Après presque une demi-heure de course-poursuite acharnée, les policiers abandonnèrent tandis que Nick et moi, on continua notre chemin à la recherche d'un petit endroit où se reposer. Je n'osais pas engager la conversation après ce qu'il venait de se passer, j'étais infiniment triste pour Nick et son père. On finit par arriver au pied d'une montagne dans laquelle se trouvait une grotte qui nous servit d'abri le temps de reprendre quelques forces. Ce fut seulement à l'intérieur que je vit que le Chef Bogo m'avait envoyé un message m'expliquant pour quelle raison les renforts s'en étaient pris à nous. Le message disait :

- "Je vous avais prévenu de ne pas y aller! Les renforts ont vu Nick, un cannidé, près du cadavre d'un officier. C'est normal qu'ils pensent que c'est de votre faute. Cette fois, je ne peux rien faire pour vous aider... C'est un flagrant délit, enfin, c'est ce dont ils sont convaincus. Je m'inquiète énormément pour vous, j'espère vraiment que vous allez bien. Je vais faire tout ce que je peux pour vous innocenter mais, en attendant, vous devrez rester dans la forêt, désolé... On se reverra bientôt, je le promet, Lieutenant Hopps."

Il avait entièrement raison en disant que, Nick et moi, on aurait dû rester avec lui. Je n'avais pas penser aux conséquences que ça allait engendrer et jamais je me serai doutée que Nick allait être suspecté juste sous prétexte que c'était un cannidé. Tout ça était vraiment injuste et, seule, je ne pouvais rien faire pour arranger les choses. Je n'arrivais pas à croire que nous étions exilés comme ça et que nous devions survivre comme des sauvages face aux autres cannidés de la région. J'étais sûre qu'on était victime d'un coup monté! Cette pensée m'était venue quand je m'était rappelée que Nick n'était pas encore totalement accepté dans la ville. Après tout, quelqu'un essayait peut-être de le pièger pour qu'il se fasse bannir ou pire... Pour qu'il se fasse tuer. Ma théorie, même si je ne voulais pas y croire, était très certainement la plus plausible. Je me tournai vers Nick avant de le prendre dans mes bras et de lui dire calmement et gentillement :

- "Ca va aller... On va s'en sortir, je te le promet..."

- "Ca ne ramènera pas mon père.", me répondit-il sèchement.

- "Nick... Je...", commençais-je.

- "C'est de ta faute! Si tu ne m'avais pas impliqué dans tes histoires de police à la con, tout ça ne serait jamais arrivé!", me dit-il agressivement.

C'était la première fois que je l'entendais parler comme ça, j'en étais presque choquée. Clairement, il m'en voulait pour quelque chose que je n'aurai jamais pu prévoir. Je le lâchais brusquement mais la tristesse prit le dessus sur la colère et je me mis donc à pleurer en répondant à Nick :

- "Tu crois que je l'ai fais exprès? J'ai fait tout ça parce que je voulais t'aider! Je ne voulais que ton bonheur! Je pensais que tu l'avais compris!"

- "Je m'en fou! Est-ce que tu sais ce que ça fait de perdre un parent?! C'est...", dit-il avant que je lui coupe violement la parole.

- "Oui! Oui, je sais ce que c'est de perdre ses parents! Les miens sont morts il y a moins d'un an! Tu n'es pas le seul à avoir un passé horrible!", lui criais-je.

- "Judy... Je ne savais pas... Je suis désolé...", répondit-il d'un air stupéfait, triste et gêné.

- "Tu me déçois beaucoup, Nick. Je ne te croyais pas capable d'agir comme ça, surtout vis-à-vis de moi.", lui dis-je avec dégout et tristesse.

Sur ces mots, je sortis mon arme de mon étui avant de regarder le nombre de balles qu'il y avait dans le chargeur. Le regard de Nick changea radicalement et il me demanda d'un air très inquiet :

- "Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu comptes faire avec ça?"

- "Supprimer ma souffrance.", lui dis-je d'un air sérieux.

Je savais qu'il hésitait entre deux significations de ce que je venais de dire et, dans tous les cas, il se trompait sur mes intentions. J'avais raison puisqu'il sortit lui aussi son arme de son étui avant de me demander si je comptais le tuer ou me suicider. Il avait l'air profondément triste à l'idée de devoir faire un tel choix et je le regardai avant de lui répondre :

- "Ni l'un, ni l'autre. Je compte simplement m'en aller loin de toi. Cette arme va m'être utile pour survivre. Je te souhaite bonne chance pour la suite."

- "Non! Judy, attend! Je... Je suis désolé!", me dit-il tout en abaissant son arme.

- "Tu me portes responsable de la mort de ton père et ça, je ne peux pas le supporter. Tu m'as fait beaucoup de peine en me disant ça.", rétorquais-je toujours d'un air sérieux.

