Balance (23 septembre - 22 octobre)
Balance. Je ne suis pas une balance.
J'entre dans la Grande Salle ce matin, et comme d'habitude, tout le monde m'ignore. Oh, ils savent que je suis là. Juste le temps de détourner le regard. Après quoi ils retournent à leurs petites occupations. Leurs problèmes. Leurs vies. Ils se disent : « Voilà celle qui pleure sans arrêt. Pitié, pourvu qu'elle ne déverse pas son chagrin sur moi ! »
Je les comprends. Il est vrai que je ne suis pas de très bonne compagnie. Cela fait si longtemps que je suis comme ça... J'ai du mal à me rendre compte. Bloquée dans ce sentiment de chute perpétuelle, ce vide qui me fait redouter le sommeil, seule avec moi-même, et le matin plus encore.
Les jours se succèdent, dans l'attente d'un changement que je ne provoque pas. Je sais que c'est un cercle vicieux. Je suis prisonnière. Selon les jours, je suis prisonnière de ma lâcheté, ou prisonnière de mes choix. Marietta dit que c'est simplement la malchance, et que les autres sont trop cons pour en valoir la peine.
Marietta parle comme ça. Pas moi. J'ai toujours été la jolie fille bien sage, trop sage. Je n'ai jamais rien eu à faire pour me faire aimer. J'aimais les gens, spontanément, et ils me le rendaient. Mais à présent, je suis toute seule. Quelle que soit cette chose qui attirait mes camarades, elle s'en est allée. Cho Chang n'est plus. Elle n'est plus qu'un fantôme, une pâle copie délavée. Un souvenir désagréable sur lequel on glisse, de peur qu'il ne nous atteigne.
On dit toujours que nos vrais amis se dévoilent le jour où le malheur frappe. Et bien le malheur m'a frappée, et mes amis ne se sont pas dévoilés. Sauf Marietta. Elle est la seule à m'avoir soutenue. La seule à être restée auprès de moi lorsque... lorsque Cédric est mort... Pendant l'été que j'ai passé dans un état proche de la catatonie, refusant de manger, ne dormant que pour renouveler mes larmes.
J'ai été touchée par quelque chose durant cette cinquième année. Par l'amour, bien sûr. Mais surtout par la mort. Et les gens ont coutume de fuir devant la mort. Il n'y a rien de plus encombrant qu'un ami en deuil... Une personne atteinte d'une souffrance si vive qu'elle vous la communique, et qui pourtant demeure inaccessible, incompréhensible à la conscience des autres, à jamais changée, à jamais différente.
Oui, je comprends qu'ils aient fui. Je ne leur en tiens pas rigueur. Même encore maintenant, quand je vois ce que je suis devenue... Je ne peux leur en tenir rigueur.
Je m'assois à la table des Serdaigles, en face de Marietta. Comme d'habitude, elle a dissimulé ses furoncles sous une triple couche de maquillage. Le résultat n'est pas très concluant, mais je serais la dernière à la critiquer pour cela. Marietta endure les mêmes souffrances que moi.
Elle est seule, elle aussi. Rejetée de tous. Condamnée à se regarder tous les jours dans le miroir avec le mot « Cafard » écrit sur le visage. Je suis là pour elle, comme elle l'a été pour moi. Et c'est cela mon crime.
Marietta est une balance. Marietta a dénoncé l'Armée de Dumbledore à Dolores Ombrage, l'année dernière, parce que le Ministère menaçait de faire perdre son emploi à sa mère. Granger n'a rien trouvé de mieux que ce châtiment barbare pour la punir : ces furoncles...
Je ne peux pas approuver le choix de Marietta. Mais au moins ai-je fait l'effort de le comprendre. Il est facile de condamner. D'ailleurs, c'est ce que tous les autres ont fait. C'est ce que Harry a fait...
Mais Marietta est mon amie. La seule à être restée auprès de moi lorsque je n'étais plus rien, la seule. Alors je l'ai soutenue. J'ai refusé de l'exclure, comme tous les autres. Et c'est comme cela que j'ai tout perdu...
