Chapitre 5: Boggis, Bean et Bunce, un petit, un gros, un mince


NDA: En média, la bande-annonce du film dont je me suis inspirée. Je la trouve très drôle. Elle est en plus, du moins selon moi, tout à fait adaptée comme bande-annonce de ma fic.

Dans la vallée il y avait trois fermes. Les propriétaires de ces fermes avaient bien réussi. Ils étaient puissants, ils étaient craints, ils étaient riches. Très riches, même, surtout si l'on prend en considération le fait qu'ils vivaient dans le district 15, le plus pauvre de tout Panem, où la plupart des habitants ne mangeaient pas à leur faim pour le moins durant la moitié de l'année. Eux, n'avaient pas ce genre de problème : ils avaient beaucoup d'argent, des fermes prospères, d'immenses champs où poussaient légumes et céréales, de grands vergers où était alignés de beaux et grands arbres couverts de fruits, d'énormes hangars où étaient élevés volailles et bétail, d'imposants bâtiments où les fruits étaient lavés et triés, le jambon séché, le fromage affiné... Camions et trains partaient régulièrement de leurs fermes vers le Capitole, où les productions étaient vendues, cher, et parfois même exportées dans le reste du monde.

Ils étaient riches et prospères, donc. Mais ils étaient aussi méchants. Et égoïstes. Et avares. Et cruels Et... La liste était longue.

Ils s'appelaient Boggis, Bean et Bunce.

Walter Boggis élevait des poules, l'une des exploitations les plus prospères de Panem, si ce n'est du monde. Il avait des dizaines ; non, des centaines ; non, des milliers de poulets. Evidemment, il n'avait pas que des poulets. Ses pommes de terres figuraient à la table des grands du Capitole, et ses champs de maïs et de blé produisaient à eux seuls assez de grains pour nourrir les districts 13 ; 14 et 15, même si la plus grande partie était plutôt employée pour engraisser ses volailles. Ses champs de colza ressemblaient un petit océan de fleurs jaunes, et les melons, qui partaient par caisses entières de sa ferme pour finir dans les assiettes des privilégiés de la zone or pouvaient, par la taille, se confondre avec des boulets de canon. Pour faire court, il produisait de très nombreux et très variés produits agro-alimentaires, mais sa grande spécialité restait les volailles, et notamment les poulets. Sa renommée s'était construite autour du poulet, sa richesse s'était faite autour du poulet, et jamais chez les spéculateurs et les sociétés d'import-export ou dans les grands restaurants d'Alzar, on ne parlait de lui sans parler de poulet, et de poulet sans parler de lui.

Lui-même raffolait de poulets, et l'on peut sans mentir prétendre qu'il n'était pas peu fier d'avoir construit sa vie financière autour de son met favoris, d'autant plus que cet état de faits lui permettait d'avoir constamment auprès de lui de quoi satisfaire son légendaire appétit. Il mangeait en effet chaque jour trois poulets au petit déjeuner, au déjeuner, au dîner et au dessert. En tout, douze per diem. Le matin, poulet fumé et galettes de pommes de terre au beurre de cacahuètes; le midi, poulet rôti avec de frites et de la mayonnaise ; le soir, poulet à la cocotte et pommes de terre au four ; et au dessert, brochette de poulet et pommes de terres sautées à la poêle, au coulis de myrtille ou à la sauce au chocolat. Boggis n'était pas réputé pour les qualités gustatives ou diététiques de son menu quotidien. Il était horriblement gros : il pesait aussi lourd qu'un jeune rhinocéros, ce qui n'est pas rien, surtout pour un taureau. Les mauvaises langues disaient, non sans raison, il est vrai, que Boggis lui-même, avec son gros ventre, ses jambes courtes et sa petite tête, présentait de fortes ressemblances avec un poulet.

