Une semaine. Une semaine maintenant que Jimin avait quitté le palais et il avait laissé derrière lui un vide qu'il était impossible de combler. Jungkook avait beaucoup pleuré et Yoongi n'avait pas su regarder son jeune domestique dans les yeux. Il lui avait pourtant demandé de ne pas le laisser partir et il n'avait même pas été capable de le rattraper. Il n'avait même pas essayé.

Jungkook avait beau lui répéter que ce n'était pas sa faute, le jeune empereur ne faisait que culpabiliser. Et pourtant, il se disait sans cesse que c'était la meilleure solution pour tout le monde: pour Yoongi, pour faire son deuil de Jinsoo, mais surtout pour Jimin qu'il avait tant fait souffrir durant ces quelques mois à peine au palais. Yoongi avait fait parvenir à Jimin une énorme somme d'argent avant son départ pour s'assurer qu'il puisse mener une meilleure vie que celle qu'il avait pu avoir ces derniers temps, et il espérait sincèrement qu'il lui aurait au moins été utile une fois de cette manière.

Mais le départ de Jimin affectait le jeune empereur bien plus que de raison. Il avait l'impression de perdre Jinsoo une deuxième fois. Non pas parce qu'il continuait d'associer Jimin à son frère, mais parcequ'il ressentait la même douleur déchirante dans sa poitrine. Et il réalisait alors enfin que Jimin lui manquait.

L'empereur passait ses journées à se morfondre seul et s'était énormément renfermé. Taehyung et Jungkook s'occupaient désormais de lui à tour de rôle car Yoongi avait catégoriquement refusé d'avoir un nouveau domestique attitré. Il ne voulait voir personne à part ses deux petits protégés qui étaient son seul soutien dans ce moment chaotique de sa vie.

Et pour ne pas arranger les choses, le mariage de l'empereur approchait à grand pas. Il avait été repoussé de quelques semaines pour une raison que Yoongi n'avait même pas cherché à comprendre, mais chaque jour qui passait le rapprochait quand même de cet événement qu'on lui imposait: il ne savait même pas qui allait être son épouse. Et il ne le saurait que le jour du mariage, lorsqu'il la verrait pour la première fois. Et il ne préférait pas y penser. Elle pourrait être la plus belle femme du pays, même la plus gentille, Yoongi avait déjà le coeur déchiré en deux, une moitié appartenant à Jinsoo et qui l'avait emporté avec lui six pieds sous terre, et l'autre était entre les mains de Jimin que Yoongi avait misérablement laisser filer.

Il regrettait amèrement les derniers événements, il regrettait d'avoir ainsi blessé Jimin et de l'avoir laissé se volatiliser ainsi en sachant pertinemment qu'il ne le reverrait plus jamais. Et de nouveau, il se demandait ce que pouvait bien penser Jinsoo de là où il était. Il devait sûrement lui rire au nez et se dire que c'était bien fait pour lui, tout en le blâmant d'avoir blessé ainsi son frère adoré. Mais Yoongi semblait oublier que Jinsoo ne pourrait jamais penser ainsi, en vérité, il n'aurait fait que le réconforter et lui dire que ce n'était pas sa faute.

Et c'était vrai. Ce n'était pas la faute de Yoongi, ce n'était pas de sa faute si on lui avait brutalement arraché son seul amour. Il avait juste voulu arrêter de sombrer, trouver une bouée de sauvetage, et Jimin était apparu presque divinement sous ses yeux, tel un phare dans la nuit. S'il pouvait remonter le temps au jour de son couronnement, il ne changerait rien, il aimerait tellement voir Jimin s'empêtrer dans ce foutu rideau et gâcher son couronnement, même si cela avait été le jour le plus humiliant pour les deux garçons. Sa maladresse lui manquait, tout comme sa joie de vivre, son innocence et tout ce qui faisait de Jimin la personne qu'il était.

Mais qu'importait maintenant, il devait être loin, bien loin de lui.

Mais en réalité, il ne l'était pas tant que ça. Et si l'empereur décidait de chercher un peu, il serait à même de le retrouver assez facilement. En effet, après son départ, Jimin avait longuement réfléchi. Il aurait pu retourner au point de départ, à sa très chère ville qu'il avait quitté pour se rendre au palais, mais il avait préféré se rendre au point le plus proche de sa localisation. C'est ainsi qu'à cheval, il avait chevauché quelques heures jusqu'à cet endroit qu'il aimait tant, et qu'il avait adoré faire découvrir à son ancien maître.

