Scorpion (23 octobre - 22 novembre)

Scorpion. Une fascinante créature, le scorpion.

Vous saviez qu'il faisait partie de la classe des arachnides ? Non, bien sûr. La plupart des gens se foutent de ce genre de détails. Eh bien, vous avez tort.

Le scorpion dispose de deux armes pour venir à bout de ses proies. Un dard recourbé, qui dispense un venin paralysant d'une douleur fulgurante, et des pinces, agiles, puissantes. Le scorpion paralyse par la souffrance. Il transperce ses victimes pour qu'elles ne puissent plus lui échapper. Alors, il les dévore lentement.

Je suis un scorpion.

En surface, peu de gens pourraient discerner le prédateur derrière le visage avenant, le sourire charismatique et les yeux rieurs de Dean Thomas. En surface, je suis un Gryffondor de 6e année, le meilleur ami de Seamus Finnigan et le petit ami de Ginny Weasley. Je suis un élève moyen, un garçon populaire, qui a toujours su demeurer soigneusement en retrait des ennuis de Potter et de sa clique, sans que cela ne se remarque. J'ai participé à l'AD, bien sûr, histoire de jouer le jeu. Et parce que c'était bien la première fois qu'il se passait quelque chose d'intéressant dans cette foutue école. Mais pour le reste...

Sous la surface, je suis un scorpion. Je me tapis dans l'ombre à l'abri de la lumière, à la recherche de ce froid qui se cristallise à la place de mon cœur. Je regarde Poudlard s'agiter comme un vivier regorgeant de proies potentielles. Je m'en suis déjà offert quelques-unes.

Les filles sont des cibles faciles, aisément influençables, surtout à cet âge. Les tentatives désespérées de mes camarades masculins pour les séduire m'ont toujours laissé perplexe. Soit ils échouent lamentablement, soit ils reculent au dernier moment... Alors que n'importe qui d'intelligent peut rapidement saisir le truc. Les filles ne demandent que peu de choses. De l'attention. De la gentillesse. Des compliments. La sensation d'occuper le centre du monde, notre monde à nous, les mâles. Passés ces quelques tours de passe-passe, et avec suffisamment d'assurance, l'affaire est dans la poche. Si en plus vous êtes dotés d'un sourire charmeur...

Le secret est de ne pas les laisser croire qu'elles peuvent vous échapper. Agissez comme si elles étaient déjà prises au piège, et elles s'y feront prendre d'elles-mêmes. Ce n'est pas plus compliqué que ça, une fille. Elles veulent se donner l'air sophistiqué, émotif, complexe... Tout ça, c'est du flan. En pleine adolescence, elles sont aussi connes les unes que les autres, et du peu que j'en ai vu, ça ne s'arrange pas avec l'âge. Elles veulent exactement la même chose que les mecs. La seule différence, c'est que bien souvent, leur éducation leur interdit de se l'avouer. De l'assumer. Quelle belle connerie, je vous jure...

Mais bon, peu importe. Une fois qu'on a compris le truc, je vous dis, on les craque toutes. La seule chose qui me désespère, dans tout ça, c'est d'être le seul mec à l'avoir compris... Enfin de compte, ce n'est pas une question de sexe, ni d'âge.

En ce soir d'Halloween, je passe ma langue sur mes crocs de vampire et avale une gorgée de whiskey. Il est teint en rouge, pour l'occasion. Rien à voir avec du vrai sang. J'aurais aimé goûter du vrai sang...

Le vampire me rappelle le scorpion, aussi faisait-il un déguisement tout indiqué. Lui aussi, il dévore ses victimes, d'une certaine façon... Lui aussi, il les paralyse, jusqu'à ce qu'elles ne puissent plus échapper à son emprise...

Assis dans un fauteuil devant la cheminée, je contemple Ginny Weasley danser sur de la musique rock au milieu d'un groupe de filles de 5e année. Elle porte en tout et pour tout un déguisement de Mina Harker qui n'est en fait qu'une robe courte à bustier serré, du genre que l'on n'aurait jamais pu porter à l'époque victorienne. Elle a relevé ses cheveux dans un semblant de chignon élaboré. Un simple artifice pour qu'ils révèlent son cou nu, et le suçon que je lui ai infligé, juste pour l'occasion. Sa vision me procure un intense sentiment de satisfaction, et je me sens durcir.