Puis, alors que je m'apprêtais à sortir de la grotte, Nick se leva d'un coup et courut vers moi avant de me prendre dans ses bras et de fondre en larmes en me disant qu'il était terriblement désolé. Je devais bien avouer que je ne m'y étais pas attendue et je me laissai faire. Je me plaisais à croire que c'était seulement à cause de la dure situation dans laquelle on était qu'on agissait aussi agressivement l'un envers l'autre. Ce fut à ce moment-là que je pris conscience de la bêtise que je voulais faire. Me séparer de Nick était bien la dernière chose que je voulais alors pourquoi je m'apprêtais à le faire? C'était sûrement sur le coup de l'énervement et du stress. Je me défis légèrement de ses bras pour me tourner vers lui et de mettre mon museau contre le sien. On se mit à sourire tous deux comme si on avait oublié tout ce qu'il se passait autour de nous. Soudainement, Nick mit ses mains sur les miennes alors que j'avais oublié de ranger mon arme. Une détonation impressionnante retentit dans la grotte et je reculai difficilement. Nick et moi, on avait tous les deux l'air sonné tandis que je m'écroulai par terre. Quand il avait mis ses mains contre les miennes, je voulu les serrer et, puisque j'avais oublié que je tenais une arme en main, j'avais tiré sans le vouloir avec celle-ci. Nick semblait aller bien mais pas moi car la balle s'était logée dans ma jambe. Je me retenais de toutes mes forces de hurler à cause de la douleur et, quand Nick reprit ses esprits, il se dirigea vers moi d'un air perplexe et inquiet. Il retira sa tenue de police et je fus surprise et amusée de voir qu'il portait ses vêtements normaux en dessous, c'est-à-dire sa chemise de vacances avec sa cravate et son pantalon beige. Ensuite, il prit une très petite trousse de soin dans les poches de sa tenue de police et s'en servit pour soigner ma blessure. En le voyant, je lui demandai, l'air étonnée :

- "Où as-tu trouvé cette trousse de secours?"

- "Quand on était au commissariat, j'ai pris mes précautions et je l'ai emmené en plus de l'arme à feu.", m'expliqua-t-il tout en étant concentré sur ce qu'il faisait.

- "Tu sais comment te servir de tout ça?", lui demandais-je, inquiète.

- "Bien sûr, n'ai pas peur. Je te rappel que j'ai dû vivre par mes propres moyens durant la plus grande partie de ma vie.", me répondit-il cette fois en souriant chaleureusement.

- "Très bien... Je te fais confiance..."

- "Je vais utiliser cette petite pince pour retirer la balle de ta jambe, ensuite, je vais désinfecter la plaie et pour finir, puisque je n'ai pas de bandage, je vais me servir du tissu de ma tenue de policier pour couvrir le tout.", dit-il d'un air confiant et rassurant.

- "Si tu pouvais essayer d'y aller doucement, ça serait parfait. Et... merci."

Pour commencer, Nick déchira la partie de mon pantalon où se trouvait la blessure avant de nettoyer un maximum le sang pour avoir une meilleure visibilité grâce à un morceau de sa propre tenue de police. La douleur était horrible mais supportable pendant que Nick tentait d'enlever délicatement la balle de ma jambe mais ce n'était pas facile. Un fois qu'il y parvenut, je mordis dans mon arme pour éviter de crier de mal mais ce fut encore pire quand il mit le produit désinfectant sur la plaie. Après quoi, il arracha une manche de sa tenue de police et s'en servit comme bandage en l'enroulant autour de ma jambe. Bien sûr, je ne pouvais plus me déplacer correctement. Malheureusement, au moment où Nick eut terminé de me soigner, on entendit des hurlements de loup et celui-ci me regarda d'un air effrayé avant de me dire :

- "Des loups... Je t'avais expliqué que je pouvais gérer des chiens et des renards... Mais des loups, c'est beaucoup trop compliqué..."

- "On va bien trouver un moyen de leur échapper.", le rassurais-je.

- "Ils ont dû entendre le coup de feu de tout à l'heure. Ecoute, on va partir d'ici et se mettre en hauteur.", me dit-il en réflechissant.

- "Comment ça, en hauteur?", demandais-je.

- "Nous aurons une meilleure vue et ça nous permettra de gagner du temps.", m'expliqua-t-il en sortant légèrement de la grotte pour observer le haut de la montagne.

