Mars 2013

Il regardait l'eau s'écouler rapidement dans la rivière bordée de cerisiers en fleurs. Des centaines de pétales tombaient lentement, au gré de la brise printanière, s'échouant dans l'herbe, sur le sentier ou dans la rivière, effrayant les poissons, attirant les plus curieux. Chenle n'arrivait pas à décrocher son regard des pétales se déposant à la surface de l'eau avec délicatesse.

Assis dans l'herbe, il fit passer ses doigts entre les brins frais, apaisé. Il entendit des pas derrière lui et n'eut pas besoin de se retourner pour savoir qu'il s'agissait de Jisung. Celui-ci s'assit à côté de lui et déposa un baiser sur sa tempe.

— Tu vas bien ? lui demanda-t-il.
— Tu m'as manqué.

Il tourna la tête vers son cadet et scruta son visage, heureux de le retrouver. Il se pencha pour l'embrasser avant de poser la tête sur son épaule.

— Et moi je t'ai manqué ?
— Évidemment, pouffa Jisung. Même si je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer, j'aurais aimé que tu sois là.

Le coréen était parti en stage de l'autre côté du pays dans une entreprise de journalisme sportif durant un mois et ils n'avaient donc pas pu se voir pendant plusieurs semaines, une première depuis qu'ils se connaissaient. Ils s'étaient donnés rendez-vous au bord de cette rivière passant dans le parc non loin du quartier de leur enfance pour se retrouver.

— Au fait, c'est pour toi, continua-t-il en tendant une petit paquet bleu entouré d'un ruban blanc. Joyeux anniversaire en retard.

— Ah mais tu n'étais pas obligé !

Chenle saisit le paquet et déchira l'emballage. À l'intérieur se trouvait un cadre dans lequel une photo avait été placée. Il s'agissait d'eux, plus jeunes, lorsqu'ils venaient d'entrer au lycée s'il se rappelait bien, assis au pied d'un cerisier en fleurs. 

— C'est...
— C'est rien de fou mais ma mère a fait développer quelques vieilles photos et je suis tombé sur celle-ci et... Je saurais pas vraiment dire pourquoi mais je l'ai trouvée belle. Je voulais te l'offrir.

Le chinois se jeta dans ses bras, le noyant sous une multitude de remerciements et de baisers papillons. Jisung le serra dans ses bras tout en riant.

Il y avait des gens dans le parc mais ils ne s'en préoccupaient pas, trop heureux de s'être retrouvés.

Quelques instants après, Jisung attrapa les épaules de Chenle et l'éloigna de lui, ne le lâchant pas pour autant. Ce dernier inclina la tête, intrigué par l'air sérieux qu'avait soudainement pris son petit-ami.

— Chenle...
— Oui ?

Ils se regardèrent quelques secondes avant que le plus jeune ne prenne une profonde inspiration.

— Ça te dit qu'on emménage ensemble quand on aura terminé nos études et trouvé chacun un travail ?

Le chinois resta bouché bée avant de pousser un cri de joie tout en sautant sur le jeune homme.

— Bon sang, j'ai cru que tu ne me le demanderais jamais !

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Août 2021

— Vive les mariés !

Une pluie de confettis s'abattit sur le couple phare de la journée et, alors que Cheng essayait de ne pas se montrer grognon, Yeri rayonnait. Il ne tenait pas à avoir un mariage en grande pompe mais sa désormais femme rêvait depuis toujours de faire une grande cérémonie où elle pourrait inviter tous ses proches pour que tous passent une journée inoubliable. Le jeune homme n'avait pas pu résister et lui avait laisser le champ libre pour organiser le mariage parfait à ses yeux. Seulement voilà, il voyait bien le regard mi-fier, mi-moqueur de son frère et voulait juste aller le frapper mais Yeri le retenait fermement par le bras.

— Souris pour les photos chéri, glissa-t-elle tandis qu'elle saluait le photographe les mitraillant.

Il grommela un coup, pour la forme, puis se détendit après avoir reçu un énième flash dans les yeux.

Quand la mariée estima que c'était suffisant, elle tapa dans ses mains.

— Et maintenant, tous à table ! Chaque nom est inscrit à côté des assiettes donc ne vous trompez pas, si vous avez des réclamations, venez me voir !

Yeri sautillait presque de bonheur, incapable de tenir en place. Elle avait tout organisé à la seconde près et était satisfaite de voir que tout se déroulait à merveille, et que tout le monde s'amusait. 

