Nous nous rejoindrons
Je me rappelle ton prénom : Damien. Je me rappelle que nous étions en troisième quand je t'ai rencontré. Je me rappelle tes yeux bleus brulants posés sur moi. Je me rappelle de ta coupe brune qui me faisait rire. Je me rappelle de ce lever de soleil, quand je t'ai avoué mon amour. Je me rappelle de ta beauté lorsque tu me l'as dit : "Je t'aime." Je me rappelle tes lèvres posées sur les miennes pour notre premier baiser. Je me rappelle les instants passés dans tes bras. Je me rappelle de notre première dispute et de notre première réconciliation. Tous ces instants, je ne veux les perdre.
Plus que tout je me rappelle de ce jour qui avait marqué la fin de tout.
Tu m'en avais parlé déjà, de tes problèmes. Je n'y voyais que des broutilles, tout justes capables de t'énerver. Mais j'ai fini par comprendre : tu avais de vrais problèmes même si tu refusais de me dire lesquels. Tu gardais toujours le sourire avec moi mais je te savais tourmenté. Alors j'ai redoublé d'efforts pour te réjouir mais tu t'assombrissais de jour en jour. Un jour je t'ai pris à part dans la cour et me suis énervée : que se passait-il ? Je devais le savoir ! Tu as hésité avant de m'avouer ce qui te rendait si malheureux : ton père vous battait toi et ta mère. Il y a peu, celle-ci était morte, te rendant fou de chagrin. Ton père est devenu totalement fou et s'est attaqué à toi. Tu aurais pu mourir toi aussi. Mais tu t'es échappé. Tu as continué à me voir, avec le sourire. Tu dormais désormais caché dans l'arrière boutique d'un ami. Je t'avais serré dans mes bras avant de t'embrasser. Tu dormais désormais chez moi, puisque j'avais expliqué la situation à mon père. Il avait voulu prévenir la police mais nous avions réussi à le convaincre de te laisser le temps de te faire à la situation. Nous avions gardé ce secret quelques semaines. Ce jour maudit, tu m'as dit devoir passer chez toi récupérer quelques affaires. Je t'ai attendu en bas de ton immeuble. Je t'ai attendu plusieurs heures et, à la nuit, tu n'étais pas revenu. J'ai résolu de monter te chercher. J'ai croisé un homme qui semblai totalement saoul et qui avait plus l'air d'un SDF que d'un homme civilisé. Arrivée au sixième étage, je ne sentais plus mes jambes. Je m'apprêtai à reprendre l'escalier quand j'ai vu une porte entrouverte. Je me suis avancée et ai jeté un coup d'œil à l'intérieur : tout étais un désordre monstre. Les meubles étaient renversés, les rideaux déchirés et chaque objet éclaté par terre. Je m'apprêtais à repartir quand j'ai vu quelque chose qui ma pétrifiée sur place : sur une batte de base-ball se trouvait une trace de sang. Je me suis précipité dans l'appartement, esquivant les objets et évitant le meubles. Des gouttes de sang formait une piste qui menait à une pièce ressemblant à une chambre. L'armoire était ouverte un sac rempli d'objets posé à côté. L'endroit était tout retourné, montrant des marques de lutte. Mais ce ne fut pas le plus terrible : tu étais là. Allongé sur le ventre, des traces de coups sur tout le corps. Ton T-shirt était déchiré et ta tête comme ton corps ensanglantés. Ton bras était tordu. Les larmes aux yeux, je me suis jetée à côté de toi. Je t'ai retourné et mis ta tête sur mes genoux. Tes yeux étaient clos et du sang perlait de ta bouche. J'ai pris ta main toute froide dans la mienne et l'ai embrassé. Tu n'as pas réagi. Alors j'ai posé ma bouche sur la tienne. Les larmes ont roulé sur mes joues. Tu n'as pas réagi. Je t'ai secoué pour te réveiller. Tu n'as pas réagi. J'ai crié, je t'ai appelé, les larmes ruisselant de mes yeux. Elles se sont écrasées sur ton visage massacré. J'ai hurlé. Trop. Ce fut trop. Je suis sortie, essuyant mes yeux avec une main rouge de ton sang. J'ai trébuché dans l'escalier m'affalant après une glissade douloureuse dans les marches. Je souffrais mais ce n'était rien comparé à ma douleur sentimentale. Je me suis repliée dans un coin de l'escalier et ai pleuré tout ce que je savais. Mes sanglots ne diminuèrent pas, même avec le temps. J'ai pleuré plusieurs heures. Ce n'est qu'au matin que mon père à débarqué dans l'immeuble. Il m'avait cherché toute la nuit, fou d'inquiétude. Il m'a pris dans ses bras et m'a serré. Je pleurais encore. Il m'a dit de dormir. J'ai accepté.
***
Un mois plus tard
Ma peine ne s'est pas affaibli. Un jour de pluie, je suis montée sur le toit du gymnase avec mon parapluie. Dans ma poche un petit avion en papier, dans lequel j'ai inscrit trois mots. Sur le toit, j'ai attendu. Au bout de quelques minutes, je me suis levé et me suis approchée du bord. J'ai pris le petit avion. Je l'ai levé au dessus de ma tête et l'ai lancé. Il est parti. Je ne l'ai pas vu atterrir, je ne l'ai vu que monter dans le ciel. Les larmes ont ressurgi, coulant sur mes joues. Quand j'ai perdu mon petit avion de vue, ma peine est revenue, brûlante. J'ai crié :
"Damien ! Damien ! Damiennnn !!!"
Je suis redescendue. Je pris le chemin du retour le yeux baignés de larmes.
Sur ce petit avion, j'ai noté trois mots : "Nous nous rejoindrons"
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