Nathan Bunce élevait principalement des canards et des oies. Il avait des dizaines ; non, des centaines ; non, des milliers de canards et d'oies. Il élevait aussi des pintades, et des dindes. Il possédait aussi quelques centaines de porcs et de truies, sauvages, évidemment, qui finissaient régulièrement leurs existences sous la forme de pâté, de saucisson, de jambon, de lard, de côtelettes ou de pieds de cochon... Ses jambons étaient connus pour être les meilleurs de Panem, et l'on murmurait que le président Bluewaters, lui-même, raffolait de son saucisson porc-canard au thym et à la ciboulette. Certains, faisaient tout de même remarquer que tirer tant d'argent de l'abattage et de la vente de cochons, c'était un peu osé de la part d'un sanglier. Mais Bunce n'avait pas ce genre d'états d'âme. De toute manière, plus que la viande porcine ou bovine, car il possédait aussi quelques vaches, plus que les fromages qu'il fabriquait, un hangar entier était consacré à l'affinage de ceux-ci, plus que la confiture de pêche ou de cerise dont il fabriquait plusieurs centaines de pots par an, plus que le seigle, l'orge et le blé qui poussaient dans ses champs et dont sa boulangerie fabriquait différentes sortes de pain qui venaient accompagner les repas des riches patrons des grosses entreprises de la zone brune, des grosses huiles du Capitole, ou des membres des grandes familles de la zone or, ce qui faisait sa richesse et sa fierté, c'était les canards et les oies. Sa renommée s'était construite autour des canards et des oies, sa richesse s'était faite autour des oies et des canards, et jamais chez les spéculateurs et les sociétés d'import-export ou dans les grands restaurants d'Alzar, on ne parlait de lui sans parler de canards et d'oies, et d'oies ou de canards sans parler de lui.

Sa taille est à peu près celle d'un nain ventripotent, et son menton tremperait dans l'eau, même dans le plus petit bain de la plus petite piscine au monde, excepté peut être celles conçues pour les musaraignes, les souris ou les mulots. Il se nourrissait de beignets faits maison, dans lesquels il injectait des foies d'oies écrasés, et sur lesquels il ajoutait quelquefois de la confiture de cerise de sa ferme. Les avis sur sa cuisine étaient... partagés : lui, la pensait géniale, tous les autres les trouvais abominable. Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que ses beignets gras, et surtout la bouillie infâme dont il les remplissait, lui donnaient mal à l'estomac et un caractère épouvantable.

Franklin Bean élevait des dindons et des dindes et cultivait des pommes. Il avait des dizaines ; non, des centaines ; non, des milliers de dindons et de dindes, et d'interminables vergers pleins de pommes. Il avait même créé ses propres variétés. Bien évidemment, tout comme ses confrères, il ne s'était pas uniquement enrichi grâce aux dindons et aux pommes. Il avait aussi, et nous le savons bien, plusieurs pigeonniers dans lesquels vivaient ramiers et tourterelles. Il possédait également des champs entiers de blé, de riz, de maïs, d'orge, de seigle, d'avoine, d'épeautre, de millet, de sarrasin, de quinoa, et de soja... Il possédait de superbes vignes, avec de gros raisins sucrés et juteux, qui faisait la joie des riches consommateurs, et donnaient des vins parmi les meilleurs de Panem. Il possédait des industries, qui fabriquaient pains, gâteaux, fromages et confitures. Il possédait des très beaux troupeaux de bovins, d'ovins, de caprins, d'équidés ou de porcins... Son domaine comprenait d'immenses hangars où pondaient et engraissaient des volailles de toutes espèce en attendant de finir à la casserole. Ses poires et ses coings permettaient de fabriquer les meilleures pâtes de fruits que l'on pouvait trouver dans le pays et sa gelée de groseilles faisait les délices des plus aisés des Alzariens. Sa liqueur de cerise et son vins de cassis étaient les plus chers sur le marché, seuls les plus riches pouvaient se vanter d'en avoir dans leurs cellier. Les pêcheurs et les pisciculteurs du district 13 ne pouvaient s'empêcher de jurer lorsqu'ils entendaient parler de lui, car ses saumons, ses anguilles et ses dorades leur faisaient une redoutable concurrence. Les petits agriculteurs du district 6 qui avaient réussi, aux prix de durs efforts à posséder eux même leurs petites exploitations regardaient ses choux et ses tomates d'un œil mauvais, et les ouvriers agricoles du même district, qui travaillaient dans les champs du Capitole qu'ils fournissait en asperges, en courgettes et en épinards très appréciés des zones riches ne citaient son nom qu'avec la crainte que l'on a vis-à-vis d'une menace terrible sur laquelle l'on a aucun pouvoir : si ses production les surpassaient, en quantité et en qualité, ils risquaient de passer au second plan, et d'être donc moins bien payés, voire mis au chômage.

Je ne cite ici que quelques exemples parmi tant d'autres, beaucoup d'autres denrées auraient au même titre mérité de figurer dans la liste, mais je m'arrêterai là, de peur que ces portraits ne prennent une petite allure du Catalogue de Prévert. Il suffit que vous ayez compris que Bean, Bunce et Boggis vendaient un peu de tout, et dans des quantités, et à des prix fort élevés.