— Alors, c'est si terrible que ça ? 
— Non. Je suis heureux tant que je peux te voir comblée, soupira Cheng. Il faudrait juste que tu me laisses aller trouver Chenle pour lui en...–
— Non, aucune violence entre les frère Zhong aujourd'hui, vous me l'avez promis !

Alors qu'il bougonnait à nouveau, les parents de Yeri vinrent tomber dans les bras de leur fille, émus aux larmes. Cheng se décala mais fut rattraper par sa propre mère qui le serra dans ses bras jusqu'à l'étouffer.

— Maman... Pitié... J'ai plus d'air !

Elle le relâcha en bredouillant des excuses et il leva les yeux aux ciel en voyant son visage baigné de larmes. Son père apparut à côté d'elle et il lui tendit un mouchoir, soufflant qu'elle allait finir par ruiner son maquillage. Pour toute réponse, elle lui donna un coup de coude dans les côtes.

— Tel père tel fils à ce que je vois ! Vous ne pouvez pas avoir l'air émus pour une fois ?
— Mais je le suis ! rétorqua son mari.
— Moi aussi, sinon tu te doutes bien que je ne serai pas là.

Il sentit le regard perçant de la mariée lui brûler l'épiderme et regretta sa formulation.

— Enfin je suis très heureux d'être ici aujourd'hui, j'aime Yeri plus que tout...

Les parents de ladite Yeri lui tombèrent dessus, pleurant plus fort après l'avoir entendu et il manqua de s'écrouler.

~

— Où sont Jaemin et Jeno ? C'est bientôt l'heure du gâteau, s'ils ne sont pas là pour nous voir le découper, c'est eux que je vais charcuter.

Jisung essaya de l'apaiser en lui disant qu'ils n'allaient pas tarder à revenir et Chenle ricana.

— Ouais, dès qu'ils auront terminé de s'envoyer e...–

Son petit-ami plaqua une main sur sa bouche, l'empêchant d'en dire plus tandis que son petit frère tournait la tête vers lui, surpris.

— Ils sortent ensemble ?
— Ils sont en train de coucher ensemble alors que je les attends ? demanda Yeri d'une voix suraigüe.

Cheng croisa les bras, marmonnant qu'ils n'avaient vraiment pas les mêmes préoccupations.

— Ne t'énerves pas, ils... Euh, ils étaient heureux de se retrouver... Tu sais bien que Jeno revient tout juste d'un voyage d'affaires, tenta d'apaiser Jisung.
— Oui, il est revenu pour notre mariage !
— Pas seulement visiblement, ajouta Chenle.

Yeri se leva d'un coup pour aller les chercher pendant que Cheng s'affaissait sur la table et que Jisung mettait une calbote au chinois.

— Il faut toujours que tu mettes de l'huile de sur le feu.
— Désolé, c'est mon péché mignon, rétorqua-t-il en frottant son nez contre sa joue.

Par chance, Jaemin et Jeno apparurent devant Yeri et, même si ils n'entendaient rien de là où ils étaient assis, ils devinèrent facilement que le duo se faisait remonter les bretelles mais Jaemin sembla lui répondre quelque chose qui la calma et elle leur donna juste un coup dans l'épaule. Ils revinrent en même temps que le chef pâtissier apportait le gâteau sur un chariot, s'arrêtant devant la table des mariés.

Ces derniers s'avancèrent vers le gâteau et sous les cris et applaudissement des invités, coupèrent ensemble une première part. Fidèle à elle-même, Yeri trempa son doigt dans le glaçage pour en étaler sur le nez de son mari, dépité et peu surpris.

Lorsque toutes les parts furent coupées et distribuées, que le champagne fut servi pour tous les adultes, la mariée demanda l'attention de la salle et attendit que le silence se fasse. Les frères Zhong se jetèrent un coup d'œil, ne sachant pas ce qu'elle avait préparé, puis elle se racla la gorge. Tirant doucement sur sa robe, elle sembla soudainement gênée et Cheng glissa une main dans son dos, en guise de soutien. Après un échange de regard amoureux, elle se ressaisit et observa l'assemblée tournée vers elle.

— Je voudrais profiter de cette journée, en compagnie de toutes les personnes qui sont chères à mon coeur pour faire une annonce. Je ne l'ai appris qu'hier et j'ai voulu faire la surprise à mon merveilleux mari... Je suis enceinte.

Une seconde de silence suivit ses paroles avant qu'une ovation générale n'éclate. Les invités se levèrent et applaudirent, félicitant les jeunes mariés bientôt parents. 

