PARTIE XXI

[PDV omniscient]

-"Bon bah moi j'y vais !"

-"Déjà ? Mais il n'est que..."

Sans laisser le temps à sa mère de finir sa phrase, Kenza claqua la porte de l'appartement et dévala les escaliers en quelques secondes seulement avant de débouler en trombe dans la rue. Ce vendredi, elle avait prévu d'aller plus tôt que d'habitude en cours pour pouvoir commencer à enquêter sur la mission que lui avait confiée Naïa avant que les portes du collège n'ouvrent, étant donné que certains élèves s'y retrouvaient des fois bien avant l'heure d'ouverture.

Et elle avait raison car déjà plusieurs groupes d'étudiants étaient éparpillés un peu partout devant l'établissement. Elle s'adossa contre un mur et se mit à observer les moindres faits et gestes de chacun pour essayer de retrouver le bijou qu'elle cherchait.

Cependant, au bout d'une quinzaine de minutes, sa recherche visuelle n'aboutit à aucun résultat. Au loin, il lui sembla reconnaître la silhouette de Cécilia, qui finit par la rejoindre en traînant nonchalamment des pieds.

-"Bonjour..." La salua sa meilleure amie dans un bâillement.

-"Et ben, quelle mine !"

-"Ne sois pas chiante dès le matin s'il te plaît, j'ai vraiment passé une nuit horrible."

-"J'espère que tu auras assez d'endurance pour aujourd'hui parce que Naïa m'a appelée hier pour me charger de régler un problème."

-"Oh non, pas encore ! Je suis sûre que si je me fatigue autant c'est parce qu'on fournit trop d'énergie pour rien !"

-"Je te signale que pour le moment, c'est surtout nos cerveaux qu'on doit faire travailler..."

-"Justement, trop utiliser mon cerveau pour les cours et en dehors m'épuise ! Bon, dans quel genre de problèmes doit-on encore nous embarquer ?"

-"Je t'expliquerai quand on sera tous les quatre."

Son amie ne chercha pas à nier et la rejoignit en se mettant dos au mur. Elles se mirent à parler de tout et de rien, en attendant l'arrivée de Sandra et Maxime. Cependant, à un moment, plus aucun son ne traversa les lèvres de Cécilia et ses yeux restèrent fixés devant elle. Un claquement de doigts émis par Kenza devant ses yeux la fit sursauter.

-"Hé ho ! Tu cherches un moyen de t'envoler sur Mars ? À moins que tu aies déjà quitté la Terre ! Non mais si parler avec moi est si ennuyeux, tu peux me le dire hein."

-"Quoi ? Ah non, non ! J'ai juste vu quelqu'un là-bas..."

Elle pointa du menton l'objet de son attention qui n'était autre que Leslie. Kenza haussa les épaules, et ne prêta pas un regard de plus à leur ennemie :

-"Ignore-la, sinon elle pourrait très bien nous provoquer. Tu la connais maintenant."

-"La voir me donne toujours autant de frissons..."

Cécilia simula un léger tremblement pour illustrer sa phrase, ce qui fit pouffer la brune à ses côtés. Peu après, à leur plus grande satisfaction, ce sont leurs amis qui débarquèrent en se dirigeant directement vers elles. Ils se saluèrent tous en se tapant dans la main. La gardienne du signe Scorpion se laissa glisser contre la construction qui servait de support à son dos, pour venir s'assoir par terre.

-"Bon, je sens que Kenza a tout un récit à raconter alors je me mets à l'aise."

-"Tu veux du thé pendant que tu y es ?" Ricana Maxime.

-"Puis enlève ton manteau aussi," ajouta Kenza.

La concernée les foudroya du regard tandis que Sandra riait de leurs chamailleries. Une fois que le sérieux de la situation reprit le dessus, Kenza leur raconta alors sa conversation téléphonique avec Naïa, la veille. Cela laissa le reste du groupe perplexe, et leur étonnement fut encore plus grand lorsqu'elle leur confia ses doutes à propos de l'identité de la personne qui pourrait selon elle détenir le bracelet disparu.

-"Erwan ?" Suffoquait Sandra. "Non je suis désolée Kenza, mais je ne vois pas ce que ce garçon pourrait avoir de magique en lui. C'est presque improbable de mon point de vue !"

-"Mais le raisonnement est bien cherché," songea Maxime. "On n'a qu'à vérifier nous-mêmes si ce que tu avances est vrai."

-"Et pour cela, il faudra lui reparler," termina Cécilia.

