Deuxième jour de détention (Première partie)

- Ahhhhhhhhhhh, hurlai-je en ouvrant les yeux, après avoir senti un truc humide sur ma cuisse dénudée par le caleçon que je portais pour dormir.

Une chèvre en mâchouillait consciencieusement le tissu, laissant des coulées de bave sur ma peau.

- Quoi, qu'est-ce-qu'il y a ?

Jimin venait de se redresser sur son lit comme un Jack sortant de sa boîte, les cheveux emmêlés et un masque de sommeil encore sur les yeux.

- Làààààààààà !! criai-je avant de tirer sur la friandise de la bestiole et de me recroqueviller à la tête du lit. La chèvre, vexée de se voir subtiliser son petit déjeuner, émit un bêlement de contrariété.

Jimin souleva son masque avant de regarder la scène avec les yeux encore collés de sommeil.

- Ben, c'est une chèvre, dit-il avant de se laisser retomber sur son lit qui émit un grincement d'épuisement.

- Merci Sherlock, je n'avais pas remarqué et rien ne te défrise dans le fait que je me fais becquer le slibard par une bête à cornes ?

- Premièrement, répondit-il en bâillant, elle n'a pas de cornes et deuxièmement, c'est un bébé, sa mère ne doit pas être loin, elle doit avoir faim.

- J'ai la gueule d'une tétine pour chevreau, peut-être ? répondis-je en prenant mon coussin et en m'en servant comme rempart improvisé entre moi et le monstre assoiffé de sang qui me regardait avec ses yeux globuleux.

J'exagère à peine...

La chose, ne semblant pas comprendre le message, commença à croquer le coin de la taie.

- Mais lâche ça, sale bête.

- Oh, mais qu'est-ce-que tu peux être bruyant, bon sang ! râla Jimin en se redressant à nouveau sur son lit et en balançant ses jambes sur le côté pour se lever.

Il se dirigea vers le truc qui brayait et le prit dans ses bras comme il l'aurait fait d'un chaton.

- Alors mon bébé, il t'embête le monsieur ? Il est désagréable le matin, pas vrai ?

- Non, mais je rêve, c'est moi la victime !!

- Il souffre d'un délire de persécution intense, il ne faut pas faire attention à lui. Je vais te mettre dehors et tu vas retrouver ta maman.

- Voilà, fais donc ça, fais comme si je n'étais pas là surtout.

Sans même se retourner, il se dirigea vers l'entrée de la case avec son précieux fardeau.

Je renonçai à retrouver le sommeil après ce réveil en fanfare et fouillai dans ma trousse de toilette à la recherche de mon nécessaire pour aller prendre une douche.

Si la nuit avait rafraîchi l'air, on pouvait déjà sentir la chaleur écrasante du soleil sur le toit de la case. En clair, je puais le fennec et j'aurais tué père et mère pour une douche.

Brigitte Bardot refit son apparition, une fois sa mission accomplie, il s'arrêta sur le seuil en me regardant fixement.

- Quoi ?

- Tu es tout rouge.

- Je crève de chaud.

Il s'approcha de son vanity et en sortit un miroir Chanel qui devait coûter trois troupeaux de chèvres.

- Je veux dire que tu es plein de plaques rouges, dit-il en me tendant la glace.

Je poussai un cri horrifié en voyant les auréoles rouges qui se détachaient sur ma peau comme des points sur une coccinelle. J'enlevai mon t-shirt et constatai le même phénomène sur mon torse. Seuls mes jambes et mes bras avaient été épargnés.

- Mais c'est quoi ça encore ?

Je me retournai vers Jimin qui se retenait de rire.

- CE N'EST PAS DRÔLE !!

Il leva les mains devant lui.

- Calme-toi, je vais appeler la réception pour qu'ils prennent rendez-vous auprès du médecin du Centre.

- Avec quoi ? Des signaux de fumée ? Je te rappelle qu'il n'y a pas de téléphone et je ne peux pas utiliser Whatsapp, il n'y a pas de réseau et PAS DE WIFI !!

- Tu commences vraiment à me les briser avec ton wifi !!

- Mais la preuve, je vais certainement mourir d'un choc anaphylactique dans la minute qui suit et tu n'auras pas pu prévenir les secours.

Jimin leva les yeux au ciel.

- Tu serais déjà mort si tu avais fait un choc anaphylactique, ducon !! Pousse-toi, dit-il en me poussant sur le lit qui s'affaissa avec un craquement sinistre sur le sol.

- Oups !

- OUPS ???? Tu viens d'exploser le lit.

- UN PROBLÈME À LA FOIS !! Je n'ai pas encore bu mon café et à tout moment, je t'épile les poils du cul à la cire chaude si tu continues de me gonfler.

Je me tassai sur le matelas dorénavant au sol, gisant dans les morceaux de bois cassé du sommier, la mine renfrognée, pendant qu'il fouillait dans l'une de ses valises à la recherche de quelque chose.

Il faut dire qu'il ne se déplaçait jamais sans avoir amené la totalité de la baraque avec lui.

Cela expliquait peut-être le fait qu'on n'arrive plus à se bouger ici...

- Voilà, s'écria-t-il en sortant une trousse qui devait faire la taille de ma valise. Il chercha un moment avant d'en sortir un tube de crème et une boîte de comprimés qu'il trouva au milieu de ce que j'estimai être le stock pour six mois d'une pharmacie de province.

Je m'approchai de lui et commençai à fouiller à mon tour, sortant un autre tube que je regardai avec application.

- Crème pour mycose vulvaire, mais qu'est-ce ... ?

