Cinquième jour de détention (seconde partie)

- Je suis pas sûr...

Un triple "TA GUEULE" répondit à ma tentative de communication. Je regardai, vexé, les trois hommes en face de moi, profondément peiné que Jungkook me traite lui aussi de cette façon.

Celui-ci vit mon expression dépitée et se dépêcha de poser ses lèvres sur les miennes en guise d'excuse.

- Pardon mon ange, tu disais ?

Je penchai la tête sur le côté en plissant des yeux, partagé entre l'envie de fondre à ses pieds comme une glace au soleil devant son sourire ravageur et l'envie furieuse de lui coller un coup de genou dans les couilles.

Je choisis la première option, me disant qu'il serait dommageable de détériorer l'appareillage de l'éphèbe.

Je me raclai la gorge en essayant de chasser les images concupiscentes qui affluaient dans mon esprit.

- Je disais donc que je ne suis pas sûr que tout cela soit nécessaire, précisai-je en pointant du doigt le cirage noir dont chacun s'était recouvert le visage en vue de l'attaque.

On va récupérer nos passeports, pas essayer d'annexer un pays.

En plus, Yoongi était flippant comme ça, on aurait dit un fantôme sorti de The Ring.

Le majeur du Général s'éleva dans les airs sans même qu'il pose les yeux sur moi. Il n'en avait d'ailleurs pas besoin, car son pitbull manquait déjà de me sauter à la gorge.

- Tu ne parles pas de mon bébé comme ça, répliqua Jimin qui fourra aussi sec sa langue dans la bouche de son homme et qui me regarda ensuite avec une lueur de défi dans les yeux, les dents maculées de cirage noir.

J'entendis Jungkook pouffer derrière moi.

Je clignai des yeux comme un coucou pris dans les phares d'une voiture.

- Certes... Admettons, mais le string sur ta tête, c'est pour faire commando aussi ?

Jimin porta la main à ses cheveux avant de me lancer un regard de tueur psychopathe.

- C'est un bandana, connard !!

- Le connard t'emmerde !! Sinon, tu en es où de tes soins bucco-dentaires ?

Ce coup-ci, l'éphèbe éclata de rire.

- Mais qu'est-ce que tu racontes encore ?

Yoongi arracha le bandana-string de sur sa tête et se retourna vers lui.

- Ouvre la bouche.

- Hein ?

- Ouvre, je te dis !!

Jimin, apparemment habitué à ce genre d'exercice, ouvrit grand et Yoongi en profita pour utiliser le bandana en brosse à dents improvisée, faisant disparaître ainsi les traces de cirage.

- Voilà, tout propre, dit-il avant de lui coller un bisou sur les lèvres. Et toi ! grogna-t-il en se retournant vers moi en désignant le bandana, arrête de l'emmerder ou je t'enfonce ça dans le cul.

- Je vais te tuer, Kim Taehyung ! grommela Jimin en comprenant enfin de quoi il s'agissait.

- Pas avant que je ne te tue, Park Jimin ! dis-je en me rapprochant jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

Nous nous observâmes un moment, nous affrontant du regard, sous les yeux des deux autres qui semblaient être au bout de leurs vies.

- Bien !

- Bien !

- BIEN !

Je glissai la main dans la poche de mon sarouel et en sortis mon tube de Tranxène dont je m'enfilai un cacheton.
Dieu merci, j'avais un tube de secours dans ma valise, un dans mon sac à main aussi et un autre planqué dans le rouleau de PQ que j'avais amené dans les valises, mais que je n'avais pas eu l'idée de prendre aux chiottes...

Bref.

- BIEN !

J'en pris un second et le glissai entre les lèvres de Jimin qui l'avala et me sourit.

- Mais vous êtes vraiment deux tarés !! s'écria Yoongi en nous séparant et en prenant au passage le tube de médocs de mes mains.

J'allai protester, mais il posa son doigt sur ma bouche m'enjoignant au silence.

- Tu- te- tais !!

Rien à foutre, j'en ai d'autres!!

C'est donc en silence et relativement détendu (merci le Tranxène) que nous partîmes à la reconquête de notre liberté.

Le Général, qui décidément avait réellement loupé sa vocation, nous ordonna de marcher accroupis en longeant les murs des cases dans le soleil couchant pour atteindre notre cible sans être repérés.

J'étais partagé entre le fou rire nerveux et le désespoir le plus total de voir à quoi ma vie se résumait dorénavant.

La traversée du camp jusqu'à la case de Namjoon nous prit plus de temps qu'escompté, car elle se situait de l'autre côté du centre, perdue dans la végétation, bien loin des regards... Et pour cause.

- Mais quel bâtard !! m'écriai-je, avant d'être bâillonné par Jungkook.

Pas désagréable d'ailleurs...

Nous restâmes immobiles à observer la case qui ne l'était que de nom.

Devant nous se dressait une villa grand luxe digne des côtes méditerranéennes. Bien que de taille modeste, elle respirait le fric et le confort.

