Max, au volant, fixait la route de campagne qui s'étendait à perte de vue devant ses yeux. Cette fichue boîte de conserve demandait une grande concentration, la conduite au volant du minibus était tout sauf fluide et ne le serait jamais. Il soupira et épongea son front à l'aide de sa manche, non pas qu'il faisait chaud mais l'air était lourd et considérant les créatures rodants à l'extérieur, il était hors de question de se balader toutes fenêtres ouvertes ! Le levier de vitesse bloqua et le volant se remit à tourner par à-coups , Max Tupper jura et abatit son poing à divers endroits mais rien n'y fit, le moteur crachota et le véhicule s'arrêta au milieu de nulle part. Max asséna un violent coup sur le tableau de bord et hurla de rage avant de se laisser tomber sur le volant avec désespoir.
"Réfléchit, Max ! Réfléchit..." se dit-il. Il y avait forcément une solution ! Les autres dormaient, le véhicule était en pleine campagne, en panne et personne dans cette satanée coquille de métal ne s'y connaissait en mécanique...vu comme ça, effectivement, la situation semblait sans issue et les rares solutions potentiellement miraculeuses se faisaient fuyantes.

Les hypothèses se résumaient à abandonner le véhicule et continuer à pieds ( Ridicule, ils mourraient à la première charmante rencontre avec ces braves zombies ! ) ou rester dans leur minibus comme des poissons dans leur aquarium en attendant de crever de faim ( Stupide et impensable, ils n'avaient pas fait tout ce chemin pour rien ! ). En somme les choix s'offrants à eux avaient pour doux noms : la mort...ou la mort ! Charmante perspective n'est-ce pas ?

Sauf qu'un événement imprévu surgit à l'horizon, sous le regard médusé de Max. L'événement en question se présenta sous la forme d'un véhicule-maison sortit tout droit d'une autre dimension ou du cerveau surchauffé d'un écrivain sous substances plus que douteuses. Ça avait effectivement des roues...de la taille de celles d'un tracteur. Ça avait un toit...non pas de tôle, mais de bois et ça avançait à toute allure en direction du minibus ! En fait, ça se résumait à une cabane sur roues, ignorant toutes limites de vitesse et de bon goût...Mais la maison roulante offrait une alternative inespérée. 

Le nouveau véhicule s'arrêta brusquement à côté du minibus, le bruit avait fini par réveiller le reste du groupe qui grognait en baillant. Contre la fenêtre, Maddy crut à une hallucination quand elle se réveilla. La première scène qu'elle vit  présentait Max Tupper, en grande conversation avec un homme aux couleurs Rasta, qui toisait le fil de fer depuis la fenêtre d'une cabane de forêt digne de la grand-mère du petit chaperon rouge, le tout monté sur roulettes ! Derrière elle, Hugh Polanski se demandait dans quelle situation folle il s'était encore engagé le plus involontairement du monde. Tandis que le reste du groupe,  n'ayant pas accès aux vitres, se contorsionnait pour tenter d'apercevoir l'origine de l'étrange palissade de bois qui longeait leur véhicule.

Max était en grande conversation avec un homme nommé Arthur Ziller. La chevelure de cet énérgumène se ramenait en arrière pour former une longue masse de dreadlocks, le tout surmonté d'un atroce chapeau melon aux couleurs   vert-jaune-rouge. Ziller était visiblement quelqu'un de "coool...mec!"  , ce qui commençait à agacer profondément Max :

"- Écoutez- moi, Ziller...
- Coool men, appelles-moi  Arthur, on s'connait frère...interrompit ledit Arthur, avec l'air plus qu'ahuri.

Max inspira profondément.
- Ok...bon, Arthur ! Alors écoutes, tu veux ? On est en panne là, tu vois, au milieu DE NULLE PART ! ÇA FAIT UNE DEMI-HEURE QUE J'ESSAIE DE SAVOIR D'OÙ VOUS SORTEZ, TOI ET TA PUTAIN DE CABANE ET-
- Oh...cool Max, relaaaax...tu veux du thé ? C'est du bon, hein ! No probleeem... "

Arthur se retourna vers l'intérieur de la maison et ajouta avec le même air lointain :

"- Marjory, file du thé s'teuplaaait...Y a mon pote qu'est troOop stréssé...
Ce à quoi l' intéréssée répondit avec une voix déraillante du plus bel effet.
- Okay. "

