PARTIE XIX

"Mercredi 9 octobre XXXX, 10h04

J'ai pu réussir à ouvrir ce journal de nouveau, et j'écris en ce moment adossée contre la grille délimitant nôtre coin favori de la cour. À mes côtés, Cécilia et Maxime se défient au bras de fer, utilisant le seul banc disponible dont je comptais me servir comme bureau. Et c'est comme ça que je me suis faite virer à ma place actuelle...

Donc, je vais reprendre le récit d'hier. Alors que je voyais ma vie défiler devant mes yeux, et que Leslie se préparait à nous transformer en cendres, la porte s'est ouverte si violemment que mes deux amis et moi nous sommes retrouvés projetés à terre. Dans la chute, nous avons tous les trois cogné le bureau ce qui à fait tomber Leslie à son tour, et je pense que j'en aurais même ri si la situation était favorable.

J'ai mis quelques secondes à retrouver mes esprits suite au choc qu'a reçu l'arrière de mon crâne, et en ouvrant les yeux, j'ai distingué une silhouette se pencher au-dessus de moi. En clignant plusieurs fois des yeux, j'ai alors reconnu un visage que je n'ai pourtant vu qu'une fois dans ma vie. Naïa semblait m'examiner du regard et ses traits crispés semblèrent se relâcher lorsque j'ouvris les yeux pour de bon.

-"Mais qui êtes-vous ? Sortez immédiatement de mon cabinet !"

-"Pas sans eux."

Cette deuxième voix me fit presque sursauter et quel fut mon soulagement lorsque j'ai aperçu la chevelure blonde vénitienne de Sandra apparaître aux côtés de ma colocataire d'hôpital.

Sentant une bagarre pointer le bout de son nez, j'ai entrepris d'aider Maxime et Cécilia de se lever et nous nous sommes mis aux côtés de nos sauveuses. Enfin, à leur côtés... On se barricadait pratiquement derrière elles.

-"Je vous conseille de ne plus leur faire du mal, sinon vous aurez de sérieux problèmes !" Menaça Naïa nôtre ennemie et sa mère.

-"Alors tu as fini par te ranger aux côtés des nuls maintenant ?" Ricana Leslie. "Tu n'es qu'une froussarde Sandra, si tu m'avais gentiment écoutée et suivie dans mes plans, je n'aurais pas été forcée à te punir !"

-"Me punir ? Dis plutôt que tu as tenté de m'arracher mon bracelet ! J'ai bien cru mourir à ce moment-là, mais ne t'inquiètes pas. Tu regretteras tôt ou tard tes actions, tu l'as toi-même dit !"

-"CA SUFFIT MAINTENANT, HORS DE MA VUE !"

La voyante déchaîna sur nous un vent si violent que j'ai cru le confondre avec une tornade. Sa cape aux couleurs sombres virevoltait en l'entourant et j'avais l'impression de voir les méchantes sorcières des films Disney à sa place tant c'était ressemblant.

Avant même de prendre l'initiative de nous défendre, nous nous sommes retrouvés tous les cinq à traverser la porte du cabinet avant de finir éjectés dehors, en plein milieu de la route et sous le regard de plusieurs passants, qui fixaient d'un air soupçonneux l'endroit d'où nous sommes sortis si théâtralement.

-"Il faut qu'on déguerpisse et vite ! Elle peuvent très bien revenir nous attaquer en plein milieu de la rue," annonça Naïa.

Je pensais également à prendre mes jambes à mon cou, mais pas pour la même raison. Car à l'autre bout de la rue, une voiture arrivait à toute vitesse sur nous, et je pus aisément deviner que son conducteur la prenait pour un bolide de course.

-"SUR LE TROTTOIR, VITE !"

Maxime, Naïa et Sandra se jetèrent littéralement sur l'endroit indiqué mais Cécilia prenait tout à son temps à essayer de comprendre pourquoi j'ai lancé l'alerte. Je lui ai alors pris violemment son poignet pour la lancer sur les trois autres avant de les rejoindre à mon tour, au même moment où le "bolide" passait en klaxonnant à nous en crever les tympans.