De grandes baies vitrées constituaient la majorité de l'architecture. Le toit, à l'instar des autres cases, était fait de chaume, mais la ressemblance s'arrêtait là.

Même Jimin, qui était dans le déni depuis le début du séjour, ne put s'empêcher de s'insurger.

- Attends, c'est ça la baraque de Nam ? demanda-t-il à Jungkook qui était le seul à l'avoir déjà vue.

L'éphèbe hocha la tête, surpris que nous ne soyons pas au courant.

Yoongi eut juste le temps de rattraper Jimin par la peau du cul alors qu'il se précipitait vers l'entrée avec l'intention d'en découdre.

- Non, mais lâche-moi, Yoon ! Je vais lui couper les couilles et lui faire bouffer à cet hypocrite de merde!!!

- Calme-toi, personne ne coupe les couilles de personne, répondit Yoongi en le maintenant contre lui par l'élastique de son string, et même si cela devait arriver, dit-il en regardant la maison, c'est moi qui m'en occuperai.

Je ne pus réprimer un frisson de peur devant son expression vicieuse.

- Le plan est simple. À cette heure-ci, il doit être chez lui avec Jin. On entre en catimini, on les surprend, on les menace et on récupère nos passeports.

- On les menace de quoi ? De leur couper la clim ? demandai-je, sarcastique, en désignant les gros blocs de climatisation savamment dissimulés dans la végétation. Ils ont même une antenne parabolique !! m'écriai-je en levant la tête vers le toit. LES ENCULÉS!!!

Jungkook intervint à ce moment-là.

- Tae n'a pas tort.

Merci mon chou, je t'aime aussi...

- On les menace avec quoi ? continua-t-il.

- On avisera à l'intérieur, dit Yoongi qui venait de lâcher l'élastique du string de Jimin qui poussa un petit cri de détresse quand la ficelle lui rentra dans le cul. La première phase est de les surprendre, ensuite, on improvise.

Ah ben ça, pour les surprendre, on les a surpris...

Nous étions entrés par la baie vitrée de ce que je supposai être un salon, des plus confortables d'ailleurs.
L'air conditionné rafraîchissait l'atmosphère, entraînant avec elle une telle sensation de bien-être que j'envisageai un instant de me mettre à poil et de m'allonger sur le carrelage glacé pour enfin retrouver une température corporelle normale.

Mais mon attention fut détournée par des bruits qui venaient d'un peu plus loin dans la maison. Apparemment quelqu'un gémissait violemment et pas de douleur si vous voyez ce que je veux dire.

- Ils ne sont quand même pas en train de s'envoyer en l'air ? demandai-je.

- Chut ! me répondit Yoongi.

Mais quoi chut ? Mais d'où qu'il me dit chut tout le temps lui !! Et ma liberté d'expression, merde !, pensai-je en tapant du pied par terre.

Jungkook eut un sourire et me poussa dans la direction que les deux autres avaient prise.

Niveau liberté d'expression, il y en avait un qui ne se posait pas de questions.

- Oh oui Jin, encore, mais entière ce coup-ci. Oh mon amour, c'est si bon, mais ne va pas t'étouffer.

Je fus violemment stoppé par le dos de Jimin qui lui-même venait de rentrer dans Yoongi (et non, toujours pas ! bande de vicieux) qui venait de s'arrêter sur le seuil d'une pièce.

Jungkook, qui arrivait derrière moi, se dressa sur la pointe des pieds pour voir de quoi il s'agissait. Devant son expression horrifiée, je poussai violemment Jimin, qui alla s'écraser contre le chambranle avec un bruit sourd, pour voir de quoi il retournait.

Je dois dire que j'ai encore les yeux qui saignent quand j'y repense aujourd'hui.

Un Namjoon pratiquement nu, portant uniquement un boxer en résille noire, qui ne cachait rien de son anatomie avantageuse, nous tournait le dos et donnait la becquée à Jin.

Le cuistot, lui, était outrageusement moulé dans un string rose, dont le devant représentait une trompe d'éléphant qui tressautait de contentement. Les yeux de la bestiole nous regardaient d'ailleurs avec un air de reproche.

Son torse était maculé de traces de nourriture des plus douteuses et Namjoon continuait de lui fourrer des trucs dans la bouche qui provoquaient chez lui des soupirs extatiques.

Le bureau sur lequel ils étaient appuyés débordait de bouteilles d'alcool et de nourriture en tout genre, viande, sushis, brochettes !!! CUISSES DE POULET !!

L'odeur vint me chatouiller les narines et je perdis tout contrôle. Ma carence en protéines prit le dessus et comme dans un délire alcoolique, je marchai sur Jimin, qui n'en demandait pas tant et poussai Yoongi comme un enragé pour dégager le passage.

Comme un homme perdu dans le désert qui avait trouvé une oasis, je me jetai sur eux, manquant de faire s'étrangler Jin, qui poussa un cri d'horreur et avala de travers.

Namjoon se retourna et ouvrit des yeux exorbités alors que je me précipitai vers le buffet improvisé en poussant un cri de guerre.

- BANZAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top