PARTIE V

[PDV omniscient]

La dernière sonnerie de la journée venait de retentir, et la majorité du collège se vida en quelques minutes. Mais dans la salle des cancres, il restait encore Maxime et Kenza, qui étaient assis à leurs places, les mines boudeuses. Leur professeur de Mathématiques leur avait déjà donné les exercices et travaillait sur des corrections pour faire passer le temps.

Nôtre héroïne se retint de soupirer. Elle voulait écrire dans son journal car quelque chose s'était passé durant la récréation de l'après-midi, et elle devait absolument le rédiger. Mais le professeur ne cessait de lever les yeux sur eux et elle sentait le regard de son camarade derrière elle. Elle avait peur de se faire dénoncer.

<< -Kenza, cesse de te tortiller s'il te plaît. >>

L'ordre du professeur la fit sursauter, alors qu'elle était plongée dans ses pensées et idées les plus profondes. Il avait l'air très agacé, et c'est avec un soupir accompagné d'un haussement de sourcils qu'il replongea dans son travail.

<< -Si t'as autre chose à faire, laisse-nous tranquilles ! Pensa-t-elle, encore deux fois plus énervée. >>

Elle décida finalement de saisir une tentative pour prendre son journal dans son sac. Il était par terre, entre ses jambes et le pied de la table. En faisant en sorte que ses yeux soient rivés sur sa feuille et sa main droite qui tenait son stylo de même, elle descendit le plus discrètement possible sa main gauche vers l'ouverture de son cartable. Sa technique semblait marcher à merveille.

Jusqu'à ce qu'un bruit de feuilles venant du fond fasse tourner les yeux menaçants du professeur vers elle. Sa main s'arrêta dans son mouvement et elle leva un regard surpris vers le professeur. Elle se trouvait penchée sur sa table avec sa main en dessous, une situation qui n'était pas favorable après un avertissement...

<< -Je pensais t'avoir dit de cesser de bouger ! Viens t'assoir devant moi, lui ordonna le prof. >>

Kenza se leva en fusillant Maxime du regard qui n'osait lever ses yeux et semblait tout rouge. Elle se jeta sur une chaise du premier rang et reprit son travail, ses nerfs et son sang en fureur.

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"Lundi 23 septembre XXXX, 21h49

J'ai enfin terminé tous mes devoirs, et il me reste un peu de temps pour raconter la fin de la journée, donc reprenons là où j'en étais.

L'ennui m'a accompagnée durant toute cette fichue heure de colle, car j'avais fini vingt minutes à l'avant tous les exercices qui nous ont déjà été donnés lors du seul et dernier devoir surveillé de mathématiques que nous avons eu.

Au début, je voulais écrire après avoir terminé la moitié afin de limiter mon temps de vide, mais Maxime a fait du bruit derrière et je me suis faite prendre. J'ai été énervée sur le moment mais après avoir réfléchi durant la suite, je n'aurais pas du. Qu'il l'ait fait exprès ou pas, moi aussi je l'ai mis dans une situation similaire.

Lorsque dix-huit heures est enfin arrivée, j'ai pris tout mon temps pour ranger mes affaires, de sorte que le professeur ne me surveille pas en sortant. J'avais quelque chose de très important à faire au sein du collège. Donc mon camarade était déjà sorti et le professeur m'attendait à l'entrée, impatient.

<< -Dépêche-toi je te prie!

-Oui, oui, mais... oh, je ne trouve plus ma calculatrice... >>

C'était la seule excuse valable que j'ai trouvée. Il a fini par soupirer et mettre un pied hors de la salle.

<< -Dans cinq minutes, je reviendrai et tâche de ne plus être là, ou je te collerai jusqu'à vingt heures ! C'est clair ? >>

Oui, très clair même. Une fois que ses pas ne s'entendaient plus dans le couloir, j'ai attrapé mon sac et je suis sortie aussi rapidement que l'éclair. Je fermais la porte, jusqu'à ce que je sente une présence derrière moi qui me fit sursauter.

<< -Tiens, tu es encore là ? >>

J'ai prononcé cette phrase entre deux souffles, fixant Maxime qui fouillait dans son cartable, visiblement n'ayant pas remarqué qu'il m'a fait une peur bleue.

