Quatrième jour de détention ( Première partie)

- Bon alors, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle...

À l'aube du quatrième jour, cette phrase résonnait en moi comme le glas.

- La bonne nouvelle, c'est que Namjoon est prêt à nous pardonner notre petite incartade.

- Et c'est quoi la mauvaise ? demandai-je en sentant le coup foireux arriver.

Yoongi prit une inspiration et déclara :

- Il souhaite qu'on participe à une expérience pour lui montrer notre loyauté.

Jimin fronça les sourcils et se tourna vers son crush, dans les bras duquel il était lové comme une moule accrochée à son rocher.

- Expérience ?

Je la sens pas l'histoire, je la sens pas.

Yoongi lui fit un sourire rassurant avant de l'embrasser sur le front.

- Ne t'inquiète pas bébé, je serai là pour te protéger, dit-il en lui passant la main sur la joue.

D'où je me tenais, je pouvais entendre Jimin ronronner comme une chatte en chaleur et bizarrement là, il n'avait pas mal au cul, cette enflure!!

- Yoongi, murmura-t-il d'un ton langoureux avant de tendre ses lèvres vers son homme qui s'en empara avec passion.

Je me raclai la gorge, espérant les interrompre avant qu'ils ne copulent sur le lit.

- Excusez-moi ........ S'il vous plaît...

Mais les gémissements commençaient à prendre une ampleur telle que je sentis mes joues se mettre à chauffer sous le regard taquin de Jungkook.

Il se pencha à mon oreille pour murmurer.

- On les laisse seuls ?

Je lui jetai un regard outré.

- Mais non !!! criai-je avant de me tourner vers eux en tapant dans les mains. OH LES EXCITÉS DU CUL, ON SE CALME !!

Mon cri eut au moins l'avantage de les décoller, faisant lever leurs regards embrumés de désir vers nous.

- Ne m'obligez pas à vous lancer un seau d'eau froide la prochaine fois ! Bon, Yoongi, maintenant que tu as fini l'examen ORL de la gorge de Jimin, ça t'emmerderait de nous en dire plus ?

Celui-ci se tourna vers sa moule en souriant.

- Perso, je préfère la proctologie.

Putain, j'en peux plus d'eux.

- CONCENTRATION !!.... Merci, dis-je en les voyant se détacher légèrement. Donc ?

Yoongi eut un dernier sourire salace pour Jimin qui rougit comme une ado prépubère en proie à des fluctuations hormonales et se décida enfin à continuer.

- Le Centre, de ce que j'ai pu comprendre, ne marche pas très bien.

Alors vraiment, je me demande pourquoi.

- Namjoon a eu l'idée de créer un séjour dans le type survivalisme qui est très à la mode chez les richards. En gros, on te largue deux jours dans la savane avec un couteau et une boussole et il t'appartient de revenir au camp de base.

- Vivant et entier, conclus-je pour moi-même.

- En clair, tu es en train de nous dire que pour passer un baume apaisant sur son ego égratigné, tu as proposé à Namjoon que l'on soit les cobayes de ce nouveau concept ? demanda Jimin.

Ah !! Il y en a un qui a retrouvé ses connections neuronales et qui a enfin compris que c'est une idée de merde.

- Mais c'est une super idée, Yoon ! cria mon meilleur pote en se jetant dans ses bras.

- Hein ? Non, mais vous êtes barjots ou quoi ? Je n'ai pas signé pour me retaper le service militaire moi, tout ça parce que l'autre taré nous fait une crise existentielle et n'est pas foutu de gérer son centre de vacances, dis-je en me levant, prêt à quitter la pièce.

Jungkook m'attrapa par le bras avant que j'aie eu la chance de m'enfuir.

- Attends, je sais que l'idée peut paraître absurde...

- Absurde, c'est une idée complètement conne, oui!! répondis-je en me dégageant, puis je me tournai vers les autres en les questionnant du regard. Rassurez-moi, je ne suis pas le seul à penser que c'est une mauvaise idée ?

- Ben, bredouilla Jimin. Namjoon est notre ami et on lui a fait de la peine et qui sait, ça sera peut-être rigolo ?

- Je ne suis pas sûr qu'un rapatriement sanitaire soit le truc le plus fendard du monde...

- Allez Taetae, fais-le pour moi, je culpabilise par rapport à Nam et si on peut l'aider...