Ginny danse là, légèrement vêtue, à la vue de tous, et elle arbore ma marque. Tout le monde sait qu'elle est à moi. Et elle le sait aussi.

Soudain, elle tourne un peu trop vite sur elle-même et s'effondre sur l'un des canapés. Ses joues très roses trahissent son alcoolémie déjà élevée. Tant mieux. Elle est plus farouche lorsqu'elle est ivre.

Je la regarde encore un peu, attendant que son instinct la rappelle auprès de son maître. Pourtant elle finit par se retourner, recroquevillée sur elle-même dans ce coin de canapé. Elle pourrait presque passer pour l'enfant qu'elle est encore, au fond d'elle. Cet enfant que je prends plaisir à prendre et à tuer, chaque fois que nous couchons ensemble... Ses jambes relevées dévoilent ses sous-vêtements rouges. Ce n'est pourtant pas ce détail qui retient mon attention.

Ce n'est pas moi qu'elle regarde. C'est Potter. Evidemment. Peu importe combien de fois on la bat, une chienne prend du temps à être dressée... Non pas que j'aie jamais frappé Ginny, ne vous méprenez pas. La violence, c'est pour les faibles. Non, moi je préfère la torture psychologique... Et les punitions...humiliantes.

Ginny regarde Potter, donc. Et bien vas-y, regarde-le autant que tu veux, ma chérie... Fais-toi plaisir. Tout le château sait que tu l'aimes, et moi aussi. Ce que je suis le seul à savoir en revanche, c'est pourquoi tu restes avec moi.

Bien sûr, en surface, je suis le gars sympa, rappelons-le, ne l'oubliez pas. Tout le monde s'accorde à dire qu'une fille qui sort avec moi est une fille chanceuse. Mais tout le monde sait aussi que Ginny et Potter, c'est une histoire qui saute aux yeux. Alors pourquoi, Ginny ?

Il est à tes pieds, tu le tiens. Pourquoi est-ce que tu sors avec un autre ? Pourquoi est-ce que tu tolères qu'il se pavane avec d'autres poules, juste sous ton nez ? Un mot de toi, et il te tombe dans les bras. Tout le monde le sait. Alors quoi, tu ne lui pardonnes pas ses écarts de conduite ? Non, ça ne peut pas être ça. Tu le repoussais déjà avant qu'il s'improvise Don Juan. Alors qu'est-ce que c'est, Ginny ?

Une fois encore, la réponse me semble évidente. Pourtant, je semble être le seul à comprendre.

Potter n'est plus le même depuis les évènements au Ministère. Depuis que son parrain est mort sous ses yeux et qu'il a laissé sa meurtrière s'échapper sans une égratignure. Depuis que Voldemort a pris possession de son corps, uniquement pour pouvoir mieux renaître aux yeux de tous. Potter a vécu tout cela... Et il y a perdu quelque chose.

Toi, tu l'as vu, Ginny. Parce que tu le connaissais vraiment. Parce que tu l'aimais. Le jeune garçon dont tu es tombée amoureuse a disparu ce fameux jour au Ministère. Il a été remplacé par un autre, ce fantôme qui se balade avec les chairs et les traits de Potter, mais qui n'est plus Potter.

Tu l'as vu, Ginny. Potter le sait. Il sait qu'il a perdu toute chance de te posséder un jour, parce que la chose indéfinissable que tu aimais en lui est morte.

Je souris. Potter a peut-être perdu son envie de vivre, mais pas son intellect, du moins le peu dont il dispose. Il est conscient de ce dilemme complexe. Et ça doit être encore plus terrible. Car il sait qu'il ne peut plus être celui que tu veux qu'il soit, Ginny chérie. A cause de cela, il demeurera à jamais hors d'atteinte. Tu peux le regarder avec tes yeux de merlan frit tant que tu veux. L'étincelle ne reviendra pas.

Je m'enfonce dans mon siège, avalant une nouvelle gorgée de whiskey sanglant. Je suis fin psychologue, vous avez remarqué ? C'est curieux, puisque je ne ressens pas la moindre émotion. Pourtant, je déchiffre celles des autres comme un livre ouvert.

