CHAPITRE TROIS
Mary la sanglante
404 Not Found !
Ce même message d'erreur s'affichait pour la huitième fois, sur l'écran d'ordinateur. Maïwen avait beau réitérer sa recherche, le résultat en demeurait le même. La page était introuvable. Même l'ami favori des internautes, n'avait aucune donnée à partager sur Madame Colasine. Elle était soudainement devenue inexistante dans le cloud.
— C'est impossible. Personne ne peut disparaître comme ça sur la toile.
Maïwen n'était en rien un génie en informatique, mais elle avait tout de même deux-trois bases solides. Elle savait qu'une page internet, aussi peu visitée soit-elle, ne pouvait se volatiliser de la sorte. Il y avait toujours une trace quelque part. Une empreinte numérique, des restes textuels et/ou illustrés, d'anciens commentaires, avis et notations. Pourtant ici, il n'y avait plus rien. Le néant. Comme si Madame Colasine n'était qu'une chimère de son invention. Si le docteur Liston, son ancien psychiatre en avait connaissance, elle serait très certainement bonne pour une nouvelle thérapie.
Elle loucha un instant sur son compagnon amphibien qui enroulé sur lui-même prenait un peu de repos. A lui seul, Ophiuchus était la preuve qu'elle était saine d'esprit. Son apparition n'était pas un mirage. C'était réel. Il était réel.
Décidée à ne pas s'attarder sur le cas étrange de la cyber-disparition de la diseuse de bonnes fortunes, Maïwen modifia l'objet de sa recherche. Elle tapa sur sa barre, Gemini. Hélas rien de concluant. Seuls des horoscopes de divers magazines féminins en résultèrent. Elle s'apprêta à approfondir son étude par une étymologie, quand quelqu'un ouvrit la porte brusquement.
— Docteur, c'est terrible. Le quatrième il ...
Mais l'infirmière ne termina pas sa phrase en remarquant l'identité de son interlocuteur.
— Vous n'êtes pas le docteur Williams vous ! constata-t-elle en penchant une tête inquisitrice sur son épaule, qui êtes-vous et que faites-vous dans son bureau ?
Effectivement, ça ne devait pas être habituel pour le personnel d'apercevoir une inconnue dans le bureau de l'un de leur confrère. Mais c'était celui de Michael. Son affinité avec ce dernier était l'unique raison de la présence de la jeune brune entre ces murs.
— Maïwen Blackburn, une amie du docteur Williams. J'avais besoin d'un accès internet.
Elle esquissa un léger sourire, bien que gênée par la situation dans laquelle elle se trouvait.
— Je vois, répondit l'infirmière le timbre quelque peu suspicieux, désolée de vous avoir dérangé dans vos recherches, dans ce cas.
L'assistante médicale s'apprêtait à tourner les talons quand Maïwen l'interpella.
— Attendez, vous avez dit qu'il se passait quelque chose au quatrième ?
Le quatrième était l'étage dans lequel se trouvait la chambre d'Iris. Forcément, apprendre que quelque chose de « terrible » était potentiellement en train de s'y passer ne pouvait que l'inquiéter. Elle avait besoin d'être rassurée.
— Je regrette, mais ça ne vous concerne pas. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai à faire.
Sur ces dernières paroles, l'aide-soignante disparut. Bien entendu, Maïwen comprenait les raisons de son mutisme. Elle savait qu'elle ne faisait que suivre le protocole en ne lui divulguant aucunes informations. Dommage, elle aurait souhaité en apprendre d'avantage.
Par la porte entrebâillée, elle pouvait entendre toute l'affluence du corps médical s'enflammer. L'arcade sourcilière arquée, elle se redressa de son siège et s'avança jusqu'au couloir en quête de réponses.
Le corridor était le théâtre d'une forme d'affolement collectif. Une dizaine de blouses blanches se bousculèrent jusqu'aux portes d'ascenseurs. La panique les avait englouti telle une vague dévastatrice.
— Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?
Elle baissa sa tête vers Ophiuchus qui venait de la rejoindre. Sans doute que son sommeil lui avait été arraché, par le tumulte des infirmiers. Tout comme elle, il semblait intrigué. En relevant la tête elle remarqua un jeune interne coursant vers elle. Lorsqu'il fut à sa hauteur elle l'apostropha.
