Ca faisait maintenant plusieurs jours que nous étions bloqués dans cette immense forêt et que nous faisions de notre mieux pour survivre. La jambe de Judy avait l'air d'aller beaucoup mieux et, pour preuve, c'était elle qui chassait pour moi. Encore une fois, j'étais grandement impressionné et limite je ne la reconnaissais pas. Quelque chose avait changé chez elle mais je n'y faisais pas assez attention pour voir ce que c'était précisément. J'essayais de ne pas le montrer mais le stress m'empêcher de penser correctement. Je ne devais surtout pas le dire à Judy pour éviter qu'elle ne découvre mon secret mais je commençais à reconnaitre l'endroit où nous étions et ce n'était pas du tout une bonne chose. On se raprochait de plus en plus de l'endroit où vivait la meute de mes parents et que, par conséquent, je savais à peu près où se trouvait la ville mais je ne pouvais pas le dire sans soulever des soupçons. Pourtant, ça ne me dérangeais pas énormément puisque Judy avait l'air d'avoir la situation en main et avait soudainement l'âme d'une meneuse confiante, comme si elle savait très bien ce qu'elle faisait. Comme chaque jour, je décidai de briser le silence avec une de mes stupides réflexions dont j'avais le secret :

- "On est bientôt arrivé?"

- "Je ne sais pas, Nick.", me répondit-elle la tête ailleurs.

- "Et maintenant?", insistai-je pour l'ennuyer.

- "On va dire non, d'accord?", me dit-elle d'un air agacé.

- "Non.", dis-je avec un sourire moqueur.

- "Comment ça? Tu réponds à quoi?", demanda-t-elle comme si elle ne comprenait plus rien.

- "Juste non.", insistai-je encore une fois.

- "Tu le fais exprès?"

- "Oui.", continuai-je en tirant la langue.

- "T'es sérieux là?", demanda-t-elle toujours avec son air perplexe.

- "La réponse est peut-être non... Mais je vais dire oui."

- "Tu veux bien arrêter de me narguer comme ça?", finit-elle par me dire d'un air colérique.

- "Peut-être.", terminai-je avant de reprendre la route en la laissant derrière moi.

Soudainement, alors que je lui avais tourné le dos, Judy se mit à courir vers moi avant de me sauter dessus. Sur le coup je n'y avais pas trop fait attention, mais sa force m'impressionna réellement, à un tel point que ça en était louche. Elle réussit à me faire tribucher avant de s'asseoir sur moi. Ce fut à son tour de me regarder avec un sourire moqueur avant de me dire d'un air supérieur :

- "Bah alors, tu abandonnes déjà?"

- "Oh que non! Ce n'est pas une carotte qui va avoir raison de moi!", m'écriai-je sarcastiquement.

- "Actuellement, qui a le dessus sur qui?", répondit-elle en tirant la langue.

- "... Bon, certes mais ce n'est pas une raison. Et puis, je n'étais pas prêt!", expliquai-je d'un air à la fois sérieux et débile.

- "Ah parce que tu veux recommencer?", me demanda-t-elle en souriant et fermant les yeux comme pour faire la mignonne.

- "NON NON, C'EST BON!", répondis-je les yeux grand ouverts et en me relevant.

- "Voilà, tu es un gentil renard!", continua-t-elle pour me mettre mal à l'aise.