Sandra fit une grimace. Kenza haussa les épaules pour montrer qu'ils n'avaient pas le choix. Leur conversation prit fin lorsque le portail s'ouvrit. Alors qu'ils s'engouffraient au milieu de la foule de collégiens pour accéder à la cour, nôtre héroïne sentit une main la retenir par le poignet. Dans un premier temps, elle n'osa pas se retourner, pensant que ça pouvait être Leslie. Mais la prise qui lui serrait ce membre de son corps semblait trop légère pour paraître dangereuse.

-"Ah, c'est toi Mako !"

-"Oui, ça faisait un petit bout de temps ! Ta main a guéri ? Super ! On pourra refaire du basket ensemble ?"

-"On en fera si tu veux," accepta-t-elle en souriant.

-"Dis à tous tes autres amis de jouer avec nous, ça serait drôle. Oh, on m'attend, j'y vais ! À la prochaine !"

Elle s'en alla en courant pour rejoindre son groupe d'amies tandis que Kenza la saluait en secouant la main distraitement. Leslie occupait trop son esprit, elle l'effrayait et semblait posséder toutes ses pensées. Qu'est ce qu'elle aimerait la voir disparaître ! Devant ses yeux, détruite par ses propres démons.

-"Tu comptes rester ici à rêvasser ?"

La propriétaire du Journal Intime se tourna vers Maxime qui venait de la rappeler à l'ordre, en le fixant d'un air vide de toute expression. Son être semblait se perdre au milieu d'un sentiment qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant, ou du moins pas à ce degré d'intensité.

La haine.

-"KENZA !"

Maxime avait fini par rejoindre Cécilia devant la salle de classe, mais elle restait plantée au bout du couloir. Cependant, cette fois, cet appel sembla la faire réagir.

-"J'arrive."

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La journée était déjà bien avancée lorsqu'ils se retrouvèrent pour faire le point avec Sandra sur les recherches qu'elle a du mener lors de la matinée. Mais celle-ci ne semblait détenir aucune information qui les intéressait.

-"Je crois bien que ce n'est pas lui, il a remonté ses manches lors du cours et il ne portait aucun bracelet."

-"Ca ne veut rien dire, je ne gardais pas le mien tout le temps non plus !" Rétorqua Cécilia. "Je suis même tentée de dire qu'il fait bien, histoire de vécu !"

-"Qu'est ce qu'on peut faire alors ?"

Kenza demeurait silencieuse, pendant que ses trois amis cherchaient tout genre d'hypothèses. Ils lui firent rapidement remarquer son manque d'investissement dans le sujet.

-"Des fois je ne comprends pas ce qui t'arrive, c'est pourtant toi qui nous as prévenus de cette mission, c'est toi que Naïa a contactée !" Lui signala Sandra. "Et c'est toi qui nous orientes sur toutes les pistes, alors pourquoi te renfermes-tu autant ?"

La concernée ne répondit pas et garda la tête baissée. Cécilia se mordit l'intérieur de la joue; étant donné qu'elle connaissait Kenza depuis quelques années, elle savait qu'elle préfère organiser sérieusement ses enquêtes. À présent qu'elle avait l'occasion d'investir toute sa passion dans ce mystère, Cécilia la sentait malgré tout perdue, sans vraiment en connaître la raison. De toute manière, elle n'aurait peut-être même pas obtenu de réponse si elle le lui avait demandé, connaissant bien sa difficulté à exprimer ses ressentis.

-"Je reviens," dit-elle simplement en se levant.

Sans adresser un regard à ses amis, Kenza se dirigea vers les toilettes, les laissant quelque peu désorientés. Cécilia et Maxime fixèrent Sandra d'un regard plein de reproches, et celle-ci semblait avoir réalisé ses paroles seulement maintenant.

-"Aïe... J'ai été un peu trop dure, non ?"

-"Beaucoup trop même !" Rectifia Cécilia.

-"Vous pensez que c'est mieux de la laisser seule ou d'aller la voir ?"

-"J'y vais, je n'ai pas envie qu'elle m'en veuille," annonça Sandra en se levant à son tour.

De son côté, Kenza se fixait désespérément dans le grand miroir en face d'elle. Tout était confus dans sa tête, et une grande peur lui serrait la gorge.

-"Je ne savais pas que ce journal aurait un impact aussi important dans mes habitudes..."

Elle avait du mal à se concentrer sans pouvoir écrire, et pourtant elle savait que le danger n'était jamais loin. Si elle prenait le risque de rédiger une quelconque information sur ses plans ou missions, le clan ennemi pourrait le découvrir.

Le bruit de la porte qui s'ouvrit interrompit le flot de ses pensées, et bientôt, la tête rousse de Sandra vint la rejoindre devant le miroir.

-"Je t'ai fâchée ?" Questionna-t-elle maladroitement.

