PARTIE VI
"Mardi 24 septembre XXXX, 10h03
Bon matin. Non, je ne suis pas canadienne, mais je trouve que c'est tellement plus logique de dire ça au lieu de bonjour alors qu'il n'est pas encore midi.
C'est l'heure de la récréation, et je vais profiter de ces vingt minutes pour raconter comment s'est passée ma matinée dans les grandes lignes.
Tout d'abord, ce matin, un attroupement féminin s'était formé dans un coin de la cour. Des cris, des hurlements même; des rires, ou encore des pleurs fusaient de partout. Je n'avais jamais vu ça pendant les deux dernières années que j'ai passées dans ce collège. Au bout d'au moins dix minutes, le groupe a commencé à se disperser, et il restait une dizaine de filles qui me tournaient le dos. J'en ai profité pour m'approcher un peu et essayer de comprendre, jusqu'à ce qu'elles se retournent et se retrouvent face à moi.
Au milieu, j'ai alors reconnu la fille de mes nouveaux voisins. Et le lien s'est formé dans ma tête. Elle était bloggeuse, et devait sûrement être plutôt connue, d'où cet accueil qu'elle a reçu par les filles du collège.
<< -Surtout Leslie, si tu as des problèmes, n'hésite pas à nous en parler. On s'en chargera, déclara l'une de ses admiratrices en me fixant. >>
La dénommée Leslie me regarda avec ses yeux d'un azur profond, entourés d'un maquillage sombre. Il m'a semblé qu'elle possède un style plutôt gothique, car elle était habillée tout en noir. Mais j'imagine qu'elle ne ressortait pas sa vraie apparence car ce style est interdit au collège.
Son regard insistant ne cessait de me détailler, et un peu gênée, j'ai fini par baisser les yeux. Du coin de l'œil, j'ai remarqué un léger sourire étirer le côté de ses lèvres tourné vers moi. C'était incroyable, comment pouvait-elle sourire d'un seul côté ? En tout cas, elle est bien mystérieuse et je compte bien en apprendre plus sur elle.
Le premier cours d'aujourd'hui a été plutôt mouvementé, car nous avons eu rendez-vous avec nôtre professeur d'Histoire-Géo. Le fait que je sois assise au milieu de la salle faisait que j'étais juste en face du côté du fond.
À plusieurs reprises, j'entendais des bruits derrière, mais je les ignorais car j'avais mieux à faire que de me soucier de ces cancres. Jusqu'à ce que je sente une boule de papier atterrir dans mon cou.
<< -Mais t'es bête, c'est mon devoir de français !! Chuchota plutôt fort une voix féminine. >>
La professeur se retourna, et c'était bien le moment le plus mal choisi ! Je tenais dans ma main le devoir d'une de mes camarades réduit en boulette, envoyé par son voisin de table sur moi.
<< -Je peux savoir pourquoi cette agitation ? S'informa-t-elle en nous fixant, et en particulier la personne malchanceuse que je suis.
-C'est Kenza qui a voulu me déchirer mon devoir, se plaignit alors cette menteuse.
-Je suis à deux tables de toi sérieusement ! Comment tu veux que je me sois levée sans faire un bruit ?
-On se demande c'est qui alors... Pouffa son voisin de table.
-Mais ferme-la toi, quand t'apprendras ce que c'est de dire la vérité tu parleras ! M'emportai-je.
-Ca suffit ! Ordonna la prof. Vous avez tous les trois un avertissement, au bout du prochain vous sortez ! >>
Merci pour le cadeau... D'abord la colle, puis l'avertissement... J'avais l'impression que plus j'allais porter tête à ces idiots, plus j'allais m'enfoncer dans les problèmes. Mais après tout, ils n'en valent pas la peine, alors je pense que la meilleure chose à faire c'est de les ignorer.
J'y avais pensé pendant tout le cours et j'hésitais. Je ne voulais surtout pas passer pour une faible. C'est une discussion avec Maxime, pendant le chemin vers le cours suivant, qui m'a permise de percevoir ce qui était le mieux à faire.