Je m'avançai vers Jimin et lui agitai mon index sous le nez.

- Crois-moi que tu peux me sortir tous les arguments du monde, Park Jimin, je ne céderai pas encore à un de tes caprices!! Il n'est pas question que j'aille faire le con en pleine brousse pour savoir qui reviendra vivant.

Yoongi toussa légèrement.

- Il a confisqué nos passeports et si on ne le fait pas, on sera coincé ici pour une durée indéterminée, furent les derniers mots que j'entendis avant de tourner de l'œil.

...

Voilà comment on s'est retrouvé dans la brousse avec un coupe-coupe et une boussole rouillée pour la course d'orientation de ma vie, enfin plutôt de ma survie.

Je vous laisse imaginer ma réanimation par l'éphèbe qui avait posé ses lèvres sur les miennes pour me sortir de mon évanouissement .... Dans mes rêves bien sûr, car en réalité, c'est une paire de gifles de Yoongi qui m'avait réveillé.

Le même Yoongi qui, dès que nous étions descendus de l'hélicoptère qui nous avait déposés au fin fond de nulle part, avait revêtu à nouveau sa tenue de Général pour prendre la tête du convoi.

Il avait le charisme d'un meneur d'hommes, mais je ne cessais de me demander quelle aurait été la probabilité qu'il se fasse buter par ses propres hommes en temps de guerre. J'en étais à quatre-vingt-dix-neuf pour cent.

Quoique niveau psychopathe en puissance, le regard de Namjoon et son sourire carnassier au moment de monter dans l'hélico, resterait à jamais gravé dans ma mémoire. Même s'il nous avait assuré que nous ne risquerions rien dans cette aventure puisqu'on nous avait collé un GPS au cul (littéralement, il était en fait attaché à nos ceintures), j'avais vu dans ses yeux une lueur démoniaque qui ne m'avait rien dit de bon au moment où l'engin quittait la piste.

Nous avions été largués tous les quatre dans les montagnes à deux jours de marche du Centre.

Hoseok avait en vain imploré notre pardon de nous avoir balancés et avait demandé à nous accompagner. Je n'aurais d'ailleurs pas été contre l'idée, puisque j'aurais pu me servir de son corps comme rempart contre les animaux sauvages que nous risquions de rencontrer, mais le Général lui avait donné une fin de non-recevoir, lui arguant que dans son unité, on devait être prêt à mourir pour les autres et que les collabos, on les jetait aux chiens.

C'est donc passablement traumatisés que nous avions commencé à marcher, le film Apocalypse Now tournant en boucle dans ma tête.

La végétation, ici, était beaucoup plus dense qu'en bord de mer. Les palmiers côtoyaient les baobabs qui s'accrochaient au bord des précipices qui longeaient les canyons formant la géographie du lieu. Au sol, poussaient des centaines de fougères qui bruissaient du passage d'animaux invisibles dont je préférais ne pas connaître l'espèce.

Un semblant de piste était déjà tracée dans cet enfer vert, infesté de moustiques.

Pour l'occasion, nous avions revêtu des treillis kaki et des rangers, les tongs n'étant pas vraiment d'actualité dans l'espèce de forêt que nous traversions, sauf si bien sûr, vous vouliez vous faire becter un orteil par un serpent venimeux, du moins, le supposais-je.

Des casquettes nous avaient également été fournies que Jimin avait bien sûr refusé de porter, préférant la sienne sur laquelle brillait en strass le logo de Dior.

On ne sait jamais, des fois qu'on déciderait d'élire Mister Savane dans un moment d'égarement.

Pour le reste, on nous avait donné une gourde pleine chacun, des pastilles pour désinfecter l'eau de la rivière et une malheureuse barre de céréales en attendant de trouver le dîner.

À notre charge de chasser, pêcher ou nous faire livrer par Uber Eats.

Bizarrement, j'étais relativement zen. Je ne sais pas si c'était dû aux deux Tranxène que je m'étais enfilé et dont j'avais caché le tube dans ma botte (très mauvaise idée d'ailleurs) ou au balancement hypnotique des fesses de Jungkook, qui se mouvaient au gré de ses pas et que je suivais comme si je me dirigeais vers la Terre promise.

Le largage eut lieu à sept heures du matin, la tête dans le cul et en grande carence de sommeil, pourtant tout le monde était de bonne humeur. Cela ne dura que jusqu'à la fin d'après midi, c'est-à-dire exactement jusqu'au moment où le soleil commença à nous dessécher sur place, que l'eau vint à manquer, que la barre de céréales fut ingurgitée et que les cachetons ne firent plus effet...