Ginny chérie, toi aussi tu essayes d'être quelqu'un d'autre depuis que ton amour n'est plus. La douleur a été si grande pour toi que tu t'es dit que le seul moyen d'y échapper, c'était de tomber amoureuse d'un autre. Voilà ce que tu as fait depuis l'été dernier. Tu n'es pas devenue une salope, comme beaucoup l'ont dit dans ton dos (je dois dire, à ce propos, que j'admire la façon dont tu les as ignorés...). Tu as simplement essayé de tomber amoureuse. D'abord d'un type, et puis d'un autre...

Ça n'a jamais duré bien longtemps. Parce que tu es une fille, et que tu t'es laissée guider par tes émotions... Tu as tout de suite senti que ça ne collerait pas avec eux. Que ce ne serait pas eux. Du coup, pourquoi prolonger ?

Jusqu'à ce que tu tombes sur moi. Je dois dire que nous battons des records. Neuf semaines déjà.

Pourquoi ? Pourquoi moi ? En dehors de mon charme, de ma bande d'amis, de mon regard rieur, et du garçon bien sous tous rapports que je donne l'illusion d'être ?

Parce que tout cela n'est qu'une illusion, justement. Ginny, nombre de mes conquêtes s'en sont rendues compte avant toi, même si elles ont toujours eu trop honte – ou trop peur – pour l'avouer. Je ne suis pas un garçon bien sous tous rapports. Je suis un scorpion. Et les scorpions, ça fait mal.

Pas physiquement, j'insiste bien sur ce point. Je considère la souffrance physique comme une insulte à mes facultés mentales. Ginny m'a abordé en pensant trouver le pantin débonnaire qu'elle avait déjà croisé et sauté chez au moins dix de ses ex. Au lieu de ça, elle a trouvé un prédateur qui l'a saisie d'une poigne de fer, et qui l'a transpercée.

Elle est sexy, la petite Ginny. Et fragile. Facile à démolir. Aucune estime de soi. Prête à se rabaisser elle-même, si je ne m'y emploie pas. Voilà ce que j'ai fait à la petite Ginny. Je lui ai fait mal. Et c'est pour ça qu'elle reste avec moi.

La souffrance est devenue comme une drogue, pour elle. Elle en avait besoin. Quand on se déteste, on a besoin de se faire mal. Ginny se déteste d'avoir laissé tomber Harry. De ne plus voir en lui l'âme sœur qu'elle a toujours vénérée. De ne pas avoir la force de se battre pour lui, malgré ce qu'il est devenu. Ginny se déteste d'aimer son souvenir, et de ne plus l'aimer lui. De le laisser s'enfoncer ainsi, et d'y assister, d'y participer...

Ginny a mal, Ginny veut souffrir. Je suis le seul à lui avoir procuré cet exutoire. Pour mon plus grand plaisir...

Je dois avouer qu'il y a quelque chose qui me fascine chez cette fille de feu et de larmes. L'intensité de ses émotions, qui me font défaut. La passion de ses dilemmes, dignes d'une tragédie grecque. Son masochisme désespéré... Où cela la conduira-t-il ? Je n'en ai aucune idée, mais à cette pensée, je me sens durcir à nouveau. Quelle que soit la fin, je sens que je vais y participer...

Je ne veux pas la casser, plus maintenant. J'y ai songé, au début. Mais Ginny est mon jouet préféré. Je ne me lasse pas d'elle, comme j'ai fini par me lasser de toutes mes autres victimes. Peut-être parce qu'elle souffre constamment. Peut-être parce qu'une petite partie d'elle est amoureuse de mes pinces, de mon venin, de cette monstruosité qui se trouve en moi... Elle l'a vue, et elle n'a pas détourné le regard. Au contraire, elle s'y est plongée. Si je pouvais ressentir de l'attachement pour une proie, ce serait pour Ginny Weasley.

Mais pour l'heure, j'ai un châtiment à donner. Ginny chérie ne peut pas regarder Potter impunément.

Indifférent à la musique, je crache mes dents de vampire, je me lève et j'attrape la première gourde qui vient. Saoule, de préférence, mais pas trop, je ne tiens pas à ce qu'elle vomisse sur mes chaussures neuves. Je l'entraîne dans une danse lascive, et je l'embrasse à la vue de tout le monde.