Bean ne mangeait jamais. Son régime était exclusivement constitué de cidre fort. Il buvait des litres et des litres de cidre, mais pas de n'importe quel cidre. Son cidre, fabriqué avec ses pommes ce qui faisait sa fierté, sa joie, son orgueil. Ce qui avait fait sa richesse aussi. L'élément phare de sa production, encore plus même que ses dindes ou ses pommes. Il en vendait de toutes sortes, doux, sec, demi-sec, brut, léger, pétillant, fruité... mais il n'en buvait que d'une sorte, la plus forte, la plus corsée, la plus alcoolisée, celle qui brulait la gorge et enflammait l'estomac comme si l'on buvait des rayons de soleil, celle dont la saveur avait la profondeur et la pureté de l'or fondu. Il était maigre comme un clou, malin comme un singe, et il était considéré dans le district comme « probablement l'animal le plus terrifiant du monde ».

Ils s'étaient rencontrés au camp d'entraînement des futurs pacificateurs. Bean et Boggis se connaissaient déjà vaguement. Tous deux venaient d'Alzar. Bean, fils d'un riche spéculateur et possesseur d'une grande firme d'import-export, était né dans la zone blanche, mais c'était son frère aîné qui avait hérité de l'entreprise et de la majorité de la fortune paternelle. Lui, comme le faisaient traditionnellement les cadets de sa famille, tradition partagée par un certain nombre de grandes familles d'hommes d'affaires d'Alzar, avait dut choisir entre devenir l'adjoint de son grand frère, faire carrière dans le droit ou la médecine, ou entrer dans les rangs de l'armée ou des pacificateurs. Trop fier pour le premier, absolument pas intéressé par le second, il avait choisi, bon gré mal gré, d'endosser l'uniforme. Fils par la main gauche du directeur d'une banque célèbre de la capitale, l'existence de Boggis avait été cachée du reste de la famille pour éviter un scandale, et c'est ainsi qu'il avait été poussé par son père à s'engager parmi les pacificateurs. Bunce, lui, était né dans le district 2. Sa famille y était riche et reconnue, à cause de sa tante, ancienne vainqueur des Hunger Games. Inscrit à une école de combat pour devenir, lui aussi, un carrière, il ne s'était pas montré particulièrement brillant et ses instructeurs n'avaient pas mis longtemps à décréter qu'il ne faisait pas le poids. Il avait toutefois poursuivis son entraînement, afin de devenir pacificateur, comme son père et son grand-père avant lui.

Réunis par leurs origines sociales, leurs appétits de richesses et de pouvoir et leur mépris pour les prédateurs ; tantôt séparés, tantôt réunis par le hasard des affectations, ils choisirent, à leur démobilisation, dix ans plus tard, de s'installer dans le district 15, d'y acheter un terrain et d'y construire leurs fermes, qui devinrent rapidement prospères, qui s'étendirent, devinrent de plus en plus importantes, de plus en plus riches...

Auparavant, Bean avait tenté de s'installer dans le district 6, et de s'y faire élire maire. Il en usa de toutes les façons, mais échoua. Déçu, humilié, vexé, il quitta le 6 pour le 15, décrétant, furieux, qu'il préférait « comme César, être le premier au village que le second dans Rome », phrase qu'il venait de dégotter dans un bouquin du grenier.*  Il avait donc joint le geste à la parole et quitté le 6 avec armes et bagages, pour rejoindre ses camarades dans le 15, où, cette fois, à force de persuasion et de belles paroles, de menaces et de corruption, usant de triche et de l'influence paternelle, il parvient à ses fins et devint maire.