Je fais l'impasse sur l'état de mes pieds qui ressemblaient au rayon luminaire d'une grande enseigne tant ils étaient couverts d'ampoules.

Le Général donna l'autre de s'arrêter et de monter le camp dans une clairière près de la rivière que nous suivions depuis un moment.
Un sable fin en couvrait la berge et l'eau cristalline m'appelait de ses clapotis enchanteurs, même si la trouille de me retrouver face à face avec un crocodile refrénait mes ardeurs.

Je laissai tomber mon sac à mes pieds et regardai autour de moi.

- Alors loin de moi l'idée de jouer les rabat-joie... Je fis abstraction du regard blasé des trois autres qui m'avaient entendu me plaindre toute la journée.

Je veux bien qu'on monte un camp, mais avec quoi ? On a nos fringues, nos sacs à dos vides d'ailleurs, des gourdes et un couteau et je ne suis pas sûr que le string de Jimin soit assez grand pour nous servir à tous de hamac. Parce que si vous croyez que je vais dormir par terre, vous pouvez vous gratter profondément.

- Jamais, il s'arrête ? demanda Yoongi à Jimin qui s'était laissé tomber par terre avec un soupir de soulagement.

Celui-ci releva la tête vers son crush.

- Jamais et quand il est stressé, c'est pire, il est d'un chiant.

- Allez-y, faites comme si je n'étais pas là surtout, pas de problème, j'ai l'habitude...

Jungkook éclata de rire devant cette scène burlesque.

- Vous êtes fendards les deux, on dirait un vieux couple.

- JAMAIS !! répondit-on en parfaite synchronisation. Que Dieu me coupe les bourses si je devais être en couple avec ce casse-couille, baragouinai-je dans ma barbe inexistante en essayant de délacer ma ranger sans me gaufrer, la main appuyée sur le tronc d'un arbre.

- Dommage, elles pourraient servir... répliqua Jungkook, provoquant une bouffée de chaleur sur mon visage qui n'avait rien à voir avec la température caniculaire ambiante.

Yoongi, qui se foutait de notre conversation comme de sa première chemise, commença à aboyer des ordres. Je le soupçonnais de couver une crise de jalousie à l'idée que j'aie pu tremper mon biscuit dans Jimin avant lui.

- Bon, ça suffit les conneries ! La nuit devrait tomber d'ici deux heures, il nous faut trouver de l'eau, de la bouffe et aménager un endroit où pioncer.

Je me redressai, mon pied nu en suspension et lui fis un salut militaire qui ne m'attira qu'un regard noir.

- Jungkook et le clown, dit-il en me désignant, vous vous occupez de remplir les gourdes et d'assainir l'eau, ensuite, vous allez patauger là-dedans, précisa-t-il en désignant le cours d'eau, et vous essayez de trouver à bouffer.

- On n'a pas de fil de pêche ou d'hameçon, précisai-je.

- Tu soulèves les cailloux et tu cherches des crabes ou des grosses crevettes, on les fera griller.

- On n'a pas de feu, fit remarquer Jimin.

- T'inquiète bébé, répondit le Général en se radoucissant. J'ai amené mon paquet de clopes et mon briquet, je te ferai un magnifique barbecue si les deux autres se bougent le cul.

- Hey !!

- Bien, reprit-il, toi et moi, on va voir si on peut choper des feuilles de palmier pour faire une couche et des noix de coco.

Jimin prit la main qu'il lui tendait et se remit sur ses pieds avant de le suivre dans la forêt.

- Bon, ben, il reste plus que nous, dit Jungkook, un sourire aux lèvres, déshabille-toi.

- Pardon ?

- Tu avais peut-être l'intention d'aller pêcher en treillis ?

Je piquai un fard aux pensées qui m'avaient traversé la tête pendant un instant (je sais que vous avez eu les mêmes) et détournai le regard en balbutiant.

- Non, non.

L'éphèbe leva un sourcil interrogateur avant de commencer à se déshabiller avec l'aisance d'un mec super bien gaulé et parfaitement à l'aise dans ses baskets.

Je le regardai se diriger vers la rivière en mode bug total, puis me dépêchai de me déshabiller à mon tour pour le suivre...

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