Harry est là lui aussi, ce matin. Il prend son petit déjeuner seul avec Granger, depuis que Ron Weasley sort avec Lavande Brown. Il a des cernes sous les yeux, et tous les signes d'une gueule de bois. Cela ne l'empêche pas de sourire, d'un sourire qui me rappelle ceux qu'il m'adressait autrefois. J'ai beau voir qu'il a changé... J'ai beau voir qu'il est différent... Je n'y peux rien, mon cœur se sert encore dans ma poitrine, et je souffre.
Harry, tu es si cruel avec moi...
Je ne m'étais jamais rendue compte d'à quel point Harry divisait le monde en noir et blanc, avant cet affrontement qui nous a opposé au sujet de Marietta. J'aurais dû le deviner, cependant. Harry a été frappé par la mort, lui aussi. Pire encore : par le mal. Lui aussi en est ressorti marqué. Il vit désormais dans le rejet de tout ce qui ne correspond pas à sa vision de la probité... Selon lui, Marietta aurait dû sacrifier sa mère, et le seul revenu de toute sa famille, pour la survie des entraînements clandestins de l'AD...
Encore aujourd'hui, alors que j'y repense, ma colère se réveille. Je n'ai jamais été colérique. Et pourtant, Harry, tu as éveillé la colère en moi...
Tu n'as pas cherché à comprendre. Tu as vu quelque chose qui t'a semblé indigne, alors tu l'as rejeté, et moi dans la foulée. Pas une seconde, tu ne t'es posé la question. Pas une seconde, tu n'as tenté de te mettre à ma place, encore moins à celle de Marietta. Et pour cela, je t'en veux, Harry. Je t'en veux autant que mon amour pour toi me le permet. C'est-à-dire beaucoup, et très peu.
Tu m'aperçois, là, tout de suite. Mon regard trouve le tien. Il ne le retient pas. Tu dérives, comme si tu ne m'avais pas remarquée. Tu ne m'évites même pas, c'est pire que cela. Tu ne me vois pas. Tu ne me vois plus.
Je ne sais ce qui me fait le plus mal. Le fait que tu aies été capable de me rayer si complètement de ta vie, en l'espace d'un battement de cœur. Ou le fait que tu n'aies plus d'yeux que pour elle.
La belle, la magnifique. Ginny Weasley.
Qui aurait cru que la fragile petite fille qui avait dansé avec Neville Londubat au bal de Noël deviendrait cette rousse plantureuse, objet de toutes les convoitises ?
J'avoue que la transformation m'a choquée moi-même. Avant cette année, je n'ai jamais éprouvé de sentiments particuliers envers Ginny Weasley, en bien ou en mal. Tout juste avais-je l'impression de me retrouver un peu en elle. Parce qu'elle était belle sans le savoir. Parce qu'il y avait dans sa réserve une douceur qui séduisait mon caractère si semblable. Là, j'ai l'impression de me tenir devant une autre personne.
Comme Cho Chang, Ginny Weasley n'est plus. J'ignore ce qu'il s'est passé, dans son esprit ou dans sa chair, pour qu'elle devienne ainsi. J'ignore si ce changement est volontaire ou non. Autour de moi, les garçons parlent d'une chenille qui se serait transformée en papillon. Je ne suis pas d'accord. Moi, cette métamorphose me met mal à l'aise, et pas seulement parce qu'Harry s'y est pris au piège, comme tous les autres. Elle me met mal à l'aise, parce que je ne peux plus me retrouver en Ginny. Elle m'apparait vulgaire. Même dans le secret de ma conscience, cela me parait terrible à dire... Et pourtant, c'est ce que je ressens.
Dire qu'Harry marche pour cette créature toute en effets de crinière et en décolletés... Dire qu'il se torture, qu'il souffre, qu'il fout sa dignité en l'air pour cette espèce de succube qui a remplacé la timide Ginny Weasley...
Rien que d'y penser, je repousse mon assiette loin de moi. Marietta ne fait aucun commentaire. Elle a l'habitude. Beaucoup de gens pensent que nous passons notre temps ensemble parce que nous n'avons plus personne d'autre à qui nous raccrocher. Je refuse de penser ainsi. Je sais que ce n'est pas vrai. Mon amitié pour Marietta est sincère. Et la sollicitude dans son regard à cet instant est la seule chose qui m'empêche de fondre encore en larmes devant toute la Grande Salle.
