Tu ne pécheras pas

Sa vie semblait vide. Ses parents étaient déprimés et il n'avait plus de nouvelles d'eux. Matthieu se sentait seul. Il semblait mort à l'intérieur. Même après l'enterrement de Zoé, il n'arrivait pas à faire son deuil. C'est amis tentaient de le réconforter, mais cela n'avait aucun effet. Il voulait la revoir, il voulait revoir sa Zozo. Il n'était pas le seul. Matthieu avait réussi à appeler Samara pour lui annoncer la nouvelle. Il ne pouvait que l'entendre et avait bien compris qu'elle avait le cœur déchiré. La planche Ouija était son dernier recours pour tenter de la contacter. Chaque soir, il faisait une séance seul, mais jamais personne ne répondait. Cela faisait maintenant plus d'une semaine que ça durait. Quand il marchait dans la rue et qu'il croisait Basil et sa bande, il sentait une rage folle l'envahir. Les voir rire le dégoûtait. Pourquoi avait-il le droit d'être heureux après ce qu'ils avaient fait endurer à sa sœur? Il voulait aussi les voir périr, les voir se faire détruire. Mais il savait bien que si il tentait quelque chose, étant majeur, il allait avoir de sérieux problèmes. Alors il ne faisait rien, passant juste à côté d'eux et espérant qu'un jour la roue tourne. Pour rentrer chez lui, il passait souvent à côté de l'église dans laquelle allait se recueillir Zoé. Il ne voulait pas y entrer. Il ne voulait pas voir cette église de malheur. Il en voulait à l'Archange. Même s'il y croyait à peine, il le détestait. À ses yeux, il était aussi une des causes de la mort de Zozo : "Et après on appelle ça "Saint"..." se répétait-il dans sa tête à chaque fois qu'il passait à côté.

Les jours se rallongeaient tandis que les nuits se raccourcissaient pour le jeune homme. Le soir, il passait de plus en plus de temps devant cette foutue planche. Tout ce qu'il voulait était seulement un signe qu'on l'écoutait. Mais à force, cela ne faisait qu'alourdir son cœur. Et finalement, un soir, il craqua. Les doigts toujours sur la goutte, il éclata en sanglots. Il n'en pouvait plus. Pourquoi quand Zoé était en vie ça marchait et là ça ne marchait plus? Il insultait en hurlant les assassins de sa sœur. Il jurait tout et n'importe quoi. Il voulait les faire payer, les faire périr! La colère s'emparait peu à peu de lui. Ce n'était plus les appels au secours, mais des cris de vengeance. Il voulait se venger, mais en même temps, il était au fond du trou. Il était désespéré de ne plus pouvoir lui parler. Il était prêt à tout. Soudain, il sentit quelque chose se déplacer sous ses doigts. Il regarda. La goutte bougeait. Enfin! Ses larmes de désespoir se transformèrent en larmes de joie tandis que le triangle de plastique blanc se déplaçait. Mais cette allégresse se dissipa rapidement lorsqu'elle s'arrêta sur le "S"...

Matthieu tremblait à cette réponse. Le "S" était toujours une lettre qu'il avait redoutait dans le Ouija. Souvent, cela voulait dire "Serpent", "Sournois", "Savoir" ou bien... "Satan". Non, ce n'était pas possible que ce soit lui. La Bête n'avait rien à voir avec sa sœur! Rien du tout! Mais si c'est vraiment lui qui lui a répondu, est-ce que c'est vraiment pour sa sœur? Il posa cette question : "P-pouvez-vous épeler votre prénom s'il vous plaît?" La goutte resta un long moment sur le "S", avant de se déplacer vers le "A" pour s'y arrêter. Matthieu n'en demanda pas plus, il avait compris. Il trembla. L'atmosphère s'était refroidi. Et comme si cela ne suffisait pas, une voix ressemblant à celle d'une femme résonna juste à côté du jeune homme : "Je sais ce que tu cherches..." Mama recula d'un coup sans même mettre la goutte sur "Au revoir". Terrible erreur... Il regardait autour de lui. Elle parla encore :

"Je sais comme t'aider..."

"Tu es en colère, je le sens..."

"Venge-toi..."

"Je sais ce que tu veux..."

Matthieu demanda finalement : "De quoi vous parlez??! Vous êtes où??!" La peur le paralysait. Soudain, il sentit quelque chose sur son épaule et se retourna. Une grande ombre se tenait derrière lui, de 2 grands yeux jaunes le fixant. Il hurla et recula directement contre mur. La voix venait de cette ombre : "Je peux t'aider... Si mon opposé ne peut pas le faire, alors moi je le ferai..." Le coeur du brun battait la chamade et sa respiration se faisait rapide. Elle continua : "Je sais ce que tu recherches... Malheureusement c'est inaccessible sous cette forme... De plus, si ça peut te rassurer, elle n'est pas chez moi..." La chose parlait de Zoé, c'était sûr. Matthieu balbutia : "C-comment voulez vous m-m'aider?" La silhouette s'approcha doucement : "Je peux te donner une forme qui durera éternellement... Qui te permettra d'attendre... Qui te permettra peut-être un jour de la revoir..." Le jeune homme ferma les yeux. Le souffle ardent de la créature se déposait sur son visage, jusqu'à ce qu'elle continue : "Basil, n'est ce pas? C'est lui le fautif, ainsi que ses amis?" Matthieu rouvrit les yeux. La Bête le fixait. En entendant le nom de ce sale gosse, il serra les poings : "Ce bâtard... Pourquoi a-t-il le droit d'être heureux après ce qu'il a fait??!" Elle grogna légèrement : "Parce qu'il pense être dominant... C'est bien le cas, mais n'oublions pas que des dominants sont toujours renversés par les dominés... Ta sœur était une dominée et toi, avec tes attitudes, tu es aussi un dominé... Mais tu peux toujours renverser cela... Je peux t'y aider... Si tu acceptes mon aide, tu seras en plus récompensé... Tu n'as vraiment rien à perdre..." Elle lui caressa doucement la paupière gauche jusqu'à sa joue : "J'attend ta réponse avec impatience..." Et la silhouette se dissipa dans la pénombre...

Ce matin, Matthieu se réveilla assez tard, il avait fait presque nuit blanche après ces événements. Il n'arrêtait pas de se demander si il avait rêvé ou si cela était bien arrivé. Pour se calmer et remettre ses idées en place, il alla donc dans ma salle de bain pour se mettre de l'eau froide sur le visage. Il se répétait que c'était sûrement un rêve, mais toutes pensées rationnelles disparurent lorsqu'il vit quelque chose sur son visage en se regardant dans le miroir : de sa paupière gauche jusqu'à sa joue, il y avait une cicatrice, exactement là où la créature l'avait touché la veille...

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