— Vous avez un problème ?
— Vous n'êtes pas au courant ? La température du quatrième a dépassé le négatif. On ignore encore pourquoi mais nous devons faire vite. Nous avons encore pleins de patients à évacuer.
— Oh non, Iris... marmonna t'elle prise de panique.
Ophiuchus avait tout juste eu le temps de lui grimper dessus que Maïwen s'était empressée de rejoindre la cage d'escalier sans attendre son dû. Alors l'infirmière avait raison. C'était terrible ce qu'il se passait au quatrième. Un étage entier désormais victime d'une importante chute de degrés. Tous ces malades qui n'avaient rien demandé et puis il y avait surtout Iris. Elle avait déjà tellement souffert durant la nuit, pourquoi le sort s'acharnait-il ainsi ?
Elle n'avait même pas atteint le palier que l'air se rafraîchissait déjà sous ses pieds. Du givre se formait sur les dernières marches qu'il lui restait à monter. Un violent frisson lui enveloppa l'échine.
Cette aura qui n'augurait rien de bon, elle la ressentait au même titre que son serpent. C'était la même que celle de cette terrifiante enfant. Son être tout entier lui hurla de faire demi-tour, mais elle ne l'écouta point. Protéger les jumeaux était sa priorité. Elle ne rebroussera pas chemin.
En arrivant devant la chambre 408 ses doutes se justifièrent. L'air glacial qui les avait tous envahis, prenait sa source ici. Elle n'attendit plus longtemps et s'engagea dans la chambrée. Elle était là. Toujours aussi monstrueusement effroyable. Jack se tenait face à elle, une chaise dans les mains comme unique bouclier.
— Dégage, laisse ma sœur tranquille ! cracha furieusement l'adolescent en la menaçant des pieds de son arme improvisée.
Maïwen était impressionnée par le courage dont faisait preuve Jack. Il ne semblait pas inquiété par cette créature aux yeux injectés, qui le toisait d'un œil affamé. Il était simplement un homme désireux de défendre l'unique personne qu'il aimait. Il existait un adage qui disait que l'amour était une faiblesse, dans le cas de Jack, c'était l'inverse. Sa force carburait dans l'amour qu'il ressentait.
— Ta sœur ne m'intéresse plus, avoua la fillette en révélant un rictus avaricieux, elle n'est pas l'ainé.
Les yeux de Maïwen s'écarquillèrent en saisissant ou cette terrifiante enfant voulait en venir. Elle s'était trompée. Cette démoniaque petite fille n'était pas là pour terminer un quelconque travail inachevé. Iris n'était plus la proie. Sa nouvelle cible, c'était Jack.
— N'y pense même pas !
Le timbre tranchant, le regard cassant Maïwen s'était dressée, bras tendus devant l'adolescent. Elle n'était absolument pas rassurée, mais elle était résolue à empêcher cette chose d'attaquer, quitte même à riposter si il le fallait.
— Et qui va m'en empêcher, toi ? laisse-moi rire, ricana l'attaquante d'une sournoise hilarité, ton éveil n'est même pas complet gardienne. A mes yeux, tu ne vaux pas mieux que l'aîné.
Maïwen se pinça l'intérieure de la joue. Pour le coup, elle n'avait pas tort. Elle savait qu'elle ne ferait pas le poids devant cet être dépourvu de matière.
— Le seigneur va être content. Ophiuchus et Gemini. Deux pour le prix d'un. Notre espèce ne sera plus jamais ridiculisée.
— Elle est complètement tarée, observa Jack désorienté, sérieux Bloody Mary, faut arrêter de prendre des pilules !
Pourtant aussi étrange que ça pouvait être, c'était censé pour Maïwen. Cette gigantesque ombre qu'elle avait vu lorsqu'elle était enfant, avait tout d'un chef de clan. Un seigneur obscur, un roi des démons, le diable en personne, c'était probable effectivement. Seul le rapport avec les astres étaient encore flou.
— Puis c'est quoi cette histoire à dormir debout, reprit-il lassé, Ophiuchus et Gemini deux pour le prix d'un. C'est d'un ridicu...