Je m'en veux de pleurer. Je me déteste de pleurer. J'en suis venue à haïr ce personnage de princesse en détresse que je semble condamnée à incarner. Je suis plus que cela. Je suis moins que cela. Je suis une pauvre imbécile amoureuse, prête à n'importe quoi, absolument n'importe quoi pour un regard de celui qu'elle aime... rien qu'un regard... Je ne vis qu'à travers lui. Je le ressens, dans la douleur fulgurante qui me déchire constamment, et vers laquelle je reviens sans cesse, comme si je ne pouvais lâcher prise, comme si je voulais y goûter encore plus, dussé-je en mourir...
Harry, je t'en prie, reviens à la raison. Ma mémoire rejoue sans arrêt les images de ces instants que nous avons partagés. A l'époque où tes regards n'étaient que pour moi. A l'époque où tu te figeais et rougissais dès que tu m'apercevais. A l'époque où me voir souffrir t'étais insupportable...
Je me souviens de notre premier baiser. De mes larmes. De ce rendez-vous si étrange, où Cédric se tenait encore entre nous, d'une certaine façon. Je me souviens de ta main dans la mienne. Je me souviens de notre première fois. Ta première fois. Cédric m'avait déjà aimée, mais avec toi, c'était différent. Je me rappelle ne pas m'être sentie à l'aise à l'idée de devoir être celle qui te guide... Ce n'est pas dans ma nature... Mais tu as pris confiance, et chaque nouvelle fois était merveilleuse.
Imaginer que tu accordes tout cela à la première venue... Pourquoi fais-tu cela, Harry ? Je sais que tu aimes Ginny. Je sais qu'ironiquement, tu dois endurer les mêmes souffrances que moi. Et pourtant, même avec un couteau sous la gorge, jamais je ne pourrais donner à un autre ce que je brûle de te donner à toi. Pas même pour te rendre jaloux. Pas même pour attirer ton attention...
Cela doit être parce que je suis faible. Tout le monde autour de moi parle de sexe d'une façon si détachée... Comme si cela n'avait pas d'importance. Comme s'il s'agissait d'une drogue dont il faudrait abuser avant la fin. Je sais que le monde va mal, mais... dans ces moments-là, j'ai simplement envie de me réfugier dans tes bras, et d'oublier que le monde existe. Je veux croire encore en de belles choses, de vraies choses. Un amour sincère. Un amour plus fort que les épreuves.
Marietta dit que si tu m'as si facilement abandonnée, c'est que tu ne m'as jamais vraiment aimée. J'ai peur de la croire. Une partie de moi y croit déjà. Mais alors, je me souviens de la complicité que nous avons partagée. Et cela me semble tout simplement impossible... Dire qu'il y a quelques mois à peine, nous nous parlions encore tous les jours... Et à présent tu m'ignores, comme une étrangère. Je sais que je ne te traverse pas l'esprit, pas même une seconde. Et cela me rend malade.
Qu'ai-je fait de si mal, Harry ? Pourquoi me condamnes-tu d'avoir été loyale envers ma seule amie ? Pourquoi me condamnes-tu pour une vertu que tu estimes, que tu exerces toi-même, auprès de tes amis ? Pourquoi n'as-tu pas cherché à comprendre ? Pourquoi ne t'es-tu pas battu pour nous sauver... ?
Toutes ces questions, je brûle de te les poser, et pourtant, je sais que jamais je n'oserai. Je sais quelles réponses tu m'apporterais. Je ne veux pas les entendre. Ce serait mettre un terme à notre histoire, des mots sur notre rupture, et je ne le supporterai pas.
Marietta dit que je suis stupide. Que je devrais trancher dans le vif, une bonne fois pour toutes. Me libérer de toi. Aller de l'avant. Mais je ne le veux pas. Je ne veux pas aller mieux. Je ne veux pas t'oublier. Je préfère cette mort à petit feu, plutôt que de te perdre définitivement, de lâcher prise, de te dire adieu. J'en suis tout simplement incapable. Je m'agrippe au souvenir de toi, et je me sens misérable.