<< -Oui, mais je vais bientôt y aller. Par contre, tu devrais te calmer, on dirait que tu es toujours énervée. >>

Mes membres contractés se relâchèrent immédiatement. Moi, énervée ? C'est vraiment une vision de sauvage que les gens ont de moi ? Pourtant j'avais l'air de tout, sauf énervée.

<< -Pourquoi tu me dis ça ? Balbutiai-je.

-Tu es toute rouge comme si tu allais frapper quelqu'un. >>

Je ne pus me contenir de passer une main sur mon front. Il est bête ou quoi ? Quelle idée aussi d'être tranquillement collé contre le mur d'un couloir !

<< -Bon, j'y vais, je ne veux pas me prendre deux heures supplémentaires de colle... Dis-je sans vraiment lui adresser la parole en m'éloignant vers la sortie. >>

Après m'être assurée qu'il n'était pas derrière moi, je courus vers le fond de la cour et me jetai entre les buissons où je m'étais cachée tout à l'heure, un peu avant la sonnerie.

Je me promenais un peu en tournant en rond pendant la pause de l'après-midi, ennuyée de ne pas être avec Cécilia. Jusqu'à ce que j'aperçoive un objet brillant suspendu à un arbre, se trouvant derrière le grillage limitant la cour. Tout genre de situation étrange attire ma curiosité donc j'ai fait en sorte que personne ne me voit et grimper sur l'arbre pour m'installer sur une branche et avancer tranquillement vers l'objet scintillant. C'était pendentif en forme de lune qui étincelait, surtout devant le soleil. Moi qui ne suis pas  tellement attirée par les bijoux, j'étais pout une fois vraiment contente d'avoir trouvé ce pendentif.

Mais comme j'étais penchée sur un arbre qui se trouve hors du collège et également devant le terrain de basket où jouait un groupe de garçons, je ne pouvais pas rester plus longtemps ici donc après avoir accroché le pendentif à mon cou, je me suis mise à descendre lentement. Jusqu'à ce que mon pied glisse contre le tronc et que je tombe à la renverse entre les buissons. Je n'ai pas eu le temps de me remettre de mes émotions que la sonnerie retentissait déjà, donc je me suis relevée rapidement avant de filer vers l'entrée du collège. Et c'est en montant en classe que je me suis rendue compte que le pendentif n'était plus attaché à mon cou.

C'est pour cette raison que je suis revenue ici, je pensais que le pendentif a sûrement du tomber pendant ma chute et j'ai bien vérifié le chemin entre les escaliers jusqu'aux buissons, il n'y avait rien.J'appréhendais de ne pas le trouver dans les buissons, et en effet, il n'étais pas là.

Découragée, je suis restée assise contre le grillage, scrutant les alentours du regard. J'avais trouvé ce pendentif, et pour une fois que quelque chose me plaisait, je devais le perdre ? Non, je n'allais pas laisser passer cette occasion ! Donc j'ai encore vérifié, jusqu'à ce qu'une voix dans mon dos me fasse sursauter.

<< -Je pensais que tu allais rentrer ? >>

Une voix avec un soupçon de sournoiserie qui commençait sérieusement à m'agacer. Je me retournai vers Maxime en claquant des pieds et croisai mes bras en le fusillant du regard.

<< -Et je peux savoir ce que tu fais encore ici alors que tu devais rentrer aussi ?

-Peu importe, toi qu'est ce que tu fais encore là ? Se détourna-t-il de la question.

-Tu ne veux pas me dire alors je ne dirai pas, gamin.

-Vu ce que tu viens de dire je pense que ce serait plutôt toi la gamine, dit-il en éclatant de rire. >>

Piquée au vif, je lui tournai le dos en me mordant l'intérieur de la lèvre jusqu'au sang. Quand soudain, mon regard croisa un objet brillant qui se suspendait au grillage. Oubliant alors mon énervement, je pris le pendentif et le serrai au creux de ma main.

<< -Je cherchais quelque chose, mais c'est bon, je vais y aller là.

-Ta calculatrice, c'est ça ? Continua-t-il, espérant sûrement m'énerver encore plus.

-C'est ta face que je vais réduire en calculatrice ! Lui répliquai-je, mais calmement. >>

Sans rien ajouter, je m'apprêtai à repartir vers le portail du collège. Son rire avait soudainement  cessé et je l'entendis courir vers moi.

<< -Hé, attends ! Je t'ai vexée ? Je ne voulais pas, c'est juste que tu es drôle quand tu t'énerves.