Yeri n'osa pas tourner la tête vers Cheng et il dut lui attraper les mains pour la forcer à lui faire face. Il était complètement hébété et répétait "C'est vrai ?" comme si elle ne pouvait lui faire qu'une blague. Elle encadra son visage de ses mains et plongea son regard dans celui du jeune homme en lui répondant "Oui, tu vas être papa.".

Fou de joie, il l'embrassa avant que leurs amis ne leur sautent tous dessus, heureux.

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Avril 2022

— Ça ne sert à rien de conduire comme un fou tu sais.
— Est-ce que tu réalises combien de temps j'ai attendu ce moment ? Mon adorable petit frère est enfin papa, c'est complètement fou ! Et j'ai raté la naissance de ma nièce ! C'est une honte !
— Nous faire avoir un accident de la route ne ne nous fera pas arriver plus vite.

Face au ton glacial de son compagnon, Chenle réduisit la pression sur la pédale d'accélérateur et rentra la tête dans les épaules.

Lorsqu'il avait appris la naissance de la petite Moon une semaine plus tôt, il se serait jeté dans le premier avion si Jisung ne l'avait pas retenu. Il avait fallu qu'ils partent en vacances en France pour qu'elle décide de pointer le bout de son nez et cela le rendait fou.

Arrivés devant la maison de la petite famille, Chenle se précipita à l'intérieur et tomba nez à nez avec son frère.

— Alors ça y est, tu t'absentes deux semaines et tu oublies toutes tes bonnes manières ?
— Pardon, ça me semblait plus héroïque de débarquer comme ça.

Jisung arriva plus calmement, et salua Yeri qui débarqua, alertée par le bruit.

— Oh les garçons, vous êtes enfin là !

Elle les serra dans ses bras puis attrapa rapidement leurs mains pour les tirer dans les escaliers, suivis de Cheng. Ils arrivèrent dans une chambre pour bébé et elle les guida jusqu'au berceau où se trouvait, parfaitement éveillée, Moon. Elle gazouilla en voyant les visages penchés au-dessus d'elle et tendit l'une de ses minuscules mains vers Chenle qui, lui, avait les yeux humides.

— Elle es vraiment mignonne... Tout l'inverse de toi après ta naissance, lança-t-il à son frère.

Celui-ci souffla, las, avant de se passer une main sur le visage.

— Je ne compte plus le nombre de fois où tu m'as dit que j'étais moche quand je suis né.

Yeri glissa les mains sous le corps de son nourrisson et la serra contre elle avant de demander à Chenle s'il souhaitait la tenir, ce à quoi il répondit par l'affirmative. Quand elle fut dans ses bras, Moon se tortilla pour mieux s'installer et le couple fondit.

— Tu verras Moon, tu auras les meilleurs oncles du monde, encore meilleurs que tes parents.

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2049

— Ton album photo se termine sur une photo de nous deux peu après ma naissance ? Je me sens honorée, annonça l'adolescente.
— Je pense que c'est un peu un concours de circonstance. On ne développait plus trop les photos à cette période, c'est pour ça qu'il y en avait beaucoup moins sur la fin, expliqua Chenle.
— En tout cas j'avais oublié à quel point cet album photo était chaotique, rit Jisung en s'étirant.

Moon referma l'épais album et resta silencieuse, les yeux posés sur la couverture, puis elle le serra contre elle. Elle se tourna vers son oncle et lui demanda pourquoi il avait terminé au fin fond d'un placard poussiéreux. Pensif, Chenle porta son regard à travers la fenêtre du salon.

— Je ne sais pas. Ça s'est fait petit à petit. Comme je te l'ai dit, on a plus ce réflexe de faire développer des photos alors au fil du temps j'ai fini par arrêter de regarder dedans. Après ça, on a fait de grands nettoyages dans la maison et les choses en entraînant une autre, il s'est retrouvé rangé dans un coin et j'ai fini par ne plus y penser. Je ne suis pas trop porté sur le passé, je suis plus du genre à regarder vers l'avenir. Même si cet après-midi à regarder ces photos m'a rappelée de merveilleux souvenirs ! s'empressa-t-il d'ajouter.
— Moi aussi je veux un album photos ! Je veux pouvoir montrer mon enfance et ma jeunesse à mes enfants plus tard.

Jisung ébouriffa l'adolescente en souriant.

— Alors on n'a plus qu'à chercher des photos pour t'en faire un album.

FIN.

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Et voilà, cette histoire est terminée ! J'espère qu'elle vous aura plus malgré sa simplicité :) Ça a été très apaisant de l'écrire et je suis contente de l'avoir finie. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ; on se retrouve plus tard pour d'autres histoires !