Lorsqu'il avait passé les portes de la ville, il n'avait pu empêcher cette vague de nostalgie l'assaillir de toute part. Et tous les choix qu'il avait pris par la suite n'avait fait qu'accentuer ce pesant ressentiment.

Il avait laissé son cheval à Monsieur Kim, cet homme si bon qui avait convaincu le jeune empereur de la bonté de certains êtres. Il lui avait vaguement expliqué sa situation, sans trop s'attarder, lui disant simplement qu'il avait perdu son emplois au palais et qu'il se rapatriait vers la ville. Et le vieil homme acceptait volontiers de garder sa monture, tout le temps qu'il le désirait.

Il avait été gêné de recevoir l'énorme somme d'argent de l'empereur. Il avait voulu refusé, mais il fallait venir à l'évidence, et se dire qu'il n'avait rien l'avait simplement convaincu de l'accepter sans trop réfléchir.

Et en attendant de retrouver une situation stable, il louait une chambre dans la fameuse auberge qui avait eut comme utilité de les abriter de la pluie, l'empereur et lui, et qui avait accueilli leur doux sommeil, alors que leur deux corps humides s'étaient blottit l'un contre l'autre.

Et au plus la semaine passait, au plus il commençait à regretter d'avoir laisser ses choix se pointer sur cette ville. Il avait beau n'avoir passé qu'une seule journée en compagnie de l'empereur en son sein, tout semblait lui rappeler ce fameux jour. Il savait qu'il ne pourrait pas reprendre son apprentissage tout de suite, alors il essayait de se remettre dans le bain petit à petit, et quoi de mieux que de se rendre à cette magnifique et monumentale librairie qu'il chérissait tant. Mais une fois dans la grande salle, il ne put que se remémorer du moment ou l'empereur avait rapproché son corps pour le presser contre le sien. Mais ces souvenirs furent bafoués au moment même où l'idée que Yoongi pensait à Jinsoo, monopolisa son esprit.

Il avait simplement soupiré et reprit sa concentration sur la lecture qu'il avait débuté. Et tous les autres moments furent similaires à ceux là. Lorsqu'il se baladait dans le parc, lorsqu'il était allongé sur son lit, et même lorsque la bruyante musique écossaise avait résonné dans ses oreilles, un jour où ses pas l'avaient conduit dans cette fameuse ruelle. Mais peut-être pouvait-il considérer ce moment unique comme réellement le leur. Peut-être être qu'à ce moment, Yoongi se sentait bien auprès de lui, sans d'autres souvenirs pour venir interférer au moment.

Mais il préféra effacer cette pensée. Mais à dire vrai, quand bien même il essayait de toute ses forces de ne pas penser à l'empereur, ce dernier revenait toujours à la charge, et ce, absolument chaque jour de son retour à la vie normale. Car oui, être serviteur d'un empereur n'était pas bien banal comme métier.

*

C'était la nuit. Il faisait froid, et même emmitouflé dans sa couverture, Jimin grelottait. Et lorsque ses pensées se mêlèrent à sa solitude, les larmes ne purent plus être contenues. Et il ne comprit pas. Il pensait pourtant que son retour en ville, à la vie qu'il voulait tant mener auparavant, serait la meilleure solution à son bonheur. Mais il se rendait compte, au bout de seulement deux semaines, qu'il ne faisait que foncer dans le mur. Tout de sa vie au palais lui manquait. Ses habitudes, l'ambiance, l'endroit, Jungkook, TaeHyung, et même Yoongi. Car s'il pensait tous les jours à l'empereur, ses pensées, elles aussi, ne cessaient de dévier vers le jeune couple avec qui il s'était tant rapproché, d'autant plus le jeune Jungkook. Il avait tout laissé derrière lui et maintenant, il ne cessait de se traiter d'égoïste. Jungkook paraissait si sensible à sa présence, et il s'occupait si bien de son bonheur. Il avait juste agi dans son propre intérêt, et quelque part ce n'était pas si mal, mais même son intérêt à présent n'était pas apaisé.

Il pleura ainsi toute la nuit durant, pensant et repensant sans arrêt. La vie était difficile, et il lui fallait faire un choix. Il ne pouvait plus naviguer ainsi dans des eaux troubles, il fallait bien un jour, qu'il remonte à la surface.