Tu ne tueras pas

Tout était fait pour qu'il craque. Certaines personnes le regardaient bizarrement à cause de sa cicatrice. De plus, lorsqu'il s'approchait de l'église, il sentait un frisson lui parcourir l'échine, et au pire, des picotements le prenaient dans le bras. Il était à présent sûr que ce qu'il avait vu était vrai. Il ne mangeait presque plus, ne dormait presque plus. Le stress l'empêchait de se nourrir et d'horribles cauchemars incluant sa petite sœur décédée l'empêchaient de fermer l'œil. Le plus souvent, il voyait Zoé se faire soit pendre, soit guillotiner par ses anciens amis. Elle criait, elle hurlait, elle priait. Lui ne pouvait rien faire et restait là à la regarder. De jour en jour, son état s'aggravait. Maintenant, les chiens lui aboyaient même dessus, les chats sifflaient ou partaient. Toute cette histoire était vraiment allée trop loin. Il n'allait plus voir ses amis, de peur que la chose qu'il avait contactée par accident ne leur fasse du mal. Cet isolement le rendait fou. Il avait l'impression de ne plus exister. Tout ça, c'est de leur faute : Basil, Nathan, India et Marelle. C'étaient eux les fautifs.

Matthieu rentra chez lui. Il alla sur son lit et fixa le plafond. Il repensait à la proposition de la créature. Il réfléchissait : "Elle peut m'aider... Elle peut m'aider... Mais comment?" Une voix retentit à côté de lui : "Tu verras." Il sursauta et vit la créature debout, devant le lit. Il cria et tenta de se relever mais il se tapa la tête contre le mur derrière lui. Elle semblait ricaner. Matthieu la regardait :

Matthieu : Qu'est ce que vous me voulez?!

Créature : Je veux t'aider. Elle n'a été écoutée. Là-haut, ils n'écoutent pas grand monde. Ils attendent qu'on les prie, qu'on les adorent sans rien en retour. Si elle m'avait demandée de l'aide plutôt qu'à ce snobe d'Archange, je l'aurais écoutée sans problème. Mais non, comme la majorité des humains, elle a été manipulée par ces foutus textes à la con où il y est dit que ce qu'ils veulent entendre. C'est pour ça que je veux t'aider.

Matthieu : Vous avez l'air de leur en vouloir... Qu'est ce qu'ils ont fait?...

Créature : Disons que lorsqu'on est le plus beau des anges et qu'on se fait dégager, on peut l'avoir en travers de la gorge...

Le jeune homme écarquilla les yeux et pâlit. Zozo lui avait raconté l'histoire de cet ange : Lucifer, le plus beau des anges s'est fait chassé du Paradis avec d'autres anges rebelles pour avoir défié Dieu d'après les chrétiens, pour devenir ensuite une Bête pleine de haine, soit l'actuel Satan. Elle ricana un peu plus : "Tu as mis du temps mais tu l'as compris, c'est le plus important!" Matthieu descendit doucement du lit et partit en courant. Il entra dans l'ancienne chambre de sa sœur et chercha quelque chose. La Bête entra dans la pièce nonchalamment. Il trouva ce qu'il voulait : un crucifix. Il prit fermement mais la paume de sa main se mit à le brûler. Il hurla de douleur et le lâcha vite. Sa main était rouge, la brûlure allait presque jusqu'au sang. Satan soupira : "Tu vois? Tu n'es plus rien à leurs yeux... Tu es comme moi, rempli de haine et de vengeance, mais également d'envie..."Elle s'approcha de lui. Elle baissa sa capuche. Elle avait décidé de prendre la forme d'un diable rouge, aux grosses cornes de bouc et aux longs cheveux noirs. Ses yeux étaient noirs et ardents, comme des flammes. Elle poursuivit : "Pour l'envie de la revoir, je ne peux pas définir le temps que ça prendra, mais si tu fais sortir cette haine, je pourrais te donner la force et la patience qu'il te faut." Il regarda la trace du crucifix. Elle avait raison, il n'était plus rien, surtout ici. Il lui demanda, enfin sûr de ce qu'il voulait : "Je vous écoute, Satan..." Le rictus de la Bête s'élargit alors...

Basil marchait en direction de chez lui. Il était seul. Aucun de ses amis n'était là aujourd'hui. Une fois à destination, il chercha ses clés dans ses poches quand il entendit un bruits sourd. Il posa sa main derrière sa tête avant de s'écrouler au sol, inconscient... Il se réveilla en sursaut. Il était attaché solidement à une chaise, au milieu d'un pentagramme éclairé par 5 bougies, une à chaque pointe. A en croire la froideur de la pièce, il devait être dans une cave. Il commença alors à se tortiller et à crier au secours quand quelque chose roula vers lui. Il regarda et hurla, presque en pleurant : c'était la tête fraîchement décapité de Marielle, ses yeux avaient étaient arraché, ainsi que ses dents et sa langue. Inutile de dire que son sang coulait abondement. Des bruits de pas résonnèrent soudainement. Quelqu'un marchait autours de lui, pieds nus. Il allait demander qui était là avant que la voix de Matthieu ne retentisse :

Matthieu : C'est la première fois que je te vois dans cet état, Basil...

Basil : Matthieu??! Qu'est ce que tu fous??!

Matthieu : Je ne fais que vous rendre la monnaie de votre pièce...

Basil : Quoi mais qu'est ce qu'on t'a fait??!

Matthieu : Vous ne m'avez rien fait certes, en tout cas pas directement... Tu peux aller à Zoé...

