoir. Le rouquin se mit alors à rédiger une réponse sur sa propre feuille, qu'il s'empressa de montrer à son camarade avec un air satisfait.

« Carrément, je me porte beaucoup mieux depuis que je n'ai plus à respirer le même air que toi. »

De l'autre côté de la vitre, Dazai fit mine d'être offusqué, mimant l'agonie avec une exagération presque théâtrale. Puis, voyant que l'autre se fichait royalement de ses jérémiades, il reprit son bout de papier et se mit à écrire avec un sourire malicieux. Il avait après tout beaucoup d'autres moyens de l'atteindre.

« Ce n'est pas ce que tu avais l'air de penser samedi soir... ;) »

Chûya manqua de s'étouffer avec sa salive, alors que son visage devenait cramoisi.

« Qu'est-ce que tu insinues, enfoiré ?! » écrivit-il rageusement.

Le sourire espiègle du brun s'étira de plus belle, constatant que son stratagème avait fonctionné.

« Rien du tout... Mais si tu y vois une quelconque insinuation, peut être as-tu quelque chose à te reprocher... ;) »

« Vas te faire voir, Maquereau », reçut-il en guise de réponse.

Nullement vexé, il reprit son stylo et lui répondit tranquillement.

« Je n'oserai pas voyons, je ne voudrais pas te rendre jaloux ma Limace ~ »

« Espèce de momie ambulante»

« Petite limace susceptible », put-il lire en retour, observant avec dégoût son camarade et son insupportable sourire suffisant.


Ils continuèrent de s'insulter par brouillons interposés pendant plusieurs minutes, avant que M. Fukuzawa ne lève les yeux de ses copies, intrigué par la soudaine activité de son élève.Il laissa échapper un soupir de désespoir en apercevant le visage souriant du brun de l'autre côté de la vitre, qui le saluait innocemment d'un petit signe de la main.

- Nakahara... Commença-t-il d'un ton las.

- C'est pas moi monsieur, je vous jure que c'est lui ! Le coupa Chûya, totalement outré de se faire encore une fois réprimander à cause de son camarade.

- Je me fiche de qui a commencé, soupira l'enseignant, tout en entortillant distraitement une mèche de cheveux argentés autour de son doigt. Mais je présume que tu ne te mettras pas au travail tant que vous n'aurez pas eu une vraie conversation, n'est-ce pas ?

Le rouquin ne répondit rien, et détourna le regard d'un air bougon. De quoi il se mêlait celui-là, franchement ?!

- Allez vas-y, reprit M. Fukuzawa en se replongeant dans ses copies. Mais quand tu reviendras, mets-toi sérieusement au travail, d'accord ? Ajouta-t-il alors que son élève s'était déjà levé, prêt à bondir vers la porte de la salle.

- Oui Monsieur, promis ! Lança-t-il en courant presque vers la sortie.





L'air frais du soir lui glaça les poumons alors qu'il gagnait la cour, et il regretta instantanément de ne pas avoir pris sa veste. Mais peu importait, il ferait avec. Dazai n'avait pas bougé, adossé à la fenêtre de la salle de permanence. Il souriait légèrement, fixant un point sur l'horizon, alors que les rayons du soleil couchant se reflétaient sur ses cheveux bruns tourbillonnant au vent, les illuminant de multiples reflets dorés. Chûya se mordit la lèvre, s'immobilisant quelques instants sans s'en rendre compte, trop absorbé dans sa contemplation. Il devait bien admettre que son camarade avait un certain charme. Qu'il était même carrément attirant, s'il était honnête avec lui-même.

Mais il ne l'était pas, et c'était bien le problème.

- Ohé, je suis là grande asperge ! L'apostropha-t-il, d'un ton plus hargneux qu'il ne l'avait prévu. Ramène-toi, j'ai pas toute la soirée !

L'interpellé tourna doucement la tête vers lui, nullement surpris, et lui adressa un de ces sourires malicieux dont il avait le secret. Puis, d'un mouvement souple et gracieux, il s'élança en avant pour se remettre droit sur ses jambes, et s'éloigna de la fenêtre pour s'approcher de lui.

- J'arrive ma limace, ne soit pas si pressé, répondit-il d'un ton désinvolte. Tu ne peux déjà plus te passer de moi, c'est ça ?

- Mais tais-toi donc et dépêche-toi, qu'on en finisse, s'agaça le rouquin, détournant le regard pour tenter de cacher son trouble.

