PARTIE XXIV

"Lundi 15 octobre XXXX, 11h41

Finalement, le temps d'écrire les lignes du dessus et l'heure de permanence était déjà terminée. Alors je ne reprends que maintenant en espérant avoir assez de temps pour tout rédiger.

Après l'arrivée de Marion, nous nous sommes mis à table suite à la proposition de celle-ci comme elle avait apporté un gâteau pour célébrer l'anniversaire de ma sœur. Nous avons alors suivi de bon cœur la traditionnelle routine avant de passer à la dégustation. J'ai finalement dit à Daniella que j'ai pris le train en cachette pour venir la voir et que mes amis m'ont accompagnée car je ne me voyais pas y aller seule. Tandis qu'elle en riait, Marion semblait très surprise mais ma sœur lui assurait que je suis un cas spécial.

Et elle n'a pas tort.

Cécilia, Maxime et Sandra, quant à eux, ne semblaient pas gênés comme j'en ai eu peur mais s'amusaient à raconter des anecdotes sur nôtre groupe ou bien sur moi, comme par exemple que je suis toujours en train de prendre des notes, au point que je les oublie parfois. Cécilia a failli préciser que je le fais en classe aussi mais heureusement qu'elle était assise à côté de moi, j'ai pu la pincer du bras pour la mettre en garde.

Malgré la bonne humeur que les discussions créaient, je ne parvenais pas à profiter pleinement de la soirée. Parce que cette Marion m'intriguait toujours autant. Je n'ai jamais vu son visage avant mais qu'est ce que sa voix me semblait familière ! Ce qui fait qu'à plusieurs moments, je me surprenais à la fixer sans cligner des yeux. J'ai du me reprendre rapidement avant qu'elle se demande si quelque chose ne cloche pas chez moi.

-"J'ai toujours du mal avec le japonais, même si je l'étudie depuis le lycée;" disait-elle avec un rire gêné. "Mais il faut vraiment que je me reprenne si je veux me débrouiller au cas où on ira au Japon en fin d'année."

-"Tu pars en voyage au Japon ?" M'écriais-je à l'intention de ma sœur en me redressant.

-"L'université a prévu pour nous ce projet et il semble qu'il est presque confirmé."

-"La chance ! Pendant que nous on restera périr d'ennui.." Soupirai-je en prenant un air blasé.

-"Si on peut partir à Toulouse avec le pendentif, alors on peut aussi voyager dans le monde qui sait ?" m'a chuchoté Maxime, me faisant sourire.

De plus, un voyage en téléportation est largement moins épuisant que faire une dizaine d'heures en avion. Je tournai la tête vers la porte menant au balcon, mes pensées déviant vers la dernière génération des gardiens. Si le pendentif pouvait nous permettre de voyager dans le temps, on n'aurait qu'à faire un saut dans le passé pour leur demander plus de renseignements sur nôtre quête. Mais alors que je m'isolais avec mon esprit, une silhouette se détachant du cadre sombre affiché par la vitre me tira de mes rêveries.

Je semblais la seule à l'avoir remarquée car les autres continuaient de parler tranquillement. L'ombre resta figée devant la vitre, ce qui me donna envie d'aller vérifier ce qui se tramait derrière cette porte.

Profitant que l'attention soit tournée vers Cécilia et ma sœur qui partageaient quelques souvenirs de l'année dernière, je me levai sans faire de bruit et avançai vers la porte du balcon que j'ouvris lentement. Et bien sûr, mon imagination m'avait encore joué des tours : derrière, il n'y avait que certaines affaires que ma sœur n'a sûrement pas eu de place pour ranger à l'intérieur. Frustrée de m'être faite avoir comme ça, je décidai comme même d'avancer pour voir ce qui a pu se refléter ainsi sur la vitre, quand Cécilia m'a interpellée :

-"Si tu es trop honteuse qu'on ait raconté ça, tu n'as qu'à te cacher sous la table au lieu de jouer aux fantômes pour te venger."

-"Hein ? Raconté quoi ?"

-"Quand on est allées au parc d'attractions l'été dernier et que dans la queue le monsieur devant nous a..."

-"NON TAIS-TOI !" Hurlai-je en m'accroupissant tout en cachant mon visages avec mes mains.

Je leur ai dit maintes fois de ne pas me rappeler ce souvenir mais elles ne m'écoutent jamais, proclamant que je n'ai pas à être honteuse de m'être faite crier dessus en plein milieu d'une queue simplement parce que j'étais si impatiente que je "collais" la personne devant nous...

Mais un silence suivit mon imploration, et j'écartais mes index et majeurs de mes yeux pour voir leurs réactions. Marion et Daniella fronçaient les sourcils et mes amis étaient bouche-bée. Bah quoi, je faisais si pitié que ça ?

-"Qu'est ce qui vous prend ?" Témoignai-je de mon étonnement.

-"Qui êtes-vous et qu'est ce que vous faites dans mon balcon ?"