Basil : Quoi??! Tu en es encore là??! Mais on a rien fait, elle s'est suicidée!!!

Matthieu : Par votre faute, sale gosse!!!

Basil : Mais t'es un grand malade... Tu devrais te faire enfermer, tu n'es pas normal, comme ta sœur!!!

Le sang du plus vieux ne fit qu'un tour. Il alla donner une claque à l'adolescent : "C'EST TOI QUI N'EST PAS NORMAL!!! TU N'AS PAS DE CŒUR, COMME TES AMIS!!!" Il serra ses poings : "Tu as tué ma petite sœur et tu n'as aucun remord... C'est toi qui ne mérite pas d'être de ce monde..." Il repartit dans l'ombre de la pièce et revint avec sa planche Ouija. Elle était couverte de sang. Il la posa doucement devant l'attaché. Ce dernier le regardait faire. Certes, il voulait montrer qu'il n'avait pas peur, mais il n'y arrivait pas, il était terrifié. Mama s'agenouilla devant la planche et mit ses doigts sur la goutte. Basil craqua : "ARRÊTE TES CONNERIES ET RELÂCHE-MOI!!!"

M

"TU ES FOU!!! TU DEVRAIS TE FAIRE ENFERMER!!!"

A

"TU ES MALADE!!!"

M

"TU MÉRITERAIS DE CREVER DANS TON COIN OU D'ÊTRE MIS A MORT!!! TU IRAS EN ENFER, COMME TA SŒUR!!!"

A

Matthieu ricana et marmonna : "Elle n'y est pas... Par contre, je sais que j'irai en Enfer, mais dans ce cas... Toi aussi." Il releva sa tête. Ses yeux bruns sont devenus rouges et noirs avec des pupilles droites. Basil hurla et son agresseur lui sauta dessus. La chaise tomba en arrière. Mama lui griffa la joue. Ses ongles étaient pointus tels des griffes. Malgré les liens qui le retenaient, l'adolescent tentait de ramper. Son agresseur le regardait faire, heureux de voir ce connard se mouvoir comme ce qu'il avait toujours été : un misérable petit vermiceau. Il le retint seulement en posant son pied contre la joue de Basil. Ce dernier pleurait. Il se baissa et lui murmura à l'oreille : "Tu ne manqueras à personne, bâtard." Ce n'était pas une voix humaine. Elle n'était ni identifiable, ni de ce monde. Mama se redressa et écrasa la nuque du gamin avec son pied. Basil hurla en sentant une de ses vertèbres craquer. L'autre lâcha un petit rire. Sa victime put remarquer que sa dentition n'était pas humaine non plus, elle ressemblait à celle d'un fauve. Une sensation de chaleur s'intensifiait au niveau des omoplates du grand brun, ainsi que vers son crâne et son coxis. Quelque chose allait en sortir... Il choisissait sa forme physique... Derrière lui, la goutte se remit à bouger, toute seule.

M

Mama attrapa les cheveux de Basil pour lui mettre la tête en arrière, faisant craquer une fois de plus les vertèbres.

A

Il fit basculer sa victime sur le dos. Il approcha sa dentition de lui.

M

Il lui mordit l'épaule. Basil hurla et se tortillait en le suppliant.

A

"LAISSE-MOI, SALE DÉMON!!!!!!" À ces mot, Mama hurla. Sa peau se déchira au niveau de ses omoplates pour laisser sortir de grandes ailes de chauve-souris.

M

Basil était paralysé. Matthieu n'était pas fou ou possédé, il était le démon.

A

Il griffa plusieurs fois le ventre de sa victime : peau, chair, muscles, graisse, sang, entrailles, tout y passa.

M

Basil vomit du sang. La douleur était insoutenable. Il n'arrivait plus à hurler à cause de ses fluides corporels qui lui bloquaient la gorge. Il suffoquait.

A

Mama, les mains pleines de sang, attrapa le visage du gamin et le força à le regarder dans les yeux : "Tu souffriras à jamais pour ce que tu as fait."

M

Il le lâcha. Il se redressa. Sa colone vertébrale se prolongea pour devenir une longue queue fine en pointe de flèche.

A

Une pair de cornes de bouc commençaient à sortir de son crâne, le faisant saigner. Il avait mal. Il grognait et rugissait à moitié. Mais au moins, il avait choisi sa forme physique.

M

Il baissa ses yeux vers Basil. Il se mit à 4 pattes d'un coup et lui murmura à l'oreille : "À bientôt en Enfer..." avant de lui arracher la gorge avec ses dents.

A

C'était fini...

Mama était dans un coin de la pièce à reprendre son souffle. Sa transformation lui avait fait mal. Au milieu du pentagramme apparut la Créature, Satan. La Bête s'approcha, marchant sur le cadavre de Basil. Elle s'accroupit devant lui et sourit : "Mama? Pas mal le nom... Mama le démon du Ouija." Il fit non de la tête :

Mama : Est ce que je peux choisir un autre nom ou en avoir plusieurs?...

Satan : Pourquoi cette question?

Mama : Vous avez plusieurs nom, et votre premier nom était Lucifer d'après les Chrétiens...

La Bête comprit et demanda : "Très bien, "Mama" sera un surnom... Quel est ton nom titulaire?" Le nouveau démon regarda la planche de Ouija. Sa supérieure fit de même et alla regarder. La goutte bougea...

Z...




O...




Z...




O...




Lucifier se retourna vers lui. Il souriait. Elle le fixa dans les yeux :

"Zozo?"

The End

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