Chapitre 12

À peine mes paroles quittent ma bouche que mon cœur manque un battement. Fuir. Mais pourquoi ? Pour échapper à quoi ?

— Est-ce que ça veut dire qu'il y en a aussi plein d'autres à l'extérieur lycée ? demande Théodore d'une voix comme lointaine.

J'hausse les épaules, ravalant mes larmes, lorsqu'Arkan fronce les sourcils :

— Si c'est le cas, il faudrait quitter la ville rapidement.

— Et si il y en a en dehors aussi ? le coupe Lee, plus sérieux que jamais.

Il semble être le seul à conserver son calme parmi nous.

— Comment savoir ? réplique Arkan. Mais je refuse qu'on reste là.

— Je vote pour partir d'ici au plus vite, fait Iris, tremblante. Et si il y en a dehors aussi, alors on trouvera une voiture.

— Mais pour aller où, exactement ? rétorque Lee, visiblement frustré et agacé. Imaginons qu'il y ait des monstres partout : il faudrait quitter la ville ! Prendre une voiture, mais tu plaisantes ou quoi ?! On n'est pas dans un film, Iris ! On est juste six pauvres adolescents qui viennent de tuer des humains !

Je dévisage Lee. Il avait été le plus calme d'entre nous jusqu'alors ; il avait été celui qui croyait le plus à l'apocalypse. Et voilà que la réalité le rattrape. Qu'il se rend compte de l'irrationnalité de notre situation.

Mon regard saute sur les visages tant perdus que terrifiés de mes amis. Je cherche un sens à tout ça. À cette invasion soudaine. La mort, le chaos, la coupure de courant et de réseau... Une partie de mon cerveau se donne encore la peine de croire que tout ceci n'est qu'un cauchemar. Que je ne tarderai pas à me réveiller.

Je reprends mon souffle, tremblante, et regarde mes amis tenter avec peine de rester calme. Nous sommes tous incapables de comprendre la situation et pourtant, nous voilà qui fuyions et combattions les monstres.

— Ce n'était pas juste au lycée, alors, murmure Iris, secouée de tremblements.

— Bien sûr que non, grogne Lee, les poings serrés sur sa planche de bois. Et je te parie que la coupure de courant a un rapport avec tout ça...

— On ne peut même pas prévenir quelqu'un, soupire Marius en tirant son portable de sa poche. Plus de réseau...

— Les gars, nos familles... le coupe Théodore, soudain blafard.

Mon cœur manque un battement : mes parents. Ma soeur, mon frère, ma meilleure amie. Un instant dans cette panique, je les avais oubliés.

— Il faut qu'on aille les chercher, ou au moins les prévenir ! s'impatiente-t-il.

— On peut rien faire, Théo, murmure Arkan, la gorge nouée. On n'est même pas capable de quitter un lycée sans se faire tuer.

— On a réussi, c'est déjà ça, nous encourage Lee, qui ne perd pas de son entrain et de sa détermination. Et il a raison, Arkan ; on peut pas les laisser tous seuls.

Je ravale mes larmes : Lee dit vrai. Il faut trouver une solution. Une solution rapide. Mais la seule perspective que d'autres monstres puissent rôder non loin empêche mon cerveau de réfléchir convenablement.

— Comment font les ados dans les films de zombies ?! gémit Iris tout en tirant ses cheveux vers l'arrière, frustrée. Ils savent tous se battre et ils trouvent toujours des solutions rapidement !

Mais un frisson d'effroi me prend soudain ; des zombies. Sommes-nous vraiment confrontés à une apocalypse ? Une de celles qui déciment l'ensemble de l'humanité et laissent quelques pauvres gens sauver ce qu'il reste de leur peuple ?

— Ce n'est pas possible, je souffle, épouvantée. Les zombies n'existent pas...

Cette même phrase qui, depuis le début, ne m'a pas quittée. A croire que je suis incapable de voir la réalité des choses. Mais cette réalité ne peut exister. Il ne s'agit pas de croyance ou de vision, mais de faits scientifiques.

— Si ce sont bien des zombies, rétorque Lee, alors ils ont probablement envahi toute la ville.

— Si on suppose qu'ils sont apparus ici, ajoute Arkan, les yeux écarquillés. Peut-être qu'ils ont aussi pris les autres villes du pays, ou même pire, celles du monde entier...

Je secoue négativement la tête. Je refuse de croire à ça.

— On fait quoi, alors ?! insiste Iris, tandis que les larmes roulent sur ses joues.

Je retourne mon cerveau, encore et encore, à la recherche d'une solution. D'une idée qui nous sauverait.

— On trouve une voiture et on va chercher nos familles, déclare Lee.

— On devrait plutôt rester là, grimace Théodore. On est en sécurité, ici.

— Juste à côté du lycée ?! s'étrangle Marius. Mais t'es malade ! On va se faire bouffer si on reste là !

— Pas s'ils ne sont pas des zombies, je murmure, tremblante.

C'est impossible.

— Les gars, on tourne en rond, là ! grogne Lee, impatient et frustré. Alors puisque personne n'arrive à s'entendre, c'est moi qui prendrait les décisions. Vous êtes trop terrifiés pour vous rendre compte de la situation.

Il aide Marius à se relever et nous invite à faire de même. J'obéis, tremblante : Lee a raison. Je suis incapable de réfléchir.

— On trouve une voiture et on va chercher nos familles.

— Il y a ma voiture au parking du réfectoire, intervient Théodore.

— Parfait. Alors allons-y.

Le reste du groupe hoche la tête. Lee s'avance le premier, la mine déterminée, quand soudain, mes tympans vrillent et une puissante onde de choc nous projette au sol. Je percute violemment un arbre et l'obscurité m'avale.

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