Mon ami m'arracha le tube des mains avant de le remettre dans la trousse.

- Touche ton cul, tiens, dit-il en me fourguant ce qu'il avait sorti dans les bras. Apaisyl et antihistaminiques, tu devrais survivre jusqu'à ce que j'aie pris ma douche et que nous demandions à Namjoon où est la case du toubib. Tu as dû faire une petite réaction à la salade d'hier soir.

- Tu appelles ça une salade, toi ?

Il se retourna et me fusilla du regard.

- Ne commence pas !!! dit-il en attrapant un exemplaire propre de la tenue de combat du Centre et sortit comme un prince.

J'aurais presque pu entendre la porte claquée si celle-ci n'avait pas été composée d'un simple rideau...

Deux jours que nous étions ici et j'avais l'impression d'être là depuis un mois tant j'étais épuisé !!!!

...

Nous eûmes l'immense joie et bonheur de constater que le petit déjeuner, servi sous la forme de buffet, se composait de fruits frais, de jus divers, de café, de thé et même de petits pains.

Certains auraient trouvé cela frugal, mais pour nous qui n'avions fait que brouter de l'herbe depuis vingt-quatre heures, nous avions l'impression d'avoir trouvé le chemin de l'Éden.

Le serveur, Omar, ne comprit d'ailleurs pas pourquoi un mec rempli de taches rouges fondait en larmes dans ses bras en lui promettant qu'il rejoindrait le Walhalla pour ses bontés.

Jimin, mort de honte, me traîna reniflant à notre table, le plateau tellement rempli de victuailles qu'on aurait pu croire que j'essayais de recréer la grande pyramide de Gizeh avec de l'ananas et des fruits de la passion. Il repartit ensuite trouver Namjoon pour avoir rendez-vous avec le toubib et régler le problème de literie.

Je posai mon plateau sur la table et poussai un soupir de plénitude. L'air venu de la mer rafraîchissait la hutte qui se trouvait à l'ombre des palmiers et j'allais enfin pouvoir manger.

J'en oubliai presque mon éruption cutanée et la présence intimidante de Min Yoongi, assis quelques places derrière moi, les yeux fixés sur sa tasse de café, comme si elle renfermait tous les secrets de l'univers.

Le moment était parfait, jusqu'à ce qu'un Hobi surexcité me saute dessus, manquant de me faire m'étrangler avec la papaye dont je me régalais.

- TAETAEEEEEEEEE.

- Je ne suis pas là, répondis-je une fois que j'eus délogé le morceau de fruits qui obstruait ma gorge.

- Salut Min, dit-il en s'asseyant à côté de moi sans même relever.

Le Min en question leva son majeur en guise de salut.

Je ne pus m'empêcher de lui faire un sourire entendu auquel il répondit par un signe de tête discret.

Mon Dieu, l'homme communique !!

Avant que j'aie pu pousser plus loin mon analyse psychologique de ce mystère ambulant, je sentis deux paluches se poser sur mes joues et les tirer avec ferveur.

- Taetae, tu es plein de taches rouges, s'écria le propriétaire des mains baladeuses.

- Merci de cette observation, Hobi.

- Qu'est-ce-qu'il t'arrive ?

- Allergie.

- À quoi ?

- À toi, répondis-je du tac au tac.

Je vis Min Yoongi quitter sa table et passer à côté de moi en levant son pouce.

- T'es bête !! répondit Hoseok en éclatant de rire. Qui pourrait croire que sous cet air boudeur se cache un comique ?

- Qui pourrait, en effet ? dis-je avant de croquer dans une banane mûre à point. Le régime alimentaire des lézards avait, semble-t-il, des avantages.

- Il est où ton pote ?

Je levai la tête et regardai dans la pièce pour enfin apercevoir la silhouette de Jimin. Celui-ci était face à Min Yoongi qu'il avait croisé dans l'allée entre les tables en revenant. Il était rouge comme une tomate, les yeux brillants et un sourire niais aux lèvres.

Je n'aime décidément pas ce sourire.

Namjoon, qui arrivait derrière, brisa le charme qui paraissait les entourer dès qu'ils se croisaient. Il salua Yoongi qui passa son chemin et dit quelque chose à Jimin qui le fit cligner des yeux et revenir à la réalité.

Je les regardai s'approcher en plissant les yeux. Quelque chose se passait dans la tête de mon meilleur pote et je craignais de découvrir ce que c'était.

Hoseok, qui se foutait comme de sa première chemise de mes questionnements métaphysiques, avait commencé à se servir dans mon assiette et je fus pris par l'envie furieuse de perforer sa main à coup de fourchette.

Je me retins cependant en voyant mon ami prendre place et Namjoon se positionner en bout de table, les mains serrées l'un contre l'autre et des cernes descendant jusqu'au menton.

Je jetai un regard à Jimin qui baissa les yeux pour éviter de croiser les miens.

- Alors, commença le directeur, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.

Je le regardai fixement, priant intérieurement pour que la mauvaise nouvelle soit un cyclone en approche qui nous oblige à évacuer le Centre pour retrouver nos pénates et la civilisation.

- La bonne nouvelle, c'est que ton lit sera changé dans la matinée, je tiens d'ailleurs à m'excuser pour ce désagrément qui ne se reproduira plus.

S'il n'y en avait qu'un de désagrément...

- Concernant la mauvaise nouvelle, commença-t-il avant de s'éclaircir la gorge...

Je lançai un regard à Jimin qui contemplait les palmiers avec une concentration excessive.

Je vous le dis, ça pue tout ça...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top