-"C'est que ça fait du bien quand ça s'arrête," soupira Maxime en enlevant les paumes de ses mains d'en-dessus ses oreilles.

-"Qu'est ce qu'on fait maintenant ?" Demanda Cécilia.

-"Ravie de voir que vous avez repris connaissance," déclarai-je en enroulant mes bras autour de leurs nuques. "Ca commençait sérieusement à m'inquiéter de vous voir aussi muets que des poissons. Maintenant, je pense qu'on a tous besoin d'explications car je m'y perds moi. Naïa et Sandra, depuis quand vous vous connaissez ?"

-"Parce que tu la connais ?" S'écria Sandra en pointant Naïa.

-"Écoutez, si vous voulez bien, allons parler ailleurs. Je me sens observée par ces deux folles et ça ne me rassure pas du tout. Ca vous dit de venir au chapiteau ?"

J'hochai la tête devant les regards incompréhensifs de mes amis. D'un signe, je leur ai promis de tout leur expliquer plus tard et nous nous sommes mis en route en direction du lieu proposé.

Après une dizaine de minutes de marche, nous étions tous assis dans les gradins devant la troupe qui semblait plongée dans l'entraînement. Un long silence s'était manifesté avant que l'acrobate ne décide de prendre la parole.

-"Tout d'abord, je ne connais personne d'entre vous ici, sauf Kenza. Nous nous sommes rencontrées il y a quelques jours à l'hôpital, et cette nuit-là j'ai directement su qu'elle n'était pas une fille normale. De plus que les jours suivants, les bracelets brillaient bien plus souvent que d'habitude."

-"Désolé de t'interrompre," la coupa Maxime."Mais tu as bien dit... LES bracelets ? Tu en possèdes combien ?"

-"En fait ils nous ont été offerts il y a une certaine période, à une ancienne amie et moi. Une mission nous a été confiée à travers eux, celle de conserver un équilibre entre le temps et l'espace. Nous avons appris ensemble à mesurer et nous servir de leur puissance, mais un jour, deux d'entre eux ont disparu. Nous étions vraiment inquiètes car nous ne savions pas ce que ça signifiait. Et pendant les vacances, elle a du déménager à Toulouse pour des études supérieures car elle a terminé sa scolarité."

Cette révélation m'a étrangement rappelée la situation de ma sœur, Daniella, puisqu'elle a également déménagé au même endroit et pour la même raison. Mais je connaissais tous ses amis et elle ne m'avait jamais présenté Naïa avant, alors j'en déduisais que ce n'était pas elle.

-"Nôtre décision a été de nous partager les bracelets. Qu'elle en garde six et qu'elle me laisse le même nombre. Et depuis le mois dernier, j'en ai eu deux qui ont encore disparu, ceux du signe du Scorpion et du Sagittaire."

-"Ca c'est nous !" S'écria Cécilia en levant le bras de Maxime de sorte à ce qu'on voit aisément les bijoux qui entouraient leurs poignets.

Naïa a semblé arrêté de respirer l'espace d'un instant, puis elle a doucement tourné la tête vers Sandra et moi. Son visage s'est soudainement teint d'une expression lumineuse.

-"Honnêtement, ça me rassure vraiment."

-"De quoi ?" Questionnai-je, perdue.

-"Que ce soient vous qui possédez ces bracelets. Au début je ne pensais pas que cette mission de les conserver en sécurité devait revenir à former un gardien pour chaque signe, mais en arrivant tout à l'heure au cabinet et en vous voyant résister, j'ai su que vous êtes dignes de les posséder."

-"Il y a encore quelque chose que je ne comprends pas," avoua Maxime en frottant son crâne. "Comment avez-vous su que nous étions en danger ? Êtes-vous passées par hasard par là ou avez-vous reçu un signal, quelque chose du genre ?"

-"C'est à peu près ça, comme vous le savez, les bracelets sont liés entre eux. Alors quand un guerrier est en danger et qu'il actionne le sien, cela fait briller tous les autres," expliqua Sandra.

-"Et il y a quelque chose que tu dois savoir Naïa..." Ajoutai-je gravement. "Leslie possède également l'un de ces bracelets."