-"Non ne t'en fais pas, c'est juste que j'ai du mal à tout gérer dans ma tête. Je comprends que ça puisse t'agacer."

-"Ca ne m'agace pas, j'aimerai simplement que tu nous parles de tes problèmes si tu en as."

Sandra passa son bras autour des épaules de la plus jeune, qui affirma :

-"Nôtre plus grand problème c'est Leslie. Et pour le moment, on ferait mieux de l'oublier."

La gardienne du Verseau hocha la tête, mais ce qu'elles ne savaient pas, c'est qu'elles ne pourraient pas éviter leur problème bien longtemps. Puisque leurs bracelets se mirent soudainement à briller alors qu'elles quittaient la pièce pour repartir dans la cour.

-"Qu'est ce que ça veut dire ?" Demanda Kenza.

-"Que l'un des gardiens a activé ses pouvoirs, et que Maxime et Cécilia sont peut-être en danger !"

Elles se ruèrent dans le couloir sans se soucier des règles qui leur interdisent de courir au sein de l'école, tout en prenant soin de cacher les points scintillants à leurs poignets qui ne paraissaient pas inaperçus. À leur plus grand soulagement, elles retrouvèrent Maxime et Cécilia sains et saufs.

-"Vous l'avez remarqué aussi !" S'écria Maxime alors qu'elles arrivaient toujours en courant.

Kenza termina sa course en se jetant sur Cécilia pour l'entraîner avec elle sur le sol tandis que Sandra sentit son visage entrer en contact contre la grille comme si elle venait d'échouer sur celle d'un barbecue.

-"J'aurais applaudi si la situation était favorable," commenta-t-il.

-"Justement ce n'est pas le moment, puis je suppose qu'on devra faire face à des chutes bien pires lors des combats !" Dit Cécilia.

-"Bien, maintenant, comment savoir pourquoi nos bracelets se manifestent-ils ?" Questionna Kenza en posant ses mains sur hanches.

-"C'est peut-être simplement Naïa qui tente de retrouver celui qu'elle vient de perdre," Avança Cécilia.

-"Sandra, pourquoi tu ne dis rien ?" S'étonna Kenza en se tournant vers la concernée.

Celle-ci restait accroupie au sol, le visage enfoui dans ses mains. Elle leva lentement la tête et ses trois amis affichèrent des mines hébétées devant les rougeurs comparables à des brûlures qui coloraient son visage.

-"C'est à cause de la grille que tu t'es faite ça ?" Demanda Maxime en pointant d'un index tremblant l'objet évoqué.

-"J'ai eu l'impression de me faire électrocuter."

-"Cette grille nous a toujours causé des problèmes de toute façon !" Pesta Kenza.

Cécilia se mit face à Sandra et inspecta de près son visage. Les rougeurs étaient bien visibles, et cela allait forcément se faire remarquer en cours. Alors qu'ils cherchaient une solution pour qu'elle puisse justifier son accident, des cris plaintifs étouffés s'élevèrent soudainement.

-"Vous croyez qu'on devrait s'en mêler au risque de s'attirer de nouvelles emmerdes ou laisser tomber ?" Proposa Cécilia.

Il ne leur fallut pas réfléchir longtemps, car Kenza avançait déjà vers la grille. Elle s'y accrocha pour l'escalader mais fit immédiatement un bond en arrière, avant de se mettre à souffler sur ses mains.

-"Tu l'as ressenti aussi ?" La questionna Sandra.

-"On dirait la sensation que procure un détecteur de mensonges ! Mais je suis sûre que ça venait de là-dedans !"

Ils décidèrent finalement de procéder en faisant la courte échelle à l'un d'entre eux. Maxime refusa immédiatement, se rappelant encore qu'il a failli mourir étouffé dans la pierre creuse. Sandra était encore effrayée et Kenza proposa de choisir Cécilia.

-"C'est fou comment tu tiens à te débarrasser de moi..." La blâma sa meilleure amie.

Mais elle posa malgré tout son pied sur les mains liées de Maxime avant de s'accrocher à l'arbre le plus grand, celui où Kenza a trouvé le pendentif. Elle se laissa suspendre quelques secondes à la branche la plus à sa portée avant de prendre son élan et venir la contourner de sa jambe. Une fois fait, elle descendit lentement de l'arbre et atterrit sur les feuilles mortes en essayant de ne faire aucun bruit. Cécilia avança lentement, en tentant de ne faire craquer aucune feuille ni aucune brindille; sous les regards captivés de ses amis.

Et la scène qu'elle vit quelques pas plus loin lui arracha un cri étouffé de panique.

〰♍À suivre♍〰

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