Daniella venait de se redresser, les mains sur les hanches, fixant méchamment un point derrière moi dont j'ignorais encore la nature. Je tournai alors ma tête pour voir à qui elle s'adressait, mais je n'eus pas le temps de lever les yeux car un genou vint heurter violemment mon visage, me projetant dans le salon. Les cris se déclenchèrent autour de moi, et en particulier ceux de ma sœur qui menaçait d'appeler la police.

Sentant que la douleur provoquée par le choc s'était un peu dissipée, je me risquai à ouvrir un œil et je découvris avec horreur Leslie devant moi, me fixant de toute sa hauteur.

-"Mais qu'est ce que tu fabriques ici ?" M'exclamai-je en la voyant.

-"Parce que tu la connais ?" Demanda ma sœur sur le même ton.

-"Oui, nous nous connaissons, plutôt bien je devrai dire !" Répondit Leslie sur un ton joueur.

-"Très bien même !"

Sandra se leva, tentant d'entrer dans son jeu mais Cécilia l'arrêta pour ne pas qu'elle se laisse emporter. Déjà que la situation était assez délicate ! Je me rendis  compte que j'étais encore étalée par terre alors je me levai, et à ce moment, la main pâle de nôtre ennemie vint me serrer la gorge par derrière. J'arrondis les yeux, prise par surprise, et considérai que le plus sage était de ne pas me débattre.

-"Vous avez intérêt à n'appeler personne," dit-elle à l'intention de ma sœur. "Sinon, j'en finirai définitivement avec elle."

Un air paniqué prit place sur les visages des personnes présentes face à moi. Daniella rentra doucement son téléphone dans la poche arrière de son jean, ne me quittant pas du regard.

-"Très bien, et maintenant laissez-moi faire ce que dont je suis venue pour et je repartirai, puis vous n'entendrez plus jamais parler de moi."

Elle approcha sa deuxième main de mon cou, et il ne me fallut pas longtemps pour comprendre qu'elle en voulait à mon pendentif. Je tournai mon regard vers Maxime, espérant lui faire passer le message de protéger le soleil. Leslie tira violemment sur la lune ornant la chaine et l'ouverture se défit. Je n'essayais même pas de l'arrêter tant j'étais pétrifiée, au point qu'il me semblait ne même pas comprendre ce qui se passait.

À l'instant où elle allait brandir le bijou pour afficher sa victoire, une masse s'abattit sur nous et je me retrouvai projetée à terre tandis qu'elle finit sa course contre le mur. Le pendentif échappa de sa prise et alla rouler quelques mètres plus loin. La voix de Sandra s'écria avec soulagement :

-"Naïa !!"

Je me redressai avec difficulté et vis Maxime courir prendre le pendentif tandis que Cécilia venait vers moi pour m'aider à me mettre debout. Ce retournement de situation laissa Marion et Daniella immobiles, sans voix. Jusqu'à ce que l'amie de ma sœur s'approche en courant de nôtre sauveuse.

-"Mais comment tu es venue ici toi ?"

Elles se sautèrent dans les bras, provoquant l'incompréhension générale. Naïa nous fit un signe pour nous dire qu'elle nous expliquerait plus tard puis s'approcha de Leslie qui se relevait en se tenant au mur.

-"Jamais tu n'auras le pendentif. Sache que tous tes efforts ne serviront à rien !"

-"Tu n'aurais jamais du m'arrêter."

-"Tes menaces sont aussi ridicules que toi."

Leslie leva immédiatement la tête, son regard noir ayant pris désormais possession de ses yeux. Elle avança vers Naïa qui ne recula pas, gardant la tête haute sans rentrer en contact visuel avec son vis-à-vis.

-"On verra bien qui est la plus ridicule ici."

Elle envoya sur Naïa une bourrasque de vent que celle-ci évita en sautant par-dessus, puis annula le sort rien qu'en rebondissant au sol, comme si elle l'avait écrasé. Tout sembla s'immobiliser pendant un instant, jusqu'à ce qu'un anneau de feu traverse la pièce comme un boomerang pour venir s'enrouler autour du poignet de Leslie. Elle fixa la lumière de son bracelet qui disparaissait petit à petit, son visage ayant désormais pris un air pétrifié.

-"Tu ne pourras pas utiliser tes pouvoirs pendant un moment grâce à ce sort, alors je te donne deux options. Soit tu en profites pour décamper sur le champ, soit tu t'obstines et nous saisissons l'occasion de te faire souffrir."

Hébétée, je me tournai vers Marion qui se tenait fièrement au centre de la pièce, jouant avec la chaîne de son bracelet. Je n'étais d'ailleurs pas la seule, il n'y avait que Naïa qui semblait conserver une expression normale.

-"Je retrouve enfin ma coéquipière !" Déclara-t-elle à l'intention du centre de l'attention.

-"Vous n'êtes pas si intelligents que ça. Je me demande pourquoi je suis censée faire équipe avec des nuls comme vous !"

L'expression apeurée qui s'était installée sur le visage de Leslie a disparu pour se transformer en un air diabolique qui me fit même reculer en arrière. Je me cognai contre Cécilia derrière moi, qui posa ses mains sur mes épaules pour me rassurer. En revanche, Marion ne montrait pas le moindre signe d'impuissance.