<< -Il ne faut pas trop les prendre aux sérieux, tu sais bien qu'au fond ça ne sert à rien parce que plus tu vas leur balancer leurs vérités, plus ils vont être frustrés et plus ils vont te faire du mal. Ils finiront par laisser tomber crois-moi. >>
Bien sûr qu'il a raison et que je le sais. Et puis j'ai mieux à faire car je ne compte pas me laisser abaisser à leur niveau, au moins je ne me mets pas au fond pour ignorer les profs. Je compte même changer de place dès demain, car ça ne devient plus possible de se concentrer avec tout chahut au fond. Je trouvais ça drôle au départ mais là c'est exagéré.
D'ailleurs, en parlant de Maxime, il m'a un peu surprise. Je ne m'étais pas doutée qu'il pouvait donner de bons conseils. À vrai dire, je l'ai mal jugé et je m'en veux un peu. Comme quoi on ne connaît pas les gens.
Ca sonne, il faut que j'y aille. À plus tard ! "
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"Mardi 24 septembre XXXX, 22h09
Je peux enfin te retrouver ! J'avais hâte, car je suis allée rendre visite à Célia après les cours et il s'est passé d'étranges choses donc je suis rentrée un peu en retard et je viens à peine de finir tous mes devoirs. Je suis censée dormir, donc j'ai trouvé une solution pour écrire sans me faire prendre. L'éclat de mon pendentif lunaire est si lumineux que je peux écrire lisiblement, en plissant un peu des yeux certes mais c'est toujours utile.
Plus jamais je ne dirai que la Lune ne peut pas fournir de la lumière.
Bref, donc dès la sortie du collège, soit à seize heures et demi, j'ai appelé ma mère pour lui demander si je pouvais aller voir ma meilleure amie. Elle m'a tout de suite dit non, mais quand je lui expliqué qu'elle a été malade et que je pourrais en profiter pour lui apporter ses cours, ça l'a convaincue. Puis ce n'était pas si faux : j'ai été chargée par notre prof principale de lui remettre les cours qu'elle a manqués.
C'est donc d'un bon pas que je me suis dirigée vers son quartier, se trouvant un peu plus loin du mien. Je suis une personne qui est très appréhensive et qui pense donc beaucoup. Alors je n'ai cessé de me demander ce qui a pu lui arriver, et même si à chaque idée je me disais que j'allais de toute façon le savoir, je ne cessais d'avoir de nouveaux scénarios en tête. Des fois, quand on se parle autant à soi-même, on a vraiment l'impression de devenir fou.
En arrivant en bas du bâtiment de ma meilleure amie, j'ai eu une hésitation en parcourant l'interphone à la recherche de son nom de famille. Et si elle n'était pas chez elle ? Et si elle dormait ?
<< -Allô? Résonna sa voix robotisée par l'engin, soulageant mes craintes.
-C'est Kenza. Je peux monter te voir ?
-Oui attends, je t'ouvre ! S'exclama-t-elle. >>
Le ton fatigué de sa voix avait immédiatement disparu. C'est donc les lèvres étirées dans un sourire que je suis entrée au hall. Mais ce sourire a immédiatement disparu quand je me suis rappelée que Cécilia habitait au sixième et tout dernier étage, contrairement à moi qui habite au premier... Je comprenais alors à quoi cela servait au quotidien d'être une boule d'énergie. C'est toute essoufflée que je suis arrivée devant ma meilleure amie, m'attendant devant la porte. Elle me bondit dessus lorsque j'arrivai à son niveau.
<< -Doucement s'il te plaît, je n'en peux plus ! Soufflai-je.
-Ce n'est pas toi qui es restée une nuit à l'hôpital hier ! >>
Lorsque je fus entrée et que j'eus enlevé mes chaussures, elle m'emmena dans sa chambre. Tandis que je m'appuyai sur son bureau, elle se jeta sur son lit défait. Un peu comme d'habitude.
<< -Comment ça, tu as passé la nuit à l'hôpital ? Lui demandai-je.