Je me lève et je sors de table. Je fais signe à Marietta de ne pas me suivre. Elle sait ce que cela signifie. Je n'irai pas en cours aujourd'hui. Peu importe si je rate mon Aspic.
Je remonte la table des Gryffondors, et je ralentis en arrivant à hauteur d'Harry. Instinctivement, il me regarde. Je m'immobilise. Je trouve ce courage en moi, parce que j'ai trop soif de lui. Pendant un bref instant, je crois qu'il va me parler. Qu'il me donnera mes réponses, en fin de compte.
Et puis Ginny Weasley s'esclaffe à l'autre bout de la tablée. Il se retourne. Je le perds. Je n'existe plus pour lui.
La douleur me poignarde sur place, et je ne peux plus respirer. Je sors de la Grande Salle, sans me précipiter. Mon éducation reste ancrée en moi, même en cet instant...
Je monte les étages jusqu'à la Tour d'Astronomie, déserte à cette heure matinale.
Là, je pleure toutes les larmes de mon corps. Encore une fois. Je me déteste, et je le déteste, je me sens idiote... J'ai envie de me faire mal... J'ai envie que toute cette douleur s'arrête. J'ai envie de ressentir quelque chose, et qu'il ressente quelque chose, lui aussi... Je veux l'atteindre, quel que soit le moyen.
Essuyant mes larmes, je me relève et m'écarte du mur où je m'étais appuyée. Le paysage est si beau, vu d'ici. Le monde semble si vaste. Si prometteur. Si tranquille. Indifférent aux tempêtes qui nous écrasent, pauvres enfants inutiles...
Harry, rien n'est pire que le sentiment de t'avoir eu un jour, et que ce jour n'est plus. Rien n'est pire que d'avoir goûté à tes lèvres, cru que ce serait pour toujours, et ne pouvoir en garder que le souvenir. Le sort m'avait déjà pris Cédric. Mais avec toi, c'est pire. Parce que tu es en vie. Parce que tu incarnes tous les jours tout ce que j'ai perdu. Parce que tant que nous sommes en vie, il reste encore un espoir. Parce que tant que je serai en vie, je t'aimerai. Et je ne pourrai pas te laisser partir. Et je souffrirai.
La solution m'apparait comme dans un rêve. Cela ne devrait pas me surprendre, en fait. J'y pense depuis tellement longtemps. Je n'en ai jamais parlé. Ce n'est pas dans ma nature d'en parler. Mais je suppose que c'est dans ma nature de le faire.
Je grimpe sur le parapet, toute entière habitée par mes larmes. Le vide m'attire, irrésistiblement. Il fait écho à ce déséquilibre en moi. Peut-être que je pourrai voler. Oui, m'envoler, et partir loin de tout ceci. Laisser mon cœur derrière moi. Ne plus être moi, ne plus être rien. Ne plus ressentir.
- Cho ?
Je sursaute, m'agrippe à la paroi.
- Luna ?
Je distingue sa chevelure blonde à travers mes mèches de cheveux battues par le vent.
- Comment tu as su que j'étais ici ? je demande, ne pouvant refouler la colère qui grandit en moi.
J'y étais presque... J'y étais... J'y suis encore.
- Tu souffres vraiment beaucoup, répond Luna de sa voix rêveuse. Ça m'étonne que pas plus de gens ne l'ait perçu. Dans les histoires, on ne dit jamais à quel point le perdant du triangle souffre.
Je la dévisage, sans la comprendre. Comme d'habitude avec Luna. Mais aujourd'hui, je ne veux pas faire d'effort. Je n'en ai plus la force. Je veux me briser comme mon cœur l'a été.
- Tu n'es pas obligée de faire ça, répond-elle comme en écho à mes pensées.
Luna s'avance, sans avoir peur que je saute, et elle me tend la main :
- Si tu meurs, Harry pensera à toi, dit-elle. Mais tu ne seras plus là pour t'en apercevoir. Plus personne ne pourra lever les yeux sur toi. Il n'y aura vraiment plus aucun espoir.