Bean s'était marié avec une jeune biche, de la même espèce que lui pour respecter les convenances. Un cerf élaphe ne pouvait tout de même pas épouser une biche de Schomburgk ou une biche d'Eld, cela aurait nuit à la pureté de la race de la famille, chose affreuse, impensable ! Anita, fille d'un petit vigneron du district 15, avait épousé Bean sans passion, sentiment par ailleurs réciproque, mais lui avait donné deux enfants, un cerf et une biche, actuellement âgés respectivement de 17 et de 16 ans. L'ainé, Hector, ressemblait à son père par la taille et la maigreur, par ses yeux très sombres et même par la forme de son visage, mais l'influence de sa mère lui en avait donné la douceur sans laquelle il aurait semblé menaçant. Marguerite, elle, ressemblait en tous points à sa mère, si ce n'est qu'elle promettait de devenir un peu plus grande. Elle était également très mince, ce qu'elle pouvait tenir de son père autant que de sa mère, cette dernière n'étant elle non plus pas bien grosse. Même de caractère elle était plus semblable à sa mère qu'à son père : elle était généreuse, douce, enjouée, et ne méprisait ni les prédateurs ni les petites proies. Elle avait même pour meilleures amies Hope et Felicity, bien qu'elle ne les voyait qu'en cachette de son père, qui n'aurait pas aimé la voire trainer avec ce genre de « racaille ».

C'est Anita qui avait donné leurs prénoms à ses deux enfants. Bean l'avait laissée faire. Il se moquait complètement du nom de son fils, du moment qu'il avait un héritier mâle ; et pour sa fille, il se moquait carrément de son existence, alors elle aurait aussi bien put se prénommer Mandragore ou Aubépine, ça lui été parfaitement égal.

Bunce était, lui aussi marié. Sa tendre moitié, une phacochère aux yeux de fouine et à l'air revêche, sèche comme du bois mort qui, bien que petite, le dépassait d'une bonne tête, était originaire du district 1 où elle prenait tout le monde de haut parce qu'elle était la nièce du fils de l'ancien maire. J'eus beaucoup aimé dire, qu'elle était malgré tout gentille et spirituelle, une bonne voisine avec qui la pauvre Anita eut pu discuter de temps à autre, elle qui était si seule et si triste, mais je ne le peut, car ce serait mentir. La vérité est qu'il n'en était rien. Madame Bunce était dans son esprit aussi charmante que le laissait entendre son physique, oh victoire de la physiognomonie. Les habitants du 15 qui l'appréciaient presque autant que son cher époux disaient d'elle avec une gentillesse et une amitié toute méritée, qu'elle avait autant de charme qu'un topinambour et une calculatrice à la place du cœur.

Ce charmant couple avait deux fils, un jeune garçon d'une douzaine d'années, un méchant garnement, à la fois fainéant et ambitieux, prêt à tout pour réussir, y compris à user des moyens les moins honnêtes, et son frère, âgé de neuf ou dix ans, dont il serait un euphémisme de dire qu'il n'était pas très intelligent et qui suivait son aîné comme son ombre, avec admiration et dévouement. Il y avait aussi une fille de 15 ans, Olive, qui tenait pour beaucoup de sa mère surtout dans la mentalité, et qui malgré son nom, avait et l'apparence et le délicieux parfum d'un cornichon.

Boggis était veuf et n'avait qu'un enfant, un taurillon d'une vingtaine d'années qui s'était engagé chez les pacificateurs.

Les jeunes animaux du district 15, qui n'aimaient pas beaucoup les trois fermiers avaient inventé une sinistre comptine qui parlait d'eux:

Boggis, Bean et Bunce,

Un petit, un gros, un mince,

Horribles truands, bien que différents,

Ils sont tous les trois si méchants.


Bunce, Bean, Boggis,

Le gros le maigre, le petit,

Laids comme des poux,

Sont de vilains grigous.

Ils la chantaient souvent lorsque leurs noms apparaissaient dans une conversation, quoique toujours dans leurs dos, non par lâcheté ou par hypocrisie, mais parce qu'ils étaient tous trois très puissants et très dangereux, et qu'ils avaient l'appui des pacificateurs, et qu'il était donc très fortement déconseillé de leur chercher querelle.


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*Le livre en question devait très probablement On ne badine pas avec l'amour de Musset, puisque c'est de lui que j'en ait tiré cette citation, il n'a pas d'ailleurs, du très bien le lire, car il aurait remarqué sinon, que celui qui la prononce, le curé Bridaine, est tout au long de la pièce dépeint comme un bouffon.

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NDA: J'ai relu ce chapitre très vite, donc il doit rester pas mal de fautes d'orthographe. Désolé, mais je voulais le poster avant la fin des vacances.

NDA:  Petite question: Que pensez vous des trois fermiers? Lequel est le pire selon vous?

NDA: Autre petite question:Que pensez vous d'Anita? Et de Marguerite?

NDA: 20709 mots ( les NDAs ne sont pas comptées dans le calcul). Fierté.

NDA: Joyeuse Pâques!!!!! 


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