Jack n'eut pas le temps de terminer sa phrase, que son corps se mit à luire d'une étrange aura jaunis. C'était comme avec Ophiuchus. Le porteur devait prononcer le nom à voix haute. C'était ça, la clé de l'éveil. Jack semblait totalement désorienté. Il ne pouvait s'empêcher de cracher une énorme quantité de jurons devant son corps qui ne cessait de s'illuminer, créant autour de lui une bourrasque d'air enchanté.
— Non, impossible, gronda l'affreuse visiblement contrariée, je dois me dépêcher de l'avaler avant que le processus ne soit achevé !
La surnommée Bloody Mary tenta de se jeter, griffes dehors sur Jack, mais en vain. Ophiuchus et Maïwen l'avait stoppé avant qu'elle n'ait pu l'atteindre.
— Écarte-toi de mon chemin gardienne, somma-t-elle de plus en plus effarée par la situation qui lui échappait.
— Jamais.
Maïwen était déterminée, Mary ne touchera pas un seul cheveu de Jack. Pour joindre le geste à la parole de sa maîtresse, Ophiuchus émit divers sifflement strident.
— Non arrête ça ! gémit l'assaillante les mains plaqués sur ses oreilles sanguinolentes.
Le son d'Ophiuchus semblait être une véritable torture pour elle. C'était comme ça qu'elle avait disparu la première fois. Pourtant ici, elle avait seulement reculé de quelques pas, en se plaignant de la douleur lancinante qui lui dévorait les tympans.
Dans un ultime hurlement, les yeux de Mary devinrent de plus en plus fauchant. L'offensive qu'elle venait de recevoir, n'avait fait qu'accroître sa rage.
— Vous allez le payer ! fulmina-t-elle plus menaçante que jamais.
Comme si le climat lui obéissait, l'air se fit de plus en plus intense et polaire. A sa demande, les vitres et les miroirs se brisèrent, créant une multitude de projectiles de verres givrés, virevoltant autour d'elle. Une impressionnante démonstration de force. Elle paraissait prête à exploser à tout moment, entraînant à coup sûr avec elle, l'aile du bâtiment toute entière.
— On va tous y rester, souffla Maïwen consciente de son impuissance.
Mary allait tout dévaster et rien ne pourra l'en empêcher. Même Ophiuchus, aussi magique fut il ne pouvait contenir une aussi importante masse d'énergie. Le combat était perdu d'avance. C'était vain. C'était la fin.
— Non, ça ne fait que commencer.
Une voix confiante derrière elle l'obligea à se retourner. Jack s'était littéralement métamorphosé. A l'instar d'Ophiuchus qui s'était matérialisé, Gemini et son hôte avaient fusionné. L'ancien regard chocolat de l'adolescent était à présent vairon. Un œil gris l'autre jaune. Ses cheveux bruns et incoiffable s'étaient allongés de plusieurs centimètres créant un balayage de reflet blond cendré. Sur la peau de sa clavicule droite, un tatouage représentant deux bandes parallèles rejoignant deux arcs de cercles en son sommet et son col, s'était dessiné. Une parfaite symétrie symbolisant le signe du gémeau. Outre son physique, son psychique aussi avait été amélioré. L'assurance qu'il dégageait, s'était décuplée. Gemini l'avait aidé à prendre en maturité. Il était devenu une toute autre personne. Quelqu'un capable d'assumer son rôle de protecteur.
— Jack ?
Encore sous le choc, Maïwen n'arrivait pas à croire à cette transformation. L'enfant qu'elle avait vu grandir n'était plus. C'était un courageux guerrier capable d'appréhender le plus pur et libre des éléments.
— Mettez-vous en arrière M'dame, reprit Jack en l'écartant d'un mouvement, Je m'occupe de cette pâle copie de Bloody Mary.
Fait rassurant, Jack avait toujours le même humour douteux. Toute forme de métamorphose aussi fabuleuse soit-elle, ne pouvait aller à l'encontre de sa nature primaire.
Le sourire amusé que le jeune homme extirpa lui fit comprendre qu'il prenait cet affrontement pour un véritable divertissement. Sans doute était-ce l'insouciance causé par son jeune âge ou bien etait-ce à cause d'une admiration non voilé qu'il portait aux supers héros de comics. Qu'importe le facteur prédominant, Jack se complaisait littéralement de sa nouvelle condition.