Tout à coup, Nick m'attrapa et m'installa sur ses épaules juste avant de se mette à courir à une vitesse folle vers un chemin menant au sommet de la montagne. J'étais vraiment impressionnée! Je réalisais seulement maintenant que Nick était quelqu'un de vraiment puissant. Il était très rapide, très fort et très rusé. Je me rendis compte que, s'il l'avait voulu, il aurait pu devenir l'ennemi public numéro un de la ville sans même qu'on sache sa véritable identité. Ce raisonnement prouvait bien que Nick était une bonne personne et ça me rendit intérieurement heureuse. Tandis qu'il grimpait la montagne rapidement avec moi sur ses épaules, je vis une énorme meute de loups se rapprocher de nous. Malgré ça, j'étais un peu rassurée car Nick se déplaçait au moins deux fois plus vite qu'eux. On arriva donc au sommet de la montagne en un temps record. Le seul problème, ce fut qu'on était piégé à cause du fait que l'autre flan de la falaise était beaucoup trop abrupte pour qu'on puisse redescendre par là. Nick s'arrêta brusquement et, après quelques secondes de réflexion, me déposa par terre et me regarda avec un faux sourire, ce qui voulait tout dire : on était fichu. Il s'assit à côté de moi et on se tourna de telle manière à pouvoir mieux observer le magnifique paysage qui se trouvait devant nous. Je ne pus m'empêcher de repenser à ce que Nick m'avait dit un peu plus tôt et de m'excuser tristement :

- "Tout est de ma faute... Je n'aurai jamais dû t'entrainer dans cette histoire... Je suis désolé!"

- "Mais qu'est-ce que tu racontes, Judy?", me répondit-il avec un sourire intentionné.

- "Nous somms piégé et nous allons nous faire tuer par une meute de loups et, tout ça, c'est à cause de moi! Si seulement j'avais quitté ce travail pour rester avec toi...", continuais-je en culpabilisant.

- "Oui, c'est de ta faute. C'est à cause de toi si on s'est rencontré et qu'on a passé tant de bons moments ensemble. J'ai adoré faire ce travail à tes côtés. C'est également de ta faute si on s'aime. Alors, ne t'excuse pas pour ce que tu as fait. Tu n'as rien fait de mal et jamais je pourrai t'en vouloir pour quoi que ce soit parce que je t'aime!", m'expliqua-t-il en me prennant dans ses bras.

- "Je ne veux pas mourir! Je veux vivre et rester avec toi... Je t'aime moi aussi et je... je...", lui répondis-je difficilement.

- "Ecoute... Nous avons vécu de belles choses tous les deux, non? Un jour où l'autre, nous mourrons tous et je crois que notre heure est arrivée. Mais tu veux savoir pourquoi je ne suis pas triste? Parce que j'ai la chance de terminer ma vie en étant accompagné de la personne que j'aime le plus au monde.", continua-t-il sur ses explications.

- "Mais... Je... Je n'aurai jamais dû accepter cette mission... On n'en serait jamais arrivé là et tu n'aurais jamais dû dire ça...", dis-je tandis que des larmes coulèrent de mes yeux.

- "Ce qui est fait est fait, Judy. Et, tu veux que je te dise? Nous allons mourir en tant que héros! Nous avons permis au Chef Bogo de trouver la faille de la ville et nous allons venger mon père! Alors, relève-toi, prend ton arme et sois prête! Je les entend arriver...", termina-t-il avant de faire lui aussi ce qu'il m'avait dit de faire.

Extérieurement, il avait l'air sûr de lui mais je savais que, derrière ce regard combattif, ce cachait un visage en pleure, refusant la mort. Nick ne voulait pas mourir lui non plus il ne voulait pas le montrer pour ne pas me faire de la peine, mais je le connaissais trop bien et donc ça ruse ne fonctionnait pas avec moi. Mais il avait raison et je n'avais pas le choix de me lever pour me préparer à tuer un maximum de ces monstres qui avaient assassiné Alexandre! Même si ma blessure me faisait souffrir, je me mis debout et je pointai mon pistolet devant moi tout comme le faisait Nick en attendant l'arrivé de la meute de loups. J'allais vraiment mourir en héros aux côtés de la personne que j'aimais le plus au monde, tout comme lui-même l'avait dit? Je devais sûrement me considérer comme étant chanceuse, dans un sens. Je pris confiance en moi et j'étais déterminée à combattre avec Nick jusqu'à ce que la mort nous sépare! J'étais résilliée à la mort et je n'avais plus peur, j'attendais fermement ces monstres de cannidés! Puis, quelques précieuses secondes plus tard, des dizaines de loups apparurent de l'autre bout du sommet de la montagne courant vers nous. Nick et moi, on se regarda une dernière fois en nous disant qu'on s'aimait avant de regarder à nouveau les loups et de commencer à tirer. Chacun de nous avait plus ou moins dix balles... On pouvait, si on visait bien, abattre dix loups... Mais ils étaient beaucoup plus nombreux. Notre mort était assurée.

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