Sandra se chargea alors d'expliquer à Naïa qui est vraiment son ancienne meilleure amie et quelles sont ses intentions. Mes deux amis semblaient complètement interloqués par son récit, après tout, ils ne m'ont pas vraiment laissé le temps de leur raconter ce que j'ai découvert en allant au collège.

-"En effet, cette fille est dangereuse..." Marmonna l'acrobate.

-"Elle est carrément cinglée oui !" Rectifia Cécilia se en collant à moi. "Je ne veux plus avoir affaire à tout ça, j'en ai trop peur..."

-"Je suis désolée mais on ne peut plus faire marche arrière. Maintenant que la quête des gardiens a été commencée, on ne peut plus l'arrêter."

-"En quoi consiste cette quête ?" Demandai-je.

-"Pour tout vous dire, j'ai tant fait de recherches qui n'ont mené à rien que j'ai laissé tomber. Ce que je sais, c'est que les gardiens du Zodiaque ont un devoir à accomplir. Mais je n'ai aucune autre information."

-"J'espère juste qu'on n'y laissera pas nos vies..." Dit Maxime sans ironie.

Alors que nous continuions à raconter toutes nos mésaventures vécues avec Leslie, Naïa fut soudain appelée pour rejoindre l'entraînement. Elle entreprit alors de nous accompagner jusqu'à la sortie du chapiteau, et nous promit de nous aider dans ce mystère qui nous avait réunis. Mais alors que nous nous apprêtions à partir, elle m'interpella de nouveau, avant de prononcer également le prénom de Maxime. Nous nous sommes regardés étrangement avant de revenir sur nos pas pour la rejoindre.

-"Veillez bien sur le pendentif de l'imaginaire, je suis sûre que s'il est tombé entre vos mains c'est pour une bonne raison. Je vous fais confiance pour en prendre le plus grand soin."

-"Nous nous ferons encore plus vigilants, tu n'as pas à t'inquiéter," lui ai-je assuré.

Après nous avoir adressé un grand sourire, elle retourna dans la grande tente, nous laissant rejoindre Sandra et Cécilia. Mais celles-ci ne s'étaient même pas rendus compte de notre absence et avaient déjà disparu de notre champ de vision.

-"On les rejoint ou on rentre sans elles ?" M'a-t-il demandé.

-"J'ai la flemme rien que de penser au chemin du retour..."

Il a opiné d'un hochement affirmatif de tête, et nous avons fini par marcher d'un pas régulier. Inutile de se précipiter, de toute façon, connaissant Cécilia et la fusée qu'elle est; elle devait déjà être chez elle à ce moment.

Je me suis retrouvée rapidement seule, Maxime n'habitant pas loin du chapiteau. J'appréhendais un peu de marcher seule dans la rue, étant donné que le cabinet de voyance se trouve en face de mon bâtiment... Mais je n'allais comme même pas paniquer tous les jours en sortant ou en rentrant chez moi de toute façon.

Lorsque j'ai franchi la porte d'entrée, j'ai remarqué avec horreur qu'il était bientôt dix-sept heures et demi, ce qui voulait dire que j'avais un retard d'une heure. Fort heureusement, mes parents ne rentraient qu'à dix-huit heures, mais je devais rapidement finir tous mes devoirs si je ne voulais pas recevoir des réprimandes à ce propos.

Cécilia vient de se pencher sur mon épaule en me demandant ce que je griffonne depuis tout à l'heure. Pour toute réponse, j'ai refermé le journal en la fusillant du regard.

-"Pas tes affaires !"

-"Détend-toi c'est bon ! Mais j'ai largement l'impression que tu commences à apprécier ce livre plus que nous."

-"C'est ton journal intime ?" A ricané Maxime.

-"J'AI DIT CE NE SONT PAS VOS OIGNONS !"

Ils se sont esclaffés de rire à force de se moquer de moi, ces deux idiots. J'aimerai tant leur crier que je conserve un tas de dossiers sur eux là-dedans et que je n'ai pas fini d'en rédiger, mais à quoi bon.

Après tout, c'est vrai que je les adore ces imbéciles."

🌙〰️À suivre〰️🌙

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