-"Je crois que tu n'as pas compris l'avertissement."

-"Et moi je pense que depuis le temps vous auriez du comprendre ce qui me donne les moyens de me battre contre vous."

En un clin d'œil, les flammes qui crépitaient autour de son poignet disparurent à travers sa peau. Cette fois, même Naïa et Marion semblaient ne pas en revenir. Sandra et Maxime vinrent se serrer contre nous,  et je pus sentir leurs bras qui frôlaient les miens trembler.

-"Nos pouvoirs viennent de la même source. Chaque sort que vous m'avez lancé, je l'ai stocké en plus de la magie que je possède. Ainsi, j'ai maintenant une petite copie de tous vos pouvoirs."

-"À quoi vont-elles te servir ? Si tu les utilises contre nous, ça se retournera contre toi !" La contredit Naïa.

-"Vous devriez plutôt vous soucier de vos propres pouvoirs. Vous avez attaqué une gardienne du Zodiaque, et comme j'ai bien envie de continuer la chasse au pendentif, je préfère vous prévenir tant qu'il n'est pas encore tard."

-"Tard pour quoi ?" Demanda faiblement Maxime.

-"Pour perdre définitivement toute vôtre énergie sans avoir terminé la mission qui vous a été confiée."

Sans tenter de nous attaquer, Leslie nous tourna le dos pour se diriger vers le balcon qui était resté grand ouvert. En y mettant un pied, elle termina sans nous adresser un regard de plus :

-"Et cet échec fera que vos âmes vous seront confisquées."

Suite à ces dernières paroles, elle grimpa sur la barrière et sauta dans le vide, laissant derrière elle un courant d'air qui fit voler nos cheveux et claquer la porte du balcon. Dans le silence qui s'installa juste après, je sentis une main se glisser dans la mienne, et se retirer pour laisser mon poing refermé autour d'un objet. Je n'eus pas besoin de me tourner pour comprendre que c'était Maxime qui m'a rendu ma partie du pendentif.

C'est l'intervention de ma sœur qui mit fin à cet instant de silence. Elle demanda en posant un couteau sur la table, qu'elle voulait sûrement utiliser au cas où la situation dégénèrerait :

-"Je crois qu'on me doit des explications ici. Dans quoi t'es-tu encore embarquée ?"

Un sentiment de culpabilité me serra le cœur en voyant l'inquiétude qui luisait dans ses yeux. Ceux-ci me fixaient sans cligner, et cet intense contact visuel me donnait envie d'aller me jeter dans ses bras pour y trouver du réconfort. Naïa se chargea de tout lui expliquer avec l'aide de Marion, mais seule la dernière phrase prononcée par Leslie avant son départ occupait l'esprit de Daniella.

-"On ne sait rien de l'histoire en réalité..." Avoua Naïa. "Elle a très bien pu dire ça pour nous décourager."

-"C'est bien son genre," ajouta Sandra. "Mais je ne vais pas vous mentir, elle en sait beaucoup plus que nous."

-"Laissez-moi rejoindre vôtre équipe," dit alors fermement Daniella.

Une quinte de toux due à la surprise me gagna tout à coup.

-"Tu veux faire partie des gardiens après ce que tu as vu aujourd'hui ?" M'écriai-je, incrédule.

-"Je pourrai au moins veiller facilement sur toi !"

-"Mais je sais me débrouiller seule..." Protestai-je.

-"C'est pour ça que tu t'es laissée faire quand cette folle a voulu t'étouffer ? Non, je n'aurai pas l'esprit tranquille si je ne suis pas au courant de tout ce que tu fais face à vos ennemis. Ce lien entre les bracelets semble vraiment utile pour ça !"

Sachant bien que ma sœur ne changera pas d'avis, je fis la moue pendant que Marion et Naïa prenaient une décision entre elles. Daniella a finalement hérité du signe de la Balance. J'espère qu'en s'engageant dans cette mission, rien de grave ne lui arrivera...

Nous avons ensuite du rentrer, et sur le chemin, Naïa nous a expliqué que Marion est son amie avec qui elle a découvert la légende autour des bracelets. Et une fois chez moi dans mon lit, j'ai réfléchi jusqu'à comprendre pourquoi j'avais l'impression de la connaître : c'est sa voix qui m'a parlée dans mon rêve où j'ai découvert la vérité sur les bracelets du Zodiaque.

Ce matin, au collège, nous étions tous très fatigués à cause de la courte nuit mouvementée que nous avons eue. Et encore, aujourd'hui, il nous faudra revoir Naïa car elle tient à nous parler. Je sens déjà la morale arriver !

Aussi, j'ai tenu à vérifier si Mako n'a pas été blessée ou atteinte par le petit combat d'hier mais elle semblait en pleine forme. Tant mieux, au moins il y a un avantage à nôtre incapacité de nous battre car il n'y a plus de risques pour la benjamine actuelle des gardiens."

🌙〰À suivre〰🌙

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top