Avec un peu de chance, les reflets colorés du soleil couchant parviendraient à masquer ses joues se teintant lentement de rouge. Lentement, mais sûrement, comme lui tombant tout doucement amoureux du grand maquereau qui lui faisait désormais face. Un fait à la fois si évident, et si dur à croire en même temps, une conclusion qu'il préférait reléguer dans un coin de son cerveau pour ne pas trop avoir à y penser. Il se sentait pathétique tout à coup.


- Alors, tu voulais me parler, Chuu ?

- Ne fais pas l'idiot, tu sais très bien pourquoi on est là, répondit-il entre ses dent, sans le regarder.

Dazai ne répondit rien, en profitant pour observer plus attentivement son camarade. Il pût ainsi remarquer ses mâchoires contractées et ses poings serrés comme s'il se retenait de le frapper, en plus de son regard fuyant qui semblait vouloir se fixer sur tout sauf sur lui. Il soupira bruyamment, baissant les yeux à son tour. Il avait le cœur légèrement serré, sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi.

- Ça t'emmerde tant que ça, de te dire que tu as peut être couché avec moi ? Demanda-t-il du bout des lèvres, d'une voix inhabituellement sérieuse venant de lui, et dans laquelle Chûya pût même déceler un soupçon d'amertume.

Ou peut-être de tristesse, osa-t-il penser, mais il chassa immédiatement cette pensée. Cela ne ressemblait absolument pas à Dazai de se soucier de ce que pensaient les autres. Surtout de ce que lui pouvait penser.

- A ton avis ?! Tu penses réellement que je serais heureux d'apprendre que j'ai couché avec toi comme ça, dans un bois mal entretenu au milieu des fourmis et des déjections de renard ? Merci mais très peu pour moi. Contrairement à ce que tu sembles penser, poursuivit-il sans laisser à l'autre l'occasion d'en placer une, tu n'es pas le fantasme absolu de tous les élèves de ce lycée. Redescend un peu sur Terre merde, tu n'es pas le centre du monde ! »

Non, mais j'aurais au moins voulu être le centre du tien, pensa le brun. Mais sa fierté l'empêcha de répondre et il détourna les yeux également, allant même jusqu'à tourner le dos au rouquin, qui regrettait déjà d'avoir prononcé des paroles si dures. Ainsi, Dazai aurait aisément pu voir qu'il n'en pensait pas un mot, qu'il était désolé, et qu'il avait dit cela uniquement sous l'effet de la panique ; toutes ces émotions transparaissaient avec limpidité dans son regard aux reflets d'azur, il n'aurait pas pu se méprendre.

Si seulement il avait daigné le regarder dans les yeux.


« Tu sais quoi, je vais te dire ce qui s'est réellement passé, répondit Dazai d'une voix sèche, chargée d'un mélange de colère et de tristesse, toujours en lui tournant résolument le dos. Tu étais tellement saoul que tu t'es mis à raconter n'importe quoi, de tes dernières vacances chez ta grand-mère Ginette qui vivait je ne sais où en Europe, à la fois où tu t'es baigné nu dans ma piscine quand tu avais cinq ans. Et moi je t'ai suivi parce que tu étais affreusement drôle à déblatérer des idioties plus grosses que toi, et que ça mettait un peu de piment dans cette soirée ma foi forte ennuyeuse. Et puis, pendant que tu parlais de la foi où tu as chevauché une vache dans le champ de ton grand père, tu t'es soudainement mis à vomir tes tripes. Alors je t'ai tenu les cheveux, je t'ai écouté pendant près d'une heure me raconter à quel point tes grands-parents te manquaient, et combien tu regrettais de ne pas avoir pu leur dire au revoir avant leur accident. Pendant une heure j'ai essayé de te réconforter, de te faire aller mieux, alors que tu ne faisais que me vomir dessus, j'ai même dû jeter mon T-shirt en rentrant chez moi tellement il puait la mort. Et puis tu as fini par t'endormir, et je t'ai ramené chez toi, c'est tout.

Le rouquin resta silencieux, stupéfait par les révélations de son camarade. Il ne savait tout simplement pas quoi dire, et de toute façon l'autre ne lui en laissait pas le temps.