Suite à ça, on continua notre chemin en ayant chacun la satisfaction d'avoir taquiné l'autre. Comme à chaque fois, ça nous avait permis de penser à autre chose et à alléger un peu notre stress vis-à-vis de la situation. Malheureusement, pour moi, le sérénité fut d'une courte durée puisque, rapidement, je recommençai à apercevoir des renards nous observant dans les environs. A force, je me demandais vraiment pourquoi la meute était acharnée à ce point à me surveiller. Peut-être que ce n'étaient pas mes parents qui les avaient envoyé mais je ne voyais pas du tout qui d'autre aurait pu le faire. Dans tous les cas, ils n'avaient absolument rien contre moi et semblaient même amicals, comme s'ils voulaient que je retourne à la ville sain et sauf. Je décidai comme toujours de ne plus m'attarder sur eux et de continuer ma route avec Judy. Je repensais à nouveau à la force impressionnante dont elle avait fait preuve ses derniers temps et surtout à la vitesse à laquelle sa blessure avait guérie. Je me posais énormément de questions puisque je ne faisais plus attention à ce qu'il se passait autour de moi et que, par conséquent, j'étais perdu dans mes pensées. Je me trouvais intelligent, alors pouquoi je n'arrivais pas à trouver de réponses à mes questions? Il fallait que je me concentre plus ou, du moins, que j'observe Judy plus attentivement tout en restant discret. Quelque chose ne tournait pas rond avec elle et je commençais seulement à m'en rendre vraiment compte. Cette force, cette façon d'agir et même de parler ne lui ressemblait pas. Dans un premier temps, je pensais que tout ce qu'il s'était passé l'avait boulversé et que son changement de comportement était normal et allait être temporaire. Dans un deuxième temps, je pensais de plus en plus qu'elle me cachait quelque chose, et quand je disais "elle", je parlais de la personne qui se trouvait devant moi, et non de Judy. Effectivement, je venais de comprendre que, la lapine qui se trouvait là n'était pas du tout Judy, mais une sorte de sosie. Je connaissais Judy très bien et elle n'avait aucun secret pour moi et c'était pour cette raison que je remarquais quelque chose de différent chez elle. Les oreilles de Judy m'arrivaient à la gorge, ses yeux étaient violets et la couleur de son pelage était d'un gris presque blanc alors que les oreilles de la lapine devant moi m'arrivaient à mon museau car elle était plus grande, ses yeux étaient bleus et son pelage était d'un teint plus foncé. Ce qui confirma ma pensée, c'était le fait que ce qu'elle m'avait raconté vis-à-vis de son passé dans son ancien village ne correspondait pas du tout à Judy. Comme je l'avais dit et pensé, la Judy que je connaissais n'aurait jamais été capable d'atrocités pareilles. La première question qui me vint à l'esprit fut de savoir qui était cette personne qui prétendait être Judy. Même si elles se ressemblaient comme deux goûtes d'eau, j'arrivais à faire la différence car, pour moi, Judy était unique et je la connaissais par coeur. Comment j'avais réussi à en arriver à une telle conclusion? Je n'en savais rien, sûrement l'instint. En seulement quelques minutes, je compris que j'avais à faire à un imposteur et que Judy était peut-être en danger. J'étais passé d'un état sympatique à un état colérique. Pourquoi je n'avais pas remarqué tout ça et fait le rapprochement plus tôt? Je voulus en avoir le coeur net et je me mis donc devant cette fausse Judy avant de lui demander d'un air très sérieux :

- "Depuis combien de temps tu es là?"

- "Hein? Depuis le début, pourquoi? Enfin, je ne suis jamais partie...", me répondit-elle avec incompréhension.

- "Tu n'es pas Judy, n'est-ce pas?", dis-je sèchement.

- "Mais de quoi tu parles? Je ne comprend pas...", continua-t-elle en baissant les oreilles.

- "J'ai tout compris... Je ne l'avais pas remarqué plus tôt car je n'avais pas vraiment pris le temps de t'observer mais, maintenant que le calme est revenu dans cette forêt, je vois très bien que tu n'es pas Judy!", m'écriai-je.

- "Mais enfin, c'est moi! Je te dis que je ne suis jamais partie! Regarde-moi bien, je suis toujours la même!", dit-elle de manière désespérée.

- "Très bien... Alors, depuis quand tu n'as plus de trou par balle dans ton pantalon au niveau de ta jambe où tu étais censée avoir une blessure?

- "Mais, je...", commença-t-elle avant que je lui coup la parole pour continuer.

- "Et depuis quand tu as des yeux bleus?", terminai-je en la regardant agressivement.

Quand j'eus terminé de dire ça, son regard triste devenu un regard sérieux et intimidant. Puis, un petit sourire se dessina sur son visage avant qu'elle n'arracha sa tenue de police, laissant voir ses vrais habits. Elle avait une tenue faisant légèrement penser à celle d'un militaire et elle ressemblait à une chasseuse à cause de sa ceinture contenant un véritable arsenal de combat. Elle prit un couteau et s'en servit pour retirer son oeil droit avant de sortir un cache-oeil d'une de ses poches et de l'enfiler. Elle avait donc un faux oeil en verre pendant tout ce temps et je ne l'avais même pas vu. Ensuite, elle pointa son couteau vers moi avant de prendre un talki walki et de dire à celui-ci d'une voix à présent nettement différente de celle de Judy :

- "Cet abruti de renard à compris la supercherie. Je ne peux pas continuer la mission donc envoyez un hélicoptère pour venir me chercher."