Je sens un gigantesque sanglot me déchirer la poitrine :
- Il n'y a plus d'espoir ! je crie. Qu'est-ce qu'il me reste, dans la vie ? Je perds tous ceux que j'aime ! Je meurs à petit feu et personne ne s'en soucie ! Personne ne me voit !
- Moi, je te vois. Je te vois même très bien.
Elle me prend la main et me force à descendre. Je suis trop stupéfaite pour résister. Il y a cette étrange force, chez Luna. Ce don qui lui permet de voir droit dans le cœur des gens, et d'en ressortir ce qu'ils refusent d'avouer. Elle me fixe de cette façon à cet instant, et je ne peux pas m'échapper :
- Tu es Cho Chang, dit-elle. Tu existes, indépendamment d'Harry Potter. Tu es un être à part entière.
- Mais je ne veux pas me détacher de lui... J'ai connu un amour profond, deux fois en deux ans. Je ne reconnaitrai plus jamais ça... Et je ne peux plus vivre sans.
- Tu peux.
Elle m'attrape par les poignets, tout doucement :
- Cho. Tu peux.
Elle me sourit, et sans la moindre hésitation, elle m'embrasse.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? je m'exclame.
- Je te donne ce dont tu as besoin, répond-elle.
Et elle recommence, sans forcer, caressant mes lèvres comme s'il s'agissait d'un trésor précieux. Je veux résister, m'échapper. Et en même temps, je veux rester. Ses baisers sont si doux... J'avais presque oublié ce qu'était la douceur... Luna me prend dans ses bras, et c'est une étreinte que je ne peux pas briser. Plus personne ne m'a prise dans ses bras depuis... Je ne peux même pas m'en souvenir. Seigneur, je me sens si seule... Trop seule... Je ne peux même pas refuser une étreinte si on me l'offre...
Il y a autre chose. Je me sens excitée. Peut-être parce que mes émotions sont à vif. Peut-être parce que je suis complètement perdue. Peut-être parce que Luna est une fille.
Je n'ai jamais été excitée par les filles. Mais justement, j'ai la sensation de faire quelque chose d'interdit... Je ressens quelque chose. Peu importe que ce soit de l'attirance, de la curiosité ou de l'indignation. Je ressens quelque chose de nouveau. Je vis, plus que je n'ai vécu ces six derniers mois.
C'est pourquoi j'embrasse Luna à mon tour. Ce n'est qu'un baiser, pas vrai ? Je veux ressentir un peu plus de cet empressement tout au fond de moi. Le contact d'une autre personne contre ma bouche. Ce sentiment d'interdit. J'en veux plus.
Luna effleure mes seins à travers mon pull, je la laisse faire. Je ne la regarde pas. J'ai du mal à réaliser que c'est elle. Puis l'une de ses mains descend tout contre ma cuisse, soulève ma jupe, et elle caresse cet empressement que je ne peux plus réprimer.
C'est trop agréable. J'ai trop mal depuis trop longtemps. Je ne peux pas l'arrêter, je n'en ai même plus la pensée. Je veux qu'elle continue. Elle glisse sa main sous mes sous-vêtements, et ses doigts jouent en moi. Je rejette la tête en arrière. Elle m'embrasse le cou. L'arête de ma mâchoire, mes lèvres. Elle va-et-vient, attentive à mes soupirs, jusqu'à ce qu'elle me sente jouir, alors que je m'agrippe à elle.
J'ai l'impression de voler. Pendant quelques secondes, je n'ai plus mal. Pendant quelques secondes, Harry est sorti de ma vie.
Luna retire ses doigts, dégage son visage et sourit sincèrement, comme si de rien n'était :
- Tu vas mieux maintenant, dit-elle.
Je n'ai pas de mots pour la contredire. Je ressens une douceur, comme un baume, sur les blessures de mon cœur. Luna s'en retourne comme elle est venue. Sans une explication, sans rien demander en retour. Je regarde sa chevelure blonde disparaitre dans les escaliers.
Je me rapproche à nouveau du parapet. Je caresse la froideur de la pierre. La promesse de cette même froideur, si je venais à sauter. Les vestiges de mon orgasme s'épanouissent en moi. Je contemple une dernière fois le vide, comme à regret.
Ce ne sera pas pour cette fois.
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