Les murmures se répandent rapidement : je n'en ai rien à faire, je suis debout devant Ginny, et je fourre ma langue dans la bouche moite et chaude de l'une de ses camarades de classe.

Lorsque je la relâche, la fille éclate de rire sans regarder le monde autour d'elle, et elle agrippe un autre danseur par le bras. Je regarde Ginny droit dans les yeux. Cette fois, elle me rend mon regard. Des larmes de catastrophe jaillissent sur ses joues. Nos disputes sont déjà légendaires sur les bancs de l'école, et cette fois encore ça ne rate pas : Ginny se lève, me fout une claque monumentale et s'enfuit de la salle commune, sans plus réussir à dissimuler ses pleurs.

- Dean..., fait Seamus en me soutenant par l'épaule. Tu ne devrais pas la poursuivre ?

Je souris, sachant qu'elle peut encore m'entendre :

- Elle reviendra.

La nuit est tombée depuis plusieurs heures lorsque je monte me coucher, mon verre à la main. Sans surprise, je trouve les rideaux de mon lit tirés, et je sais déjà ce qui m'attend.

Ginny se tient assise sur les couvertures, enlaçant ses genoux, les cheveux défaits. Elle porte toujours sa robe bustier qui révèle plus de chair qu'elle n'en couvre. Elle ne pleure plus, mais un rien pourrait raviver les grandes eaux.

- Qu'est-ce que tu fous là ? je lui demande, savourant ma victoire.

- Je n'aurais pas dû te gifler, répond-elle.

Sa voix est enrouée, c'est la peur qui domine. Magnifique... Regarde-toi... Tu as tellement peur de me perdre, Ginny chérie ?

Je m'approche du lit et je passe une main dans ses cheveux, lentement. Elle me regarde faire. Petite chose tremblante... Je pourrais t'infliger n'importe quoi à cet instant, tu te laisserais faire. Je pourrais t'imposer les pires sévices, tu ne m'opposerais pas un cri. Parce que tu penses que tu le mérites. C'est toute la beauté de la chose.

Soudain inspiré, je lève mon verre au-dessus de sa tête et j'en déverse tout le contenu sur elle :

- Qu'est-ce que tu... ?

- La ferme.

Elle frissonne, je la plaque sur le ventre et déchire les lacets de son bustier. Il y a un flacon de crème, sur la table de nuit. Celle que j'utilise pour garder un visage si avenant. Je l'ouvre et j'en renverse le contenu sur elle, encore et encore, maculant sa peau, ses cheveux, ses vêtements. Elle pleure, elle se débat contre le froid, mais plus rien ne peut m'arrêter à présent. Mes mains dérapent sur son corps poisseux. Je la force à descendre ses jambes du lit, et je retire enfin ce petit sous-vêtement rouge qui m'a fait de l'œil toute la nuit.

Je la prends par derrière, dans ce mélange de crème et d'alcool, sans la laisser me regarder, chaque va-et-vient appuyant à quel point elle n'est rien et ne devrait pas songer une seconde à s'échapper. Au bout d'un moment, un soupir lui échappe : elle prend plaisir à cette petite lubie et moi aussi.

Je lui ai redit quelle était sa place. En un sens, elle se sent rassurée. Elle sait que je ne vais pas la jeter. Elle sait qu'elle est une moins que rien et que je vais continuer à le lui rappeler. Elle va m'aimer pour cela. S'accrocher désespérément à moi. Peut-être qu'au fond d'elle, elle a conscience que tout ceci est malsain. Mais il est trop tard. Le scorpion la tient dans ses pinces, et paralysée par son venin, elle se perd dans l'amour de sa douleur.

Dans un dernier coup de rein, je viens en elle et je me retire assez tôt pour qu'elle me sente couler entre ses cuisses. Je lui dis : « Nettoie-moi ce merdier », et je pars pour la salle de bain.

Encore une soirée ordinaire pour Dean Thomas.

Je ne vous demande pas de m'approuver. Je ne vous demande pas de m'aimer. A vrai dire, je ne vous demande même pas votre avis. Je sais très bien ce que vous pensez. Et vous savez quoi ? Vous voyez mon sourire, là ?

Allez tous vous faire foutre.

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