— Dans le film, Mary disparaît après s'être fait balancer par la fenêtre, énuméra-t-il un sourire toujours ancré sur les lèvres, et si on essayait de te faire voler à ton tour ?
Sur ces paroles, Jack fabriqua de ses mains plusieurs orbes d'éther, qu'il balança en rafale sur sa cible. La pression atmosphérique qu'elles dégagèrent était si prépondérante, qu'elles avaient annihilé la totalité des projectiles de leur agresseur.
— Bordel, c'est trop cool.
Surexcité, il regarda ses mains comme pour jauger d'un œil avisé ses nouvelles capacités. Grossière erreur. Mary avait profité de son inattention pour répliquer avec un éclair de glace.
— Jack attention !
Mais c'était trop tard. Maïwen dans son avertissement, n'avait pas été assez rapide. L'adolescent s'était prit l'attaque de plein fouet. Le choc l'envoya méchamment rencontrer le mur.
— Jack est-ce que tout vas bien ? questionna la gardienne en se précipitant vers son élève.
— Ouais ça va, y'a pas de casse !
Sans prendre la main que Maïwen lui tendait, Jack se redressa, dépoussiéra ses vêtements et se prépara à débuter un nouveau round. Restée impuissante jusqu'à présent, car trop assailli par la surprise principalement, Maïwen se joignit à son tour à la bataille, Ophiuchus niché sur son épaule. Elle était consciente de ne pas avoir hérité des mêmes dons que son acolyte, mais elle avait tout de même un atout non négligeable dans sa manche.
— Ecoute moi Jack, chuchota-t-elle au concerné, Ophiuchus et moi on s'occupe de la paralyser et toi tu l'attaque. On doit en finir rapidement d'accord ?
— Oh mais pourquoi ? rouspéta l'adolescent, on s'amuse tellement.
— Évitons les dégâts inutiles. Il y a trop d'innocents ici.
— Pff les vieux sont toujours aussi rabat-joie.
Bien que mécontent qu'on le prive ainsi de son amusement, Jack consentit tout de même à suivre le plan, pour son plus grand soulagement. Maintenant, il ne restait plus qu'à le mettre à exécution.
Quand Mary s'apprêta à balancer un de ses nombreux éclats glacés, Maïwen demanda à Ophiuchus de crier. Ce qu'il fit sans attendre. Comme les précédentes, le son avait contraint la monstruosité à cesser toute offensivité. Dès lors qu'elle fut désarmée, Jack en profita pour l'assaillir à coup de terribles sphères d'air.
Ce cocktail stratégique avait fini par avoir raison d'elle. Mary préférant user la sûreté, se replia in-extrémisme non sans avouer qu'elle reviendrait pour se venger. Dès l'instant où elle disparut, la température reprit ses degrés initiaux. Tout était redevenu comme avant. Seule la chambre 408 portait encore les vestiges de ces attaques magiques.
Ils avaient gagné une bataille, mais la guerre était loin d'être terminée. Mary allait revenir, Maïwen le savait. Malgré tout, elle avait obtenu en la personne de Jack un nouvel allié. Elle venait d'assister à la naissance d'un héro aux étonnantes capacités.
☀
Coucou les petits lutins de Cornouailles,
Tout d'abord je voulais m'excuser pour le retard que j'ai pris avec la publication de ce troisième chapitre.
Mon compagnon est malade et je n'avais pas vraiment le temps de me connecter sur l'ordinateur, j'espère que vous comprendrez :/
Ensuite comme toujours, j'espère que ce chapitre vous plait. ;)
Gemini se cachait en fait en Jack, je suis certaine que vous vous en doutiez ? haha.
Je dois vous avouer que j'adore le personnage de Jack, c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai décidé de faire de lui un personnage récurrent plutôt qu'un simple figurant.
Première bataille avec Mary ? qu'est-ce que vous en avez pensé ? On remerciera Jack pour l'appellation, grâce à lui on peut enfin lui donner un nom. 😂
Comme toujours , n'hésitez pas à me faire part de vos impressions, ressentis et/ou théories si vous en avez. :D
La suite arrivera prochainement. ;)
xoxo Mandy-dy
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