Max se retrouva donc avec une tasse de thé dégageant une odeur des plus louche coincée entre les mains. La mine tordue par un effrayant rictus signifiant que si on ne lui  trouvait pas un nouvel interlocuteur maintenant, Monsieur Ziller irait parler stress et cannabis en compagnie de certaines charmantes racines de pissenlits. Marjory, semblant sentir l'orage venir, envoya ledit Monsieur Ziller s'occuper de ses plantes chéries. La jeune femme à la peau mate pris place face à Max :

"- Vous voulez savoir d'où on vient.
Ce n'était pas une question, il semblait que cette femme n'était capable de produire que les phrases les plus simples, ou alors , elle trouvait inutiles de sortir autant de texte.
- Oui, confirma Max soulagé de parler enfin avec quelqu'un, de façon claire.
Marjory planta son regard vert dans les yeux de Max. Ce dernier détourna les yeux, cette étrange jeune femme le mettait mal à l'aise . Lorsqu'il se décida enfin à l'affronter de nouveau, celle-ci le fixait avec encore plus d'intensité, la tête légèrement penché. Elle reprit de son étrange voix cassée.

- Comment on vous fait confiance ?
- Je ne sais pas.
- Tu sais pas ?
Elle le dévisagea et il prit une profonde inspiration, avant de déglutir péniblement. Décidément, elle n'était pas effrayante, presque, mais elle ne l'étais pas. Seulement, elle avait le don de vous mettre mal à l'aise en un instant.
- On peut  vous faire confiance ? reprit-elle sur le même ton.
- Oui.
-Non. On peut pas te faire confiance.
- Je...
- Non, on peut pas. D'accord ?
- Tu ne peux pas me faire confiance."

Roméo suivait le phénomène avec intérêt, Max semblait ne plus se contrôler. Marjory venait de modifier son univers, elle avait profondément bouleversé l'homme. Il fallut qu'elle donne l'ordre à Arthur de redémarrer, pour que Max sorte enfin de cet état second. Il ne se laisserait pas faire, il ne la laisserait pas les abandonner ici. Après tout, c'était lui qui manipulait les gens et pas l'inverse ! Alors que Marjory retournait s'assoir, il l'interpella de nouveau :

"- Marjory, reviens par ici !
Elle fit volte-face et se mit à le fixer une nouvelle fois.
- Quoi ?
- D'accord, vous ne pouvez pas nous faire confiance comme ça...
-  Je sais, c'est moi qui l'ai dit.
- Oui, mais ...on a vraiment besoin d'aide !
- Et alors ?
La question désarma quelque peu Max, mais il n'abandonna pas pour autant.
- Comment on peut avoir votre confiance ?
- Vous ne pouvez pas.
- Laisse nous essayer, au moins .
Elle allait rétorquer une nouvelle fois qu'il n'y avait aucune solution, lorsque la voix d'Arthur s'éleva du fond de la maison.
- Hey, men...tu sais quoi, y'a peut-être une solution...
- Arthur, tais-toi. interrompit Marjory.
- Non, non ,non ! Vas-y, Ziller, tu m'intéresse, contredit le chauffeur du groupe.
- Bon...alors, voilà...si tu veux de la reconnaissance, si tu veux la confiance, alors, mon frère, t'es fait pour la battle, prend en conscience !

Là-dessus, le visage d' Arthur s'illumina, ses yeux s'ouvrirent en grand tel deux ballons et un sourire amena la commissure de  ses lèvres au niveau de ses oreilles.
Marjory, l'air mécontent, retourna dans les méandres du véhicule. Elle lâcha une dernière phrase sentencieuse.
- De toute façon c'est Booba le roi, tu ne gagnera jamais."

Ainsi se conclurent les négociations. Avec l'aide d'Arthur, Hank et Polanski attachèrent une corde entre les deux véhicules. Puis la cabane sur roues les tracta jusqu'à un ancien camp de vacances sur les berges d'une rivière.

Aussitôt arrivés, ils n'eurent pas le temps de respirer ; Marjory les conduisit jusqu'à un certain Andrew, qui les emmena dans les gradins d'une piscine désaffectée. La femme désigna Max et on le traîna au milieu du bassin vide.
Lorsque les projecteurs l' éblouirent et que son nom résonna dans l'arène, Max Tupper comprit qu'il venait de commettre une légère erreur plutôt stupide...

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Voilà, pour ce chapitre ! J'ai décidé de le scinder en deux, donc le plus gros du délire viendra après :)

Sinon, j'espère que vous appréciez, n'hésitez pas à commenter! Et que pensez-vous de ces nouveaux personnages ?

À la prochaine et à bientôt ! ;)