-J'ai fait de la fièvre, m'expliqua-t-elle. Et à cause du retard et tout, je ne suis rentrée chez moi qu'à 6heures du matin, et depuis, je dors. Je me suis réveillée il y a deux heures seulement.
-Tu te sens mal ? Parce que comment tu es tombée hier, c'était violent...
-Je n'avais pas vraiment toute ma conscience quand je me suis réveillée mais ça va beaucoup mieux. En plus, je crois que mes parents m'ont fait un cadeau. >>
Elle a glissé sa main sous son oreiller pour en sortir un bracelet. Cela m'a rappelé un détail.
<< -Tiens c'est drôle, moi aussi j'ai trouvé un pendentif dans la cour de récré ! >>
Le bracelet se composé de trois fils en cuir reliés à une broche ronde rose. Le fil du milieu était tressé et les autres étaient décorés de quelques perles de la même couleur. Cécilia m'a laissée l'admirer de plus près, et c'est alors que je remarquai quelque chose dans la broche.
<< -Il y a un dessin à l'intérieur, lui dis-je.
-Sérieusement ?? >>
À force de plisser les yeux, nous avons réussi à distinguer une forme en arc de cercle, semblable à un animal. Mais c'était bien trop flou pour percevoir ce que c'est.
<< -En tout cas il est vraiment trop beau et en plus, le rose c'est ma couleur préférée ! Au début j'avais même pensé que c'étais toi qui me l'a donné mais il n'y avait que ma mère avec moi et elle m'aurait dit si tu étais venue. >>
Elle ne peut vraiment pas parler en résumé, c'est incroyable. Mais au moins, ça me prouvait qu'elle allait bien. Tout en bavardant, elle essayait de refermer son bracelet, mais sans y parvenir. Je lui ai proposé mon aide et une fois la fermeture reliée à l'anneau de l'autre bout, quelque chose de très étrange s'est produit.
La broche s'est mise à briller d'une lumière rose qui se reflétait à l'intérieur, contre la surface. Cécilia était toute émerveillée mais je trouvais la situation moins amusante.
<< -C'est beau ! C'est comme de la magie.
-N'importe quoi, rétorquai-je. Si ça se trouve c'est une caméra cachée.
-On dit "un prank" ! Vieille meuf va. >>
Sans prêter attention à ses réflexions, je m'approchai du coin du mur pour vérifier s'il n'y avait pas une quelconque caméra, persuadée que ce phénomène n'était pas normal.
<< -Oh zut, Kenza ça ne brille plus ! Dit tristement ma meilleure amie. Peut-être qu'il s'est défait ? >>
Elle s'approcha de moi en vérifiant la fermeture et tout à coup, la lumière réapparut, brillant encore plus fort. Le visage de Cécilia s'est tordu en une grimace.
<< -Tu vas bien ? Pourquoi tu tires cette tête ?
-Ca brûle...
-Oh non, si ça se trouve c'est électrique ! Enlève, enlève vite !! M'affolai-je. >>
Comme elle fixait la lumière sans réagir, je me dépêchai d'attraper la fermeture pour l'ouvrir. Le bracelet était brûlant, et la chaleur devenait de plus en plus intense. C'est en sueur que j'ai réussi à le lui enlever. Je l'ai jeté à l'autre bout de la pièce, me disant que comme ça, si un feu se déclarait, on aurait le temps de s'en aller sans se faire piéger par les flammes.
Oui, mon imagination est aussi infinie que ridicule.
<< -Comment tu as eu peur ! Rigola Cécilia.
-Mais c'est toi aussi là, je te hurle dessus et tu ne réagis pas ! J'ai même cru que tu allais encore t'évanouir. >>
Ma meilleure amie s'est bien moquée de moi mais tant pis, tant qu'il ne s'est rien passé, c'est le principal. C'était pourtant bien bizarre, mais on voit toute sorte de choses maintenant, alors ça ne me surprend pas plus que ça.
Je dois aller au lit maintenant, je n'ai nullement envie de faire nuit blanche. Bonne nuit !"
〰🌙À suivre...🌙〰
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