- "Bien reçu, Madame. Nous allons vous conduire au Lieutenant Hopps. Peut-être que vous serrez plus convaincante que nous.", répondit une voix dans le talki walki.

- "Très bien, et qu'est-ce que je dois faire de Nick Wilde?", demanda l'imposteur.

- "Faites-en ce que vous voulez. Dans tous les cas, il mourra. L'agent Fox est sur le coup si vous décidez de le laisser en vie."

- "Reçu cinq sur cinq. Je vais éviter de le tuer maintenant, histoire de m'amuser un peu avec lui. Je vais plutôt voir de quoi il est réellement capable avant de le laisser à l'agent Fox.", expliqua-t-elle en me regardant tout en souriant avec supériorité.

Une fois qu'elle eut terminé, elle éteignit le talki walki avant de se rapprocher de quelques pas. Je ne savais pas vraiment quoi penser de tout ça. Je me posais beaucoup trop de questions pour réfléchir correctement. Est-ce que Judy allait bien? Est-ce que les renards allaient intervenir? Qu'est-ce que cet imposteur allait me faire? Je me retenu de lui faire une réflexion expliquant que j'allais sûrement gagner ce combat car j'étais son prédateur naturel mais je voyais bien dans son regard qu'elle avait quelque chose de spéciale. Elle soupira avant de me dire avec ce même air supérieur :

- "Tu peux m'appeller Bonnie, je suis la chasseuse de canidés dont je t'avais parlé."

- "Qu'est-ce que ça peut me faire?! Où est Judy et que lui as-tu fait?!", rétorquai-je agressivement.

- "Tu ne le sauras probablement jamais puisque tu seras mort d'ici là. Tu t'apprêtes à te battre avec l'assassin le plus expérimenté dans cette fichue ville de Zootopie.", me répondit-elle.

- "Et toi, tu t'apprêtes à te battre avec le renard le plus civilisé de cette ville ayant perdu quelqu'un qui lui était encore plus cher que sa propre vie. Je n'ai plus rien à perdre!", dis-je avec de la haine dans ma voix.

A cet instant, je me mis à courir le plus vite que je le pouvais vers Bonnie avant de sauter dessus. Quand j'attéris, elle esquiva le coup que je voulus lui donner et se retrouva derrière moi. Je n'attendis pas une seconde de plus pour me retourner et tenter de la frapper violement une deuxième fois mais elle attrapa mon bras avant de me dire que c'était à son tour de donner les coups. Directement après avoir dit ça, elle prit une sorte de petite bille de sa ceinture et l'explosa par terre ce qui créa un grand écran de fumée avant de me lâcher le bras. Je ne voyais absolument plus rien et je perdis pratiquement mon sens de l'orientation comme si la bille contenait un gaz m'affaiblissant. Tout à coup, je sentis une douleur affreuse sur ma nuque et j'eus le temps de me retourner pour voir que c'était Bonnie qui m'avait frappé avant de disparaître à nouveau dans la fumée. Je me relevai dans l'espoir de feinter son prochain coup mais en vain puisque elle parvenut encore une fois à me frapper violement mais au visage ce qui me mit K.O. instantanément. Soudainement, un bruit assourdissant se rapprocha de plus en plus jusqu'à atteindre son apogée tandis que la fumée se fit balayer par un vent puissant. En réalité, ce fut l'hélicoptère que Bonnie avait appelé qui faisait un tel bruit et qui avait chassé la fumée. J'étais allongé par terre sur le dos et j'avais difficile à observer ce qu'il se passait devant moi. Je sentais mes dernières forces s'en aller, son coup m'avait presque été fatal et rien que le fait de garder mes yeux ouverts m'épuisait fortement. Je la vis sortir une arme à feu de sa ceinture et elle me pointa avec avant de me dire qu'elle avait un cadeau d'Adieu pour moi et de tirer sur ma jambe. Je me mis à hurler de douleur en voyant le sang sortir de la plaie avant de tout simplement m'évanouir.

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