-Crois-moi que si tu étais concerné par l'une de mes crises, tu ne dirais plus la même chose. >>

Un soudain silence s'installa. Je me rappelai que j'avais bien pris du retard et que je devais rentrer au plus vite chez moi pour ne pas me faire punir une deuxième fois.

<< -Faut que j'y aille, annonçai-je en m'éloignant.

-Arrête-toi, attends ! M'ordonna-t-il dans un murmure. >>

Je commençais à me demander s'il ne se moquait pas de moi, jusqu'à ce que j'aperçoive le surveillant principal s'approcher de l'entrée du collège. Nous prononçâmes un torrent de jurons que je recopierai pas ici en courant vers nôtre case de départ.

<< -Que faire, que faire ? Pleurnicha Maxime.

-Tais-toi ! Laisse-moi réfléchir ! Lui ordonnai-je.

-Mais il va fermer le portail à clé et...

-TAIS-TOI BON SANG ! Hurlai-je. >>

L'effet attendu se produisit et il ne dit plus un mot. J'observais la grille. L'arbre qui se trouvait derrière était encore suivi d'une autre grille moins imposante, après laquelle nous allions atterrir dans un chemin séparant le collège d'une maternelle, donc on ne pouvait pas avoir d'autres ennuis. Il suffisait de descendre par la deuxième grille après avoir traversé l'arbre. Je validai alors cette technique mentalement.

<< -Écoute, on va escalader la grille. C'est le seul moyen de sortir.

-Hein ? Mais on n'a pas assez de place pour y glisser nos pieds !

-Ne sois pas rabat-joie et fais ce que je te dis, ou sinon, débrouille-toi avec le surveillant. >>

Bien évidemment, je ne comptais pas le laisser tout seul ici, ça ne se faisait pas. Mais pour lui faire peur et m'inciter à me suivre, je commençai déjà à escalader la grille. Arrivée au sommet, par flemme mais surtout pour faire vite, je sautai jusqu'au sol de l'autre côté soit de deux ou trois mètres de haut.

<< -Allez, viens vite ! Lui ordonnai-je. >>

Un peu hésitant, il se mit à escalader la grille également et arrivé au sommet, il fut encore plus en dilemme.

<< -Tu crois vraiment que c'est sans danger ?

-Dépêche ! Saute ! >>

En quelques secondes, je m'étais retrouvée à terre avec son poids sur moi. Je toussais alors qu'il vérifiait s'il ne s'était pas égratigné, pendant que je lui servais encore de matelas.

<< -OH, TU M'ÉTOUFFES LÀ ! Hurlai-je, ne pouvant pratiquement plus respirer. >>

Il se releva alors en vitesse et me proposa de m'aider, mais je ne le compris pas tout de suite.

<< -Tu veux me faire la courte échelle ? Tu crois vraiment que ton saut en parachute c'était pour jouer ? >>

Oui, j'y suis allée un peu fort, mais je crois que mon cerveau a un peu manqué d'air. C'est en voyant son air déboussolé que je compris qu'il ne voulait pas revenir au collège. Me sentant toute bête, je me relevai alors en balbutiant un tas d'excuses à la seconde. Sa main était toujours tendue vers moi alors ne sachant pas quoi faire, je la lui serrai.

<< -Euh, bah, à demain... >>

Je me retournai ensuite en me maudissant d'être aussi idiote des fois. Contrairement à ce dont je m'attendais, il n'a pas rigolé mais m'a juste saluée avant de partir.

Je crois qu'au fond, même s'il s'est montré chiant, il est sympa. Qui sait, peut-être qu'on pourrait devenir amis ?

Enfin, je suis tellement gênée par ma bêtise que je ne pense pas pouvoir lui reparler bientôt... De plus, ma première préoccupation est de savoir comment va Cécilia. Et comme je n'ai pas eu le temps de la voir aujourd'hui, je le ferai demain et je te raconterai tout, promis.

Maintenant, je crois que la meilleure chose à faire c'est dormir, je suis vraiment fatiguée et j'ai mal partout aux bras et aux jambes.

Et d'ailleurs, j'ai accroché le pendentif au mur, et il reflète sa forme lunaire dans le noir, c'est vraiment magnifique. Je sens que je vais passer une bonne partie de ma première phase du sommeil à admirer ces jolies lunes sur le plafond.

Bonne nuit !"

〰🌙À suivre🌙〰

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