- Le lendemain j'ai juste voulu te faire une petite blague en jouant un peu avec les mots, mais rien de bien méchant. Je ne pensais pas que la potentialité d'avoir couché avec moi te dégoûterait autant, poursuivit-il avec une amertume non dissimulée, mais visiblement je m'étais trompé. Voilà, tu sais tout maintenant. Sur ce, je ne vais pas abuser plus longtemps de ton précieux temps, alors à plus tard. »

Chûya l'observa s'éloigner, d'un pas lent mais résolu, déterminé, les mains dans les poches de son long manteau camel qui flottait derrière lui. Son cœur se serra brutalement en voyant sa silhouette devenir de plus en plus petite, jusqu'à disparaître derrière les arbres. Il tendit le bras devant lui comme pour le retenir, mais c'était déjà trop tard, le mal était fait. Il avait l'impression de s'être fait larguer alors qu'ils n'étaient même pas ensemble.

Il resta quelques instants immobile, légèrement hébété, comme s'il mettait du temps à réaliser ce qui venait de se passer. Puis, lorsqu'il fut vraiment sûr que oui, il venait de gâcher le peu de chances qu'il avait de sortir avec celui qu'il aimait, il se remit en marche en direction de la salle de permanence, le regard vide. Mais il n'avait même pas fait trois pas qu'il aperçut le regard sans équivoque de son enseignant sur le pas de la porte, qui n'avait visiblement rien perdu de la scène. Il avait les bras croisés et une lueur presque désespérée dans son regard d'acier, alors qu'il lui indiquait par des signes de tête insistants d'aller rejoindre son camarade. Le rouquin ne se fit pas prier et s'élança immédiatement à la poursuite du brun, se promettant de remercier son professeur d'histoire la prochaine fois qu'il le verrait.


Il se hâta de sortir de l'enceinte du lycée, et tourna la tête dans toutes les directions, se demandant par où il avait pu aller. N'en ayant absolument aucune idée, il tourna à gauche, et courut aussi vite que ses jambes le lui permettait. Il était prêt à quadriller toute la ville au pas de course s'il le fallait, si cela lui permettait d'avoir une chance de se rattraper. A cet instant, il aurait été prêt à faire presque n'importe quoi pour que Dazai lui pardonne.

Il continua de courir pendant une bonne dizaine de minutes, l'air glacial lui brûlant les poumons sans que cela ne l'arrête pour autant.

Puis, il aperçut enfin la silhouette caractéristique du brun, de dos, à seulement quelques mètres de lui. Il accéléra alors le pas, et voulu lui hurler de l'attendre, d'écouter ce qu'il avait à dire, qu'il s'en voulait, qu'il était désolé. Mais il avait la gorge si sèche que plus aucun mot ne semblait vouloir en sortir. Alors à la place, il s'avança jusqu'à lui et glissa ses bras autour de sa taille et l'enlaça fermement, pressant son buste contre son dos. Le brun s'arrêta immédiatement, réellement surpris, et retira ses écouteurs.

« Chûya ? Qu'est-ce que tu fais là ? Lui demanda-t-il avec une lueur interrogative dans le regard.

- Je... Je suis désolé, ok ? Répondit le rouquin sans desserrer son emprise.

- Comment ça ?

Chûya manqua de s'énerver devant l'air candide de son camarade mais il se ravisa. Pour une fois, ce dernier avait l'air réellement sincère.

- Tu me fais perdre mes moyens. Ça te va comme réponse où tu as besoin de plus concret ?

- Je te dirais bien que j'ai compris, mais je suis curieux de voir ce que tu as à me proposer comme explication plus concrète...

- Ferme-là, Maquereau ! rétorqua le rouquin en lui frappant le dos.

Dazai en profita pour se retourner et l'enlacer à son tour, le plaquant ferment contre son torse.

- Je plaisante, Chibi, calme-toi. Mais je note le fait que, finalement, les fourmis et l'urine de renard ne t'auraient pas tant dérangé que ça.

- Je n'ai pas dit ça, espèce d'idiot, marmonna Chûya.

- Mais sans l'aspect champêtre c'est une autre histoire, c'est ça ? Poursuivit le brun avec une lueur espiègle dans le regard.

- Qui sait, répondit le rouquin sur le même ton, tout en se détachant de l'emprise de son camarade pour reprendre sa route. A toi de me donner des arguments en ta faveur...

- Je m'en ferai un plaisir... » Murmura Dazai avec un léger sourire, s'élançant à la suite de Chûya qui l'observait, les yeux brillants.

Il ne savait pas vraiment comment qualifier cette relation, si c'était un couple, une amitié, où juste une illusion qu'il se plaisait à maintenir. Mais au final, cela n'avait pas d'importance. Il noua ses doigts à ceux du plus petit, tout en profitant des derniers rayons de soleil qui lui caressaient les joues.


Ils avaient tout le temps de décider de ce qu'ils voulaient être, après tout.

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